Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

La frégate se posa sans un bruit sur Lyell 7f. Nous sortîmes dans un silence absolu et établîmes un périmètre de sécurité autour du vaisseau. Une fois le matériel débarqué, la navette reparti, nous laissant seuls sur le monde glaciaire.


Autour de moi s’étendait à perte de vue une plaine glacée, balayée par des vents tout aussi froids.


Dans un murmure Kalim donna l’ordre de départ et tous les cinq nous nous mimes en route vers le sud.


Ce fut une marche longue et éprouvante même pour le Black Templar que j’étais. Au bout de quelques heures de marche la neige se mit à tomber, réduisant la visibilité à zéro. C’est à peine si nous ne nous perdions pas les uns des autres.


Plusieurs fois durant notre progression je crus apercevoir de menaçantes silhouettes. Lorsque je fis part de mes inquiétudes à Ptolos, il me rit au nez.


Décrétant que nous étions certainement les seules créatures intelligentes et vivantes à des kilomètres, il se remit à marcher.


Hélas, il avait tort.


Quelques minutes plus tard un grand cri fusa de l’arrière de notre file. Toute l’escouade se précipita pour voir de quoi il s’agissait.


Lorsque je rejoins Kalim et Ptolos qui étaient déjà sur les lieux, je vis Vankil qui gisait à terre, une blessure à la gorge.


-Qu’est ce qu’il a ? demandais-je.


-Carotide tranchée net, heureusement il est en catalepsie, me répondit froidement Ptolos.


-C’est peut-être juste un animal, essaya le jeune Griez.


-Tu connais beaucoup d’animaux qui peuvent transpercer le plastacier d’une armure ? demandais-je de nouveau, méprisant.


À cet instant Kalim poussa un hurlement terrifiant.


-RRRAAAAHHHH


-Mer.., il a une crise, tous à terre, fit précipitamment Ptolos.


Je me jetais sur la glace. Durant mon apprentissage sur Talasa, j’avais appris que notre commandant serait un Blood Angel et qu’il lui arrivait de piquer des « crises ».


Kalim se mit à tirer comme un possédé tout autour de lui, combattant les ennemis de son imagination. Je le fis tomber, dans sa chute il lâcha son bolter (loué soit l’Empereur ), après l’avoir frappé au visage je me relevais pendant qu’il reprenait ses esprits.


-Euh, merci Faenor, je suis désolé les gars, vous savez c’est à cause de cette tare génétique. Je me contrôle plus quand je me mets en colère.


-C’est bon c’est oublié chez, fit Griez


-Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant, demanda Ptolos.


-On installe Vankil sur une civière de fortune et on repart.


À cause de la civière notre rythme de marche ralentit quelque peu. Je portais Vankil avec Ptolos tandis que Kalim ouvrait la marche et que Griez la fermait.


Une dizaine de minutes après que nous nous soyons remis en marche, un cri fusa de nouveau à l’arrière.


-Par l’Empereur.


Des fois que nous fûmes assemblés autour du jeune Lamenter, il pointa du doigt son sac à terre.


-« Ils » ont tiré sur les courroies de mon sac pendant que je suivais Ptolos. Le pack sac est tombé. J’ai regardé dedans... la radio est morte.


-Montre toujours, peut être que c’est réparable, fit Kalim.


Griez fouilla quelques instants dans son sac puis en ressorti l’émetteur-récepteur.


Kalim manipula l’objet pendant plusieurs minutes.


-Désolé les gars mais...j’ai bien peur que nous soyons coincés sur cette planète.


Ptolos, que je pensais le plus raisonnable se mis à paniquer quelque peu.


-Non, non c’est impossible. Quand la station orbitale verra que nous n’émettons pas ils enverront un vaisseau et puis là...


-C’est possible Ptolos, c’est possible, fit Kalim mais sa voix trahissait sa pensée.


