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Chapitre 1: des enfants


- Cours, vite!

La voix venait d'un petit gamin pas plus haut que trois pommes, ou plus exactement, que 35,23 pommes telles que celles trouvées dans la cuisine d'une ménagère moyenne de Syldavie, et s'adressait à un autre garçon, plus âgé, plus grand, plus fort, mais qui n'en courait pas moins de toutes ses forces sans qu'on ait besoin de l'y encourager.

- Putain, mais qu'est-ce qui t'a pris?

Le petit n'avait pas le souffle de répondre. Non pas à cause de la course, encore que ce fut un point pertinent, mais parce qu'il ne pouvait s'arrêter de rire.


Les deux compères, deux frères pour être exacts, venaient de mettre le feu au château du duc de Mortepierre et s'étaient presque faits attraper dix minutes auparavant alors qu'ils se croyaient enfin en sécurité, loin dans la campagne. À présent, il ne leur restait qu'une seule issue, qui donnait beaucoup de soucis au grand frère et n'inquiétait pas outre mesure le petit.

- Dans la caverne, c'est notre seule chance! hurla l'aîné.

- Comme tu veux, répondit en riant avec insouciance son cadet.

 

Une flèche se planta dans l'arbre juste à gauche et les deux frères virent au loin la silhouette du duc, venu lui-même se venger, l'arc à la main. La vision leur donna du baume au coeur et ils se dépêchèrent de s'engouffrer dans les fourrés du petit sentier, derrière lesquels ils savaient pouvoir trouver le chemin menant à la caverne et leur salut.

Personne ne les suivrait dans la caverne.

Personne n'y entrait jamais.

Et ce parce que personne ne pouvait espérer y rester en vie.

 

Les hurlements des chiens retentirent une dernière fois lorsqu'ils se jetèrent la tête la première dans la petite ouverture entre les rochers de la falaise et se laissèrent tomber dans le gouffre inexploré. Ils ne risquaient plus rien, même les chiens refusaient d'entrer.

 

Lorsqu'ils reprirent leurs esprits, ils constatèrent qu'ils étaient toujours vivants, qu'ils pouvaient bouger malgré la douleur dans leurs membres et qu'ils parvenaient à s'entrevoir l'un l'autre avec le restant de lumière de la surface qui perçait à travers l'ouverture au-dessus de leurs têtes.

- Tu nous as encore bien foutu dans la merde avec tes conneries... se plaignit l'aîné.

- Hé, c'est toi qui a allumé le feu, je n'ai fait que donner l'idée, lui répondit son frère, tout sourire.

- Tu savais que je ne pourrais pas résister.

- Ben ouais.

 

Ils regardèrent autour d'eux un instant, puis:

- Qu'est-qu'on fait maintenant?

- J'en sais rien, c'est toi l'aîné, c'est à toi de nous sortir de là.

- Je te déteste tu sais?

Le petit le savait, il avait fait les quatre cent coups et jamais son frère ne l'avait laissé tomber. Si ça n'était pas de la haine, il ne savait pas comment l'appeler.

 

Mais un bruit fit cesser la discussion. Ils se retournèrent pour espérer voir à travers les ténèbres, s'apercevant qu'ils étaient des hommes et donc pas nyctalopes, et ressentirent un petit frisson de frayeur leur parcourir l'échine à l'idée de devoir affronter le noir à venir.

Mais la frayeur se transforma en la plus indicible terreur lorsqu'une torche s'alluma sous leurs yeux et qu'ils virent devant eux les visages de trois monstrueux, verdâtres et baveux orques qui les observaient.

Ils hurlèrent.

Tous hurlèrent.

 

Chapitre 2: des orcs

 

- Petites choses, fermez vos bouches! tonna l'un des orques, avec le regard de celui qui va vous tuer si... qui va vous tuer quoi que vous fassiez.

Les deux enfants obtempérèrent sur le champ.

- Des humains. constata le deuxième orc, les yeux dénué de toute flamme d'intelligence mais brillants de cette douce folie qui fait de ces animaux les plus dangereuses des créatures. On les mange? demanda-t-il au troisième.

- Pourquoi tu me demandes ça à moi? répondit le troisième, son visage vert et carré, tout muscle contracté avec un l'air franchement effrayé. J'en sais rien, je veux juste fiche le camp d'ici. Si ça se trouve, ils sont pas bons, ou pire, empoisonnés.

- 'Krase, 'Tuue, faut aussi fermer vos bouches à vous, ça m'énerve! beugla le premier des orcs, qui ne semblait vraiment pas avoir besoin de ça.

