Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 


J'essaie de raconter une histoire impossible.
Un monde de bêtes où les monstres sont rois.
Et où l'enjeu est l'humanité.


Le colonel Walden se tourna face à ses soldats. À ses côtés le capitaine Hedén enfilait déjà le casque de combat des pilotes de Felin. Il serait son copilote pour la mission de combat à Pervenches, à bord d'un modèle Victrix. Et ils étaient à l'instant, à eux deux, avec leur appareil, ce que les Anges avaient de plus puissant de ce côté du globe.

À part les Lances.

Les deux autres équipages étaient dos aux trois Felins alignés dans la soute du transporteur lourd Émeraude, l'aile volante des anges. Ils volaient alors à quelques six mille mètres, à la frontière de la première atmosphère, protégés par la furtivité du transport, par ses contre-mesures et ses vingt-quatre tourelles à autocanons de trente millimètres. Les Felins, les armures de combat mécanisées des Anges, occupaient presque tout l'espace de la soute.

Face à Hedén se tenait Wööf, debout. La capitaine était la seule, d'eux tous, à avoir vécu une opération de si grande ampleur. Elle était la seule à trahir la peur sourde dans son regard. Son coéquipier, le lieutenant Lesniew, était assis en tailleur et ruminait ses pensées. Les gilets lourds et les masques à oxygène déformaient leurs traits. Dans la semi-obscurité de la soute, tous les soldats semblaient des ombres à l'ombre de leurs machines. L'autre équipage se releva en voyant Hedén s'équiper. Le capitaine Morin se frotta les bras contre le froid, puis tâta ses poches et grogna. On ne l'aurait de toute manière pas laissé fumer, même une dernière fois. Letho à ses côtés saisit son casque, sans le mettre, et regarda Hedén abaisser sa visière puis passer entre eux tous pour monter dans le Victrix.

« Une dernière fois. » Reprit Walden et tous oublièrent son copilote pour se tourner sur lui.

Walden avait l'impression d'être un amateur face à tous ces pilotes vétérans de dizaines d'engagements, qui avaient déjà franchi leurs limites depuis longtemps et dont les visages trahissaient un épuisement moral. Des machines de guerre vivantes. Et il ne cessait de se surprendre à les voir attendre de lui de répéter le plan de bataille, pour la troisième fois.

« Opération Brass. Objectif, la neutralisation de Muse. C'est une avianne, elle sait voler et surtout c'est une pacifiste. Elle cherchera à vous désarmer ou à vous assommer. » Le colonel fronça les sourcils. « Le principal danger, ce sont ses runes. Elle peut en tracer sur n'importe quelle surface, ou même dans le vide, et pour peu que l'environnement suggère le tracé d'une rune elle pourra la déclencher instantanément, grâce à une "rune primordiale" dans sa poitrine. Ces fichues runes lui permettent de faire à peu près n'importe quoi, y compris de se soigner en quelques instants. »

Pourquoi est-ce que ces lieutenants et ces capitaines voulaient qu'il parle, et qu'il répète tout cela, le colonel n'en était pas bien sûr. Mais lui aussi avait besoin de l'entendre.

« L'opération Brass se déroule en trois phases. La première phase est en cours, et engage deux sections de deux blindés Piranha et de quatre Aigle pour un total de vingt-quatre soldats. Muse a l'habitude de porter des runes sur elle et cette phase, en la saturant de tirs, vise surtout à lui faire gaspiller ses réserves, et détruire toutes les runes qu'elle voudrait mettre en place. »

« La seconde phase, » continua Walden, « engagera la compagnie Magog et ses munitions incendiaires, deux lance-roquettes et deux fois quatre blindés chenillés Puma, appuyés par quatre chars Cortis. »

Le char Cortis était le maître du champ de bataille et l'équivalent du Felin, l'une des armes les plus rares et les plus puissantes de l'arsenal des Anges. Le commandeur Razor les avait détachés pour cette seule opération, quatre exemplaires qui étaient peut-être tout ce qui existait en service sur Alquières. Walden lui-même n'en avait jamais vu, seulement quelques images, et n'en connaissait que les spécifications techniques. Il ne songeait même pas à la chance d'en voir, il ne pensait pas à cela.

Pour empêcher l'avianne de fuir, l'état-major déployait trois équipes de tireurs et deux batteries de missiles, en plus de la batterie de quatre obusiers chargés de soutenir les trois phases d'assaut. La totalité du bataillon de Pervenches était engagé, jusqu'à la dernière recrue, dans cette opération.

« Cette phase vise à épuiser et à affaiblir Muse pour préparer notre intervention. » Acheva Walden. « Nous sommes la troisième phase, trois Felins, dont deux modèles Fleet modernisés et un modèle Victrix. Notre mission est de d'affaiblir Muse suffisamment pour permettre la frappe d'une Lance. »

Il se tut.

Lors de la troisième phase, si tout s'était passé selon le plan, Muse aurait été poussée dans ses retranchements. Ils devaient s'attendre à un ennemi acculé, prêt à tout ou hors de contrôle.

Mais surtout, la première phase était déjà en cours.

Leurs radios crachotaient toutes les rumeurs des combats, et en même temps qu'ils écoutaient la très faible vibration de la soute, le souffle lointain des réacteurs, ils pouvaient entendre les appels et les détonations. C'était très calme. Des voix très calmes, posées, entrecoupées par le déchirement des armes. Ils ne savaient pas si la peur était pour leurs camarades ou pour eux-mêmes. Walden se dit soudain que tous ces vétérans, pareils à lui, n'étaient que des soldats.

« Face à Muse » continua-t-il presque malgré lui, « la défensive est une erreur. Chaque seconde qu'on lui laisse lui permet de tracer des runes toujours plus puissantes. On devra maintenir la pression coûte que coûte. Deux à l'attaque, un en soutien. C'est une cité en ruines, elle sera normalement partiellement écroulée et en flammes. Il faut la maintenir le plus possible à découvert, dans des espaces dégagés. L'artillerie peut mettre plus d'une minute à réagir alors il faudra anticiper. »

Il voulait continuer à parler, pour couvrir le bruit des radios. Il aurait pu simplement éteindre la radio, s'isoler avec les autres, dans la soute, et attendre, mais le silence aurait été encore plus écrasant. À la place, il lui fallait continuer, se préparer, s'endurcir et se persuader qu'il pouvait gagner.

Hedén s'était déjà sanglé.

À bord du Victrix, le capitaine avait les yeux plongés sur le noir de son écran de bord, dans le noir de l'habitacle, loin des autres. Sa propre radio crépitait aussi aux brefs messages des blindés filant par les rues de Pervenches, tirant par saccades pour couvrir les mouvements de l'infanterie. Il avait l'impression de sentir les six mille mètres de vide en-dessous de lui, comme si le plancher de la soute et la masse du Felin n'existaient plus. Comme si l'armure de combat était emportée vers le bas. Il avait peur, et il attendait que vienne le moment du combat pour que cette peur cesse, qu'il passe dans un état second où seuls comptaient les automatismes du combattant.

Walden apparut près de lui, le regarda puis monta à son tour, à l'avant, avant de se sangler. Il avait pris le temps de fixer son fusil sur le côté du siège éjectable, et Hedén regarda l'arme.

Pour combattre des êtres comme Muse, les Anges devaient utiliser un calibre antichar, des munitions de vingt millimètres, des obus, capable d'abattre net un éléphant en pleine course. Le fusil PAW était un symbole des Anges, mais surtout le symbole de cette escalade à l'armement pour concurrencer la folie d'Alquières. La munition de vingt millimètres semblait, trop souvent, incapable d'affronter les monstres.

