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Le vent glacial de Naggaroth balayait férocement la morne et triste plaine de l’araignée.

Malgré la terrible bise environnante, Danakail ne semblait nullement souffrir du froid. Protégé par son épaisse cape en peau de dragon des mers, il regardait calmement l’armée des asurs qui était déployée face à lui. Vraiment il ne comprenait pas ses ennemis, les récents exploits d’Eltharion l’aveugle les rendaient-ils donc si téméraires ? Se sentaient-ils forts au point de vouloir livrer bataille en Naggaroth ? Il avait du mal à l’admettre mais il ressentait presque de l’admiration pour ces fous qui partaient à une mort certaine. Ils s’étaient enfoncés si profondément à l’intérieur des terres qu’ils ne pouvaient compter sur aucun renfort ni aucune retraite possible. Enfin c’est leur problème songea-t-il , Malekith lui avait confié une mission et il comptait bien l’accomplir. Aucun Haut elfe ne devait survivre. Le roi sorcier avait déjà confié de nombreuses missions à Danakail et à chaque fois il ne l’avait pas déçu.

L’Ost de Danakail était désormais connu à Naggarond, car il comptait des chars à sang froid et des hydres de guerre. Les hauts elfes semblaient prendre une position défensive autour d’une colline. Les archers de Cothique, Les auriges de Tiranoc sur leurs magnifiques chars, les terribles maîtres épées de Hoeth et les puissants heaumes d’argents se tenaient prêt pour la bataille. Danakail était perdu dans ses pensées quand son lieutenant , un jeune noble du nom de Kelthar lui demanda :

« - Excusez-moi mon Seigneur mais il semble que les asurs prennent une position défensive autour de la colline, quelle disposition devons nous prendre ? demanda-t-il prudemment .

- Leur positionnement est très astucieux Kelthar. Ils pourront nous cribler de projectiles avec les balistes à répétition et les archers et avoir une puissante force de contre-attaque avec les chars et les heaumes d’argents. Mais ils ont fait une erreur tactique de taille. Ils n’ont pas profité de la forêt. Bien, dis aux lanciers de se tenir au centre de nos lignes, les hydres et les chars les soutiendront, quant aux cavaliers noirs, qu’ils aillent s’embusquer dans la forêt, et qu’ils frappent au moment qu’ils jugeront opportun.

-Bien mon seigneur, répondit Kelthar. »

Kelthar s’éloigna sur son lourd char et s’en alla donner les ordres de Danakail à l’ensemble des troupes. Une fois les instructions données, Danakail arrangua ses troupes :

« Aujourd’hui vous allez vous battre contre nos ennemis de toujours. Souvenez-vous du massacre d’Anlec, souvenez-vous de l’ingratitude de nos anciens frères envers Naggarythe et notre seigneur Malekith, alors que tout Ulthuan nous est redevable. Frappez vos ennemis avec l’acier de vos lames et la haine de vos cœurs. Que Khaine le seigneur du meurtre guide vos bras. KHAELA FURDIEKH MENSHA FARMIEKH KHAINE !! »

Toute l’armée reprit en cœur ces dernières paroles, et se mit en marche, prête à débarrasser Naggaroth de la présence des asurs. Danakail se tenait maintenant debout sur son char à sang-froid, et au fur et à mesure que l’armée avançait il sentait son sang bouillonner et l’ivresse des combats à venir s’emparer de lui. Les sangs froids semblaient heureusement ce jour-là faire preuve d’une remarquable lucidité ce qui n’était pas pour lui déplaire. Les druchiis étaient désormais à portée de tir, les hauts-elfes concentraient leurs tirs sur les hydres, et si les flèches semblaient n’avoir aucun effet sur les monstres titanesques, les projectiles des balistes les blessaient profondément. Rendue incontrolable par la douleur qu’elle éprouvait une des deux hydres s’en alla à l’opposé de l’armée elfe noir, et cela aux grand dam des apprentis maîtres des bêtes qui savaient quelle fin les attendaient quand ils seraient revenus à Naggarond.

Voyant l’hydre qui quittait la zone des combats, Danakail eut un accès de rage et se jura de châtier personnellement ces maîtres des bêtes incapables une fois la bataille terminée. Des exclamations de joie s’élevèrent des rangs des hauts-elfes lorsqu’ils virent que les Druchiis ne contrôlaient plus le monstre. Les servants des balistes déchaînèrent la puissance de leurs machines sur les lanciers elfes noirs, les multiples traits acérés qu’elles projetaient, perçaient sans mal les fines cottes de mailles. Les tirs précis et continus étaient dévastateurs. Un des régiments de lanciers avait perdit près de la moitié de ses effectifs. L’herbe givrées de la plaine était maintenant inondée par un fleuve pourpre ...

