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15 - Nain (où l'on retrouve encore une vieille connaissance)

Le vieux conteur était littéralement excédé. En ce moment, tout allait de travers. La date fatidique approchait à grands pas et son plan était loin d'être mis en place. Il avait peut-être été trop ambitieux, mais bon ! Il avait tout de même réussi à le convaincre de ne pas envoyer Louis décimer les villages du coin, ce qui n'est pas mal vu la personne... Il n'avait pas passé trente années de sa vie à inculquer les notions de secret et de morale à un Ogre pour échouer à cause de quelques malheureux jours. Et qui aurait cru que ce Yoyo si débrouillard se laisserait prendre avec tous ses amis. Il aurait dû tout leur expliquer dès le début. Non, surtout pas ! Ils seraient allés en parler à leur parents et c'est lui qui aurait encore tout pris. Quels esprits obtus quand même ! Comme s'il fallait beaucoup d'imagination pour comprendre qu'ils ne sont pas mauvais, autant l'un que l'autre. Ils souffrent, tout simplement. Et ça peut se comprendre, après tout... N'empêche qu'il est un peu vrillé du ciboulot. Aussi tordu qu'une vieille racine. Aussi insensible aussi. Enfin, c'est pas de sa faute, vu les circonstances... Dans tous les cas, il faut arrêter tout ça. C'est en train de devenir trop concret. Et qui c'est qui s'y colle ? C'est Bibi ! On va voir ce qu’il est possible de faire. Perdu dans ses pensées, il arriva dans la crypte de la chaumière où - évidemment - il le retrouva en train de lui parler. Comme une racine, je vous dis.
« Darnesis, je peux te parler un instant ? (ouf, cette odeur!)
- Appelle-moi Darn', s'il te plaît. Cela fait longtemps que je ne suis plus Darnesis, mais grâce à toi, tout va bientôt redevenir comme avant. Je ne te remercierai jamais assez, mon frère.
- Oui, si tu veux... Bon, tu viens ?...
ette salle le mettait mal à l'aise (ça peut se comprendre).
- Tout de suite.
Darn’ lâcha la main du squelette accroché au mur et lui envoya un baiser avant de se retourner vers le vieux conteur. Ce dernier l'entendit murmurer :
- Mellina... Ma si douce et si belle Mellina... »

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16 - Naain (quoi ?! encore un ?!)

