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Corben savait que cette pente ne le mènerait nul part, pourtant il s’y jeta rapidement sans réfléchir. Mieux valait qu’aucune pensée ne vienne perturber son élan. Il allait bon train maintenant, et plus rien ne pouvait l’arrêter, pas même lui. Son corps ne répondait ni à ses muscles ni à son esprit, seule la rage le guidait, lui dictant de "foncer, tant qu’il y a de l’espoir !" Mais quel était cet espoir ? le temps s’écoulait inexorablement, égrainant au fur et à mesure le peu de vigueur qui restait à cette dernière révolte, celle qui aurait dû permettre aux hommes de rétablir l’équilibre, leur équilibre. Pourtant cet homme courait, à toute allure, sans se poser de questions, sachant pertinemment que son entreprise avait failli et que personne ne serait jamais plus en mesure de relever un tel défi, ni d’en avoir l’idée -car là était bien le problème.

Tout était fini, et Corben le savait bien, mais c’était exactement la raison pour laquelle il agissait ainsi. Il avait pris cette décision très rapidement, si évidente à ses yeux, qu’il ne voyait aucun autre choix possible. Son visage, alors détendu, ne montrait plus aucun signe de fatigue et il affichait plutôt un air serein, fier, presque heureux, et certain qu’il restait une chance de renverser la situation dramatique. Corben avait de l’espoir, et il ne se l’expliquait pas. Certes, il avait tout perdu, mais il n’avait plus rien à perdre. Toute au long de sa vie, il avait toujours eu une très mauvaise estime de lui-même, mais pour la première fois il se sentit bien dans sa peau et son cœur bouillonnait en même temps que la foi qui venait de naître en lui, décuplant ainsi sa course et sa frénésie. Et c’est ainsi qu’il se rua vers le mur électrostatique sans armure, à la merci de tous et avec, pour seule arme, une épée dont le fourreau poussiéreux laissait supposer qu’elle n’avait pas servi depuis longtemps. Le sort de l’Imperium, qui paraissait déjà scellé, sembla retardé par cet être qui de tout son corps et son esprit était persuadé de pouvoir le délivrer.

Ses foulées se faisaient de plus en plus longues et plus fluide, tel un prédateur fondant sur sa proie. Les secousses brutales de sa course résonnaient dans sa tête, se répétant encore et encore, ajoutant un peu plus à sa folie suicidaire. Il était entré dans un état second, où son esprit ne contrôlait plus son corps, un corps dépassant les capacités d’un être quelconque, comme si toute l’énergie de l’humanité s’y était concentrée, plaçant ses dernières ressources dans cette offensive impensable. Un Déchus, un traître, un renégat du chaos, un marginal de cette société décadente, voilà tout ce qu’il était, et quoiqu’il fasse cela n’y pourrait rien changer, car ce monde ne comprenait rien, ni ne pardonnait rien. Corben eut un instant conscience de cela, mais une idée le réconforta : il arriverait à accepter sa vie, son passé, tel qu’il était, gardant la tête haute, et jurant de ne plus jamais la baisser... . Ainsi il continua son périple à travers les décombres, portant sur ses épaules la plus haute responsabilité qui n’ait jamais été portée. Il se trouvait maintenant à quelques dizaines de mètres du champ, et ce fut ce moment là que choisit son esprit de vétéran du combat pour se réveiller. Alors qu’il allait à toutes enjambées vers l’ennemi, il ramassa une épaulière, d’un jeune space marine moins chanceux, afin de couvrir son visage quand il traverserait l’electro-champ. Il eut juste le temps de sortir l’épée de son fourreau, avant de retomber dans son état frénétique.

 

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Il courait, sans se retourner, dans la forêt épaisse, en tenant son petit frère par la main, et se ruant entre les arbres, trébuchant si souvent que leurs genoux s’en trouvaient meurtris et ensanglantés. Pourtant ils se relevaient à chaque fois, et repartaient toujours plus vite. Aucune parole, aucun son, hormis leurs pas survolant le feuillage au sol. Son visage d’enfant, pourtant empli de fatigue, yeux cernés, bouche pâteuse, et peau sale, laissaient tout de même paraître une détermination infaillible. Il avait décidé de fuir, pour le sauver, personne ne l’avait forcé à le faire. Si jeune mais déjà si mature, son regard fixé vers l’avant sans aucun regret.

