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NB : Ce chapitre est en version Deluxe !

Quand j’interrogeai Laars sur la durée de notre voyage, il me répondit que nous arriverions à Fiirsburg au coucher du soleil. Une longue chevauchée nous attendait à travers l’épaisse forêt du Middenland.

Sur un chemin sinueux jonché de pierres et de branchages, notre monture avançait au petit trot. Les muscles puissants jouant sous sa robe sombre, le cheval semblait supporter aisément le poids de ses cavaliers. Laars m’apprit qu’il l’avait reçu en récompense pour un de ses anciens "contrats". Une belle bête assurément.

- Il vaut mieux éviter de trop s’éloigner dee la piste, les loups pourraient revenir même si cela m’étonnerait après les évènements de toute à l’heure. Vous avez eu une sacrée veine que je sois dans les parages !

- Que faisiez-vous dans ces bois ?

- Il se trouve que le Bourgmestre de Fiirsbuurg m’a engagé pour résoudre la question des loups. Je les ai traqués pendant un bout de temps et la piste m’a conduit dans cette sorte de ravin. Il se peut que leur repaire soit tout près...

Si son récit était tout à fait plausible, un détail retint mon attention.

- Pourquoi me vouvoyez-vous Laars ?

La question parut le surprendre. Puis, il sembla se reprendre et répondit :

- C’est que je n’avais pas réalisé qui vous étiez. Vous-même l’ignorez à cause de votre amnésie. Mais le tatouage sur votre omoplate, c’est la marque du temple du Loup Blanc. Une marque accordée par les grands prêtres aux plus fidèles. Elle représente les griffes de Loup. Ce tatouage est le signe de reconnaissance des personnes influentes de Middenheim. Il symbolise le pouvoir, la fortune et la renommée.

Evidemment, je ne pouvais pas voir ce tatouage, placé comme il était. Ainsi donc, j’étais affilié à un temple. Bizarre, je ne me sentais pas vraiment la vocation de prêtre.

- Je ferais partie d’un clergé ?

- Oh, pas au sens où vous l’entendez. Le cullte du Loup Blanc est assez spécifique d’après ce que j’en sais. S’il est très répandu à Middenheim, son organisation et son mode de fonctionnement demeurent assez flous. Je ne pense pas que vous soyez un prêtre qui fait son office pour les disciples.

- A quoi vous pensez alors ? Je ne sais rien de moi alors, toute hypothèse est la bienvenue.

- Et bien, d’après votre stature et votre muusculature, j’opterai pour la possibilité que vous soyez une sorte de soldat de la foi.

- Une sorte de milicien ?

- Si vous voulez. Chaque clergé a besoin d’uun bras armé pour se défendre le moment venu. Il n’est pas rare de trouver une branche guerrière dans l’organisation d’un culte. Volkmar, le Grand Théogoniste de Sigmar, s’appuie sur les répurgateurs pour inculquer la Foi aux récalcitrants. Parfois, des guerres de religions déchirent les nations et font couler beaucoup de sang.

- Ce sujet a l’air de vous tenir à cœur. Je suppose qu’en tant que middenheimer, vous appartenez au culte du Loup Blanc.

- En effet, en tant que natif du Middenheim,, j’ai effectivement reçu une éducation religieuse stricte. Mais les années passant, les belles paroles apprises pendant ma jeunesse apparaissent bien creuses et dénuées de sens. Alors, j’ai renoncé à toute croyance dans l’un ou l’autre des cultes. Parfois, le salut n’est pas dans la prière...

Il marqua un bref silence où mon nouvel ami semblait perdu dans ses pensées.

- Mais, pour en revenir à vous, je ne pense pas me tromper : vous avez quand même réussi à distancer les loups lancés à votre poursuite alors que vous étiez diminué physiquement. Seul une personne bien entraînée peut réussir ce genre d’exploit.

- Un bon entraînement et la trouille de finiir sous les crocs de ses bestioles " Ajoutai-je.