Pierre et Natalya se remirent en route le lendemain matin (c'est bien le 25, attention). Leur allure devenait bien plus rapide maintenant que Pierre s'était débarrassé de l'armure de Léo - il l'avait enterrée et mis une croix marquée "Sire Léonidas de Castel-Argent". Après avoir discuté toute la nuit - incroyable tout de même à quel point ils étaient en phase l'un avec l'autre ! - ils avaient convenu de partir à travers bois pour rejoindre Chèvremont et de là partir tous les deux dans un endroit où on ne les reconnaîtrait pas. Ils vivraient alors une nouvelle vie, faite de simplicité, de confiance et d'amour, dans un endroit reculé. Ils étaient en train de deviser gaiement comme le font si bien les nouveaux couples lorsqu'ils passèrent aux alentours de Pérouse - étape obligée pour Chèvremont.
C'est alors qu'ils virent une silhouette imposante et voûtée, semblant porter quelque chose sous chaque épaule, et suivie d'une autre plus petite en robe et capuchon. Pas besoin de beaucoup d'imagination pour deviner de qui il s'agissait. Léo commençait à s'éclipser derrière un bosquet lorsque Pierre l'arrêta et eut une pensée plus développée. Il faut essayer d'aller les sauver. Oui, mais c'est trop dangereux. Léo aurait peur d'y aller mais moi je vais y aller car je ne suis pas Léo. Mais est-ce que j'ai rencontré Natalya pour risquer de la perdre si tôt ? Il plongea dans les grands yeux noirs de sa bien aimée pour y chercher une réponse et comprit instantanément que celle-ci avait fait son choix. Il prit la parole.
« On y va ? (Pierre n'avait pas besoin de l’ancien parler ampoulé de Léo.) »
Elle fit semblant de peser la situation un instant avant de relever son regard vers son chéri (nom de D... qu'est-ce qu'elle est belle !) et d'acquiescer muettement, le regard triste comme si elle sentait ce qui allait se passer (alors que vous, vous ne vous en doutez sûrement pas !). La silhouette encapuchonnée avançait lentement, et l'Ogre devait ajuster sur lui son allure. En quelques minutes le couple fut donc à quelques mètres d'eux - c'étaient bien des gamins sous ses épaules - et Pierre put les apostropher.
« Holà la compagnie ! Laissez ces enfants rentrer chez eux, voulez-vous ?
La silhouette ne parut pas surprise et ne se retourna pas. Elle devait les avoir vus arriver de loin.
- Tiens donc, je vois que notre chevalier s'est trouvé une nouvelle amie. Repartez d'où vous venez et nous n'aurons pas à vous faire de mal ni à l'un ni à l'autre. »
Le ton glacial et distant avec lequel il dit ceci figea le couple sur place. Ce n'était pas du bluff, ce n'était pas une menace, c'était une constatation. Avisant la masse de muscles qui reprenait sa route, Pierre s'apprêtait à laisser tomber lorsque Natalya s'avança. D'un ton autoritaire elle s'adressa à la silhouette :
« Nous ne vous laisserons pas partir ainsi. Vous devrez nous passer sur le corps! (Elle avait vu la fugitive grimace de l'Ogre lorsque son maître avait parlé de les tuer. Elle espérait faire diversion pour laisser aux gamins le temps de s'enfuir.)
- A votre guise. Louis, tue-la. »
La silhouette imposante s'approcha et d'un geste leste ceintura la petite femme. Les gamins tentèrent de s'enfuir, mais se retrouvèrent face à l'épée de l'homme en capuchon. Pierre, lui, se fit valdinguer d'une baffe de l'Ogre alors qu'il tentait de se jeter sur le vieil homme. Natalya cria :
« Ne l'écoute pas, Louis !
- Louis, je t'ai ordonné de la tuer ! »
Louis, pendant tout ce temps, se sentait tiraillé entre l'autorité de son maître et ce que lui soufflaient les mots dans la tête pour choisir tout seul. Il n'avais pas tué depuis longtemps et il sentait confusément que son choix à cet instant déterminerait durablement le reste de sa vie. Le ton montait autour de lui alors qu'il se repliait dans sa bulle.
« Louis, tu n'es pas obligé !
- Louis je te l'ordonne !
- Louis, non !
- Louis, maintenant !
- Louis !
- Louis !!! »
Pendant touuut ce temps, Louis réfléchissait tout haut. « Maître gentil avec Louis. Louis devoir obéir maître. Dame vivante. Louis vivant. Louis tuer vivant. Louis tuer Louis ? Louis obéir. Louis pas vouloir tuer Louis. Louis pas vouloir tuer vivant. Louis obéir maître. Louis pas tuer vivant. Louis...
- ... Oh, bougre d'imbécile ! Je m'en occupe si c'est comme ça ! »
Il délaissa les gamins et se rua sur Natalya, l'épée prise à deux mains, la poignée calée sur les abdos, pointée devant lui. Pierre le vit arriver, comme au ralenti. Il n'avait pas assez de temps pour décider quoi faire. Il décida quand même. Curieux, se dit-il alors que l'acier lui traversait les entrailles, qu'il meure ainsi, comme dans ses histoires. Après tout, peut-être que Léo voulait être Pierre, de la même manière que Pierre voulait être Léo. Il aurait au moins la satisfaction de partir en étant lui-même, et dans les bras de sa bien aimée. Adieu Natalya, et merci infiniment de m'avoir rencontré. Sache que je t'...
Alors que Darnesis regardait d'un oeil surpris l'homme qui s'était interposé entre lui et sa cible exhaler son dernier souffle et que le hurlement de désespoir de cette dernière vrillait ses tympans, il perçut du coin de l’œil les enfants qui s'en allaient, et se ressaisit à temps.
« - Louis, va vite les récupérer ! »
Louis alla, et cet homme étrange se retrouva face à Natalya, en train de pleurer toutes les larmes de son corps sur celui de son aimé. Il s'apprêtait à lui faire subir le même sort - elle ne demandait que ça - lorsqu'un rictus vicieux déforma son visage.
« Noooonn.... Je te laisse la vie sauve, afin que tu comprennes ce que MOI j'ai enduré, durant cinquante années de ma vie ! Tu vas comprendre ce que souffrance veut dire, petite sotte ! »
Et il repartit avec Louis et les deux gamins, laissant derrière eux Natalya et sa détresse qui laissait place petit à petit à un désespoir rongeant toute son âme, entrecoupé de hurlements de douleur, une douleur que ce monde ne peut pas guérir...