« Eh, Hedén… » Lança Walden.

Le capitaine ne répondit pas.

« Pourquoi Muse ? » Continua le colonel, sans y prêter attention. « Pourquoi elle ? C'est une pacifiste, elle aide les gens. Elle a même travaillé pour les Anges… »

« Rhages aussi. » Dit Hedén d'une voix errante.

Ce nom fit frissonner, bien malgré lui, le colonel. Wööf avait participé au combat contre ce monstre, et il avait fallu deux Lances pour l'affaiblir. Sans parvenir à l'arrêter. Rhages avait résisté à la toute dernière ressource des Anges, et ses blessures n'avaient fait gagner qu'un peu de temps.

Personne ne pouvait dire si la Lance fonctionnerait contre Muse.

Aucun d'eux ne savait ce qui se passerait vraiment. Si Muse serait affaiblie, si elle ne tendait pas un piège, si elle n'avait pas un allié, si elle ne cachait pas une puissance plus grande encore. L'aile volante Émeraude volait droit vers l'inconnu, droit dans les ténèbres.

« Des monstres comme Muse, il en court des milliers, partout sur Alquières. » Reprit Walden, pour lui-même. « Qu'est-ce qu'elle a fait pour devenir l'ennemie numéro un du monde entier ? »

« Tu veux dire qu'on se fait manipuler. » Demanda Hedén.

« Qu'est-ce que j'en sais. » Répondit le colonel. « Il faut être fanatique de toute manière pour être chez les Anges. »

Il fouilla dans sa poche, tira la vieille photographie malmenée et la regarda. Autrefois, il se disait que cette photographie lui rappelait pourquoi il se battait. À présent, il songeait surtout qu'il ne pouvait plus faire que cela. À présent, il songeait que tous ces grands noms qui l'avaient fait rêver dans son enfance étaient désormais sous son commandement, et avaient peur comme lui à l'approche du combat.

Les autres vaquaient toujours hors de leurs Felins, dans la soute, marchaient et discutaient avec le calme et la tranquillité de simples spectateurs. À voir leurs mouvements dans la pénombre, sans tout le métal et les contours sobres de l'armature, ils donnaient l'impression d'une rue piétonne, dans un village reculé et paisible.

« Muse a détruit Pervenches, » repartit le colonel, « et il y aura des gens pour la défendre. C'est vraiment un monstre ? » Il se tourna franchement, retenu par les sangles, vers son copilote. « C'est vraiment le pouvoir qui définit le monstre ? »

Ce dernier balança la tête contre le dossier de son siège.

« Je ne les hais pas pour ce qu'il sont. » Déclara Hedén, les yeux fermés. « Je les hais pour ce qu'ils pensent. Eh, Walden… »

« Oui ? » Répondit Walden, toujours tourné, son casque lui couvrant la tête.

« Si j'avais des pouvoirs, tu me haïrais ? »

À la radio s'imposa la voix tranchante et métallique du commandeur. La phase deux venait de commencer. La radio ne cessa plus de grésiller lourdement durant de longues secondes, le temps que les armes thermobariques engloutissent des quartiers entiers de Pervenches. Les pilotes de l'Émeraude appelèrent la soute pour leur indiquer qu'ils voyaient Pervenches, au loin, grâce aux flammes. Une minuscule étoile dans la nuit.

Magog progressa, directement sous la tempête de flammes à mesure qu'elle grossissait, dans les ronflements du feu et de la fumée noire. Les blindés fumaient, le métal sifflant sur toute la longueur et chauffant le canon. Les soldats, dans les combinaisons lourdes ignifugées, faisaient peser chacun de leurs pas à l'intérieur de cet environnement infernal. Muse ne portait pas d'armure, et comme beaucoup d'habitants des îles, tout juste quelques vêtements, une simple et longue pièce de tissu rattachée à une épaulette. Elle aurait dû brûler, elle aurait dû être asphyxiée, écrasée par la pression des armes, elle aurait dû mourir de mille façons.

« Contact. » Cracha la radio, et les armes se mirent à gronder également.

Walden se laissa coller à son siège. Il ne sut qu'à cet instant avoir nourri, tout du long, l'espoir que Muse soit vaincue avant. Il espérait encore, confusément, que Magog en viendrait à bout avant eux. Mais déjà dans son esprit se formait cette idée froide qu'il allait se battre. La peur, peu à peu, coulait comme dans un moule d'acier et l'enfermait de plus en plus.

« Tout le monde à bord, » dit-il à la radio, « vérifiez vos Felins. »

La soute s'illumina soudain sous les lampes jaunes et comme vieillies de l'appareil. Les ombres y étaient découpées, déchirées, et Walden frissonna encore. Il avait ressenti comme une présence, comme un spectre avant la bataille. Ses propres paroles le poursuivaient, aux trois exposés de missions, chaque mot qu'il avait dit et chaque image, chaque plan de rue, auxquels il se raccrochait comme un naufragé. Il ne sentait plus la peur. Il la savait là, étouffée au fond de lui, et il n'aurait pas su la retrouver.

En bas, au loin, les chars Cortis brûlaient leurs obus à raison d'un tir tous les six dixièmes de seconde, et leurs projectiles de cent quarante millimètres perçaient les flammes à deux mille mètres par seconde, quasiment à bout portant.

Il y eut soudain un déchirement dans les radios, puis une rupture et les radios restèrent muettes plusieurs secondes. La cabine de l'Émeraude appela la soute et les prévint que le poste de commandement du bataillon avait été anéanti. Muse avait remonté les communications jusqu'à eux.

« Silence radio. » Conclut Walden à l'adresse de ses pilotes.

Puis il posa les deux pattes sur les manettes du Felin. La machine de guerre avait pris vie. Le viseur tête haute détachait d'un vert maladif ses informations sur le jaune sale de la soute. La cabine appela à nouveau, annonça le largage dans trois minutes. Les réacteurs des Felins se mirent à chauffer.

Walden se demanda s'ils avaient été repérés, si les communications avaient trahi le plan ou leur présence. La batterie avait pris le relais et les échanges radios reprirent. Le colonel écouta Magog énumérer les pertes, alors que les autocanons continuaient de hurler dans les souffles de flammes. Il essayait d'imaginer, au son seul, ce qui l'attendait. Il essayait de voir l'avianne autrement qu'à travers les photographies et films d'archive, il essayait d'en percer la logique.

Elle avait réussi à remonter leurs communications cryptées jusqu'au commandement.

Il se sentait furieux. Dépassé. Accablé.

Furieux.

« Par définition, c'est un combat qu'on ne peut pas gagner. » Dit Hedén derrière lui. « Ce sont des monstres. C'est leur définition. Tout ce qu'on peut faire, c'est subir. »

« J'en ai assez de subir. » Répliqua Walden.

Deux minutes. Une minute. Dix secondes. À l'instant où la soute s'ouvrait, les lumières jaunes s'évanouirent et les trois Felins se laissèrent emporter par la nuit, hors de l'aile volante. Au-dessous d'eux, Pervenches brûlait. Les flammes s'étendaient sur des kilomètres et rongeaient les sommets des plus hauts immeubles. La fumée noire s'élevait de partout et partout formait des remous de braise et de cendre. Les rues, moins affectées, tandis que les bâtiments n'étaient plus que des torches d'où le feu crachait par toutes les fenêtres et léchait la brique et le béton, formaient des lignes plus sombres dans le rougeoiement ambiant. Les carcasses de deux Cortis reposaient dans l'avenue principale, large de huit voies, du temps où Pervenches existait encore. Magog reculait sur la place centrale, ce qu'il restait de Magog.

