Un guerrier d’un blanc éclatant, purifié, assis sur ses genoux. Devant lui, planté en diagonale dans l’air, un sabre de nuit à la garde d’ange vibre. Une légère vibration pourtant perceptible. Autour de lui s’étend l’air immobile. Dessous, la plaine grise et rocailleuse. Dessus, le ciel gris et morne.
Aucune des mailles de son armure ne bouge, l’immobilité absolue. Seul le vent agite de temps à autre ses fines mèches noires. Son visage est caché, seuls ses yeux restent. Noir abyssal. Ses mains sur ses genoux bougent. Elles esquissent un geste infini vers l’arme devant lui.
Dans le ciel, 12 aigles noirs tournent.
Sur le sol, 12 pierres blanches attendent en cercle.
Dans le feu de l’espace, 12 soleils noirs attendent en cercle.
Sur l’eau, 12 cadavres blancs tournent.
Et, assis au milieu des éléments, flottant au-dessus du monde, attend le Guerrier Blanc.
Alors, venant des 16 Directions, arrivent 12 Dragons noirs.
Formant un cercle, un cercle de mort, ils attendent, entourant le Guerrier Blanc.
Ils attendent et meurent. Un à un, les créatures s’éteignent, disparaissent en un tourbillon de flammes et de noirceur. Ils s’envolent vers le mort, vaincus par le temps.
Les siècles passèrent et tous furent déchus. Tous sauf un. Un qui reste face au Blanc pendant des millénaires. Il restait, infatigable et immortel. Il attendait.
Alors, lorsque 10 000 ans se furent écoulés, Blanc parla :
-Tu es digne.
Aussitôt, Blanc devint un Dragon. Un Dragon blanc. Tandis que Noir se changeait en un Guerrier. Semblable mais tellement contraire à Blanc. Puis, le Dragon, en douze se scinda. Et ils attendirent.
De nouveau le temps fila mais les Dragons ne mouraient. Ils s’unissaient au Blanc originel lorsque force ils n’avaient plus.
Et, de nouveau, 10 000 passèrent avant que Noir ne parle :
-Tu es digne, aussi.
Et Blanc redevint Guerrier.
Tous deux restèrent ainsi, immobiles, face à face. Aucun des deux ne bougeait, ne respirait. Ils attendaient.
Un jour, une plante poussa.
Mince tige aux feuilles frêles, surgissant du néant, poussant sur un nuage, elle sépara les deux Guerrier.
Au début uniforme, la fleur vint à se séparer. Deux branches qui pointaient tout deux en direction d’un Guerrier.
Puis, siècles plus tard, les deux tiges se rencontrèrent de nouveau. Elles s’enlacèrent et s’unirent, se mêlèrent et s’aimèrent.
Alors, naquit une fleur. Une fleur délicate, douce et soyeuse. Les quelques pétales blancs contrastent avec les noirs. Une fleur, tout complexement et simplement.
Enfin, elle s’ouvrit, libérant deux papillons pour finalement se faner et disparaître. L’un noir, l’un blanc. Chacun s’assemble avec son contraire. Ils se posèrent sur le cœur de leur ennemi et s’y fondèrent.
Alors passe le temps.
Noir était noir sauf en son cœur.
Blanc était blanc sauf en son cœur.
De nouveau ils attendirent. Après avoir vu, ils admirèrent.
Enfin, d’autour de leurs têtes poussèrent fleurs et feuilles. Autour de leurs têtes poussa une couronne de fleurs, fleurs blanches et noires. Et elles s’ouvrirent, libérant un océan de papillons gris.
Enfin, ils bougèrent,
Enfin, ils s’unirent,
Enfin, le monde fut.
Fin
Le juste milieu,
Telle est la voie.