 

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17 - Nain (où pas grand chose n'avance, il faut bien le dire)

Lorsque l'on parle de cachot ou de catacombes, on pense à de vieilles cellules sombres, humides, au sol de terre boueuse et bordées de vieux barreaux en acier et d'une porte, qu'un gardien ouvre régulièrement pour passer de la nourriture. On pense à un mortier friable, à des barreaux rouillés, à un gardien facile à abuser ou à un tunnel en préparation... On ne pense pas à des murs d'excellente qualité, des barreaux d'acier scellés les uns aux autres et un espace entre deux à peine suffisant pour faire glisser une louche de gruau. Ni à un plancher grinçant au cas où on arrive à s'extraire de cette situation désagréable. Yoyo en était à ce stade des considérations sur sa condition actuelle. Après avoir été surpris par l'antipathique personne au regard comme deux billes noires et glaciales comme l'espace intersidéral enfoncées au plus profond de leurs orbites, ils s'étaient retrouvés pris chacun sous une épaule de l'Ogre, qui les emmena au plus profond des sous-sols de la tour, dans les catacombes.
Là se trouvaient, apparemment, des dizaines de cellules contenant , supposait-il, chacune un enfant. Il n'y avait pas de hurlement, pas de raffut général, pas de pleurs dignes d'un bon film. La raison en était que, personne n'ayant subi de mauvais traitement, beaucoup ne voyaient pas de raison de s'inquiéter et étaient plus curieux qu'autre chose... Un appel général lancé plus tard dans la journée leur avait appris que tous leurs camarades enlevés se trouvaient là, en bonne santé. L'Ogre les mit dans deux cellules contiguës, Yosko se trouvant également à côté de celle de Tildan. En les déposant délicatement dedans, l'Ogre leur avait offert un bol de bouillon à chacun, agrémenté d'une tape amicale sur le dessus de la tête. Le comique de la scène leur avait malheureusement échappé, abattus qu'ils étaient par la fatigue et le trop plein d'émotions de la journée. Ils s'étaient endormis, et leur réveil avait été ponctué par l'arrivée de Jaenis et Zepazu, assignés aux cellules derrière celle d'Ylda.
Vu le manque d'activités possibles, les détenus discutaient beaucoup. Ils venaient tous de Castel-Bessoncourt ou de Pérouse - logique - et avaient tous entre 7 et 13 ans. Ils étaient dix-huit (beaucoup de cellules étaient vides), et la première avait été capturée le 20 au soir. Les enfants de Castel-Bessoncourt signalèrent également que l'Ogre était connu aussi chez eux, et qu'il arrivait que des gens viennent marchander, apportant deux enfants contre le leur par exemple... On mit Yoyo au courant de l'emploi du temps : trois repas par jour, l'Ogre occupant sa journée à les surveiller ou à s'occuper du ménage dans la chaumière du dessus. De temps à autre, il allait chercher des gamins à Pérouse ou Castel-Bessoncourt. Le gros problème était l'obscurité mais, ceci mis à part, leurs conditions de vie n'étaient pas inhumaines du tout et l'Ogre semblait aux petits soins avec eux... Les petits en étaient effrayés mais les plus grands ou plus courageux, comme le Trio Yosko/Tildan/Ylda, n'hésitaient pas à lui adresser la parole, même si tout ce qu'ils recevaient en retour était un marmonnement du genre « Louis pas parler. Louis travailler. Louis disputé si Louis perdre du temps. Bientôt fini. Bientôt fini pour Louis. »
Yoyo essaya bien d'élaborer un plan d'évasion, mais tous ceux déjà essayés par l'assemblée avaient échoué, ce qui n'était pas très motivant... Ce fut donc le 25 au soir (il se repérait grâce aux repas), alors que Louis semblait de plus en plus excité à l'idée du "Bientôt fini", qu'il fut surpris par la dernière personne qu'il s'attendait à retrouver ici.