Le colonel cherchait sa cible, dans tout cela, et soudain son viseur afficha un écho s'avançant sur la place centrale, à l'allure du pas, et sur lequel se concentraient les tirs des autocanons. Les obus crevaient la terre et l'asphalte tout autour sans parvenir à le toucher. Les flammes s'épuisaient dessus.

Un monstre.

Les trois Felins tombaient en chute libre, droit sur la ville. L'altitude s'effondrait. Dans son esprit, deux faits s'imposèrent à Walden. Le premier était que l'ennemi n'avait même pas besoin d'esquiver les balles. Celles-ci l'évitaient. Le second était que Muse ne les avait pas encore vus.

À cette distance il n'aurait pas su dire s'il restait des runes, activées ou dormantes, comme des mines prêtes à se déclencher.

Soudain Muse se tourna vers eux. La caméra de bord avait zoomé sur elle et il vit droit dans son écran le visage de l'avianne, le bec ouvert, les fixer de ses yeux blancs, sans pupille. Il ne se demanda pas comment elle avait pu les repérer. D'une pression sur les manettes, il fit hurler le réacteur.

Le Felin s'effondra de plein fouet dans une maison pour en pulvériser les murs et traverser droit dans la rue, droit sur Muse et la faucher en même temps qu'il s'abattait contre terre, la masse de métal crevant dans le bitum un long sillon. Hedén à l'arrière avait serré les dents, subi le choc et pressé la poignée de charge. L'autocanon du Felin, sous le nez de l'appareil, était plaqué sur la poitrine de l'avianne. Un ronronnement sourd s'éleva au-dessus des flammes et des gerbes de terre et de béton. L'autocanon à trois tubes était réglé sur une cadence de deux mille six cents coups par minute, et Hedén garda la pression presque deux secondes. Un seconde sillon s'ouvrit devant l'appareil enfin arrêté, tranché par la longue rafale d'obus explosifs et perforants.

Puis, sans même réfléchir, Walden tira automatiquement sur les manettes. Le réacteur chaotique souffla violemment et le réacteur cracha sa flamme bleue contre la terre déchiquetée. Le Felin se recula, se reculait, et devant lui là où s'était trouvée son adversaire il n'y avait plus rien que la terre ouverte et crevée et les gravats.

Wööf s'interposa avec son Fleet entre l'engin de Walden et la charge de Muse. Sa volée de roquettes fit éclater le sol en barrage juste avant qu'elle ne bloque le passage à l'avianne. Déjà le colonel tournait son appareil pour faire face et le faisait glisser sur le côté, les gueules latérales crachotant leurs flammes parmi les flammes de la cité, quand il vit le Fleet dériver et le frôler de près, un côté éventré. Son attention, automatiquement, se reporta sur son adversaire.

L'avianne était là. Muse.

Elle semblait faible et fragile, une oiseau blessée dans un décor sinistre. Les plumes fumaient, se noircissaient et laissaient paraître sa peau marquée par les brûlures. Une de ses deux ailes pendait contre le sol, brisée, malgré le flot bleu vert qui filait en son long pour en réparer l'os et le tissu. Elle tournait son regard blanc et vide sur le Victrix, droit sur l'habitacle où les deux Anges la fixaient. Et elle leva la main, l'index tendu, pour se mettre à tracer dans le vide.

Morin intervint à son tour, surgissant derrière elle pour tirer à bout portant avec ses roquettes. Les projectiles avaient à peine le temps de s'armer avant de l'atteindre et les traînes blanchies s'effaçaient aussitôt dans les flammes. Elles explosaient en une vague de déflagrations aveuglantes, les shrapnels se brisant contre une protection invisible autour de Muse.

Elle avait des plumes grises, tachetées de brun, songea Walden.

La rune de protection sur son avant-bras semblait déchirer le plumage et creuser la chair. L'avianne hurla de douleur, son geste contre le Victrix se brisant. Hedén n'attendit pas et, une fois le Victrix suffisamment dégagé pour éviter le feu croisé, il fit à nouveau rugir l'autocanon.

En un coup de son aile valide l'avianne se dégagea, si vivement que le viseur du Victrix eut de la peine à la suivre. Mais la machine suivit. L'autocanon se régla automatiquement, avant même que le regard du capitaine ne puisse se fixer sur l'ombre qui tentait de se mêler aux flammes. Une nouvelle rafale taillada la façade d'un petit bâtiment. Le mur déchiqueté s'effondra dans la rue, ses briques comme du charbon.

« Comment… » Murmura Walden, pour lui-même.

Déjà le colonel la poursuivait. Les débris furent soufflés au passage du Felin qui fila dans la rue, derrière la silhouette emportée par les flammes de leur cible. Les obus de l'autocanon tranchèrent dans le vide, là où elle s'était trouvée l'instant d'avant. Plus rien. Les écrans du Felin étaient vides, les seuls signaux venant de ses deux ailiers derrière lui.

À l'instant où il avait perdu sa cible, il songea que le combat était fini. Son corps était tendu à l'extrême et ne suivait plus que les réflexes de l'entraînement, de l'expérience, sans lui. Il regardait sur les côtés tandis qu'Hedén fouillait le ciel où s'élevaient les colonnes de fumée. Sous la cendre noire le ciel semblait sans étoiles. Cela faisait juste une seconde, deux secondes. Muse pouvait vraiment utiliser un si court répit pour tracer de nouvelles runes ? Ses mains tremblaient, sous les gants épais, cherchant à serrer les manettes le plus possible et en même temps se détachant, par calme, pour conserver la fluidité de mouvement. Quelque chose hurlait en lui de continuer. Il découvrit que, dans sa tête, il se jurait de se tourner en appât si cela pouvait faire sortir le monstre de sa tanière.

Un écho lui fit braquer le Victrix pour le déporter sur la gauche. Sans hésiter. Et tandis que la machine de guerre faisait voler en éclats les deux étages d'une maison, Walden réalisa que jamais aucun système du Felin n'aurait dû permettre de la repérer.

Muse s'était cachée dans cette maison, parmi les flammes, dans une pièce qui semblait, après coup, miraculeusement préservée, et qui n'était que l'effet d'une rune. Mais Walden, alors même que l'avianne reparaissait sous ses yeux, les éclats de brique et de mortier filant autour d'elle, filant sans la toucher, il se répéta que jamais il n'aurait dû pouvoir la trouver. Le reste de sa pensée s'évanouit. Le sol brilla sous l'avianne, une large rune tracée, à l'éclat jaune difforme à mesure qu'il se consumait et qui s'imprima dans les yeux, dans l'esprit même du pilote.

Il devait protéger Muse.

L'idée, oppressante, battait dans sa tête, qu'il devait protéger l'avianne. La rune lui dictait qui combattre, qui défendre, et ses ailiers étaient devenus ses ennemis. Tout ce qui contredisait cette idée était comme effacé de sa mémoire, mais son corps refusa d'obéir. Le colonel se retrouva paralysé sur son siège. Ses mains avaient lâché les manettes et tremblaient, juste au-dessus, sans qu'il ne puisse plus faire un geste. Il se répétait que les Felins allaient le détruire, qu'il devait braquer et se retourner pour les abattre, mais son corps lui résistait. La panique s'empara de lui.