Et il éclata d’un rire franc. Durant le reste du trajet, j’en appris plus sur le passé de mon compagnon de route. Après avoir servi comme hallebardier impérial, il avait troqué son uniforme de soldat pour celui moins reluisant de mercenaire. "Les risques sont les mêmes, mais la paye d’un fantassin ne suffit pas à nourrir son homme. " me répondit-il quand je l’interrogeais sur les raisons de sa reconversion. Son nouveau métier lui avait ouvert de nouveaux horizons et je fus impressionné par le nombre d’endroits où il avait bourlingué : il s’était aventuré dans les froides terres de Kislev, avant de redescendre vers le sud en direction des Montagnes du Bord du Monde, où de nobles nains guerroyaient sans cesse contre d’innombrables créatures malfaisantes pour conserver leurs royaumes. J’appris ainsi qu’il avait servi le Clan Grunnson lors de la reconquête de la mythique citée de Karak Varn en repoussant les peaux-vertes et autres abominations.

Ses aventures le menèrent jusqu’en Tilée mais la rudesse de la concurrence ne l’incita pas à s’éterniser dans cette partie du Vieux Monde inondée de soleil et réputée pour son extravagance. Il embarqua pour la lointaine Lustrie et après avoir essuyé plusieurs attaques de pirates, il parvint à destination. Ce pays semble l’avoir enchanté, malgré les raids des mystérieux hommes lézards qui ne voyaient pas d’un très bon oeil l’arrivée de barbares sur leurs côtes. Mais après tout, quels lieux ici bas ne recelaient pas son lot de dangers ? Laars me raconta comment la jungle étouffante semblait vouloir vous engloutir et le nombre de périls qui attendaient quiconque s’y aventurait sans prendre garde. Il vécut cinq ans en ces étranges contrées. Les colonies côtières bourgeonnaient en ces temps et chacun avait sa place, faisant table rase du passé pour recommencer une vie nouvelle. Pourtant, Laars finit par revenir sur le vieux continent mais il ne me précisa pas les raisons de son départ de Lustrie.

 


 

La journée s’écoulait au rythme de nos discussions, et malgré la proximité de Fiirsburg, notre périple fut pénible car je ne me sentais pas totalement rétabli. Même si les morceaux de bœuf séché que transportait Laars dans ses sacoches m’avaient redonné quelques forces, nous dûmes plusieurs fois faire halte car mon corps réclamait le besoin de s’étendre. Le jour déclinait lentement et, alors que nous discutions de mon état de santé, j’aperçus de faibles lueurs dans le lointain. Je demandai à Laars s’il s’agissait de Fiirsburg.

- Oui-da, C’est bien Fiirsburg. Vous arrivezz au bout de vos peines, mon ami. Vous voyez ce grand piton rocheux ? Derrière se trouve Middenheim.

J’acquiesçai. Il me semblait reconnaître les lieux, certains paysages paraissaient presque familiers. Laars reprit :

- Remettons-nous en route si nous voulons arrriver avant que l’obscurité ne soit totale. En cette saison, la nuit tombe rapidement, et, les prédateurs refont surface. Certains rumeurs courent dans ces régions...

- Quel genre de rumeurs ?

- Des superstitions de paysans ! Des histoirees à dormir debout à propos de créatures terribles qui sévissent dans la forêt. Quand des gens disparaissent, on trouve toujours quelqu’un pour raconter comment des loups à forme humaine auraient enlever le malheureux... Balivernes ! Il y a assez de bêtes dangereuses pour l’homme dans ces bois sans ajouter des hommes-loups en prime ! C’est la pluie qu’il nous faut le plus redouter !

En effet, le soleil qui rougeoyait derrière les nuages quelques minutes plus tôt avait totalement disparu et un vent glacé s’était levé soudainement. Les pics enneigés étaient recouverts par une ceinture de brume qui descendait vers la plaine, signe annonciateur des intempéries à venir.

Laars fit forcer l’allure à notre monture. Cependant, elle montrait quelques signes de fatigue, car malgré nos haltes, le poids qu’elle devait supporter était très lourd.

Mais bientôt, les lumières de Fiirsburg se firent plus proches et je pus distinguer la petite ville. Elle était entourée d’une haute palissade en bois que surmontait une tour de guet et à cette occasion, Laars m’apprit que cette protection était devenue nécessaire durant une période où les attaques d’hommes-rats étaient incessantes. Une milice était parfois envoyée de la capitale pour assurer la défense de Fiirsburg. La ville possédait de grandes exploitations agricoles qui lui procuraient beaucoup de vivres que des caravanes acheminaient vers Middenheim, ce qui expliquait l’attachement de cette dernière à préserver Fiirsburg de tout envahisseur. Ainsi, la commune prospérait et le nombre d’habitants se faisait de plus en plus important. Laars connaissait bien cet endroit et semblait heureux de retourner là-bas.