" Pourquoi doit on partir ? " fit son frère.

" Ils voulaient nous séparer car nous sommes différents...tu es différent. "

" Pourquoi ? "

La question resta sans réponse, et ils continuèrent leur périple dans le silence le plus total, pendant de nombreuses heures encore ce soir-là. Il n’en pouvait plus, sa tête commença à tourner, et quand il vit que son frère somnolait tout en courant, il comprit que sa fuite ne pourrait pas durer. À bout de souffle, ils finirent donc par s’arrêter, s’écroulant au sol, comme vidés de toute énergie. La nuit les enveloppa, et oubliant toute pression, ils se laissèrent aller à prendre un repos, et malgré les aboiements des chiens de traque, ils fermèrent leurs yeux, pour tenter une nouvelle fois de fuir vers leurs rêves.

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Tout ce qu’avait pu voir l’ennemi ne fut qu’un éclair se dirigeant vers lui, gardant un sang-froid sans faille. De leur point de vue, rien ne pouvait les ébranler pas même un fou furieux, qui allait finir grillé sur leur mur. Il ne serait même pas nécessaire de tirer sur le dernier résistant de leur invasion. Un des soldats remarqua alors que l’homme qui s’avançait ne portait même pas d’armure, et en fit part à ses voisins. Ne doutant plus de leur victoire, cette observation détendit l’atmosphère, et on entendait par-ci par-là quelques moqueries, certains allant jusqu’à tourner le dos, entamant le retour vers le point de ralliement. Le furieux n’était plus qu’à quelques mètres de la mort certaine, et un peu de pitié se lisait sur les yeux des envahisseurs. Le choc se produisit soudain dans un bruyant grésillement auquel étaient habitués les soldats ; pourtant celui-ci avait quelque chose de différent, plus long qu’à l’accoutumée, et avec un léger bruit de court-circuit, de plus une épaisse fumée commençait à envahir l’endroit. Cela arrivait quand un corps restait coincé sur le champ, pourtant il manquait encore un élément : une odeur de chair brûlée. Les soldats, encore enivrés par le combat qui avait eu lieu, n’eurent pas le temps de s’en rendre compte, que déjà une brèche s’ouvrit dans le champ, laissant passer l’homme, qui se trouva directement nez-à-nez avec un ennemi trop surpris, ne pouvant que constater que l’épée de son étonnant adversaire l’avait transpercé, et plus que cela, elle avait brisé son armure de supracier, ce qui jusque-là ne s’était jamais produit.

Tous observèrent le miracle qui venait de se produire, et il y eut un silence comme si l’Univers tout entier venait de constater que ces exo-armures n’étaient pas indestructibles. Corben en profita pour se frayer un chemin à travers les innombrables radeonistes, ne se voyant opposer que peu de résistance dans les premières secondes, lui permettant ainsi d’accéder à l’avant-poste ennemi. Les soldats commençaient déjà à s’organiser, alors que l’assaillant s’approchait dangereusement d’un exo-speeder, pour repousser la menace qu’ils considéraient toujours comme faible malgré l’exploit que celui-ci venait de réaliser. L’épée jaillit une nouvelle fois, sa lame éblouissant la plupart des soldats, et vint s’écraser sur une épaulière, l’exploit se produisant à nouveau, mais avec une intensité telle que toute l’armure de la victime vibra et éclata en morceaux à terre. A la fois aveuglés et abasourdis, aucun adversaire présent sur la plate-forme ne résista à l’épée. Celle-ci semblait avoir des capacités que Corben n’aurait jamais soupçonnées. Elle possédait des propriétés semblables à celle des armes en supracier, pourtant sa couleur pourpre lui donnait un aspect organique, trahissant ainsi son appartenance aux Dieux du Chaos. Il ne s’expliquait pas comment une telle chose fut possible, mais le moment était mal choisi pour y penser.