 

Le cadet des deux frères, constatant que les orcs ne leur prêtaient plus tant d'attention et voyant une opportunité de tenter le destin une fois de plus se leva et demanda, sur un ton incroyablement posé et sûr de lui:

- Qui êtes-vous, que faites-vous ici?

 

Les trois orcs lui firent face d'un bloc:

- Je suis 'Krase, dit l'orc à l'air bête, sur le ton d'un enfant répondant à sa maîtresse d'école.

- Je s... je suis 'Tuue, répondit, plaintivement, l'orc à l'air effrayé.

- J'suis Dé'trui, répondit le plus imposant des trois. Et toi petite chose, t'es quoi?

 

Le cadet se présenta, puis présenta son frère, expliqua qu'ils étaient des ennemis des humains, parce que les humains les poursuivaient, qu'ils avaient à eux seuls réduit en cendre un château et qu'ils étaient donc aussi forts que des orcs.

La manoeuvre paya et aucun orc ne songea à remettre en question la parole du petit gamin qui leur tenait tête avant autant d'assurance. Au fond, ils s'en fichaient, ils avaient un autre grave problème à régler.

- Si z'êtes aussi forts que vous l'dites, alors avec vous, on va pouvoir casser les os qui bougent là en bas.

Les deux enfants ne comprirent pas qu'il était question de mort-vivants, ils n'avaient jamais entendu parler de telles choses, mais surent d'instinct qu'il valait mieux continuer à jouer le jeu.

- Je n'veux pas retourner en bas. Les os sont trop nombreux, on va pas vivre si on y va. se plaignit 'Tuue.

- T'es la honte des orcs! On y va, on casse tout et après on les mange! Hurla Dé'trui.

Au plus grand dam de son aîné, le petit frère ajouta:

- C'est vrai, il suffit d'y aller, avec nous vous ne pourrez pas perdre.

'Tuue regard le petit enfant comme un petit enfant regarde sa maman.

- C'est vraiment vrai? demanda-t-il? Vous allez nous aider à vaincre les os qui bougent et attaquent?

Le grand frère se sentit l'envie d'étrangler son cadet, mais la présence des orcs et le fait que sa vie dépende du bluff en cours l'en empêcha. Il évalua ses chances de survie et, plus calmement, se prépara à l'idée de se battre contre... des os. À ce stade, il ne savait pas à quoi s'attendre.

- Sûr que c'est vrai. affirma avec toute son habileté à mentir le gamin.

- Alors qu'est-ce qu'on attend? demanda en hurlant Dé'trui. On y va!

 

Et il commença à s'enfoncer avec la torche dans le souterrain d'où les orcs étaient probablement venus. 'Tuue hésita un moment, puis le suivit parce qu'il avait peur de se retrouver dans le noir, 'Krase s'aperçut enfin que ses deux compères s'étaient mis en route et se mit en marche lui aussi, non sans s'être assuré, sans même sembler avoir conscience de ses faits et gestes, que les deux humains passent devant.

 

Chapitre 3: tronchage d'orcs!

 

L'étrange compagnie marcha durant presque trente minutes en suivant la lueur de la torche de Dé'trui qui tenait un train d'enfer en faisant plus de bruit qu'un bataillon de cavaliers en armure sur un lit de branchages avec chacun leur orchestre personnel. Pour le grand frère, cela ne faisait aucun doute, ils ne disposeraient pas de l'élément de surprise. Leur seule chance allait certainement reposer sur les trois orcs, seuls vraiment aptes à se battre. Ou plutôt sur Dé'trui, qui semblait être le seul vraiment dangereux du tas, encore que le regard absent de 'Krase dans son dos lui laissait une indéfinissable mais très étrange, impression.

Puis tous ses sens entrèrent en éveil quand il entendit son petit frère lui dire:

- Frérot, ça commence très mal.

Il connaissait son cadet. Intelligent. Complètement taré, mais d'une rare intelligence. Il avait appris à se fier à ce qu'il disait.

- Pourquoi tu dis ça? On ne sait même pas ce qu'on va combattre.

- On va combattre des os, c'est bien ça? Je n'avais pas compris de quoi ils parlaient. Je ne suis toujours pas sûr d'avoir vraiment compris. Par contre, tu devrais regarder sur quoi tu marches.

 

Et à cet instant, le grand frère s'aperçut, et confirma bien vite en se baissant et ramassant un des objets au sol, qu'il y avait davantage d'ossements que de roche sous leurs pieds. Il comprit ce que son frère voulait lui dire. Les orcs avaient combattu des os, des os qui bougeaient quoi que cela puisse vouloir signifier. Mais les orcs avaient une intelligence trop limitée pour faire le lien entre des os qui bougent et des os qui traînent par terre.

