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Le cimetière de Mont-Royal s'étendait jusqu'au pied de l'hôpital général et, aussi loin qu'ils pouvaient en juger, jusqu'à Jeanne Mance. Pourtant ce n'étaient pas des tombes mais il ne restait que la terre rendue dure par le froid d'automne et les pelletées. Akdov n'avait montré aucun sentiment en voyant cela ; le colonel, lui, gardait le silence. Les troncs aussi avaient été arrachés en prévision de l'hiver. Les bâtiments des dernières décennies, en partie ravagés par la pauvreté, cachaient cela au reste de la ville.
Parmi ces tombes ne se trouvait pas celle du jeune Noé : il avait été enterré à Harrisburg. Une question familiale, sans doute. Personne ne tenait la réception de l'hôpital. C'était que le bâtiment central, trop grand, trop fréquenté, avait été délaissé au profit des ailes qui seules fonctionnaient encore. Mais le colonel ne comptait interroger personne, tant en sept ans les choses avaient changé. Il se dirigea immédiatement à la réception.
- Nous avons déjà vérifié les enregistrements. Noé s'y trouve, ainsi que notre porteur de documents. L'un à l'aile nord, l'autre à la morgue.
- Et personne d'autre.
- Personne d'autre.
- Un jeune de banlieue sans famille, sans amis, sans même un curieux. Quelqu'un est forcément venu le voir.
Il passa en ciseau au-dessus du bureau et se retrouva de l'autre côté de la réception. Sans alimentation, les vieux écrans prenaient la poussière. Il tira le Libra, le brancha et utilisant sa batterie réactiva l'ordinateur de l'hôpital.
Les noms défilèrent rapidement, jusqu'à la période d'automne soixante-et-un. Il trouva effectivement l'admission du jeune Noé, ainsi que sa sortie pour Harrisburg. Entretemps beaucoup d'autres personnes avaient été admises, sans lien apparent.
- La biologie, colonel !
Jean s'était remis à parler dans son coin, près d'un vieux distributeur.
- La biologie, la science de la vie, il n'y a que ça de vrai ! L'unicité de l'adn. c'est fou de penser que chacun a sa propre marque indélébile gravée dans chaque cellule de son être !
Cette fois le colonel prit bien garde de ne pas répliquer mais laissa faire son compagnon. Akdov les surveillait de loin. Le biochimiste se mit à gratter du doigt sur le bouton du distributeur, puis vers la fente. Il cherchait les pellicules de peau déposées depuis sept ans, à la surface, par terre, accumulées par des dizaines de milliers de consommateurs.
N'ayant pas de scanner, il s'en remit au Libra. Le soupir de Kyréna fut pour lui une confirmation : il pianota et rapidement l'écran afficha les composants organiques présents, qu'il tria selon l'âge, avant d'en extraire les traces d'adn. Sa première réaction fut de la déception car dans toutes, même infime, il y avait de la thymine. Il fit comparer ses résultats avec la liste d'admissions, n'obtint rien de probant, refit de même pour le bureau de la réception puis pour les bancs du hall.
- Il n'y a rien ici.
- Je vais trouver ! Je vais trouver ! Une personne l'accompagnait, peut-être deux, j'en suis certain ! La trace est là, quelque part, forcément !
Alors qu'il disait cela, un nouvel adn s'afficha, à sa surprise très complet pour sept ans d'âge, et qui correspondait si bien à ce qu'il recherchait qu'il en resta muet d'hébètement. L'adn était suffisamment proche de celui de Noé pour qu'il s'agisse ou de sa soeur, ou de son frère.
Dans son dos Kyréna s'était approché.
- De la famille ?
- Vivante ! Même tranche d'âge et elle s'appelle Angelica !
Le Libra déployait déjà toute sa puissance, sous les doigts de Jean Valdes : où elle était née, comment elle avait grandi, le peu d'études qu'elle avait pu faire, sa présence sur le terrain de basket le jour de l'accident puis sa présence à l'hôpital, ensuite à la banque NeoNova en place Montreal Trust, pour y faire un dépôt important.

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