Le révolté prit place aux commandes du land converti, et décolla rapidement afin d’entreprendre sa recherche du point de téléportation le plus proche. Des tirs affluaient vers le vaisseau léger, touchant à plusieurs reprises la coque renforcée, tandis que Corben s’efforçait de garder le contrôle de l’appareil et de traverser la monstrueuse ligne défensive adversaire. Soudain il aperçut le central de transport qui lui permettrait de concrétiser sa seule chance d’atteindre le vaisseau-maître de Raden. Au sol, l’information avait circulé à une vitesse incroyable, et une stratégie défensive était déjà en place. Le plus difficile pour lui était maintenant d’atterrir, et alors qu’il décidait que le mieux serait de sauter du vaisseau, les coordonnées du land-speeder étaient déjà enregistrées dans l’ordinateur de liaison du Canon Wave et l’exo-soldat en poste n’attendait plus que l’ordre de tir. Au même moment, l’équivalent d’une compagnie prenait position dans les décombres environnant le téléporteur.

" Feu ! ", aussitôt l’arme dévastatrice résonna, l’onde de choc atteignant sa cible dans le dixième de seconde qui suivit.

" Cible détruite ! ", répondit le sergent désigné pour la défense au sol, situé à une centaine de mètre de l’explosion.

 

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Ouvrant les yeux dans un sursaut de frayeur, il put s’apercevoir qu’il se trouvait sur un lit, sous des couvertures épaisses. Les murs de bois lui firent dire qu’il se trouvait dans un cabanon, car il entendait le vent souffler à l’extérieur, perçant parfois les failles de la pièce pour laisser passer un courant d’air. Tout autour de lui se trouvaient des appareils médicaux, et il comprit qu’ils avaient servi à le maintenir en vie...depuis combien de temps était-il là ?.

Il balaya rapidement la chambre, et aperçut un autre lit dont les draps défaits laissaient supposer qu’un autre occupant venait d’en sortir. Secrètement il espérait qu’il s’agissait de son petit frère. Au bout de quelques minutes, son ouïe semblait avoir repris fonction, et il perçut un son dans les alentours. Descendant du lit, il se dirigea vers la sortie, et entrouvrit la porte. Dans le couloir se trouvait un homme, grand et costaud, qui discutait à une femme en tenue militaire.

" Pour son âge, il possède des caractéristiques hors du commun, mais cela n’a rien de suspect selon moi." fit l’homme.

" Fallen,... tu auras beau être le général des Chevaliers de l’Empereur, si il s’avère que tu caches un CM 850 dans ton domaine, je me verrai obligée d.... "

" Ce n’est pas un clone ! ! " dit-il brusquement. " Si j’avais la certitude que c’était le cas, je serais moi-même obligé de le signaler aux autorités. Ne me vexes pas en me soupçonnant d’un telle chose ! Comme tu le dis, je suis un officier impérial, et je n’ai aucun ordre à recevoir. Je sais ce que j’ai à faire. "

" Et l’autre ? "

" Deux mois qu’il est dans le coma, ce n’est donc pas non plus un CM. Ils doivent être frères, ou du moins du même sang. J’ai remarqué des symptômes similaires sur chacun d’eux...pourtant l’un semble en être affaibli, alors que l’autre s’en retrouve renforcé... "

" Je te fais confiance Fallen. Cela fait tant d’années que nous voulons avoir des enfants, je ne voudrais pas que l’on soit aveuglé par cette envie, et que nous fassions une telle erreur. Si c’était le cas, je ne le supporterai pas. Comment as-tu pu me cacher cela pendant si longtemps ! " répondit la femme, se jetant dans les bras du général, qui la serra très fort, lui évitant ainsi de répondre à cette question embarrassante.

