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Qu’y a-t-il après la Vie ?

-La Mort.

-Après la Mort ?

-Le Vide.

-Après le Vide ?

-La Vie.

-Et au centre ?

-Les Trois. Mort, Haine, Amour. Shaes, Iluxys, Lshnas. Mohaam.

-Mais, Shaes, toi qui es Mort, pourquoi est-tu au milieu ? Pourquoi fait tu partie des Trois ?

-Raconte tes aventures, fille. Ensuite tu comprendras.

Et la fillette obéit. On n’ignore pas un ordre du Mort.

     La Plaine du Vide ? Ce fut une marche éprouvante, mortelle même mais qui aurait pensé qu’un mort pouvait mourir ? Des kilomètres de néant qui défilaient mais elle ne bougeait pas. Les Vents du Vide la submergeaient mais ne la touchait pas. Elle était le Néant. Elle était impalpable, intouchable, inexistante. Des jours, des mois qui défilaient et elle ne ressentait rien. Ni faim, ni soif, si ennui. Rien. Les années auraient pu s’écouler sans qu’elle ne s’en rende compte mais le Vide est étrange. Il retient ou relâche. Anéanti ou libère. Et cela au gré de ses envies.

     Ainsi, elle subit le Sonnet du Vide.

-Pourquoi est-ce le Sonnet du Vide ?

-Un sonnet est un poème rédigé en vers de douze syllabes. Le nombre représentant le Néant est Douze. C’est donc le Sonnet du Vide.

-Pourquoi le Vide est-il si…inexistant ?

-Le Vide est…ou plutôt était le troisième passage. Vie, Mort, Vide. Après la chaleur matérielle de la Vie, le froid spirituel de la Mort, vient le non-espace inexistant du Vide. Mais tout cela c’était avant la Chute. Depuis que le Haut-Roi est mort, les choses on changé.

-Pourquoi le Haut-Roi est-il tombé ?

-Pour la liberté. Pour que cesse tout ce bonheur étouffant. Pour que nous ayons le droit d’être malheureux.

-Mon père l’a déjà dit cela. Je ne comprends pas.

-Raconte. Dit moi ce que tu as subi et je t’expliquerai.

     Le Sonnet du Vide. Elle qui avait été emplie de Mort, voila que le Vide reprenait ses droits.

     Une mélopée langoureuse, douce et lointaine. Un son unique et pourtant multiple, qui vidait, laissait pantelant et faible.

     Puis, l’impression fugace d’une présence. Impression subtile mais qui demeure, alimentée par le silence qui règne.

-C’est le Gardien.

-Qu’ est-il ?

-Rien de plus que le Vide à l’état matériel. Tout comme les Seigneurs. Ils sont Tout à l’état palpable, matériel, réel.

-Mais pourquoi est-il là ?

-Pour que passent les pleins et restent les vides.

-Alors j’étais pleine ?

-Oui.

-Mais pleine de quoi ?

-Ceux qui on vécu leur vie…Non, leur mort sont pleins. Ceux qui n’ont rien, ceux qui ont contemplé leur mort sont vides. Vides de mort. Ou pleins de mort.

-…J’ai donc vécu ma mort.

-Ceux qui tuent vivent leur mort. Ceux qui meurent sans avoir fait mourir sont morts.

-Ils sont vides ?

-Oui, cela revient au même. Ceux qui meurent dans leur mort sans avoir tué meurent. Définitivement. Ils resteront une coquille vide naviguant dans le non-espace du Néant. Et ceux qui on fait mourir, traverseront la Plaine du Vide et recommencera le Cycle du Tout.

-Alors le Cycle est sans fin lorsque l’on a tué ?

-Si l’on fait mourir pendant sa Vie, pendant sa Mort, oui.

-Mais pourquoi n’y a-t-il plus de Vie ?

-Depuis la Chute, les choses on changé. Je ne connais pas l’ordre des nouvelles. Je suis Shaes, je ne connais que l’Avant.

-

-Raconte. Non…Chante. Chante le Sonnet du Vide.

     Un chant…Une mélopée plutôt. Ou une non-mélopée…Qui résonne dans l’infini, interminable et inaudible. Venant de tous les endroits et des profondeurs de son esprit. Le Gardien est partout et nulle part. Invisible, imperceptible, impalpable mais là. Les sons s’enchaînent, ce combinent et forment des mots…Des mots inconnus, d’une autre époque, d’un autre lieu…D’une autre civilisation…Des mots qui sont vides et pleins, emplis d’une sagesse et pourtant d’une ignorance incomparable.

 

-Chante ! Chante moi ces mots…

Les sons s’enchaînent, jamais appris, jamais oubliés…

-Dans l’éternité obscure,

Crient ceux qui de vide sont et,

Qui ne vivent par la force de Haine,

Dans l’éternité obscure,

 

Sous les étoiles respirent les morts,

Sous le soleil passe le néant,

Sous terre palpitent les anciens

Sous la lune s’étend le mort,

 

Au-delà meurt le mort solitaire,

Au-delà reflue la vie par-delà le ciel,

Au-delà s’éteignent les nouveaux mondes,

Au-delà sort le mort de la terre…

 

-Arrête.

-Je ne comprends pas. Lorsque je l’ai entendu, j’était incapable de saisir l‘idée même de ces paroles…Et maintenant…

-Je sais, je sais. Raconte la suite… Et, quoique je puisse te dire, ne chante plus, plus jamais ce sonnet…Ce Sonnet du Vide…

-Pourquoi ?

-Parce que…Parce que ce Sonnet est mon pire rêve. Il est ce que j’aurais voulu être et ce qui m’a tué. Il est…Raconte…

     Et finalement tout disparaît. Le Vide s’envole. La Plaine est finie. La mort envahi l’espace, intérieur et psychique. Elle est de nouveau morte. Le Sonnet du Vide a résonné, il s’éteint à présent…La Mort reprend ses droits tandis qu’à l’horizon apparaît la Rivière du Mort…Et Shaes qui se rapproche…

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