Dans son dos Hedén l'avait vu résister, s'empara du fusil accroché à son propre siège et le braqua par-dessus sa console, droit sur la tête de Walden. Ce dernier tenta de se retourner. Le coup de feu entacha l'habitacle. Puis Walden récupéra le contrôle du Victrix à l'instant où Wööf, à bord de son Fleet, se plaçant à leur droite et en retrait tira sur l'avianne avec son canon. Hedén regarda les deux obus éclater contre Muse comme contre un mur d'acier. Déjà le Victrix se tournait et le Fleet entra dans le champ de tir de l'autocanon. Le capitaine ouvrit le feu et les obus se mirent à trancher dans le blindage de l'appareil, depuis le nez jusqu'à la gueule d'air droite, faisant sauter les plaques et exposant les tuyères aux flammes. Le blindage grille crachota ses étincelles.

Morin et son copilote avaient bondi par-dessus la maison. Leur Fleet creva le toit pour surprendre l'avianne sur le côté. Elle n'eut pas le temps de se retourner, les trois tubes sifflant dans l'air de l'autocanon se mirent à ronronner longuement. Le reste de la bâtisse, brisée de deux côtés et sous le feu nourri, s'effondra entièrement en quelques instants.

« Walden est hostile. » Lança Wööf à la radio.

Hedén l'entendit et, inconsciemment, jeta un regard au siège du pilote. Il n'avait pas songé que Walden désignait l'appareil. Wööf ripostait à son tir, alors même qu'une nouvelle rafale tentait de saisir un des paniers de roquettes et le criblait. Les deux Felins aux pleins hurlements de leurs réacteurs virèrent tous deux pour échapper aux tirs et l'obus du Fleet ricocha et éclata contre la caisse, dans un flot d'éclairs.

Morin appela la batterie pour un tir sur leur position. Il appela encore, sans obtenir de réponse.

L'avianne reparut au-dessus de son engin et se posa sur l'habitacle, son aile pendant sur le côté. Aussitôt il déclencha les pots nébulogènes pour l'en chasser mais la pluie brûlante fut noyée par les flammes ambiantes et Muse se mit à tracer sa rune, droit au-dessus de la lieutenante Letho.

« À tout de suite. » Dit Morin à la radio.

Les paniers de roquettes se détachèrent sur les côtés tandis que les tuyèrent grondaient. Le réacteur hurla, engloutit le sol sous sa flamme d'un bleu froid. Le Felin s'éleva dans les airs, d'une dizaine de mètres en quelques instants puis toujours plus lentement alors que le poids et la gravité s'opposaient à l'effort de la propulsion à cristal. Muse achevait sa rune. Avant qu'elle ne puisse l'activer, Morin dut calculer dans sa tête l'altitude qu'il avait pu atteindre, vingt ou vingt-cinq mètres à peine, et il serra les dents en activant les détonateurs de l'habitacle. La verrière blindée fut sectionnée de ses attaches et projetée à l'écart pour retomber en contrebas. La verrière portait la rune. Alors Letho, se désanglant, saisit son fusil pour se dresser face à l'avianne debout à l'arrière du Felin.

Hedén la visa depuis le sol. Même en mouvement, à cette distance, même sans viser il aurait pu l'abattre aisément. Muse se trouvait juste à côté, trop proche pour l'isoler à l'autocanon. Mais le capitaine savait qu'elle ne serait pas affectée par les obus. Trois roquettes éclatèrent sur son flanc, deux autres frappant le sol pour en détacher des gerbes de béton brisé.

Le Fleet de Wööf tira encore pour forcer Hedén à battre en retraite. Dans son dos le lieutenant Lesniew cria. Elle saisit seulement la silhouette de Letho avant que celle-ci ne touche le sol.

À bord de son Felin le capitaine Morin n'avait pas quitté son siège. Le réacteur poussé à ses limites ne faisait plus gagner qu'un ou deux mètres à la machine, et ils n'étaient qu'à une quarantaine de mètres. Muse se trouvait derrière lui. Les pattes du capitaine ne quittaient plus les manettes, malgré l'envie de saisir la poignée du siège éjectable. Il ferma les yeux, attendit que quelque chose frappe. Morin espérait qu'à défaut d'artillerie, les batteries sol-air étaient toujours opérationnelles.

Deux missiles frappèrent de deux côté à la fois, presque en même temps, et le Felin Fleet disparut dans les déflagrations. Il reparut ensuite, fumant, percé de toutes parts, et plongea vers le sol. Trois nouveaux missiles sillonnèrent le ciel de Pervenches et frappèrent à nouveau, ajoutant leurs brefs éclats au-dessus de la fournaise. Une autre silhouette plongea vers le sol, inerte.

Le Felin de Morin s'écrasa parmi les bâtiments. Hedén n'y jeta qu'un regard avant de filer du côté de Muse pour la couvrir. Le simple fait que la rune agissait encore le persuadait qu'elle était consciente. Le signal du Fleet de Wööf était toujours tracé dans son viseur, sur sa gauche et en avant, allant dans la même direction. Les deux ombres de vingt tonnes filèrent tour à tour dans la même rue, à peu de distance l'une de l'autre, puis tous deux surgirent dans l'avenue principale.

Wööf la première apparut au-dessus des huit voies où les véhicules, carcasses rouillées dévorées par les flammes, foisonnaient au hasard et reposaient parmi les autres débris. Elle repéra aussitôt Muse, couchée dans un cratère que les flammes n'arrivaient pas à envahir, comme étouffées aux abords. Mais déjà Hedén surgissait derrière elle et une salve de roquettes l'obligèrent à plonger parmi les véhicules rouillés.

Elle disparut derrière les détonations, reparut par-dessus un camion et tira à son tour. Mais les dernières roquettes dans ses paniers refusèrent de partir. Hedén regarda le Fleet dont la surface déjà rougie par les flammes se mettait à flétrir et à se rider, puis peler. Le métal rouillait ses ses yeux. Il tourna le regard, un bref instant, sur Muse. Une autre rune. Puis il revint au Fleet dont le réacteur, à son tour, lâchait. La machine retomba lourdement, éventrant le camion de sa masse, et reposa face au capitaine. Ce dernier fit avancer son engin et braqua l'autocanon sur l'habitacle où Wööf se désanglait. Le lieutenant Lesniew, derrière, s'était resserré sur son siège et se serrait. Wööf lui cria quelque chose qu'Hedén n'entendit pas. La radio était morte.

Muse se releva. Elle regardait les deux Felins, celui rouillé, à terre, et celui qu'elle contrôlait. Et dans ses yeux blancs vides Hedén put lire une simple question. Est-ce qu'il allait vraiment tuer ? L'avianne lui demandait, à travers la rune, s'il était un tueur.

Puis la question fut balayée.

Un obus de cent quarante millimètres frappa l'avianne de plein fouet et brisa enfin sa dernière rune de protection. L'obus même ne la fit que chanceler, mais aussitôt les flammes alentours plongèrent sur elles comme happées par un appel d'air, et l'engloutirent. Hedén put entendre le cri de l'avianne dans sa tête, un cri dévorant. Il se rendit compte que ses doigts étaient prêts à presser le bouton de l'autocanon, et il regarda Wööf, puis revint à l'avianne noyée par les flammes.

Tout était confus dans sa tête.

Il était terrifié, terrifié par ces cris de la bête qu'il voulait protéger, et il jubilait en même temps, comme fou et sadique, à la vue de cette silhouette noire, torturée par la fournaise, qui se tortillait, qui tombait et s'agitait encore au sol, qui n'avait même plus assez d'air pour crier.

Et il fut terrifié à l'idée qu'elle se relève.