" A partir d’aujourd’hui, ils seront nos fils. Le Conseil ne s’opposera pas à leur adoption au sein du clan. Nous allons pouvoir vivre notre rêve Märien. "

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Tous les fusils étaient encore dirigés en direction de la fumée qui s’échappait du vaisseau en feu, quand une ombre heurta le sol lourdement. Un groupe de soldats reçut l’ordre de vérifier l’objet non encore identifié afin de confirmer la fin de l’attaque suicide. L’escouade était en approche, ne percevant d’abord que peu de chose à travers le brouillard excepté une lueur puissante. Il s’agissait effectivement d’un corps mais celui ci était debout, tenant une épée et faisant face à l’escouade. Corben comprit que l’arme démoniaque l’avait infecté et que c’était la contrepartie de son utilisation. Elle venait de lui sauver la vie plus de fois que ce qu’il s’en était servi, face à l’exo-mur, puis lors de l’explosion, et il sentait que ses jambes avaient amorti le choc en atterrissant d’une manière surnaturelle. Son avant-bras le démangeait, comme si toutes ses forces se dirigeaient vers son poignet. Un rapide coup d’œil lui permit de constater que ses veines avaient doublé de volume, et qu’une sorte d’énergie se dégageait de l’épée, qui ne semblait plus aussi anodine. Il sentit alors une aura protectrice l’envahir, il serrait le manche de plus en plus fort. Tout son corps vibrait, ses cheveux volaient, et son visage avait soudainement pris une allure sombre et terrifiante, la transformation allant jusqu’à ses yeux qui virèrent au rouge vif, lui donnant de plus en plus l’apparence d’un démon de Khaine. L’air semblait se dilater tout autour de lui, et formaient des tourbillons, s’amplifiant de plus en plus dégageant une puissance effarante.

Tous les soldats restaient ébahis devant la scène apocalyptique qui se déroulait sous leurs yeux, et aucun ne put lancer une riposte, immobilisés par le souffle d’énergie que dégageait le héraut humain. Corben était devenu un catalyseur du Warp, et des flux titanesques se déversaient dans son corps à présent. Il ressentit une immense force s’accumuler au fond de lui, en même temps que son cœur s’assombrissait. Tous ses sens étaient à la fois sollicités et renforcés par une puissance phénoménale. L’ange déchu sentit alors que le phénomène diminuait, reprenant ainsi pleinement contrôle de ses jambes, puis de son buste, et enfin de ses bras, l’air paraissait s’apaiser et ses cheveux étaient retombés sur son dos, pourtant il savait qu’une présence chaotique l’habitait maintenant et pour le restant de ses jours. Un calme théâtral s’en suivit, laissant tous les protagonistes sans réaction, fixant toujours l’épée démoniaque, dont les nouveaux reflets métalliques faisaient penser toujours au supracier mais cette fois-ci avec une teinte beaucoup plus obscure et travaillée. Le silence fut brisé par le roulement mécanique d’une mitrailleuse gatling, celle d’un Exo-terminator, ayant enfin réussi à localiser la cible de tous les maux du moment. Les balles de ces terreurs touchaient toujours leur objectif, et celles-ci fusèrent vers Corben qui n’avait pas totalement repris conscience de la situation, ni entendu qu’on lui tirait dessus. La compagnie se réveilla alors pour laisser parler ses exo-fusils, la poussière que les balles soulevaient sur leur passage forma une sphère de fumée tout autour du résistant. Pour la première fois ces soldats, entraînés pour gérer les combats, se trouvaient dans la confusion la plus totale, les rendant à leur tour presque frénétiques, chacun vidant un chargeur entier sur cet invité indésirable.

