Au cœur des wasteland était tapie la bourgade d’Opoche. On y vivait comme on pouvait. C’était un village comme on en trouve des dizaines dans le wasteland, à ceci près que les habitants souhaitaient vivre en paix et ils pensaient avoir tout fait pour éloigner la violence de leur terre...
Au centre d’Opoche se trouvait le bar de Sandy où les habitants venaient se détendre en fin de journée, quand les rayonnements faiblissaient et que l’air devenait presque respirable. C’était un bar à l’ancienne, avec des battants à l’entrée, comme dans les saloons d’une époque oubliée. Sur la façade, on pouvait voir que les chiens y étaient interdits, mais aussi les mutants et les armes à feu...
Sandy faisait le plein se soir là, les deux serveuses couraient entre les commandes de bière, de nuka cola et de tord-boyaux. Les caps et les pièces de monnaie tintaient dans leurs poches, elles avaient même eu des pourboires ce soir là. Ici on lançait des dés, là on jouait aux cartes tragics, bref, il y avait de l’ambiance. Les clients en avaient presque oublié la vie qu’ils menaient.
Sur ce, trois hommes entrèrent avec grand fracas dans le bar. Tout le monde se tut en voyant leur mines patibulaires mais surtout en voyant les six coups qu’ils arboraient fièrement à la ceinture. L’entrée de ces étrangers sonnait comme le glas, la soirée de Sandy était fichue. Des gouttes de sueur perlaient sur les tempes des clients, chacun craignait pour sa vie. Les trois hommes finirent par s’attabler sans prêter attention à l’atmosphère. L’un d’eux, le plus grand et le plus sale cracha sur le sol après s’être râclé bruyamment le fond de la gorge.
La tension était légèrement retombée et quelques dés roulèrent, mais le bruit qu’ils faisaient semblait maintenant un vacarme intolérable aux habitants d’Opoche. Les serveuses ne voulaient pas prendre les commandes de ces hommes, trop risqué. Si bien que ces clients encombrants commencèrent à s’impatienter. Celui qui avait craché finit par taper du poing sur la table en hurlant :
« On a soif, nom d’une catin ! C’est quoi ce bar de merde post apocalyptique ??? »
Sandy, ne pouvait tolérer que l’on face une entorse au règlement que les citoyens de la ville avaient choisi. Elle prit son courage à deux mains, s’approcha, et les interpella.
« Vous avez pas d’yeux ? C’est interdit d’avoir des armes ici, 'serez servis si vous déposez vos armes à l’entrée.
_Et si on refuse ?
_Vous devrez sortir !
_Mon cul ! » Qu’il lui répondit en lui mettant sa main en pleine tête. La femme s’écroula sur une table en faisant valser bières et cartes à jouer. L’une des serveuses, prise de panique, se saisit du fusil sous le bar et tira en direction de l’homme. Mais loupant sa cible, elle reçut pour réponse une balle dans le thorax et elle s’écroula emportant avec elle quelques bouteilles.
En un rien de temps toutes les tables se renversèrent et hommes comme femmes se jetèrent au sol comme leur conseillait l’instinct de préservation propre à une humanité plus pitoyable que jamais. Souhaitant faire un peu plus la démonstration de leur force, les faiseurs de troubles tirèrent dans les murs et au plafond. Celui qui avait frappé Sandy la saisit par les cheveux et la fit se lever puis il la tint en joue en la collant contre lui.
« Bien, maintenant, vous aller cracher votre fric, bande de mutants dégénérés ! Sinon, moi et mes copains, on repeint tout en rouge ! Et toi, la pute, dit-il parlant à la dernière serveuse, vide la caisse et fais pas la conne comme l’autre ! »
Il n’eut pas besoin de le dire deux fois, tous les clients enfoncèrent leurs mains dans leurs poches pour en sortir le peu de monnaie qu’ils avaient et la serveuse ouvrit la caisse en toute hâte.
La terreur planait sur le bar, et tout le monde obéissait aux malfrats quand un bruit de moteur se fit entendre, approchant... Des chuchotements sifflèrent de tous les cotés. Un tel bruit, cela ne pouvait être que... Bientôt, le véhicule s’immobilisa, devant le bar semblait-il. Mais on ne voyait pas l’extérieur depuis la pénombre de la salle. Il n’y avait que le soleil couchant. Les trois hommes faisaient face à l’entrée, fronçant les sourcils, et le plus grand était encore derrière Sandy, le bout du canon de son arme toujours collé à la tempe de la femme.
Puis sur cette lumière éblouissante se découpa la noire silhouette d’un homme. Cet homme ne franchit pas le seuil. Certains crurent le voir dégainer mais le geste avait été si rapide que seul un œil averti aurait pu l’apercevoir. Toujours est-il que quand cet homme pressa la détente de son Desert Eagle, la culasse recula, éjectant la douille d’un côté, crachant la balle de l’autre. Celle-ci traversa la tête de l’homme qui tenait Sandy, dans une gerbe de sang et de cervelle. Alors que la douille n’avait pas encore touché le sol, l’inconnu leva son bras gauche tenant un MP5-PDW d’où il sortit une silencieuse rafale de munitions de 9 x 19 mm qui perfora de bas en haut l’un des assassins tandis que l’autre prenait une autre balle de magnum en plein cœur.
Les trois corps tombèrent lourdement sur le sol alors que les douilles tintaient sur le seuil. La silhouette lança une caps de nuka cola dans le bar et d’un tir ultra précis, fit un trou en plein centre de cette rondelle de métal. Puis la silhouette disparut et le ronronnement du moteur s’éloigna.
« C’était bien LUI, dirent certains, il signe toujours de cette manière LUI ! »
Ils accrochèrent les corps aux portes de la ville en guise d’avertissement, mais c’est surtout la rumeur du passage du guerrier solitaire qui fit que pendant longtemps, les habitants d’Opoche vécurent dans la paix... Mais... Qui était-IL réellement ?