Le débat faisait rage dans la salle du grand conseil… Il
faut dire que le jeu en valait la chandelle ! En effet, le sujet discuté était
de savoir si oui ou non la ville était condamnée… Mais prenons au début de
l’histoire, 600 ans plus tôt….
Ce soir là, dans un petit village perdu au milieu de nul part, la pluie battait
le toit des maisons avec plus de force qu’elle n’en avait l’habitude. La
récolte avait été mauvaise, la maladie faisait rage et une troupe de pillards
avait volé tout le bétail. Réunis dans la grange, les habitants se
concertaient, pleuraient et maudissaient cette damnée ville et vie ! Chacun
songeait à une existence plus douce, comme celle que mènent les princes et
princesses dans leur château… C’est à ce moment là que commence la légende…
Il n’était pas très massif, même plutôt chétif… N’ayant pas d’armes, les
villageois crurent d’abord à un riche noble perdu après l’attaque de son
convoi, car rien que le bracelet qu'il portait à son poignet aurait suffi à
acheter cent fois leur misérable village. Mais la vue des cavaliers, à
l’extérieur, sous la pluie, la lourde hache à la main et l’armure noire
reflétant chaque éclair, rendait l’arrivée de cet individu plus
qu’impressionnante. D’un claquement de doigts il ordonna à ses hommes de se
retirer en refermant la lourde porte. S’asseyant à la place de l’orateur, il
commença à parler, chaque mot retentissant dans le silence omniprésent :
- Paysans, je vous salue. Vous vous demandez certainement qui je suis et ce que
je viens faire chez vous ?
- …
- Soit, sachez que je suis l’empereur et que je me suis déplacé jusque dans ce
trou pour vous offrir la vie dont vous rêver, paisible, luxueuse, facile… Pour
ce faire, vous n’aurez qu’à me suivre jusqu’à ma cité et vous y installer. Une
fois là bas, vous et vos fils vivront réellement, sans pillards ni tempêtes,
sans sécheresses ni hommes d’arme. Je ne vous promets pas de faire de chacun de
vous un seigneur ! Non, vous devrez tout de même travailler la terre, forger
des armes et à l’occasion combattre pour protéger la ville, mais toutes ces
tâches s’accompliront sans la moindre difficulté et ce sera toujours mieux que
ce que vous vivez. Point de seigneur, vous serez votre propre chef et chacun
devra toujours pouvoir s’exprimer. En échange, vous devrez accepter que dans
six siècles, je vous arrache par la force de la cité. Mais vous serez morts
depuis longtemps ce jour là… De toute manière, vous n’avez pas le choix, telle
est ma volonté et elle s’accomplira !
Lors de ces derniers mots, un rictus affreux déformas sa bouche. Tous étaient
apeurés, mais la porte de la grange s’ouvrit sur un soleil radieux ! Ils
allaient bien vivre puisque cet étranger l’avait dit, il ne fallait que le
suivre ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! En moins d’un jour, le convoi, composé
de grands et spacieux chariots ainsi que d’une escorte de cent chevaliers noirs
comme la nuit, se mit en route.