Ce n'était pas le cas des deux enfants.

Ils surent qu'ils étaient tombés dans un piège lorsque la petite troupe déboucha dans une immense pièce au centre de laquelle s'élevait un autel de pierre qu'éclairaient des dizaines de torches aux flammes bleues et fantômatiques.

- Tu sais quoi grand frère... Pour une fois, je suis d'avis de se tirer d'ici vite fait.

- D'accord avec toi l'humain. lui répondit 'Tuue qui faisait déjà marche arrière pour se retrouver face à face avec un crâne humain.

 

Le crâne humain tenait sur une colonne vertébrale, qui était reliée à un bassin que deux jambes en os soutenaient au-dessus du sol. Comme tout crâne, celui-ci semblait rire. 'Tuue n'eut que le temps de se demander ce que le crâne voulait avant de sentir une lame d'acier pénétrer son ventre.

- ON LES ÉCRASE!!! hurla, déchaîné, le terrible Dé'trui en fonçant sur les squelettes qui se soulevaient partout dans la salle dans des ricanements inhumains.

 

Pour le plus petit des deux enfants, les choses tournèrent vite au cauchemar. Il avait l'habitude des ambuscades, des coups fourrés, s'était déjà fait rouer de coups et avait fini une fois dans une geôle, mais la vue des morts qui se levaient pour venir le tuer, c'était autre chose, ça dépassait sa folie et son cynisme, ça le poussait, pour la première fois dans son existence, à considérer que les prêtres n'avaient pas raconté que des bêtises.

Et surtout, il s'inquiéta pour la première pour sa vie.

 

Derrière lui, 'Tuue, qu'un seul coup d'épée ne pouvait tuer, se débattait en criant comme il le pouvait, dans de grands mouvements désordonnés et effrayés. Loin devant, déjà sur l'autel, Dé'trui semblait dominer le combat en fauchant de larges groupes de mort-vivants en utilisant l'un des squelettes comme massue.

Soudain, il entendit un grand bruit à sa gauche, comme une charge de cavalerie et vit, ce que peu d'humains peuvent prétendre avoir jamais vu dans leur vie, 'Krase lui passer devant en fauchant tout sur son passage en déployant une énergie destructrice que seuls les orcs les plus dangereux peuvent jamais dévoiler.

 

Mais les orcs se battaient pour eux et trois squelettes s'approchaient déjà du petit enfant qui commença à calculer ses trajectoires de fuite. Dans un saut, il évita une première épée. Dans une roulade, il laissa une pique se planter derrière lui. Trois autres squelettes entrèrent dans la bagarre et rendirent l'esquive plus difficile. Le petit enfant n'en pouvait plus de s'en vouloir d'être aussi impuissant dans une telle situation et eut une pensée pour son grand frère qu'il avait entraîné dans ce piège, et qui devait être probablement mort à cet instant. Mais comment aurait-il seulement pu imaginer ?

Le crâne d'un des squelettes attira soudainement toute son attention. Les deux yeux vides le fixaient. Au fond du vide, une intelligence semblait résider qui disait: "Je te tiens". Et il n'eut pas le temps d'esquiver lorsque la lame s'abattit sur lui.

- Tiens bon, j'arrive!

Une autre épée s'interposa, celle de son grand frère. C'était bien lui, le grand frère qu'il avait toujours connu, grand, fort, incroyablement fort. D'un mouvement circulaire, l'aîné détruisit la cage thoracique des assaillants, fit sauter la tête de deux squelettes dans un enchaînement de coups magnifiques, puis prit le temps de demander:

- Tu vas bien frérot?

Le petit lui sourit, fier de son frère.

- Je vais bien, merci d'être là.

- Je serais toujours là, tu sais bien. Lui répondit son grand frère avant de reprendre son massacre de mort-vivants. Trouve une cachette, vite, c'est pas gagné ici.

 

Comprenant qu'il risquait d'être un fardeau pour son frangin, le petit enfant se mit à ramper en direction d'une alcôve dans la paroi de la caverne. Attirés par les cris et la destruction de ses compagnons, les squelettes ne semblèrent même pas lui prêter attention. Il parvint à joindre l'alcôve en un seul morceau et contempla la bataille.

Comme l'avait dit son frère, ce n'était pas gagné.

 

Devant l'entrée de la pièce, par là où ils étaient venus, 'Tuue était seul, face contre terre, percé de toute part. Trop d'adversaire, trop de peur pour combattre, il s'était laissé tuer pour mettre fin à la souffrance.