Nous restâmes ainsi quelques minutes de plus, encore sous le choc de la nouvelle. Finalement notre chef parla :


-Faneor c’est toi qui as les lunettes infrarouges.


-Oui


Sans un mot de plus je pris mes lunettes et plaçais sur mon casque.


Même avec la tempête qui faisait rage, je pouvais voir une dizaine de formes rougeâtres tout autour de nous.


-Alors me, demanda Griez, une fois que j’eus fais deux tours complets.


-Une dizaine de créatures au sud, au tant au nord et environ cinq à l’ouest.


-On se dirige vers l’est les gars, fit Kalim.


-Mais si les créatures n’y vont pas c’est peut être qu’elles on leurs raisons, émit timidement Ptolos.


Kalim regarda longuement le Lamenter, ce dernier se recroquevilla sur lui-même et je vis bien qu’il avait honte de sa couardise.


De nouveau nous nous mimes en marche. Cette fois Griez et Kalim portaient la civière tandis que je les précédais. Après une dizaine de minutes de marche, je m’arrêtais. Devant moi se tenait une immense falaise de glace. Une fois que nous fut tous ensembles notre chef parla :


-Bon on va monter le camp ici, non attendez, on risque rester longtemps ici alors on va édifier un petit fortin. Vous allez découper des blocs de glace au laser pendant que je vais essayer de réparer la radio.


Plusieurs heures après nous nous tenions dans un petit fortin rectangulaire de deux mètres sur cinq. Au-dessus de nos têtes la toile de tente maintenue en place par quatre piquets de métal flottait légèrement au vent.


Nous allions prendre notre repas (lyophilisé bien sur) lorsque Ptolos demanda d’une voie craintive :


-Et...et la radio...chef ?


-Ben...pour l’instant je n’ai rien pu faire désolé, dit notre chef. Mais rien n’est perdu, gardons foi en l’Empereur, enchaîna rapidement Kalim.


-Fi de l’Empereur et de toutes ces sala..., commença Ptolos.


Griez venait de se lever et de frapper le Lamenter au visage.


Je pouvais comprendre cela, moi aussi lorsque j’étais jeune, blasphémer contre l’Empereur était pire que la mort. Mais nous étions dans une situation des plus critique alors les querelles intestines, ont pouvais s’en passer.


-Tu vas voir sale ..., aucun Ultramarine n’as jamais frappé un Lamenter et est revenu vivant pour le raconter, rugit Ptolos.


-Du calme les gars, c’est pas le moment, intervint Kalim.


Le reste du repas se passa dans un silence tendu jusqu’au moment où je posais une question qui me tenait à cœur à Kalim.


-Chef, pourquoi on nous a envoyés sur cet iceberg géant.


Kalim, trop heureux de détendre l’atmosphère, enchaîna rapidement :


-L’histoire débute il y a plusieurs centaines d’années. Il y a quatre siècles pour être précis. Un jour un vaisseau de colonisation spatiale débarqua sur cette planète. Les colons y trouvèrent un monde couvert à quatre-vingt-dix pour cent d’océans. Les quelques rares continents contenaient de vastes forêts et des terres fertiles. Cet iceberg géant comme tu dis vu nommé Lyell 7f. Les siècles passèrent et la colonie prospérait. Notamment en exportant des Istres, ces petits amphibiens sont très appréciés par les riches nobles et les hauts cardinaux du Ministorum, ainsi que du bois d’Eshu, réputé pour sa solidité. Cependant, il y a environ un siècle...


-Chut, écoutez, ordonna Griez.


-Mais..., fis-je.


-Taisez-vous.


Nous restâmes silencieux durant cinq minutes environ.


-Moi je n’entends rien, dit Ptolos.


-Il y en a un, Faneor, passe moi le bolter lourd, ordonna de nouveau l’Ultramarine.


-Mais écoute, la tempête a cessé s’il avait une de ses créatures on la verrait.


