Un tamis de lumière lavait un côté du silo, assez loin du côté où Quill
gisait. Il avait regardé longtemps les rais s’allonger sur le sol de
terre plein tout à fait sec de toute herbe. Les débris de bois qui
jonchaient le silo lui semblaient plus incongrus que la première fois,
noircis ici et là, fendus ailleurs, ils semblaient avoir traversé le
toit couvert par les toits du quartier ouest et ouvert sur eux. Quand
il avait plus, l’apothicaire avait vu l’eau couler sur les toits comme
sur des ruisseaux et des toits sur ce toit, au travers du trou béant
puis par filets s’abattre sur la terre et en faire de la boue. Elle
était sèche ce jour-là, elle soulevait de la poussière lorsqu’il
s’agitait pour défaire ses liens. Il en avait assez d’attendre. La
poussière collait au baume sur sa plaie qui ne le lançait plus – il ne
s’était même pas rendu compte qu’elle le lançait, depuis tout ce temps.
Le temps passant ses geôliers improvisés ne se manifestaient plus et
lui, couché par terre mains et pieds liés, il en avait assez.
- Mgh gghmgh gmghghm…
Il
avait oublié le bâillon. Non qu’appeler à l’aide était une option,
quand quelqu’un l’aurait entendu dans ce quartier il n’aurait gagné
qu’à se faire égorger, néanmoins cela frustrait l’apothicaire d’être
réduit au silence. Ses geôliers ne faisaient plus de bruit, enfin, que
lui fallait-il encore ? Il se tortilla, rampa jusqu’au débris pour
frotter son bâillon contre jusqu’à en dégager sa bouche assez pour
parler.
- Dépêche-toi, Lametrouble.
L’assassin apparut à
l’entrée. Il faisait jouer sa pièce entre ses doigts gantés, le regard
rivé sur lui. Il devinait sans peine ce que l’assassin pouvait voir, ce
qu’il pouvait imaginer, un marchand épais aux membres endoloris, suant,
éructant, fatigué et inquiet. Il se trompait, Quill devina que cet
assassin en particulier n’avait aucune imagination. La pièce bondit en
l’air, retomba. Ce visage noir, dans ces habits noirs, contrastèrent
avec l’éclat de l’argent. Un bref instant, l’apothicaire crut saisir un
sentiment sur ce visage d’ébène. Il ne cherchait pas à savoir où se
trouvait l’autre assassin, la femme qui l’accompagnait. Le résultat
seul de ce jet l’intéressait. Il le devina lorsque Lametrouble tira sa
dague. La lame glissa sur le bâillon pour le trancher puis déchira la
corde par trois fois pour défaire les nœuds épais. Quill se redressa
enfin libéré, se massa les membres.
- Tu savais.
Cette voix l’effraya, la voix de Lametrouble, froide, une voix prête au meurtre.
-
Contrairement à vous je ne fais pas confiance au hasard, surtout quand
des devins se promènent librement. Vous êtes retourné voir Nathan, vous
y aviez tout intérêt. Il vous a répété ce que je lui ai obligeamment
mis en tête. Que vous l’ayez cru ou non dès ma capture il vous fallait
me libérer, au moins pour retrouver Mederick T’Nataus. Je me trompe ?
- Continuez.
-
Votre meilleur atout était Nathan. J’étais blessé, vous pouviez vous
servir de lui pour me faire parler. C’était votre seule option après
nous avoir affrontés. Je n’ai donc pas été si surpris de vous voir chez
moi. La nuit même, Vlades et moi avions modifié nos plans. Je l’ai
convaincu de me livrer à la secte pour qu’il ait une information de
valeur, et véridique, à fournir à la Garde Sombre. Il ne savait juste
pas que vous viendriez. Je n’ai plus eu qu’à vous retenir, après son
départ, jusqu’à ce que ces mendiants de carnaval nous assaillent. De
tous les scénarios que j’avais prévus, le plus improbable a eu lieu et
nous avons fini, vous, moi et Nathan entre les mains de la secte.
Avez-vous aussi libéré notre ami commun, Lametrouble ?
L’assassin
rangea sa dague. Enfin l’apothicaire sentit ses humeurs se calmer. Il
ne lui restait plus qu’à promettre qu’il livrerait Mederick mais qu’il
ne le livrerait qu’à l’enquêteur royal, il pouvait s’offrir ce luxe
désormais. Sinon, il lui restait une option simple, celle de trahir le
noble, de le livrer. Il n’était plus question de remède, désormais
c’était entre lui et Vlades.
- Vous n’avez pas répondu.
- Comment j’ai deviné le résultat de la pièce ? Disons simplement que je suis observateur.
67 - Pion, on libère tout
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- Écrit par Vuld Edone
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