 

Les hauts-elfes reprenaient espoir. Le commandeur Kevalis qui commandait l’Ost d’Ulthuan ordonna la contre-attaque, les chars de tiranoc chargèrent de plein fouet les lanciers qui avaient déjà perdu nombres des leurs. Quant à Kevalis il chargea l’hydre restante à la tête de son unité de heaumes d’argents. Danakail sentait que la maîtrise de la bataille lui échappait et il détestait cela. Il décida donc que lui et son unité de char chargeraient les terribles maîtres des épées de Hoeth. Le combat serait difficile mais la seule façon de redonner espoir à ses troupes était d’écraser l’élite adverse. Les chars de tiranoc massacrèrent deux unitées de lanciers avec une facilité déconcertante, mais leurs assaut fut stoppé par la dernière unité qui avait eu le temps de former un mur de bouclier. Cette formation défensive marcha si bien que les chars hauts-elfes perdirent tout l’impact de leur charge et se retrouvèrent bloqués dans un corps à corps qu’ils n’avaient aucune chance de gagner sans soutien. Kelthar qui occupait le flanc gauche de l’armée Druchii en profita pour charger avec son unité de char à sang-froid. Les vaillants guerriers de Tiranoc furent tous broyés et déchiquetés sous les roues et les faux d’airain ...

 

Kevalis menait courageusement la charge des heaumes d’argents, ils n’étaient plus qu’à environ deux cents mètres de l’hydre et le commandeur se demandait comment percer les plaques osseuses du monstre. En effet celles-ci étaient si épaisses qu'elles semblaient aussi dures qu’une armure en fer météorique. Kevalis avait déjà affronté les Druchiis à maintes reprises mais il n’avait jamais vu d’hydre auparavant. Voyant la charge de cavalerie lourde qui arrivait sur eux les apprentis maîtres des bêtes incitèrent l’hydre à utiliser son souffle corrosif. Six coup de fouets cloutés sur l ‘échine et une brûlure au fer blanc, étaient utilisés en guise d’instruction.

À peine eut-elle reçu ces signaux douloureux que L’hydre remplit son immense cage thoracique et ses quatres têtes crachèrent un immense nuage de gaz toxique. L’effet fut immédiat. Nombreux furent les chevaux à mourir étouffés sur le coup, quant aux autres effrayés par la mort violente de leurs semblables, ils s’enfuirent à bride abattue malgré les injonctions de leur cavalier. Kevalis se retrouvait seul face à l’hydre, Faernil son fidèle coursier avait retenu sa respiration en traversant le nuage toxique et les liens qui l’unissaient à Kevalis depuis un siècle étaient si fort que jamais il n’aurait désobéi à son maître. Il serait fidèle jusque dans la mort. Kevalis savait qu’il n’avait aucune chance de vaincre l’hydre mais il ressentait le besoin d’aller tout de même l’affronter, cette fin serait pour lui la confirmation de ses convictions. Ainsi ils verront que tous les Asurs préfèreront mourir les armes à la main plutôt que de se soumettre à Malékith, songea-t-il. Il caressa l’encolure de son cheval et lui demanda : « Es-tu prêt Faernil ? »

Le coursier lui répondit par un hénissement grave.

« Bien, tu vas montrer à cette vile engeance la valeur des chevaux d’Ellyrion. Que cette dernière charge soit la plus rapide vieux compagnon ! »

Kevalis leva les yeux au ciel et lui murmura :

« Isha, préserve mon âme des tourments éternels. »

Kevalis leva son épée et donna un petit coup sur les flancs de Faernil. La charge fut rapide, Faernil galopa comme il n’avait jamais galopé, il filait comme le vent, comme les vagues se brisant sur le rivage, comme l’avalanche qui dévale la montagne. Il était le calme et la tempête à la fois.

Kevalis voyait toute sa vie défiler dans sa tête, son enfance à Lothern, la colère de son père lorsque dans sa jeunesse il avait décidé de quitter Ulthuan pour découvrir le vieux monde, le début de sa carrière millitaire à Tor Yvresse, la rencontre de sa femme, la naissance de son fils, sa rencontre avec Eltharion, les campagnes contre Grom la panse. Tous les évènements de son passé qu’ils soient anciens ou récents lui revenaient dans la tête. La décision qu’il avait prise avec ses soldats de partir combattre à Naggaroth, suite à l’exploit qu’avait réussi Eltharion. La nouvelle de la blessure du Roi Sorcier de la lame de l’illustre aveugle s’était répandue comme une trainée de poudre dans tout Ulthuan. Et bien que l’état major condamnait unanimement les raids suicide sur Naggaroth, nombreux étaient les jeunes elfes à vouloir suivre la voie d’Eltharion. Au début Kevalis réprouvait ce sacrifice de vies inutiles mais après que son père soit tombé les armes à la main contre les Druchiis, il n’éprouvait plus qu’un désir de vengeance irrépréssible.