Même à cet instant le capitaine Hedén sentit qu'elle allait se relever. Il tourna le Victrix sur elle, braqua son autocanon. Il savait qu'elle allait se redresser et tout lui disait de tirer, à l'instant, de vider tout ce qui lui restait pendant qu'elle était à terre. Un bref instant le souvenir lui revint de l'obus de cent quarante et il regarda, au bas de l'avenue, vers la carcasse du Cortis éventré, la tourelle tournée sur eux, la hausse tout juste suffisante pour avoir touché. Le char était inerte. Hedén revint à l'avianne dont il ne voyait plus le corps confondu à la noirceur du sol et couvert par le brasier. Il devait tirer ou il était mort. Ses paniers à roquettes s'ouvrirent et crachèrent tout ce qu'ils avaient. L'autocanon gronda longuement dans la cité incendiée, plusieurs secondes, jusqu'à ce qu'il ne reste plus un seul obus dans son magasin.

Cela fait, hors de combat, Hedén sut qu'il devait se retirer, se mettre à l'abri, mais il n'en avait même plus la force. Il resta là, face aux voies éventrées, aux longs sillons crevés et pulvérisés par ses munitions, là où le corps devait avoir été oblitéré pareillement. C'était un horrible besoin de voir si elle allait se relever, si le monstre allait se relever.

Il y eut un petit éclat bleu.

Il vit l'avianne se relever.

Il vit l'avianne se faire faucher à l'instant.

L'objectif pour les Anges était d'affaiblir l'adversaire suffisamment pour remplir les deux conditions nécessaires à l'engagement d'une Lance. La première était que l'hostile ne soit plus capable de repérer les menaces efficacement, comme Muse en avait été capable à l'approche des Felins. La seconde était que l'hostile soit immobile le plus longtemps possible pour que la Lance ne manque pas sa cible. Ces deux conditions remplies, l'ultime recours des Anges entrait en action.

Les Felins n'avaient jamais eu aucun espoir de vaincre Muse par eux-mêmes. Ils n'avaient servi, comme le reste du bataillon de Pervenches, qu'à affaiblir et affaiblir encore, jusqu'à ce que le monstre soit vulnérable.

Hedén regarda droit devant lui, dans la fournaise.

C'était le quotidien des Anges.

Connectez-vous pour commenter

Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #19104 il y a 9 ans 11 mois
** Ce sujet traite du contenu de l'article: L'Observateur **

Portrait de Imperator
Imperator a répondu au sujet : #19105 il y a 9 ans 11 mois

Les Felins, les armures de combat mécanisées des Anges,

C'est amusant, j'ai l'impression que tu essaies fortement de prendre en compte l'aspect "le lecteur n'a aucune idée de ce dont je lui parle, il faut que je l'informe". Ici, ça fonctionne plutôt bien. Même si je ne sais toujours pas ce qu'est un Victrix (oui, je ne suis pas très loin dans le texte) et que:

Il serait son copilote pour la mission de combat à Pervenches, à bord d'un modèle Victrix.

Un copilote habituellement pilote le même appareil que le pilote. Ici ce serait plutôt son ailier... il semblerait.
note: en fait ils sont bien dans le même appreil. La confusion vient de:

le capitaine Hedén enfilait déjà le casque de combat des pilotes de Felin.

Comme on ne sait pas encore ce qu'est un Felin ou un Victrix, je suis parti du principe qu'il s'agissait de deux appareils entièrement différent et qu'un casque de félin impliquait de piloter un félin et non un victrix. Et même si ça ne fait aucun sens logiquement, c'est uniquement l'existence des mots "Felin" et "Victrix" si proches l'un de l'autres qui crée l'illusion de deux appareils différents pour les deux personnages.

Pourquoi est-ce que ces lieutenants et ces capitaines voulaient qu'il parle, et qu'il répète tout cela, le colonel n'en était pas bien sûr. Mais lui aussi avait besoin de l'entendre.

On sent tellement le "il faut que j'explique le plan, mais mon personnage n'a aucune raison de l'expliquer et c'est à chaque fois ridicule dans les films".
Je suis moins convaincu par la manière dont tu l'amènes.

En y réfléchissant, le problème est que le lecteur veut qu'on lui explique le plan, mais qu'il estime que tous les personnages sont naturellement déjà au courant. Tu joues sur le "il existe une raison de l'expliquer malgré tout", mais chez moi ça a du mal à passer à cause de cette préconception que j'ai qu'ils le connaissent parfaitement.
Accessoirement, j'ai aussi le souvenir du meccano de la compagnie état-major qui me reste dans la tête et qui, à la dixième fois qu'on me l'a expliqué, me sortait par les oreilles.

Je reste convaincu que les meilleurs moyens de présenter un plan au lecteur sont au travers du soldat qui se le remémore (même si très classique), ou au travers de la présentation des différents protagonistes (en décrivant le rôle de chacun et sa vision de son rôle).
À voir si l'approche que tu emploies a une raison d'être.

Il ne songeait même pas à la chance d'en voir, il ne pensait pas à cela.

La phrase me paraît étrange, parce qu'elle fait suite à un passage qui était vu depuis l'esprit de Walden:

Walden lui-même n'en avait jamais vu, seulement quelques images, et n'en connaissait que les spécifications techniques.

(d'accord, c'est toujours le narrateur qui parle, mais on se focalise sur Walden et son vécu).
Du coup, dire "il ne songeait pas à ça, il n'y pensait pas" revient au coup du lapin dans le pré. (le fameux où on te demande de ne surtout pas penser à un lapin dans un pré et que tu ne peux pas t'en empêcher).

Bien sûr, ce peut être voulu, une manière efficace de montrer qu'il ne pensait qu'à cela (la figure de style fonctionne bien en ce sens), mais ça ne semble pas être ton intention puisque tu n'emploies pas cette obsession dans la partie qui suit. Dans les faits, Walden semble bien s'en ficher, alors que pendant un moment, en tant que lecteur, j'avais l'impression que ces tanks étaient une obsession. (en plus, tu as attisé l'envie que j'ai personnellement de savoir à quoi ressemblent ces tanks. Ah, le reste d'enfance que j'ai en moi...)

Notre mission est de d'affaiblir Muse suffisamment pour permettre la frappe d'une Lance. »

Faute de correction ("de d'"). J'en fais suffisamment pour savoir d'où ça vient.

sur le noir de son écran de bord, dans le noir de l'habitacle, loin des autres.

Cette répétition ne me semblerait pertinente qu'à condition d'avoir une troisième occurence.

Les autres vaquaient toujours hors de leurs Felins, dans la soute, marchaient et discutaient avec le calme et la tranquillité de simples spectateurs.

On parle toujours des mêmes vétérans qui restaient apathiques sous l'effet de la peur?

et leurs projectiles de cent quarante millimètres

Tu anticipes déjà sur le futur calibre en devenir de nos chars de combat ^^. (je me souviens avoir aussi entendu parler de l'introduction d'un plus gros calibre, mais je ne sais plus où).

Il se sentait furieux. Dépassé. Accablé.

Furieux.

Voilà une figure de style que je n'avais jamais vue faite de la sorte. Quelle est l'intention? J'avoue que l'effet sur moi a été une sorte d'étrange crispation. Cela donne l'impression d'une montée en puissance, puis d'un soudain retour au calme, genre: 1-2-3-4-1.

À l'instant où la soute s'ouvrait,

Je sais que tu es meilleur que moi en conjugaison, mais l'emploi de "à l'instant" et de l'imparfait dans une même phrase me fait mal aux oreilles.

Les rues, moins affectées,

Je ne saisis pas l'utilité ou l'intention derrière ces quelques mots. Pourquoi dire que les rues sont moins affectées par les flammes et le chaos ambiant?

à l'engagement d'une Lance.