 

'Krase combattait toujours. Ou plutôt essayait. Il ne semblait pas comprendre et se débattait dans tous les sens malgré la perte de ses deux bras. Il se laissait tomber sur des squelettes qu'il écrasait littéralement. Mais pour chaque adversaire qu'il détruisait, trois morceaux de métal, épée, pique, fourche, s'enfonçait dans son énorme masse. Il ignorait être déjà mort et c'était l'unique raison qui le faisait encore se mouvoir.

 

Dé'trui attirait à lui presque tous les squelettes. Il hurlait, hurlait et semblait absolument invulnérable. Tout ce qui l'approchait à moins de deux mètres paraissait se volatiliser dans un éclair. Il déchaînait l'enfer dans un rugissement sorti tout droit des enfers.

 

Inquiet, le petit enfant chercha partout son grand frère, sans le trouver.

- Viens, on y va!

C'était son frère, qui avait longé le mur pour venir le retrouver. Il tenait toujours la lourde épée à sa main et son épaule gauche saignait d'un coup reçu plus tôt. Plus grave, du sang s'échappait d'une taillade reçue au bas-ventre. Malgré tout, il parvenait à sourire pour ne pas inquiéter son cadet.

- Viens, répéta-t-il, le cinglé attire tous les monstres, il faut qu'on en profite pour se tirer.

Le petit ne se le fit pas dire deux fois. Mais juste au moment de se mettre à suivre son grand frère, il s'empara de deux petits morceaux d'os pointus, dans l'idée de s'en servir comme arme si la situation devait l'exiger. Il refusait d'être impuissant une nouvelle fois.

 

Chapitre 4: tronchage d'humains

 

Ils se faufilèrent par un autre couloir en laissant derrière eux la grande salle et les squelettes. À toute vitesse, ils parcoururent les couloirs, le dédale de galerie sans jamais savoir où ils allaient mais avec la certitude de devoir avancer. Pour le petit garçon, seul comptait de ne pas se laisser distancer par son grande frère et, plus important encore, ne pas le ralentir.

 

Ils traversèrent des ponts qui surplombaient des vides immenses d'où s'échappaient des sons que rien ne saurait décrire avec justesse, se perdirent de nombreuses fois dans des couloirs entremêlés et montèrent puis descendirent un nombre important de pentes et d'escaliers.

 

À plusieurs reprises, ils évitèrent des patrouilles. Des monstres qu'ils n'avaient encore jamais vu, des araignées géantes, de tout petits orcs, dont ils ignoraient qu'il s'agissait de gobelins, et une fois une gigantesque créature sur six pattes dont il vaut mieux tout ignorer.

 

Ils finirent par perdre l'espoir de jamais rejoindre la surface et se résignèrent à l'idée de mourir dans cette caverne maudite. Par chance pour eux, il existe réellement des dieux dont le moindre évènement sortant de la normal peut parfois attirer l'attention car ils s'ennuient grandement. L'un d'eux prit probablement les deux enfants en pitié et ils sentirent alors l'air frais de la surface.

Il provenait d'une fissure qui diffusait une légère lumière et à peine assez grande pour que l'on puisse s'y glisser. Le "à peine assez" paraissait largement suffisant aux deux enfants qui n'en espéraient plus tant.

- Toi d'abord. dit l'aîné.

- Non, toi. lui répondit le petit.

Son grand frère lui sourit.

- J'aimerais bien venir en premier, mais tu es plus petit, tu as plus de chances de passer, c'est pour ça que je veux que tu y ailles d'abord.

 

C'était logique et le petit ne se sentait pas vraiment l'envie de discuter. Il s'empressa d'entrer dans la fissure et commença à avancer péniblement. Plus loin, la fissure s'élargissait et il aperçut clairement la lumière du jour.

- Je suis passé, tu peux venir.

Il vite son grand frère grimper lui aussi dans la fissure et entreprendre de se glisser entre les rochers, ce qui était pour lui beaucoup plus compliqué de par sa grande taille. Mais il avançait malgré tout.

Puis il s'arrêta et son visage prit une expression totalement différente, mêlée de tous les sentiments possibles avec, en premier lieu, l'impression de demander: "Pourquoi tu ne m'as pas aidé?"

La voix de Dé'trui retentit:

- Je te tiens, l'humain, t'es à moi maintenant!

Et il tira sur sa prise, extirpant l'aîné du trou en un coup, non sans qu'il y perde de nombreux morceaux de peau au passage comme tribu aux rochers.

Le cadet entendit le bruit mat du corps de son frère que l'orc balançait vigoureusement contre les rochers, puis un énorme craquement qui n'augurait rien de bon.