Une semaine plus tard, il découvrire « Eden », la cité promise. Celle-ci était
située sur une presque île facilement protégeable et était cerclée par de
larges et puissantes murailles de pierre. La terre, laissée libre, foisonnait
de mille et un fruit, démontrant l’extrême fertilité du sol. Dominant les
falaises, une tour blanche fendait le ciel. L’empereur leur annonça que tel
serait sa demeure, après quoi il disparut à l’intérieur pour ne plus jamais en
ressortir, faisant disparaître toute ouverture des invincibles parois de la
majestueuse tour. En s’installant, les voyageurs eurent la surprise de voir que
la ville avait été construite de même façon que s’il l’avait fait eux-mêmes,
chacun y possédant une vaste et splendide demeure déjà aménagée. Des feux
brûlaient dans les cheminées, les tables regorgeaient de nourriture… Tout était
merveilleux, prémisse d’un probable futur règne de paix et de prospérité…
Et il le fut ! C’est un fait, pendant 600 ans, la ville s’épanouit, développant
un commerce florissant. De partout l’on loue le nom de la cité des merveilles,
à jamais versée dans la joie et le bonheur. Jamais ses murs ne sont tombés, et
aujourd’hui encore, les fils des premiers pionniers sont là, dominant et
dirigeant la cité. Les plus importants d’entre eux sont : Charles d’intox,
jeune homme vif et prompt à l’emportement, il n’en est pas moins sage et
capable d’un jugement aussi bon que vertueux ; Sigmund de Horteil, homme dans
la trentaine, bedaine pesante et capacité à comploter aussi forte que son envie
de nuire, il est fortement opposé à tout ce que dit Charles quel que soit le
sujet ; Steven, jeune ami de Charles, Steven a soutenut celui-ci envers et
contre tout, toutefois, une scission s’est faite lors du débat qui secoue en ce
moment même la ville ; Armand de foultmar, déjà vieux et réfléchi, Armand est
plus que sage et sa capacité de jugement l’a promulgué au rang de patriarche.
Les autres, tous des idiots peu scrupuleux, lâches et perfides, ne sont même
plus capables d’élaborer une argumentation quelque peu valable, se contentant
de voter pour retourner faire la fête dans l’ Impératrice, la meilleure auberge
de la cité.
Afin de pouvoir appréhender le débat qui divisait ainsi la population, il faut
expliquer le grand conseil. Celui-ci n’est autre qu’une assemblée créée pour
faire régner l’ordre et la sérénité. Elle se déroule dans une salle ronde,
bordée par deux gradins semi-sphériques opposés. Au milieu est la place du
patriarche, être sage dont le rôle et de donner la parole aux différents
argumentateurs et orateurs désirants s’exprimer… Autant dire que jusqu’ici, le
rôle du grand conseil fut d’énoncer le règlement de la cité et de régler le cas
des immigrants. Jusqu’à ce jour, jamais il n’y avait eut de réelle
confrontation, de réel désaccord… Mais ceci a changé, tout change… Toute la
journée, les orateurs ( Charles, Sigmund et Steven) se sont relayés pour
s’exprimer sur le sujet le plus sensible qu’y puisse se faire : La disparition
prochaine de la cité.
Tel est en effet le sujet de la dispute, car les 600 ans de la légende se sont
presque écoulés, à défaut de trois malheureuses journées… Pour certains, il
fallait maintenant se faire à l’idée de retourner vivre parmi les autres gens,
normalement… Charles soutenait ce choix du mieux qu’il pouvait, mais pour
l’instant, c’était les autres, avec Sigmund à leur tête, qui menaient. Ceux-ci
prônaient la non-existence de la légende, invention de leurs ancêtres pour
faire s’endormir leurs parents… Même la haute tour de l’empereur ne pouvait
décider les ignares qui déclaraient que ce n’était qu’un tas de pierre, très
beau peut-être, mais un tas de pierre tout de même…
L’on en était là, et la très large majorité s’était rassemblée aux côtés de
Sigmund, aveuglée par la cupidité et leur train de vie, incapable de s’imaginer
sans ces hautes murailles et cette terre si facile à travailler…
Mais à près tout, c’était prévisible… et dans trois jours, la cité disparaîtra,
c’est inéluctable…
Ce soir là, l’Impératrice résonnait de mille cris de joie
poussés par les mêmes ivrognes que chaque soir, ce soir là, les tonneaux furent
vidés, les verres levés et les soulons purent une nouvelle fois boire à n’en plus
finir. Inlassablement la scène se répétait. Ainsi, de soir en soir, l’on
pouvait observer les nobles de la cité rire et se moquer du monde, se plaindre
du soleil trop brûlant et comploter minablement contre son voisin. Cette scène,
Charles la découvrit pour la première fois. En effet, cette nuit il s’est allié
à tous ceux qu’il considère comme dégénéré, point pour fêter un quelconque
événement, non, seulement pour voir l’autre face de la ville, celle qu’il se
cachait inlassablement de jour en jour, cette face déformée, hideuse… En une
heure, il put constater l’état de délabrement de ses frères, des autres nobles…
Il put penser à son ami Steven, probablement en train de boire avec les autres
ainsi qu’à sa fiancée, Amèlia. Elle n’est sûrement pas comme eux, se dit-il
comme s’il craignait de l’apercevoir au milieu des autres animaux.