Je sais que tu as tout un univers où ces éléments sont expliqués, mais n'étant pas familier avec cet univers, le mot "Lance" ici évoque uniquement pour moi la lance de longinus (pas sûr du nom) dans Evangelion. Il n'est pas forcément nécessaire pour le lecteur de savoir ce qu'est une "Lance", mais ça crée une petite frustration malgré tout...

***

Glogalement, j'aime bien le texte. Notamment parce que ça me rappelle Macross, Gundam et un peu Evangelion. L'avoir lu avec la musique le thème de Yasha d'Asura's wrath aide aussi :p.

Et où l'enjeu est l'humanité.

Actuellement, l'enjeu n'est jamais vraiment très clair. On sent qu'il faut tuer Muse, mais elle est une pacifiste et les personnages ne savent pas pourquoi il faut la tuer. Le lecteur est pris entre les Anges et les monstres sans vraiment savoir ce qu'il se passe.

Pour moi l'intérêt principal aura été la description d'armement, canon de cent-quarante, artillerie, roquettes. Le transporteur Émeraude me rappelle les plus belles heures des animes.

Bref, le texte est sympathique, mais sa finalité m'échappe beaucoup.

De plus, la peur du début est étrangement mise en scène:
- on explique le plan (sous prétexte de combattre la peur)
- on cherche à expliquer les raisons du combat (sous prétexte de combattre la peur)
- on se prépare à attaquer (et Walden reconnait qu'il a peur)
et soudainement, la peur disparaît:

Il ne sentait plus la peur. Il la savait là, étouffée au fond de lui, et il n'aurait pas su la retrouver.

Pour être honnête, lors de ma première lecture, je n'avais pas remarqué ce passage. J'avais cru qu'il continuait à avoir peur.

Mais qu'est-ce qui fait disparaître cette peur?

La soute s'illumina soudain [...] Walden frissonna encore.

Pas les lumières qui annoncent l'imminence de l'attaque.

comme une présence, comme un spectre avant la bataille.

Probablement pas cette présence décrite comme un spectre, donc comme effrayante.

Ses propres paroles le poursuivaient, [...] chaque image, chaque plan de rue, auxquels il se raccrochait comme un naufragé.

Pas même le plan auquel le terme de "naufragé" est associé.

Bref, pour le lecteur, il n'existe aucune raison donnée par le narrateur pour que la peur disparaisse aussi subitement. Elle se contente de disparaître.
Autant je suis parfaitement prêt à croire que la peur puisse soudainement disparaître juste avant un assaut, autant je suis convaincu qu'il doit exister une forme de déclencheur, qu'il soit interne ou externe à l'individu, pour que ce changement s'opère.

Et vu le temps passé à montrer tout le développement de la peur et le combat contre la peur chez Walden, il paraît étrange que la résolution se passe en une seule phrase...

***

Voilà, quelques commentaires en vrac sur l'histoire, en espérant que ça puisse t'apporter quelque chose.

Impe, en profitant de mes dernières heures de temps libre.
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #19107 il y a 9 ans 11 mois
Pour la peur, j'avais simplement lu qu'au moment de l'assaut les soldats passent dans une sorte d'état second, une "transe" sans laquelle ils n'auraient pas pu sortir des tranchées ou débarquer sur les plages.
Vrai, faux, je n'en sais rien, ni à quoi ça ressemble. Ici, ce sont des bêtes, c'est l'instinct (ou l'entraînement) qui ressurgit et qui prend les commandes.

Cela dit, le texte a été écrit dans le cadre du thème du méchant. Dans l'univers des Anges, aka Alquières, un méchant est... ben la définition donnée dans le texte, une bête trop puissante = un monstre.
Au moins ça a le mérite d'être simple.
Pour l'illustrer, j'avais d'abord voulu montrer un combat de monstres, c'est-à-dire un combat de JdR sur forum comme j'ai pu en voir et y participer, un combat d'à qui sera le plus bourrin et le plus improbable. Mais le meilleur moyen de l'illustrer demeurait de prendre un monstre lambda, même pas important, et de lui envoyer la quasi-totalité de l'arsenal des Anges.
Pour comparaison, c'est comme si l'armée française recourait à l'arme nucléaire -- après avoir envoyé la totalité de ses armées -- pour arrêter un braconnier.

Le seul intérêt du texte aurait été de développer le rôle de l'observateur, le personnage caché du texte. Celui qui dit aux Anges d'aller taper sur cette inconnue, celui qui dit à Walden où se trouve sa cible et celui qui fait tirer le char à la fin.

Mais le texte a été écrit en freestyle, surtout parce que j'en avais marre de bloquer, et il est bourré de défauts. On voit les piétinements et les facilités -- tu as souligné toi-même le briefing artificiel. Moi-même au bout d'un moment je ne savais plus où j'allais avec.
Je ne voulais juste pas d'un énième [ctrl]+[z].

EDIT: Quelque part j'aurais dû le mettre en Travaux d'Écriture, mais bon.
Portrait de Imperator
Imperator a répondu au sujet : #19111 il y a 9 ans 11 mois

Mais le texte a été écrit en freestyle, surtout parce que j'en avais marre de bloquer, et il est bourré de défauts.

C'est intéressant de voir la différence entre un texte travaillé et un texte écrit en freestyle d'un même auteur.

Il me semble qu'il serait intéressant de se pencher sur "ce qui marche":

et comment en vouloir à des auteurs de faire ce qu'on attend d'eux, ce qui "marche".

En effet, pourquoi ce texte écrit en freestyle, qui reste, à mes yeux, tout à fait acceptable face à un texte lambda, dans la mesure où aucune erreur grossière n'est commise, pourquoi ce texte ne marche pas autant qu'il le devrait?

De fait, j'ai la sensation que le texte écrit en freestyle et le texte extrêmement travaillé pour un même auteur souffrent tous deux souvent des mêmes défauts, même si la source des défauts n'est pas la même...

Maintenant, il me serait difficile de suivre cette piste plus avant, dans la mesure où je manque de connaissance sur tes textes pour m'y aventurer. Néanmoins, si je me réfère à mes connaissances de marketing, un texte qui marche aura:
- une bonne accroche (le lecteur s'identifie, s'intéresse)
- un bon enjeu (le lecteur a une raison qui le pousse à continuer à lire)
... et c'est à peu près tout. Bien sûr un minimum de style est nécessaire, mais quand je vois le succès de games of thrones (la série de HBO j'entends) et que je constate la tendance du feuilleton à être un pur feuilleton sans réel intérêt (je suis désolé, mais sur les trois saisons, j'ai l'impression qu'il ne s'est strictement rien passé:
- Le morveux est arrivé au pouvoir
- à la fin de la troisième saison, il est toujours au pouvoir
... ah oui, les pions se sont agités tout autour, on a eu pleins de petites histoires à droite à gauche, mais grosso modo rien n'a changé dans leur monde.)

***

Si j'analyse l'accroche de ce texte-ci:

Le colonel Walden se tourna face à ses soldats. À ses côtés le capitaine Hedén enfilait déjà le casque de combat des pilotes de Felin. Il serait son copilote pour la mission de combat à Pervenches, à bord d'un modèle Victrix. Et ils étaient à l'instant, à eux deux, avec leur appareil, ce que les Anges avaient de plus puissant de ce côté du globe.

Et que je le décompose avec mes réactions de lecteur lambda:

Le colonel Walden se tourna face à ses soldats.

Qui est Walden?

À ses côtés le capitaine Hedén

Attendez, Hedén? Mais je ne sais même pas qui est Walden... Et est-ce qu'Hedén est un jeu de mot avec eden? Qu'est-ce qui se passe?