 

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18 – San

La douleur faisant place à la rage, la rage faisant place au désespoir, une force obscure et dévorante la faisait sombrer dans un abîme de désolation. Et ce vide intérieur… Ténèbres envahissant le néant, de sombres nuages s’amoncelaient… Non, faut pas déconner non plus ! Natalya n’était pas du genre à se laisser abattre, et ce n’était pas de s’attaquer à forte partie qui pouvait l’effrayer, surtout à présent ! Elle avait les meilleures raisons du monde de se ressaisir et de courir à la vengeance, bottant au passage le train de ce gros-méchant-Ogre (le bougre lui avait paru vraiment gigantesque…). Il faut bien en ces circonstances reconnaître à ce petit bout de femme une conduite très brave, surtout après cette épreuve, mais la pauvre devait être mentalement plus ébranlée qu’elle ne le pensait sur le moment, pour courir au suicide avec tant de hâte.
Nat avait tout d’abord pris le temps d’offrir une vraie sépulture au preux Chevalier de Castel-Argent, lui gravant au poinçon un petit épitaphe (directement sur la croix de bois… elle était un peu pressée, mais se nota mentalement de revenir dès que possible arranger la décoration de la tombe) ; c’est un message personnel, alors pour préserver l’intimité de ce couple brisé, je ne retranscrirai pas ici les mots qui furent gravés… (on serait bien en mal de retrouver cet épitaphe de toute manière, qui était déjà illisible quelques jours seulement plus tard, à cause du gel et des sangliers qui vinrent le mâchonner…) Quelques villageois qui passaient par là aidèrent la petite jeune femme à déposer le corps inanimé de Pierre dans sa dernière demeure… (vous connaissez la suite, les petites pelletées de terre, les prières…)
Au bout de deux heures éprouvantes, Natalya était plus décidée que jamais à en découdre avec les monstres qui osaient se jouer des vies humaines avec une si folle dérision. Elle élabora en deux coups de cuiller à pot un plan (machiavélique évidemment) (mais un peu à l’arrachée tout de même), dans lequel il était un peu trop question de combats sanglants, et pas assez d’un moyen de sauver sa peau sur place, enfin bon. Elle ne pouvait omettre également de faire part à Jil de l’enlèvement d’Elmarno et Jaénis par une montagne de muscles et de crocs (avec assez d’aplomb et de sérénité dans le regard pour qu’on évite de penser que la douleur la faisait affabuler), à charge à ce dernier de prévenir le cordonnier du village, qui serait sûrement à prendre avec des pincettes à la nouvelle de la disparition d’un seul coup de ses deux enfants adorés…
Natalya fit ensuite une petite visite à Balla, qui en tant que femme de forgeron pouvait sans doute l’aider à s’armer en vue de sa périlleuse expédition vengeresse. (Et elle avait meilleure conscience en pensant obtenir ce qu’elle cherchait grâce à une certaine solidarité féminine, plutôt que de demander à Jil alors qu’elle n’avait pas un sou en poche pour le payer de son travail.) Balla détenait dans une vitrine au-dessus de la porte d’entrée une magnifique paire de griffes luisant d’un éclat sombre comme la nuit… Détaillant rapidement la pièce où Balla l’avait invitée à entrer, Nat repéra immédiatement ces armes, ne pouvant détacher son attention des lames effilées, qui lui parurent empreintes de grandeur, et étrangement attirantes… Balla surprit ses coups d’œil appuyés à la vitrine, mais n’en souffla mot, jusqu’au moment où Natalya en arriva à lui demander une « aide substantielle pour mettre en échec ces barbares sanguinaires ». Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire du coin des lèvres en proposant à Nat un énorme marteau de guerre orné de pics – cette dernière ne le prit même pas en main, se contentant de faire de grands gestes de la main :