Effectivement, continua-t-il, elle n’avait jamais été dans cette taverne, ne
boit pas et est bien trop parfaite pour s’abaisser à ce niveau ! Il se résolut
à sortir afin de ne plus avoir à supporter les cris de la foule… Mais quels
cris, s’écria-t-il lorsqu’il remarqua le silence ! Il n’était plus à l’auberge,
cela était certain. Cet endroit avait plus l’air d’une bibliothèque,
passablement grande, ordrée et aménagée comme la meilleure maison qu’il se
puisse faire. Ayant aperçu une fenêtre, il s’y accouda pour plonger son regard
à l’extérieur. En dessous de lui s’étendait la ville, paisible à défaut d’une
bande d’ivrognes rentrant chez eux… À ce moment précis, l’empereur pris la parole
:
- Tiens, tu es enfin là ! On peut dire que tu m’as fait attendre ! Bon, pour
répondre à tes questions, je n’ai pas de nom, et la seule façon que je
t’autorise pour attirer mon attention est le Monseigneur ! Ensuite, je te
révélerai que je suis l’empereur, bien que ça ne te dise rien, saches juste que
j’ai fondé la ville où tu as coutume d’exister… Pour aller dans les détails,
oui, tu es bien dans ma tour et la magie n’a rien à voir dans tout ça, dans une
certaine mesure bien sûr. Enfin, je te révélerai que j’ai souhaité ta présence
car tu es le seul qui ait pris mon avertissement au sérieux.
Abasourdit, divisé entre la peur totale et la curiosité, Charles prit tout de
même la peine de répondre :
- Monseigneur, je ne sais ce qui m’arrives, et vous serait très reconnaissant
de m’informer avec plus de précision sur le pourquoi de ma présence dans un
endroit aussi inaccessible que celui-ci, ainsi que de la manière par laquelle
j’ai put y venir.
- Soit, je peux imaginer ton désarroi, mais tu n’as pas le temps pour les
questions inutiles ! Tu ne sauras que ce que je voudrais bien te dire !
Tais-toi donc et écoutes ! Les derniers habitants de la cité n’avaient rien vu
venir, et leur mort fut tout à fait insipide. J’irais même jusqu’à dire qu’elle
ne m’a rien apporté de ce que je voulais ! Mais vous, vous avez réagi,
changeant du même coup la vision que j’avais de vous ! J’ai ainsi décidé de
vous laisser une chance ! Si vous décidiez de créer un culte pour celui qui
fonda la ville et que vous lui fassiez bâtir une statue suffisamment haute pour
que je prenne conscience de son existence, alors à ces seules conditions je
pourrais prendre la décision de vous épargner trois ans de plus…
- Mais ce n’est pas équitable, c’est absurde !
-…
L’empereur se taisait, comme si Charles n’avait jamais prononcé le moindre mot.
Celui-ci se demanda s’il l’avait même entendu, lorsque soudain il comprit son
erreur :
- Monseigneur, comprenez donc la position dans laquelle vous nous mettez !
Votre grandeur verra sans peine que trois ans de plus ou de moins ne change pas
le problème ! Ne pouvez-vous donc point nous autoriser à rester paisiblement
dans nos maisons, ainsi que nous l’avons toujours fait ?
- Petit imbécile, pauvre fou ! Tu ne sais donc pas ce que tu demandes ?
Devrais-je vous laisser vivre alors qu’il ne tient qu’à moi de vous tuer !