Il serait son copilote pour la mission de combat à Pervenches

Pervenches? Quoi? Qui? Un copilote? Le colonel est un pilote... Je vais réussir à suivre.

à bord d'un modèle Victrix.

Walden, Hedén, Felin, Pervenches, Victrix... (note: l'esprit humain peut retenir jusqu'à sept éléments en mémoire courte. Malheureusement, l'esprit humain a tendance à ne pouvoir se concentrer réellement que sur trois éléments à la fois au maximum - du moins d'après mon expérience).

Et ils étaient à l'instant, à eux deux, avec leur appareil, ce que les Anges avaient de plus puissant de ce côté du globe.

"America, fuck yeah!" (tiré de "Team America"). Là soudainement, je comprends qui sont Walden et Hedén (deux énormes brutasses). C'est stupide, puéril, presque déprimant, mais il s'agit, en termes d'accroche, probablement de la meilleure phrase de tout ce premier paragraphe, parce que c'est la seule que je comprends vraiment et celle qui m'offre le plus quelque chose que je veux (dans le cas présent, suivre une énorme brutasse à laquelle m'identifier pour avoir l'illusion d'être plus fort que je ne le suis réellement, ce qui a expliqué le succès de "GI-Joe", de "Superman", etc...).

Je ne serais pas étonné de retrouver cette structure (expliquer l'environnement avant de poser l'accroche, donc la charrue avant les boeufs) dans des textes beaucoup plus travaillés (il faut vraiment que je lise jus d'orange, les derniers mots semblent promettre un texte fantastique).

Et si je m'attarde sur un élément aussi bête que l'accroche dans un texte en freestyle, c'est que le freestyle devrait justement être le moment où l'on exploite les éléments les plus simples pour donner l'illusion d'un bon texte sans avoir à se fouler.

***

J'ai déjà parlé de l'aspect peu clair de l'enjeu dans le texte.

Bref, ce n'est vraiment qu'une idée lancée en l'air à 23h14 du soir après une (très) longue journée, mais...
Est-ce qu'il ne serait pas intéressant de travailler l'aspect purement "vendeur" du texte en construisant des accroches et des enjeux? Puis de voir comment les intégrer dans une histoire mieux construite.

***

Ah oui:

Dans l'univers des Anges, aka Alquières, un méchant est... ben la définition donnée dans le texte, une bête trop puissante = un monstre.

C'est amusant, parce que si l'on prend le concept à l'extrême, cela donne:
"Un méchant, c'est quelqu'un dont l'existence est une menace potentielle..."

Si les Anges et les humains étaient subitement omnipotents, y aurait-il encore des méchants? Ou deviendraient-ils alors eux-mêmes les méchants jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un? Sans les monstres, les Anges deviendraient-ils les méchants (étant alors, de manière métaphorique, une "bête" trop puissante par rapport au reste de l'existant)?

Impe, qui devrait vraiment aller dormir...
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #19115 il y a 9 ans 11 mois
Dans Alquières c'est exactement ça, un méchant est quelqu'un qui est une menace potentielle.
Remplace juste "potentielle" par "systématique".
Alquières c'est des humains qui ont voulu évoluer jusqu'à devenir des bourrins en puissance, qu'on appelle les "bêtes". Les bêtes les plus puissantes sont appelées des monstres parce que ce sont elles qui détruisent des cités et ravagent le monde. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Cela dit, et plus littérairement parlant, yup.
D'ailleurs je savais pour les 7 informations en mémoire courte, mais pas qu'on ne pouvait en manipuler que 3 à la fois. Ce qui quelque part fait sens si on utilise le syllogisme...
Mais yup. Je déteste l'idée de "vendre" le texte.
On peut donc reformuler plutôt pour dire que je dois rendre l'information plus accessible, ce qui est un problème constant chez moi. Je ne supporte pas de devoir m'arrêter pour expliquer des choses que je trouve accessoires, comme "qui est le personnage principal" ou "mais bon sang on est où".

Le plus grand problème que j'ai avec les Anges, à côté du fait que les combats sont totalement ridicules tellement ils sont démesurés, c'est de réussir à poser l'univers sans avoir à y consacrer un chapitre entier.
Du coup mon but est vraiment d'en dire le minimum, et ça finit par être trop peu.

Mh.
Petite réflexion quand j'y pense, vu que je passe le clair de mon temps à lire de la fanfic'... dans la fanfic' la majorité des personnages (et l'univers) sont connus par avance.
Peut-être que ça m'a fait perdre l'habitude d'introduire de tels éléments...
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #19128 il y a 9 ans 10 mois
Pour commencer:

Le plus grand problème que j'ai avec les Anges, à côté du fait que les combats sont totalement ridicules tellement ils sont démesurés, c'est de réussir à poser l'univers sans avoir à y consacrer un chapitre entier.

Eh bien là, je ne suis pas d'accord. Je trouve que c'est la grande réussite du texte. Tu arrives à rendre complètement crédible la démesure des combats et des dommages collatéraux qu'ils occasionnent.

J'avoue que tout ton début m'a paru un peu laborieux. D'abord tu présente 6 personnages sans les présenter mais juste en leur donnant un grade. Et comme la plupart sont des cpitaines, ça n'aides pas à les distinguer. Bon, il y a une femme dans le lot (me demande pas laquelle c'est je ne sais plus et ne le savait plus vraiment au cours de la lecteur).
En plus tu nous noies dans les noms de machines, de villes etc. Tout devient un peu confus. Cela dit, à force de répéter certains noms, on finit par retenir ce qu'ils sont (les Felins et Vitrix puis les autres machines). Globalement, on retient plus qui fait quoi au niveau des machines que "qui est qui?". Moi ça me dérange un peu dans la mesure où si je ne sais pas qui est en face de moi, je m’intéresse assez peu à ce qu'il lui arrivera.

Deuxième point un peu scolaire: l'explication de la mission et l'explication du fonctionnement des runes (surtout que tu enchaînes les deux).
Pour la présentation de l mission, c'est très redondant (relis toi, d'ailleurs, tu verras que tu emploies deux fois le mot "affaiblir" pour expliquer la mission). Tu dis qu'il ya 3 phase, mais quand j'ai lu, je me suis dit qu'il n'y en avait qu'une car je ne visualise pas les différences.

Mais on se rend copte que toute la première moitié du texte n'a pour seul mission que de rendre crédible la surenchère et rendre la menace des Monstres la plus impressionnante possible. Donc au niveau armement, on part d'un matériel en disant que c'est hyper fort. Puis que le suivant est encore plus fort et qu'en gros, ce qu'on va affronter ne craint même pas ce type de matériel. J'avoue que j'ai trouvé ça un peu classique comme procédé, ma seule interrogation était de savoir si ça allait transparaître. Je l'ai dit immédiatement, pour moi, oui.

Ton récit démarre vraiment avec l'apparition de Muse. Tu en fais finalement un victime. La plus belle de tes idées, c'est de créer une menace avec une créature qui ne sait que défendre. Cette inversion rend encore plus forte l'attrait qu'on porte sur Muse. Le lecteur prend finalement son partie et finit par voir les "héros" en monstre. D'ailleurs, l'idée les traversent la tête. Pour preuve, quand Helden agit pour tuer Walden, tu ne t’attardes pas sur ses pensées ou sur ce qu'il ressent. Il agit sans même réfléchir. Il devient complètement mécanique.*
Pour revenir sur Muse, l'image même que tu en donne, un animal avec des ailes (donc une sorte d'ange), qui plus est blessé et souffrant, et son regard blanc, inexpressif comme celui des aveugles, fait qu'il y a une inversion. On n'a pas envie de les voir gagner mais de voir Muse survivre. Heu, j'espère que c'était volontaire...

