Le soleil était désormais haut dans le ciel quand l’assaut débuta. La première vague verte fut presque entièrement abattue par des volés de flèches et de projectiles diverses tirées des murs. Les quelques survivants ayant réussit à ajuster leurs échelles rudimentaires et à les gravir , furent taillés en pièce dès qu¹ils eurent posé un pied sur la pierre.
Malheureusement, les réserves en flèches , en huile et en pierre se raréfièrent vite. Rapidement, les orcs purent prendre pied sur les remparts, portant le combat au corps à corps, situation où ils excellent .
La brutalité de l’assaut fit fléchir dangereusement les défenseurs, peu à peu submergés par le nombre de peaux-vertes. Pourtant, beaucoup d’entres-eux étaient repoussés des hauteurs . Mais d’autres les remplaçaient immédiatement .
Karl s’était positionné face à un point de percé, d’où il décapitait les orcs au fur et à mesure que leur crânes apparaissaient. Les aller-retour de sa hache laissaient des ouvertures sanglantes dans tout ceux qui passaient à sa porté.
Malgré leurs efforts, les hommes furent refoulés dans les ruelles par la brutalité bestiale des orcs. Vic repérât l’un d’eux, un peu plus grand que les autres, semant le carnage chez les défenseurs. Il le vit saisir un pauvre fermier d’une main, et lui fracasser le crâne contre le bouclier d’un soldat tentant de se protéger, tandis que de l’autre, il en tranchait un de haut en bas avec un hurlement rauque. A sa ceinture pendaient entre autres trophées des têtes humaines ou naines, dans des états de décomposition plus ou moins avancés, témoignant du caractère guerrier du redoutable possesseur .
Vic arma son bras, la tête de l’orc dans le prolongement de sa pointe élancé de javelot. Alors qu’il s’apprétait à libérer son trait meurtrier, un rugissement inhumain domina pour un bref instant le fracas des combats .
Il vit avec surprise le borgne fondre sur sa cible, une gigantesque épée de la taille d’un homme dans les mains. Son visage avait revêtu une teinte pourpre qui allait à merveille avec l’orange de la crête qu’il portait au sommet du crâne. Il se baissa pour parer de justesse un revers de la terrifiante lame orque,et fit pénétrer son épée dans la cage thoracique de ce dernier, qui céda avec un craquement sourd. L’acier traversa os et chair sans distinctions, et réapparut entre les omoplates du monstre. Le visage à quelques centimètre de celui du peau-verte, le borgne marqua un temps, et avec un petit rictus, retira vivement son arme acérée des entrailles de son ennemi, emportant des lambeaux de viscères et d’intestins .
L’écume vermeille aux lèvres et les yeux hagards, l’orc tomba à genoux devant le borgne qui le décapita d’un magistral moulinet de métal.
Vic détourna son regard pour trouver une autre cible et fut stupéfait de se retrouver avec un orc se jetant sur lui. Instinctivement, il brandit son javelot. Il fléchit sous l’impact, sentit le bois se plier entre ses doigts, puis céder. Perdant l’équilibre, il tomba à la renverse. La face contre celle de l’autre, son haleine mêlant à la fétidité de celle de l’orc, Vic, écrasé sous le poids, tentait tant bien que mal de bloquer le bras armé qui le menaçait. Les crocs dont la mâchoire de l’orc était amplement pourvue, lui lacérèrent le front et les joues, creusant profondément la chair du chasseur.
Le tronçon de javelot qui dépassait de l’abdomen de l’orc lui pénétrait également peu à peu les côtes tant la masse pesant sur lui était importante.
Son sang se mêlait à celui de l’orc, imbibait sa chemise de lin. Les yeux poisseux d’hémoglobine, de sueur et de larmes, Vic ressentit plus qu’il ne vit l’éclair métallique, puis le choc, qui frappa par trois fois son adversaire.
Le corps au dessus de lui se raidit, définitivement après un dernier spasme. Quelqu’un retira le cadavre, et l’air afflua dans ses poumons oppressés. Une main lui saisit fermement le poignet, et le força à se lever .
"Dépêches-toi , montes !".
KARL. C’était vraiment le meilleur compagnon d’arme dont on pouvait rêver. Soutenu par son vieil ami, il se mis à cheval. Karl sauta en croupe derrière Vic, et lança sa monture à travers les combats. Il voulait le mettre à l’abris avant de revenir soutenir ses hommes. Mais au fur et à mesure qu’il parcourait les ruelles, la situation lui apparut de plus en plus désespérée. La partie Est du bourg était déjà la proie des flammes. Ce qui était une défense organisée s’était transformée en petits combats de rue sans espoir pour les hommes largement dépassés en nombre et en puissance. Les dépouilles des anciens habitants s’ammoncelaient sur les pavés .
Alors qu’il se frayait un chemin à travers les combattants, un gob se jeta dans la mêlée et percuta Karl de plein fouet, le désarçonnant violemment.
Il heurta douloureusement le sol dans un nuage de poussière. Ivre de colère, Karl saisit le nez et la mâchoire du gobelin. Il écarta si brusquement ses mains que le crâne vert se disloqua. Simultanément, Karl ressentit une vive douleur à l’épaule. Se tâtant rapidement, il découvrit une vilaine fracture ouverte. La chute de cheval lui avait brisé les os. Il se trouvait alors devant la taverne du nain ivre, et décida de monter à l’étage pour avoir une vue d’ensemble de la situation.
Une fois sur le balcon, il put contempler l’envergure du désastre. Les orcs ne combattaient même plus, ils pillaient et incendiaient les mansardes, se contentant d’écraser les quelques poches de résistance sur leur chemin, lorsque cela était nécessaire. La porte principale avait été enfoncée. La rue menant à la place centrale était encore le théâtre d’accrochage minimes et vains. Au beau milieu de cette allée se trouvait l’orc le plus imposant et le plus terrifiant que Karl ait jamais vu . . .