Devrais-je écouter vos complaintes et m’imaginer, tendre et charitable, vous
donnant ce que vous désirez ! Je suis l’empereur ! Tout ce que je décide est
bon ! Je n’ai nul égal ! Les dieux mêmes doivent prendre en compte mes
considérations et, toi, tu voudrais que j’écoute ta complainte pour revenir sur
une décision faite 600 ans plus tôt, alors que tu n’étais même pas né ! Non,
l’homme, vous n’aurez aucun répit de plus ! Vous devrez partir, au plus tôt
dans deux jours, au mieux dans trois ans, si vous décidez de me vouer le culte
que j’exige ! Remercie-moi plutôt d’être magnanime ! Je devrais plutôt vous
ordonner de plier bagages avant la fin du temps imparti ! Au lieu de cela, je
vous offre la possibilité de vous préparer aux dures conditions de vie qui
règnent à l’extérieur ! Si tu refuse le marché, alors tant pis pour toi ! En ce
qui me concerne, tu peux mourir, je n’en serais pas moins heureux ! Maintenant
va et tâche d’agir sagement !
Alors qu’il se préparait à répondre, Charles sentit qu’on lui secouait
l’épaule… Ouvrant les yeux qu’il n’avait jamais fermés, il aperçut Steven qui
lui parlait. Et avant qu’il n’ait compris, il fut arraché de son siège et mêlé
au reste de la foule. Repensant à ce qui venait de se passer, il essaya de
savoir s’il avait rêvé ou non… Une voix sourde et puissante raisonna en lui,
coupant court à sa réflexion :
« Tu n’as que deux jours, rappelles-toi ! ! L’empereur n’attend jamais ! »
La journée avait été perdue pour rien… Dix-huit heures
d’affilée à tenter de convaincre une bande d’idiot de la réalité de la
situation, et le seul résultat avait été de devenir la risée de la cité… Seul
point positif de la journée, il venait de se réconcilier avec Steven…
- Tu sais Charles, j’aimerais bien savoir ce qui t’as pris de divaguer devant
le conseil ! Tout le monde rit de toi, si ce n’est bien sûr Amélia et Armand…
- Je ne divaguais pas Steven, j’ai réellement eut un entretien avec le
fondateur de la cité, avec l’empereur de la légende !
- Tu es fou Charles ! Je sais que l’on est pas d’accord sur le sujet de la
légende, mais finalement j’étais presque prêt à te croire ! Mais là, ça tiens
du délire ! Reviens sur terre mon vieux, ce n’est qu’une légende !
- Bon, pense ce que tu veux ! Vu comment ça se déroule, ça n’a plus beaucoup
d’importance… Écoutes, viens avec moi, disons… deux trois jours… histoire de
voyager un peu, voir le monde…
- Pourquoi veux-tu sortir ? On est très bien ici ! Je refuse d’aller me
promener parmi les loups !
- Alors meurs… Mourrez tous ! Peu m’importe à présent, une seule personne
compte ! Elle elle m’écoutera !
Déjà il fuyait. Il fuyait sa culpabilité. Par sa faute, son vieil ami mourrait
et toute la cité avec lui… Pourquoi ne pourrait-il pas les faire changer d’avis
? Pourquoi n’aurait-il pas le moyen de prouver aux autres la vérité de ses
dires ! Inutile… Seul maintenant comptait Amélia !
Il alla lui parler, longtemps… Toute la nuit ils s’entretinrent, songeant à
eux, à leur amour… Mais dès que Charles sortait l’idée d’un voyage, elle se
rétractait, se taisait… Finalement, il comprit que rien ne la ferait changer
d’avis… Tout dépité, malheureux, il songea soudain au seul moyen de la sortir
de là… Il lui fallait l’enlever. Plus facile à dire qu’à faire… Il s’apprêta à
lui reparler, quand il se rendit compte qu’il était à nouveau dans la grande
bibliothèque… L’empereur était assis sur un large fauteuil, deux statues de
soldats à ses côtés. Il prit la parole en premier :
- J’irai droit au but. Donc pour répondre à tes questions et à tes espoirs,
non, elle ne s’est pas aperçue de ton absence, et ce pour la bonne raison que
tu n’es pas absent.