Nous arrivâmes enfin à destination, l’obscurité sur nos talons et déjà trempés jusqu’aux os par le mince crachin balayé par des bourrasques de vent. A quelques mètres de l’enceinte, un garde situé dans la tour de guet nous interpella, brandissant bien haut sa lanterne pour dissiper les ténèbres.

- Qui va là ? Veuillez-vous avancer vers la llumière.

Charmant, le comité d’accueil ! Comme si deux personnes sur un même cheval allaient se lancer à l’assaut de leur ville ! Laars se chargea des présentations et dès que le soldat l’eut reconnu, il ordonna l’ouverture des portes. Je n’étais pas fâché d’être enfin arrivé, même le cheval trahissait sa nervosité au milieu de cette obscurité oppressante. Et puis, il me tardait aussi de pouvoir goûter à un repos bien mérité.

Il s’avéra que le garde fut le seul à nous accueillir, aucun habitant ne traînait dans les parages, tout le monde restait cloîtré chez lui. La seule lueur visible à présent émanait des fenêtres de l’auberge en bas de la rue. Et ce fut sans surprise que nous décidâmes de nous y rendre. Le garde, rassuré, nous souhaita un bon séjour et retourna à son poste sans un regard en arrière.

Nous descendîmes la grand rue, sur le pavé luisant de pluie, éclairée seulement par de rares lanternes assaillies de moucherons. Arrivé devant la porte de l’auberge, je pus distinguer le brouhaha des discussions et sentir la chaleur qui se dégageait de l’endroit.

Laars entra en premier, et la salle demeura silencieuse, tous les regards tournés vers nous. Puis, aussi soudainement, la taverne reprit son activité, ne faisant plus cas de notre arrivée.

La pièce était grande, plus grande qu’elle ne le paraissait de l’extérieur. Un nuage de fumée tapissait le plafond, œuvre des nombreux fumeurs de pipes qui exerçaient leur habileté dans un concours de ronds de fumée. Plusieurs personnes poursuivaient un débat animé portant sur quelques problèmes locaux tout en vidant chope sur chope. Les plus consciencieux, ivres morts, se tenaient le visage appuyé sur la table, laissant échapper quelques ronflements sonores. Alors que je m’approchai du comptoir, un nain à la crête hirsute passa en trombe devant moi, manquant de me renverser. Il se dirigeait vers un type à la mine patibulaire qui devait faire deux fois sa taille.

- C’est moi que tu as traité de nabot ? vociiféra le nain, visiblement hors de lui.

L’autre n’eut pas le temps de répondre, n’y de tenter de se soustraire à la colère du Tueur. En l’espace de dix secondes, le nain avait décoché une série de coups vicieux qui projetèrent son adversaire par une des nombreuses fenêtres et il finit sa course dans la rue, la tête la première.

- Et que je ne t’y reprenne plus, p’tit mec ! lui cria le nain.

A mon avis, le principal intéressé ne devait plus être en état de comprendre quoi que ce soit.

- Messire Petybramusklay, Voyons ! Je sais qque cet homme a été discourtois... mais, euh, mon établissement se, comment dirais-je, se passerait de telles attractions" Bégaya un homme vêtu d’un tablier en toile blanc à l’embonpoint plus qu’apparent.

- Ces jeunes ! Aucun respect pour les ancienns, répondit le nain tout sourire. Enfin, ça fait un peu d’exercice, poursuivit-il, ignorant totalement les suppliques de l’aubergiste. Bon, qu’est-ce qu’il faut faire pour se être servi ici ?

L’aubergiste ne se le fit pas dire deux fois et partit à toutes jambes chercher une bière pour le nain bagarreur. Au bout d’un moment, alors que la situation s’était calmée, une voix m’interpella :

- Messire ! Messire ! Vous êtes donc de retoour !

Là, je restais vraiment interloqué...

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