-Donne le bolter.


Je lui donnais finalement ce qu’il demandait. Il resta accroupi, le bolter posé sur la muraille de glace pendant plusieurs minutes. Puis il tira.


-Qui vient avec moi voir son cadavre ? demanda Griez.


Kalim l’accompagna. Je restais avec Ptolos à les voir disparaître dans la nuit. Quelques minutes plus tard il revenait traînant un cadavre.


Je n’avais jamais vu de créature semblable.


Un corps immense d’environ deux mètres. Une combinaison blanche que Kalim trancha vivement avec son poignard nous révéla une peau écailleuse ainsi que des courts bras munis de trois longues griffes aux extrémités. Les pieds quant à eux étaient palmés et ne comportaient que quatre grossiers orteils. Kalim ôta finalement le casque qui recouvrait le crane de la créature, découvrant une tête reptilienne longue d’une dizaine de centimètres, perchée sur un cou tout aussi long.


Nous n’eûmes hélas pas le temps d’approfondir notre autopsie car Ptolos se mit à tirer avec son bolter sur la créature.


-Tiens, prends ça sale bête, tiens.


Une fois son chargeur vidé sur la tête de l’extra-imperium, il arracha le poignard des mains de Kalim et se mit à entailler tout le cadavre.


Finalement Griez reprit ses esprits et réussi à calmer le Lamenter.


Après quelques minutes nous étions de nouveau autour du feu que j’avais allumé.


-Alors qu’est-ce que l’on fait du corps, demanda Kalim.


-Il faut le découper en tranches puis, fit Ptolos sur une voix qui en disait beaucoup sur son état mental.


-Autant l’amener le plus loin possible du campement, dis-je, coupant court aux divagations de mon compagnon.


C’est ce que nous fîmes. Accompagné de Griez je portais le cadavre de la créature à environ un kilomètre de notre fortin et nous revîmes sans histoire.


Puis la nuit passa, avec ces tours de garde auxquels j’étais maintenant habitué.


La journée du lendemain passa avec une lenteur désespérée. Kalim, essayait en vain d’ailleurs de réparer la radio, Griez guetta pendant des heures la plaine glacée, pour ma part je passais la journée à démonter, lubrifier et remonter mon bolter lourd pour m’occuper l’esprit. Quant à Ptolos..., Ptolos était celui qui souffrait le plus apparemment de cette attente, il passait tout son temps à faire des dessins sur la glace avec le bout de son doigt en marmonnant des choses incompréhensibles. Restait Vankil, mais vu son état de catalepsie, il eut été impossible de le réveiller sans un matériel sophistiqué.


Ainsi se déroulait cette première journée, véritable supplice pour les nerfs de chacun.


Finalement le soir, alors que nous étions en train de prendre notre repas, je demandais à notre chef la suite de l’histoire interrompue la veille par Griez.


-Où en étais-je ? demanda Kalim, Ah !Oui, je me rappelle. Il y a donc environ un siècle, une convergence astrale eut lieu aux alentour de Lyell 7f, isolant la planète en rendant toute communication ou voyage en direction de ce monde impossible. Nul ne sait ce qu’il s’est passé sur Lyell pendant ce temps. Toujours est-il qu’il y a un an la convergence s’est achevée et qu’un vaisseau d’exploration a été dépêché. L’équipage du vaisseau a raconté que la planète était recouverte de glace et l’on n’y trouvait aucun signe de vie humaine. Voilà pourquoi nous avons été envoyés sur cette planète : pour retrouver le peuple perdu de Lyell 7f !


Un pesant silence s’installa après.


Chacun élaborant sa théorie sur la disparition des colons.


Finalement j’allais me coucher dans mon Thermo-Cosa, comme tout les autres et passa une nuit blanche à attendre mon tour de garde puis à attendre que le sommeil vienne me chercher.


