Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Le général était là, en bout de pièce, en bout de table, près du biochimiste qui releva la tête à l'entrée des soldats. Quoi qu'ils lui donnèrent, Kyréna arriva dans la pièce avec assez de forces pour tenir debout. Il était en chemise de patient, fripée comme du papier. Son allure était encore plus piètre avec les pansements sur son crâne. Jean Valdes lui sourit alors que le général faisait un pas de côté pour s'approcher.
Autrement la pièce était parfaitement décorée, à la manière américaine, meublée de telle sorte qu'elle ne laissait pas deviner qu'ils se trouvaient toujours à bord d'un Pornev.
- Capitaine... Kyréna, c'est cela ?
La voix du général était légère, sans accent.
- Vous devez être Akdov.
- Asseyez-vous.
Il obéit sans discuter. Un serveur entra et déposa devant lui une assiette chaude qui lui rappela à quel point il avait faim, et soif, et affaibli. Malgré cela, le capitaine ne toucha à rien, même quand on servit du vin sous ses yeux.
- Où sont les documents ?
- Je n'en sais rien.
Il ne mentait pas. Lorsque l'abordeur s'était abîmé en mer, il avait sombré dans l'inconscience et les documents, seuls Naïa et Immons pouvaient dire ce qu'il en était advenu. Jean continuait de lui sourire bêtement. Il comprit que le docteur était drogué.
- Savez-vous ce qu'est le Libra ?
La question déstabilisa le capitaine, durant plusieurs secondes le trouble se lut sur son visage, puis il se détourna. Les gardes regardèrent Akdov qui ne leur indiqua pas de le frapper. Au contraire, il leur donna l'ordre en russe de se retirer. Cette fois l'accent était tout à fait audible, très fort. Le général parlait donc au moins deux langues.
Dès qu'ils furent seuls, celui-ci posa la main sur l'écran d'ordinateur de Jean et le tourna face au blessé. Le code y était affiché, avec à nouveau un message d'erreur.
- Alors ?
- C'est un programme développé lors de la White Hat War, une sorte de maître programme en riposte à l'Ange Noir. Officiellement il n'a jamais abouti.
- Officiellement.
Le capitaine s'enferma dans son mutisme. Alors son interlocuteur tira de sous la table un second ordinateur, qu'il ouvrit, qui affichait le même code avec le même message. Un second Libra, sous ses yeux. La surprise lui coupa le souffle.
- Le Libra devait réécrire l'histoire mais à la fin du mouvement, les copies disparurent et le code source fut perdu. Je suis possesseur d'un Libra. Comme votre docteur. Mais vous, Kyréna, vous n'avez rien.
- Je n'en ai pas besoin.
- À quoi bon tous ces détours ? Vous avez perdu, la tore n'existe plus, vous et votre équipe êtes mes prisonniers. Et vous le savez : la CITL ne viendra pas.
Akdov traîna son propre ordinateur jusqu'au capitaine et le lui laissa, lui-même retourna s'asseoir en bout de table. Ils restèrent une poignée de secondes dans le silence, Jean les regardant tour à tour, l'un et l'autre. Ils se jaugeaient.
- Mangez, Kyréna. Ca vient de Montréal.
Le capitaine regarda le caviar.
- C'est important ?
- C'est important. Nous nous rendons à Montréal.
Montréal était l'une des trois cités du Canada laissées libres par les troupes du général. Protégés par des boucliers semblables à ceux de l'Eurasie, les habitants de ces villes se méfiaient du Nouveau Monde comme de la CITL. Kyréna regarda son assiette, regarda Akdov puis Jean et déglutit.

Connectez-vous pour commenter