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La distance se réduisit inexorablement. Les Pornevs suivaient en colonnes la petite navette, à quelques minutes encore de portée. Même avec des vaisseaux endommagés et ses escadrons entamés la flotte restait imposante, capable d’anéantir des villes entières. Akdov se trouvait toujours à bord du même vaisseau : les événements puis la poursuite lui avaient empêché l’agrément d’en changer. Il était toujours sur la passerelle, protégé par le champ alors que la structure même avait été anéantie.
Cette détermination était celle qui avait valu à la RPE sa victoire sur les Amériques en seulement trois mois. Ils étaient parvenus à un débarquement massif, en même temps brutal et sanglant et avaient frappé au cœur de l’ennemi invulnérable depuis un siècle. À l’époque Raivac avait l’ascendant. Celui-ci mort, Akdov était le dirigeant de la nation la plus guerrière au monde. Une poignée d’agents de la CITL, agglomérat des nations les plus faibles, ne faisait simplement pas le poids.
Quelques minutes et le général ne disait rien, il attendait et il pesait les raisons qui lui faisaient poursuivre les trois agents. Assis dans son coin le biochimiste travaillait lui à récupérer les documents de son Libra, sans en trouver la moindre trace. Quelques minutes quand le radio annonça une entrée. La communication venait du général Oïc en personne. Le canal ouvert, Akdov parla le premier :
- Que voulez-vous ?
- C’est évident. Répondit Oïc. Avancez encore et j’anéantis votre flotte.
- Commandant, quand serons-nous à portée ?
- Deux minutes mon général !
- Vous voyez, Oïc, vous ne risquez pas d’anéantir ma flotte en deux minutes.
- Ne soyez pas présomptueux.
- Ne soyez pas stupide. Vous n’avez aucun intérêt à hasarder une guerre pour sauver une poignée d’officiers quelconques. Ils ont tué mes hommes, piraté mon armement et volé mon matériel, je suis dans mon droit.
- Comme vous l’étiez quand vous avez détruit le site du tokamak expérimental ? Ne me faites pas rire, Akdov, vous ne croyez pas au droit de guerre.
- Le site n’existait pas officiellement, je n’ai donc rien détruit du tout. Vous ne remettrez pas en cause nos bonnes relations pour trois traîtres.
- Oh, il le fera !
Un frisson d’agacement passa dans le dos du général qui, lentement, se tourna vers le biochimiste. Jean avait choisi exactement le bon moment pour intervenir, à croire qu’il l’avait anticipé. Les écrans des Libra couvraient son visage d’un halo bleuté, étrange à la lumière du jour.
- Vous ?! Rugit Oïc, dont la voix trahit son trouble. Qu’est-ce que vous fichez aux côtés du général du Nouveau Monde !?
- Alors, général, on défend, quoi ? Le capitaine ou les documents ? Mais voilà, voilà, toute l’histoire est là, il manque quelque chose ! Le colonel, le colonel… le colonel… le capitaine pardon ! Notre brave Kyréna, des documents, il n’en a pas.
À l’autre bout de la communication le général resta silencieux. Soudain l’officier de tir prévint Akdov qu’ils étaient à portée de tir. Il n’avait plus qu’un ordre à donner et dans la seconde, sans la moindre chance d’en réchapper, la navette serait pulvérisée. Mais il n’ordonna rien.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez. Reprit enfin le général. La sécurité de la CITL passe avant tout. Vous avez deux minutes pour faire faire demi-tour à votre flotte, après quoi je l’envoie par le fond.
- Bien sûr, général. Avec tous les meilleurs sentiments du monde.
Les secondes s’écoulèrent encore après la communication, la flotte ne tirait pas, elle se rapprochait toujours de la navette comme en une scène inéluctable.

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