La seconde accélération dans le rythme du récit surgit avec l'effet de la rune de protection. Et soudain, on comprend l'énorme pouvoir du Monstre. Mais, encore une fois, c'est un pouvoir étrange, uniquement "protecteur", et vraiment, c'est une idée que je trouve génial. D'abord parce que cela renforce le côté "sympathique" du Monstre, mais cela lui donne en même temps un pouvoir effrayant.Muse est une vraie menace dans la mesure où elle peut transformer quiconque qui l'attaque comme une menace potentiel, comme une sorte de jouet qu'elle utiliserait à ses propres fins. Sa menace est donc logé potentiellement dans chaque personnage.

Bon, au final, j'aurais voulu mieux sentir vivre tous ses personnages, de manière à mieux m’intéresser à eux. Mais je pense que tu as volontairement écarté toute psychologie justement pour nous les présenter comme des robots là où le "méchant" semble au contraire souffrir et avoir un vrai libre arbitre.
Le côté free style est très patent sur le premier tiers du récit. On a une présentation très scolaire. On sent que tu n'avais pas de véritable intérêt pour écrire mise à part expliquer l'enjeu du texte.
Ensuite, il ya une partie du récit combat, notamment la dimension "technologique" qui est un peu indigeste. Mais la grande réussite, c'est ta façon d'animer le combat avec le Monstre. On sent les enjeux que tu as expliqué et que tu déroules de manière très rigoureuse ce que tu as expliqué. Et malgré tout, on a envie de connaitre l'issu. Et bizarrement, la fait de tellement s'acharner sur cette créature inverse l'enjeu qui devient: comment va-t-elle faire pour survivre à tout ça? Tu arrives à concilier tous tes enjeux: d'abord en montrant la puissance du Monstre qui finit par survivre aux Anges et en même temps tu arrives à les faire remplir leur mission tout en maintenant le crescendo de la surenchère avec une fin traitée hors-champ, sans pour autant frustrer le lecteur. Oui, on a eu droit à ce qu'on voulait voir et le récit se termine exactement là où on n'a pas envie d'aller plus loin, car on a pas envie de voir Muse se faire détruire par l'ultime menace. Comme tu dis, voir une bombe nucléaire exploser pour si peu n’intéresse plus personne. Tout ce qui était à "taille humaine" a été montré, le reste devient dérisoire et évidence, autant le traiter elliptiquement comme tu l'as fait.

Donc, pour moi, au final, un texte qui est sur le fond très abouti, mais dont la forme pêche un peu.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20452 il y a 8 ans 1 mois
Bon, ce n'est pas top mon genre de lecture.
Quelques remarques sur des points de détail, pour commencer.

"Dans la semi-obscurité de la soute, tous les soldats semblaient des ombres à l'ombre de leurs machines."
Je ne sais pas pourquoi mais ça ne me plait pas trop comme construction. A la première lecture, j'ai eu le sentiment que ça faisait vraiment beaucoup d'ombres. Après, j'ai eu l'impression que la seconde utilisation de "ombre" réduisait l'impact du premier "ombres", et que toutes ces ombres réduisait l'impact de l'obscurité, qui n'est déjà que semi à la base. Tout est sombre, pas de contraste, du coup tout est gris quoi, c'est comme une non-information pour moi à ce stade. Bref. C'est peut-être voulu parce que ça me parait un peu gros pour toi. Auquel cas (si c'est volontaire), je trouve juste ça un peu renardesque. (mais pourquoi? Parce que renard.)

"chaque mot qu'il avait dit et chaque image, chaque plan de rue, auxquels il se raccrochait comme un naufragé"
J'aime bien l'image, c'est assez parlant.

"la masse de métal crevant dans le bitum un long sillon."
L'impression d'une typo au minimum, et peut-être 2?

"Ses mains tremblaient, sous les gants épais, cherchant à serrer les manettes le plus possible et en même temps se détachant, par calme, pour conserver la fluidité de mouvement. "
Ca veut dire quoi, par calme? Surtout quand on tremble?

"Il devait protéger Muse."
J'aime bien l'idée.

"Il se répétait que les Felins allaient le détruire, qu'il devait braquer et se retourner pour les abattre, mais son corps lui résistait."
Après, c'est un truc que je ne comprends jamais, pourquoi le cerveau et le corps semblent lutter l'un contre l'autre comme ça dans ces scènes là, avec un personnage qui se retrouve physiquement bloqué dans son paradoxe. Pour moi le corps réagit à l'instinct, à la programmation, à la moelle épinière, et le cerveau peut être celui qui essaie de passer par dessus, mais pas l'inverse. Pas le cerveau programmé et le corps qui essaie de lutter. Ca m'échappe complètement. Ca doit être moi :)

J'ai essayé de suivre tout au long les noms des personnages et tout, mais à la fin j'étais perdue, entre Walden, Morin et Heden. J'ai eu l'impression que tu utilisais parfois des noms et parfois des prénoms. Pourtant au début il semblait n'y avoir que 3 personnages (d'Anges si j'ai bien suivi) + Muse mais je me suis complètement perdue.
Voilà sinon ça me semble bien fonctionner mais c'est un peu trop guerrier pour moi ^^ Avec les runes et les méchas, j'ai eu l'impression que tu avais décrit une scène de jeu vidéo ou d'anime.
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20459 il y a 8 ans 1 mois
Ah oui. Ce texte.
Impe' avait bien résumé le problème, et je le vois encore comme un échec.

Alors oui je pourrais dire que la répétition de l'ombre est voulue et que l'ombre compte moins que d'effacer les soldats. Les Anges sont un monde de bêtes, qui met en avant la puissance et l'humanité en retrait. C'est beaucoup plus facile à mettre en scène quand tu peux cacher le visage d'une personne derrière un masque, ou sous quelques tonnes de blindage.
Mais tes remarques sur les allitérations -- en CdE -- et sur la répétition ici montrent que j'ai encore à apprendre sur les effets stylistiques. C'est vrai qu'à force de faire du style j'en fais sans doute trop, et j'ai à dire vrai souvent cette impression qu'il y a "une information de trop" dans mes phrases, un groupe de mots qu'il me faudrait couper.

Réflexion à avoir, mais une autre fois.

Pour la résistance ici, je n'ai plus du tout souvenir du contexte mais il est possible que ce soit simplement que les bêtes sont capables d'avoir un raisonnement complet en une milliseconde. Physiquement, le corps n'arrive pas à suivre, d'où l'impression pour eux d'être paralysé aux moments critiques. Mais bon, en même temps leurs corps peuvent bouger à des vitesses folles donc je ne sais pas.
Il y a deux manières de le voir.
La première est l'opposition entre le corps et l'esprit. Le corps réagit à l'instinct, mais l'esprit le bloque avec des ordres contraires. D'où paralysie. Cela dit et vu les recherches en cognition, je pencherais plutôt pour un corps qui n'en fait qu'à sa tête et le cerveau qui intervient après-coup en interprétant ce qui s'est passé, et en révisant le contexte pour les actions futures sur lesquelles il n'aura aucun contrôle. Mais bref.
La seconde est qu'il y a trois réactions possibles face à une crise : "freeze, flee or fight". Ce sont les trois instincts. Se figer, fuir ou se battre. Tu peux supposer qu'ici, pour pas de raison, le soldat s'est figé. Ça n'a pas vraiment de sens dans un monde de bêtes avec un combattant. Probablement que dans le contexte, il y a quelque chose de contradictoire qui l'arrête.

Ah oui, et inutile de précise qu'à part Muse ces noms ne me disent absolument plus rien.