 

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" Tiens " fit Fallen, dans l’obscurité de la chambre, en tendant une épée à son fils. En réponse, celui-ci, le regarda les yeux grands ouverts, et pleurant son remerciement devant l’honneur qu’on lui faisait. Il venait enfin de recevoir la relique familiale, l’arme qui avait permis à tous ses ancêtres de montrer leur valeur au combat. L’épée était d’un banal effarant, seuls quelques symboles de clan permettaiemt de la différencier. Sur le pommeau en bronze, du moins en apparence, se voyaient de nombreux motifs gravés de manière incohérente, l’ensemble n’ayant un sens que pour ceux qui avaient le droit de la porter. Quant à la lame en acier, elle semblait usée par le temps, comme agressée par l’érosion, le fil n’ayant rien de net...elle n’avait pas dû briller depuis bien longtemps. Pourtant, le jeune garçon, trop ému pour ne serait-ce que prononcer une parole, prit l’arme, et s’agenouilla, inclinant la tête devant son père.

" Tu ne me dois rien, lèves-toi. Tout ce que tu possèdes, il n’y a que toi qui l’as conquis. Ne me fais pas regretter ce choix. Crois en toi comme je crois en toi, et un jour je te l’assure, tu seras plus fort que lui. Et tu pourras le protéger. " Sur ces mots, il tourna le dos froidement à son enfant, et quitta la pièce, dont l’obscurité fut brièvement brisée par un rayon de lumière jusqu’à ce que la porte soit à nouveau fermée. Le fils se releva, puis sortit à son tour.

Dans l’ombre, d’autres jeunes yeux avaient observé la scène, et les larmes, qui en coulaient, séchaient aussitôt sur des joues brûlantes de haine.

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" Cessez le feu ! ! ! Cessez le feu ! ! " hurla un des sergents de l’escouade. Certains soldats épuisèrent encore quelques munitions avant d’exécuter l’ordre du gradé, ajoutant un peu plus au chaos ambiant.

" Bordel ! Il nous a fait peur celui-là ! " murmura une jeune recrue. " Putain, ya encore un truc qui brille là b... ".

Avant même qu’il eut fini sa phrase, un cri de guerre se fit entendre au centre de la fumée, qui fut suivi immédiatement d’un souffle du Warp balayant ainsi la moindre parcelle du brouillard, laissant apparaître le guerrier démoniaque, qui semblait entouré d’un champ magnétique assez puissant pour l’avoir protégé du tir de barrage. Le souffle qui se dégageait se transforma rapidement en tornade, arrachant les débris du sol et les projetant à des dizaines de mètres. Plus il criait, plus la tempête augmentait de puissance. Les soldats étant obligés de se tenir avec leurs mains et de se camper solidement sur leurs jambes. Son cri psychique devint soudain strident à tel point qu’aucun esprit ne put le supporter. Les soldats tombaient les uns après les autres, leur cerveau implosant sous la pression du pouvoir ténébreux qui s’exprimait à travers Corben. Lorsque le souffle cessa, un cratère s’était dessiné autour de l’ex-dark angel, qui, voyant les effets gigantesques du Warp en lui, se rua sans attendre vers une mission qui semblait toujours impossible, la compagnie défendant le téléporteur comptant près de deux milles exo-soldats. Pourtant il ne se posa pas de question, se sentant hors de contrôle, comme un simple pantin de sa fureur, poursuivant son chemin guidé par une force impalpable mais terrifiante. Certainement l’influence trop forte du Chaos, dont il n’avait jamais soupçconné une puissance si effrayante. Les défenseurs ne s’attendaient pas à une telle furie, et restaient assez décontenancés permettant ainsi à Corben d’anticiper les gestes de ses adversaires. Rien ne cédant à son épée et aucune balle ne l’atteignant, une allée de cadavres commençait à se dresser derrière son passage. Les balles fusaient dans tous les sens mais comme muni d’un sixième sens, le champion arrivait à les éviter, tout en entamant un geste de riposte dans le même temps.

 

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" Chambrée 35, lit 46117...Bienvenue chez nous " dit un soldat d’un ton indifférent.

Sur une estrade, un sergent d’escouade avait été désigné pour hurler les commandements du Chapitre :

" ...vous êtes des Darks angels. Rien ne vous fait peur, rien ne vous arrête. Vous servez l’Empereur, et le servirez toujours. Battez-vous pour l’honneur, et aucun adversaire ne vous résistera. Faites des Dark angel un Chapitre de légende. Et priez pour que vos âmes soient sauvées par notre Dieu ! ...Vous êtes des Darks angels. Rien ne ... " continuant ainsi pendant des heures, tant qu’il y aurait des recrues dans la salle.