Le lendemain fut un jour atroce pour nos nerfs. De nouveau la journée se passa sans histoires, mais aucun de nous ne pouvait supporter cette attente. J’avais tellement démonté et remonté mon bolter que j’aurais pu aller en fabriquer sur Mars.


Kalim avait abandonné son idée de réparer la radio et s’était mis à dessiner une carte parterre et semblait échafauder divers plans pour nous sortir du cauchemar que nous vivions . Griez gardait la même position qu’hier. Ptolos semblait encore plus mal en point, il sculptait des extra-imperium avec de la neige et les détruisait, toujours en marmonnant des mots incompréhensibles.


Quant à moi, vers deux heures de l’après-midi, je me mis en tête de creuser une tranchée autour du fortin avec pour seul outil une pelle pliable. Cette activité m’occupa jusqu’au soir, me permettant de ne pas sombrer dans les abîmes de la folie.


Le soir, Kalim, qui comme nous tous n’en pouvait plus de cette attente, parla en ces termes :


-Bon, les gars, nos réserves de nourritures s’épuisent. Demain soir Griez et moi nous partirons pour aller chercher quelque chose à manger. Faneor et Ptolos vous resterez ici et ne quittez en aucun cas le fortin.


Je savourais tranquillement les bouchées de ce que je savais certainement l’un de nos derniers repas.


Je passais de nouveau une nuit blanche, torturé par la peur de ces créatures, torturé par une attente sans fin, torturé par la peur de la mort.


Le lendemain fut une journée comme les précédentes. Mon ouvrage défensif occupa encore tout mon temps. Kalim, prépara les sacs pour leur expédition. Griez occupa encore la même position. Ptolos, lui, s‘occupa encore de la même façon que les jours précédents, toujours en marmonnant.


Enfin le soir arriva. Une fois leurs dernières recommandations faites, Kalim et Griez partirent.


Je restais avec Ptolos à les regarder disparaître dans les ténèbres.


Quelques minutes après leur départ, des cris et des détonations traversèrent la sombre plaine balayée par les vents.


-Non, ils sont attaqués, j’arrive, tenez bon, hurla Ptolos.


Il essaya de sortir du fortin mais je le tenais fermement.


-N’y vas pas tu vas te faire tuer, lui dis-je.


-Lâche-moi Faneor, ils ont besoin d’aide.


Il me donna un coup au visage. Je le lâchais et reculais sous le coup.


-J’arrive, tenez bon ! Kalim ! Griez !, hurlait-il tout en courant vers les cris.


Pendant plusieurs minutes encore il y eut des cris et des détonations. Puis ce fut le silence. Ils étaient morts, tous les trois. Et je n’allais pas tarder à les rejoindre.


Je pris mon bolter lourd et le plaçais sur la maigre protection de glace. Je pris aussi l’épée-tronçonneuse de Ptolos et une grenade à fragmentation dans le sac d’armes.


Les créatures s’approchèrent. Je pus distinguer leurs silhouettes au fur et à mesure.


Je fis feu et en abatis une. Alors les autres se mirent à courir vers moi. Je lançais la grenade à fragmentation, vidais le chargeur du bolter. En tout j’avais tué une dizaine de créatures mais il en restait autant et elles étaient sur moi. J’activas l’épée-tronçonneuse et décapitais la première à portée. Cependant je fus vite dépassé par le nombre. Tout semblait perdu, une créature s’apprêtait à me planter ses griffes dans le corps quand soudain une fusillade tua la plupart de mes adversaires. Je vis alors un long vaisseau blanc qui se posait sur le sol. Le reste des créatures s’enfuit et je me retrouvais seul. La navette se posa. Nul part sur la carlingue n’apparaissait les marques de la flotte de l’Empereur pourtant je me sentis attiré par ce vaisseau. Je m’en approchais et une porte s’ouvrit. La lumière m’éblouit un instant puis je rentrais dans le vaisseau...

Connectez-vous pour commenter