 

Dé'trui en avait fini avec le plus grand des deux humains. Il venait de le briser et de le démembrer, pour être sûr. Mais il sentait l'air de la surface et entendit les cris étouffés du plus petit, ce qui le rendait complètement fou de rage.

- J'ai détruit tous les squelettes, t'entends? Je les ai tous détruits, je suis le plus fort, je vais te détruire aussi!

 

Le cadet regarda les deux petits ossements dans ses mains. Il songea à repasser la fissure et s'imagina se battre comme seul l'aurait pu son grand frère. Ou simplement à mourir maintenant qu'il était seul.

La roche se mit à trembler autour de lui et il prit peur. Dé'trui avec entrepris d'élargir la fissure avec une frénésie hors du commun. Il se jetait contre la pierre de tout son poids, tirait sur la roche, frappait et semblait devoir faire voler la pierre en éclat à tout moment.

 

Comprenant qu'il ne restait rien d'autre à faire, le petit enfant emprunta le passage et regagna la surface.

Sans encombre.

 

Chapitre 5: Parce qu'on se paie votre tronche

 

Il aurait fallu s'éloigner du trou. Mais le petit enfant n'en avait pas la force. Il n'en avait pas l'envie surtout, ni l'intérêt. Mourir ne l'inquiétait plus. Il aurait voulu revenir en arrière et retrouver son grand frère. Abandonner leur drôle de vie et se poser quelque part où le monde ne serait pas dangereux. Retrouver leurs parents peut-être.

 

Il se leva en contemplant l'horizon plat devant lui. Le soleil était encore haut et le monde paraissaient totalement inconscient de tout ce que le petit enfant venait de traverser.

On dit que les enfants connaissent la vérité. Le petit sut intérieurement qu'il ne lui restait plus qu'à continuer son chemin, peu importe où cela devait le mener.

 

Il souleva ses os et se mit à marcher, sans but ni raison d'être, comme un mort, mais vivant.

 

Chapitre 6: épilogue

 

- Hé frérot, tu ne m'attends pas?

Le petit enfant se retourna d'un bloc et lâcha ses deux ossements, retrouvant soudainement toutes ses sensations et son inépuisable soif de vivre. Il vit son frère qui s'extrayait du trou.

 

Il était couvert de blessure, couvert de sang, mais il respirait et souriait. Le petit enfant se jeta sur lui et le serra dans ses bras.

- Tout doux, lui dit son grand frère avant de reprendre son souffle. Il va me falloir un moment avant de pouvoir marcher je crois.

- Je vais trouver un moyen, tu vas voir, j'en trouve toujours un. lui dit son petit frère, fou de joie.

- Je sais, t'en trouves toujours un. T'es le plus malin de nous deux.

 

L'aîné expliqua alors comment il était parvenu, non sans mal, à crever les yeux de l'orc lorsque ce dernier l'avait extrait de la fissure. S'en était suivi un violent échange de coup jusqu'à ce que l'humain parvienne à récupérer son épée et couper la main qui le tenait. Comme l'orc avait perdu l'autre contre les squelettes, il eut beaucoup de facilité, à partir de ce moment, à s'échapper. L'orc, complètement fou, s'était jeté contre les rochers dans l'espoir fou d'écraser son adversaire. Il avait fallu à l'aîné attendre presque vingt minutes pour que Dé'trui s'arrête de bouger, ce que seule une effroyable perte de sang était parvenu à provoquer.

 

Ensuite, il était retourné dans la fissure et s'était tiré jusqu'à l'ouverture.

Le cadet ne trouvait pas de mots pour exprimer ses émotions. Son grand frère était incroyable. Il avait toujours été incroyable, mais il ne s'était pas attendu à ça.

- Je crois que je vais pouvoir me déplacer en fait, dit l'aîné, en se soulevant avec l'aide de son petit frère.

C'était à peine vrai, dans la mesure où il parvint tout juste à poser un pied au sol et à sauter avec l'aide de son cadet. Mais c'était suffisant pour l'instant.

- Et maintenant petit frère?

- Et maintenant grand frère?

- Avançons tout droit, on verra bien.

 

Et ils commencèrent à cheminer. Mais après un certain temps de silence, le grand frère lâcha le mot de la fin, une pensée qui lui restait d'avant même qu'ils ne mettent le feu à ce fameux château ce jour là.

- Tu sais petit frère, faudrait vraiment qu'on te trouve un nom un jour, un vrai nom je veux dire, pas un faux pour les combines.

- À toi aussi grand frère, à toi aussi... lui répondit le petit en rigolant, tandis qu'ils se dirigeaient tous deux vers l'horizon.

 

Chapitre 7: FIN

 

FIN !

 

(vous vous attendiez à quoi?)

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