Une fois dans sa chambre, il se rendit compte qu’il n’arrivait pas à s’habituer à la présence de ces clones tout autour de lui. Cela le mettait mal à l’aise. Presque trois ans depuis qu’ils avaient été récupérés par le chapitre, et il ne cessait pourtant de se demander comment cela fut possible. Les seuls à connaître leurs origines douteuses n’étaient autre que leurs parents adoptifs. Comment ? ...

Et son frère ? Au moment où il revoyait son visage dans son esprit, un soldat apparut dans la pièce, interrompant sa réflexion. Il semblait être sous pression :

" Corby, j’ai les infos que tu recherchais ! ! " dit il dans la précipitation.

Se levant du lit directement, Corben répondit :

" Dis moi tout, fais vite, on est surveillé dans le coin. Comment va t-il ? où est il ? "

" Une personne du labo m’a confié qu’il avait été placé en quarantaine, quand vous êtes arrivés. L’Empereur seul sait ce qu’ils lui ont fait. "

" C’était ce que je craignais. Et maintenant ? "

" Il est chez les Psychers. Très mal vu à ce qui paraît. Les types de cet section ont tous subi des épreuves infernales avant d’y entrer, et de voir arriver un jeunot dans leur rang sans qu’il soit passé devant l’état-major, ça fait beaucoup parler. Une rumeur court comme quoi, il serait peut-être en danger là-bas...un complot pour le tuer. Je me demande vraiment ce que ton frère fout là-bas ? peut-être lui ont-ils découvert des pouvoirs particuliers ? Non ? "

" Merci Teutle, je te revaudrai ca. J’avais besoin de savoir. Maintenant je sais, mais je me sens encore plus démuni. Vais-je le revoir un jour ? Rends-moi encore un sercice : renseigne-toi sur notre arrestation... je veux savoir qui a fait ça.".

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L’entrée du bunker était maintenant à quelques pas, quand il ressentit une intense brûlure à l’épaule et fut projeté contre la porte. Un des exo-soldats avaient réussi à le toucher, et comme pour constater la réussite de cette attaque, toute la compagnie cessa le feu. Le bras déformé de Corben n’avait pas lâché l’épée, semblant complètement soudée à elle, et la blessure qui lui faisait déjà regretter de ne pas avoir pris d’armure, se cicatrisa en quelques secondes, démontrant une fois de plus la puissance de son arme. Il se releva d’un bond et enfonça son épée dans la porte blindée avec une telle facilité que celle-ci sauta en un rien de temps. Corben s’engouffra dans le couloir continuant son œuvre de mort à une vitesse incroyable, paraissant à chaque fois plus rapide, et parvint ainsi sans difficulté à la salle de téléportation cependant gardée par cinq exo-guerriers en armure de chevalier gris tous armés d’épée. Même si la chance était avec lui, Corben eut un temps d’arrêt face à ces légendes, qu’il rencontrait d’ailleurs pour la deuxième fois mais qui l’impressionnaient toujours autant, des soldats réputés indestructibles et surtout doués dans l’art du combat inespéré.