« Non, vous voyez Balla, il me faudrait plutôt une arme fine et sournoise pour piquer au vif ces brutes, quelque chose de pratique et léger, adapté à ma petite taille… »
Après une heure d’essayages divers, durant lesquelles Nat vit défiler la plus grande collection de masses, épées bâtardes, poignards et fléaux en tous genres (ainsi que les armures et autres capes qui vont de pair…) qu’elle ait jamais pu imaginer, Balla finit par exaucer le vœu inexprimé qui grossissait dans les yeux de Natalya. Elle n’avait pas commencé à lui expliquer la pose et le maniement des griffes que Natalya les pendait déjà sur ses épaules, nouant les lanières derrière son cou ; elle se mit aussitôt à dévaler la rue du Lavoir à un rythme d’enfer, courant vers la sombre forêt. Balla ne put que la suivre du regard, partagée entre l’excitation vertigineuse transmise par la petite jeune femme, et une inquiétude bien naturelle.
« Freine ta course, petite ombre, écoute, écoute ! »
Nat trébucha dans les gros graviers de la rue de l’Ogre, tentant de découvrir la source de cet étrange appel. Pestant contre cette temporisation forcée de son plan de vengeance, elle s’approcha des statuettes en bois – jamais vu un bois aussi semblable à de la peau et des habits ! – d’où provenaient apparemment des chuchotements indistincts, et s’arrêta tout près des nains de jardin. Etait-ce un mirage, une sorte de rêve éveillé, ou bien les nains étaient-ils vraiment en train de bouger, de parler en faisant de grands gestes des mains… ?… Ils avaient un peu de mal à poursuivre leur discours, à présent que Natalya était venue docilement pour les écouter. Le plus ventru, à la barbe pointue, finit par prendre la parole, mais au bout de quelques secondes il était déjà interrompu sèchement par un petit à grosses lunettes, qui n’alla pas plus loin que les trois premiers mots de sa pensée ; s’ensuivit une diatribe atrabilaire d’un pharisaïsme logorrhéique où l’idiosyncrasie tournait à l’ordalie canulante (à mes souhaits). On pourrait dire sans trop se tromper que les nains n’avaient pas l’air de s’entendre très bien entre eux, et ils ne faisaient aucun effort pour se faire entendre des autres… N'y comprenant goutte et craignant de manquer l'heure de sa vengeance, Natalya s’enfuit après quelques minutes seulement, et reprit sa prOgression vers les bois, non sans s’être pincée deux fois et frotté copieusement les yeux.
PrOgressant parmi les arbres, elle ne put s’empêcher de repenser à l’obscur ramassis de paroles qui avait en partie tenté de subsister dans sa mémoire. A sa grande surprise, elle pouvait se souvenir de certaines des idées des nains – aucun moyen de savoir si c’étaient les plus importantes. Parmi ce fouillis, elle crut discerner que les nains avaient tenté de la prévenir de quelque chose… Ils avaient parlé de la magie… l’influence de la magie qui se révèle, à présent que… le Maître et son âme damnée Darnesis… entreprennent la phase finale du Grand Dessein… Et également une idée de danger… une aura de magie noire qui se répandait parmi les habitants, l’incompréhension, le doute… Seuls les enfants n’étaient pas affectés… la magie exacerbée par la haine de Darnesis envers l’humanité… sa nature chaotique… le déséquilibre thaumique… deux puissances invisibles et terribles qui s’affrontent en cette contrée… le Bien et le Mal ?… et avaient-ils bien parlé de la mère de Tildan ??… Tant de mots qui ne faisaient aucun sens pour Natalya, mais la remuaient profondément...

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