L’empereur tendit une sorte de cube en verre au travers duquel Charles reconnut
Amélia qui lui parlait… Lui répondait, normalement, comme si de rien n’était…
- Donc, continua l’empereur, tu n’as pas réussi à les convaincre… Bien, je
savais que vous n’aviez pas changé en si peu de temps… Toutefois, il est un
fait notable : Vous avez légèrement évolué ! Bon, pour ce qui est de toi, sache
que tu as ma faveur, et que celle-ci vaut de l’or ! Ainsi, je te permets de
t’enfuir de mon piège, mais seul. Tu seras un puissant guerrier, je
m’occuperais personnellement de cela ! Je ferais de toi un puissant seigneur,
qui sait, un champion peut-être! La vie t’est ouverte ! Tu seras immortel !
Fuis maintenant et obéis-moi ! C’est la seule solution pour que tu survives !
Charles avait peur, mais ce qu’il venait d’entendre incita des paroles qu’il ne
se serait jamais crut l’audace de dire en pareilles circonstances :
- Monseigneur, je ne fuirai pas ! Aucun homme digne de ce nom ne fuira jamais
devant vous ! Vous êtes perfide, cruel, l’incarnation du mal ! Mais par-dessus
tout, vous êtes un lâche comme on en fait plus ! Et je ne sers pas les lâches !
À ces mots, l’empereur fulmina !
- Comment ! Sais-tu à qui tu parles ! Je suis l’empereur ! Omnipotent et à
l’égal des dieux ! Je peux tout et personne ne peut rien contre moi ! Immortel,
ma volonté prime sur celle de tout autres ! Je suis l’empereur et quiconque ose
s’attaquer à moi doit périr !
- Monseigneur, ce sera comme il vous plaira, j’ai dit ce que j’avais à dire et
je vous prouverai que nous ne sommes pas aussi faibles que vous le croyez !
Maintenant, renvoyez-moi.
Il était de nouveau devant Amélia, l’air amusé car le dernier souvenir qu’il
avait de cette entrevue était le visage rouge de colère de l’empereur ! Il
allait lui montrer qu’il sous-estimait les hommes. Qu’il le sous-estimait !
Se levant d’un bond, au grand étonnement d’Amélia, il se dirigea vers la porte
en criant :
- Ne t’inquiète pas, tout va bien, je m’occupe de tout.
Tout le monde s’affairait. Ils s’affairaient d’ailleurs
contre leur gré, mais personne n’avait osé se mettre en travers de Charles, et
quand celui-ci exigea le culte, la lueur dans ses yeux suffit à enlever toute
idée d’opposition à ses adversaires ! Seul Sigmund ne travaillait pas à
l’édification de la statue, se contentant de mépriser toute cette populace
servile… Il jeta un coup d’œil vers le balcon où Charles disutait avec Armand.
Soudain, une pensée lui traversa l’esprit. Une pensée qui n’était pas de lui,
certes, mais une pensée qui lui plaisait et qu’il prendrait un malin plaisir à
exécuter… Sur la terrasse, la discussion continuait :
- Charles, mon petit Charles, que t’es t’il donc arrivé ? Tu les as tellement
effrayé qu’ils sont prêts à faire tes quatre volontés ! Tu n’as jamais été
comme ça ! D’où te vient cette profonde ardeur qui nous soumet tous ?
- Mon cher Armand, je ne sais pas ! La seul chose que je suis certain de
savoir, c’est que si la statue n’est pas finie et le rite pas exécuté avant
minuit, nous serons tous perdus, et je ne m’avihilerai jamais à une telle
défaite ! J’ai défié le fondateur, je n’ai pas le choix… Il faut employer les
grands moyens !
- Mais, répliqua Armand, si ton histoire est vraie, ce qui se peut bien que ce
soit un peu dur à croire, alors crois-tu vraiment que l’empereur tiendra parole
! Et même s’il le fait, crois-tu que nous partirions ? Pour aller où ? Pour
faire quoi ? Nous sommes enférmés dans ce piège de délice qu’est Eden ! Trois
ans de plus ou de moins, ça ne fait pas une grosse différence…
- Tant pis, ce sera toujours trois ans pour réfléchir !