Le sas se ferma derrière lui, couvrant ainsi ses arrières mais bloquant aussi toute possibilité de fuite, le poussant à faire face pleinement à l’ennemi. Un des chevaliers se jeta alors sur lui, lançant son épée longue et lourde vers la poitrine de Corben, qui réussit à esquiver de justesse avant de sentir l’air fendu par l’épée d’un autre terminator gris. Il put se défendre de son épée, mais la rencontre entre les deux métaux provoqua une forte étincelle. L’arme du chevalier se cassa, et malgré un léger étourdissement, Corben profita de l’occasion pour asséner un coup mortel au soldat blindé, et dans le même mouvement envoya son épée vers la nuque du premier assaillant, trop lent pour l’arrêter et s’écroulant, l’armure intacte, le cou brisé par le choc violent. Les trois guerriers restants, imperturbables, levèrent leurs épées énergétiques et attaquèrent en même temps. À la fois le fait de ne pas avoir d’armure lui faisait prendre des risques, mais aussi cela lui permettait d’être beaucoup plus rapide que ses adversaires, prenant ainsi un avantage décisif. Les coups venaient de tous les côtés mais il les évitait ou les parait. À droite, puis à gauche, défendant coûte que coûte sa vie. Une ouverture chez un des guerriers lui permit de le désarmer, et alors qu’il se concentrait sur le bras du deuxième chevalier, il ne vit pas arriver sur le côté l’épée du troisième, s’abattant sur lui sans qu’il ne puisse la dévier. Il ne le comprit pas tout de suite mais sa lame démoniaque venait de lui sauver la peau, l’entourant au dernier moment d’une aura défensive qui fit ricocher l’arme de l’exo-guerrier, laissant à Corben le soin de trancher le bras de son ennemi direct puis de se retourner vers le terminator sans arme pour l’achever d’un coup net, du bas vers le haut. Le dernier chevalier se posta alors calmement devant le sas de sortie, son épée en joue.

Les deux adversaires ne bougeaient plus, se fixant du regard, chacun tentant vainement de deviner le prochain mouvement de l’autre. La tension due à la folie sanguinaire, qui s’était emparée du révolté, diminua légérement, et il eut la sensation de reprendre le contrôle de ses mouvements pendant un instant. Corben éprouvait un profond respect pour les Chevaliers, et devoir en affronter un de plus, était pour lui un supplice. Il savait que de son coté, le terminator n’en pensait pas moins. Ils ressentaient tous deux une grandeur chaleur, due à l’agitation du combat qui avait eu lieu. Un silence lourd pesait dans la pièce, et les déplacements des soldats derrière la porte, ainsi que leur cris, paraissait un véritable vacarme. Des ordres fusaient, et Corben comprit qu’ils allaient enfoncer la porte, voire même la faire sauter. Il hésita un instant puis baissant sa garde et s’agenouillant, il fit :

" Lis en moi preux guerrier....je m’offre à ton esprit, puisse cela nous sauver ! "

Le chevalier baissa son arme et s’approcha doucement. Il posa la main sur la tête de Corben, prêt à utiliser son rayon psychique sur lui. Il s’agissait du même pouvoir que le dark angel avait utilisé lors de l’atterrissage forcé de son landspeeder, et chacun d’eux savait que la mort était le risque encouru. L’air se dilatait autour du bras du chevalier, tandis qu’il psalmodiait un vieux chant. Corben avait l’impression que son corps était compressé par une force invisible. Son souffle s’accélérait, et sa tête commençait à tourner. Il sentit alors comme un poignard lui percer le crâne, venant ainsi se planter dans son cerveau. Son esprit s’envola vers des souvenirs lointains, revoyant ainsi son frère, ses amis de l’escouade ailée, ainsi que sa vie toute entière...son père aussi apparut, dans une mare de sang, à coté de sa mère, vision d’horreur, cristallisant son cœur sur ce moment atroce. Son souffle fut coupé lorsqu’il vit une ombre, debout à coté d’eux, une épée, pleine de sang, dans les mains. La douleur devint alors si intense qu’il ne put contenir son cri. Il savait que sa vie était en train de lui échapper, pensant alors que ce fut une erreur de sa part que de vouloir tester la bonté d’un soldat de Raden. Il aurait tellement voulu revoir son frère une dernière fois. Soudain, le chevalier lâcha Corben, qui s’écroula au sol lamentablement. Après un effort incommensurable, il parvint à se relever, et se retrouva face au terminator. Celui-ci, s’écarta de la sortie, le regard toujours aussi fier.

" La valeur des hommes ne se révèle que face à leur propre folie " dit il d’un ton sûr.

Corben s’avança alors, pour quitter la pièce. La porte de l’espoir était maintenant devant lui...

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