Mais maitenant il regrettait d’avoir conduit tous ces jeunes elfes à la mort dans cette contrée glacée. Le rugissement de L’hydre le ramena à la réalité. Faernil esquiva adroitement le coup de queue du monstre. L’hydre n’était pas très rapide mais les quatre têtes tapaient toutes à des endroits différents, ce qui faisait qu’il était extrèmement difficile d’éviter les assauts du monstre. Kevalis trouva de nombreuses ouvertures au ventre mais celui-ci était trop bien cuirassé. Il frappa alors l’une des quatre têtes et celle-ci vola à plus de dix pieds de hauteur, mais dès que la tête fut sectionnée une projection d’acide lui brûla les yeux. L’acide ruisselait sur l’armure du commandeur sans causer trop de dommage, mais elle avait réussi à s’introduire par les fentes du heaume. Kevalis ne voyait plus rien, la douleur était atroce, il avait envie de hurler mais il avait déjà perdu connaissance ...

 


 

Danakail tira sa Draich de son fourreau, elle brillait d’un éclat noir malsain. Cela semblait vouloir dire qu’elle réclamait du sang. Il lui dit : « N’aie aucune crainte bientôt ta soif sera étanchée. » Les grondements des lourdes roues des chars à sang-froid étaient semblables au tonnerre les jours d’orage. Les maîtres des épées se préparaient stoïques, à recevoir la terrible charge. L’impact fut terrible, toute la première ligne des maîtres des épées fut balayée. La Draich de Danakail entama sa danse macabre, les têtes des hauts-elfes roulaient sur le sol dès quelles étaient touchées. C’était dans ces moments-là que Danakail appréciait son entrainement au sein de l’ordre des éxécuteurs.

Malheureusement il se rendit vite compte qu’ils étaient trop peu nombreux pour pouvoir espérer l’emporter, l’impact de la charge passé les maîtres des épées de Hoeth reprirent le dessus. Ils étaient un corps d’élite et leurs capacités martiales leur permettaient de surclasser les auriges Elfes Noirs sans difficulté. Danakail savait qu’il serait dépassé sous le poids du nombre mais il jura d’en emporter le plus possible avant de mourir. Il avait perdu tout espoir quand il entendit le son d’une trompette. Des clameurs s’élevèrent de son unité : « Les cavaliers noirs ! Loué soit Khaine ! Nous sommes sauvés ! » Ils sortaient maintenant du couvert de la forêt prêts à frapper les flancs des maitres épées. Ils fondirent sur les hauts-elfes comme les ténèbres qui dévorent le soleil. Danakail laissa échapper un soupir de soulagement, et la danse macabre reprit de plus belle ...

 

La lumière des braséros éclairait faiblement la tente de Danakail, mais la lumière tamisée ne le gênait nullement. Il buvait tranquillement une coupe de vin, il n’avait jamais goutté un vin aussi délicieux, même aux banquets du roi sorcier. Oui, le vin d’Ulthuan était un véritable nectar, il avait du bouquet et du corps à un point inimaginable, un vrai délice pour le palais songea-t-il. Il fut interrompu dans sa dégustation quand un garde entra dans sa tente.

« Mon seigneur, nous vous avons amené le prisonnier comme vous nous l’avez ordonné.

 Bien, faites le entrer »

Les gardes jettèrent aux pieds de Danakail un Haut Elfe aveugle et ligoté. Les gardes lui tranchèrent ses liens et se retirèrent. Danakail prit la cruche qu’il avait posé sur sa table de chevêt et versa le vin dans une coupe. Puis il s’assit sur son sofa et dit calmement :

« Commandeur Kevalis, premier capitaine de la garde de Tor Yvresse. Quel honneur de vous rencontrer ! s’exclama t’il d’un ton narquois. Un peu de vin ? Vous devez être assoiffé après une telle bataille »

Il porta la coupe aux lèvres de Kevalis et lui versa le vin. A peine Kevalis eut-il le vin dans la bouche qu’il le recracha au visage de Danakail. Celui ci s’essuya le visage et dit :

« Quelle comportement héroïque ! Les bardes de la cour du roi Phénix chanteront pendant des siècles votre bravoure et votre mort à Naggaroth, ricana t-il. »

Kevalis souffrait le martyr mais il resterait digne face à la mort, jamais il ne s’abaisserait à implorer la pitié d’un Druchii.

« Mais je vous fais une confidence Commandeur Kevalis, premier capitaine de la garde de Tor Yvresse. Vous n’allez pas mourir, non ce serait trop bête surtout que maintenant vous allez devenir une légende. Non je vais vous renvoyez à Lothern, ainsi les asurs verront quel sort attend ceux qui se prennent pour Eltharion. Mais avant Commandeur je veux garder un petit souvenir de vous »

Danakail prit sa Draich et lui sectionna le bras droit. Kevalis ne laissa pas échapper un seul cri, il s’était mordu les lèvres jusqu’au sang pour ne pas crier. Danakail rappella les gardes

Et leur dit : « Qu’un bateau le ramène à Lothern » Alors qu’il chevauchait en direction de Clar Karond là ou était basé la flotte Druchii, Kevalis se jura qu’il vengerait un jour ou l’autre tous les fils D’Ulthuan tombés sur cette terre maudite...

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