Minuit approchait. Charles attendait. La cérémonie avait été executée, malgré
un certain laissé aller… La statue était finie, malgré des détails un peu
grossiers… Il attendait que minuit arrives… Il attendait de pouvoir faire
déchanter l’empereur ! Derrière lui, les autres marmonnaient, mais il n’en
avait cure… Minuit sonna !
Minuit arriva ! À ce moment même, la tour de l’empereur
s’illumina, dispensant un large faisceau rouge qui donnait au ciel un aspect de
sang… Au loin retentirent les hurlements de l’armée Skaven ! Sortit de nul
part, cent cavaliers tout de noir armurés prirent position autour de la
population, précédant un énorme char tiré par huit licornes. Dessus trônait
l’empereur. Celui-ci commença :
- Bien, je vois que tu as réussi ton défi… Le culte a été fait, la statue est
érigée, oui, vraiment, tout va bien ! Mais, je pense devoir vous annoncer vos
trois ans de répit, c’est bien cela ?
- Monseigneur, c’est ainsi, vous avez perdu… Que puis-je dire d’autre ? Vous
êtes lâche et vous vous croyez surpuissant, mais nous sommes la preuve de votre
échec !
Ces paroles, Charles ne les avait pas dites volontairement ! D’ailleurs, il
n’avait ressentit aucun besoin de parler… La réaction de l’empereur fut prompte
!
- Tu te moques ! Eh bien soit ! Tu vas voir ce qu’il en coûte de défier
l’empereur ! Regarde derrière toi.
Se retournant, Charles aperçut Amélia, prisonnière de Sigmund qui tenait sous
ce cou chérit une lame d’acier. L’empereur éclata de rire :
- Mon pauvre garçon… Te voilà bien désemparé ! Mais ne t’en fais pas, je peux
tout arranger… Il suffit que tu partes de cette cité, me laissant du même coup
le droit de la détruire, et je peux t’assurer qu’elle vivra… Comme esclave… Ah,
tu ne dois pas t’en faire pour elle, elle ne devra que servir le repas… Rien de
bien sorcier… Si l’idée te prenait de refuser mon offre, je la tue !
- Votre plan n’aboutira pas ! Sigmund ne la touchera pas ! Vous ne contrôlez
plus rien ici !
Et comme par magie, Sigmund relâcha l’emprise puis, jetant un regard de haine
vers Charles, se suicida ! Amélia se jeta dans les bras de ce dernier qui,
d’ailleurs, toisait avec impudence le regard de rage de l’empereur !
Celui-ci fit un geste, ordonnant à ses cavaliers de se retirer. Ceux-
commencèrent à gravir le ciel, comme s’il se fut s’agit d’un escalier, suivit
du char. L’empereur cria :
- Votre conduite sera punie ! Mes skavens ne feront qu’une bouchée de votre
misérable petite ville ! Je vous tuerai tous, jusqu’au dernier ! Telle est ma
volonté, et elle s’accomplira !
Dès lors, tout se passa très vite… Les skavens se mirent à charger, mais des
créneaux sortirent des sortes de fantômes décochant une pluie de flèches
mortelle en direction des rats, brisant leur assaut. Du haut de la tour bordant
la porte, une vive lumière se créa pour finalement se transformer en un rayon
qui alla s’abattre sur ce qui restait de l’armée, l’anihiliant. L’empereur, de
dépit et de colère fit se créer une gigantesque boule de feu qui fonça
s’écraser sur Eden. Au contact avec le sol, la sphère explosa, rasant tout…
Regardant le vide créer par sa fureur, l’empereur, satisfait, repartit vers les
cieux pour aller savourer cette victoire. Cette fois-ci, il avait sut maîtriser
les évènements quand ceux-ci lui avaient échappés ! Il se congratula !
S’il avait put voir, huit kilomètres plus loin, Charles, Steven, Amélia, Armand
et tout le village, sain et sauf ! Mais cette hypothèse ne doit même pas être
prise en compte ! L’empereur s’aveuglait d’une pseudo-victoire et ses
pseudos-victimes, elles, vivaient et vivront encore longtemps… Dans les limbes,
un dieu souriait !