Ndlr: Le texte original a été divisé en deux parties pour des raisons qui m'échappent totalement.
Les affaires d’un orc, à savoir rapines, saccages et meurtres, étaient menées à bon train dans le clan des crocs acérés. On pouvait aussi compter sur les destructions systématiques de tous les convois de la région, qui avaient l’audace de passer dans le secteur. Tout ceci ponctuait la vie mouvementée des Crocs Acérés, la horde de Zordral.
Mais plus pour longtemps...
Eh oui !, devant la destruction de tous les convois, le bourgmestre de la ville de Nuln prit la décision de réunir une armée de mercenaires, sous la tutelle du célèbre Bernhardt. Ainsi de nombreux soldats furent recrutés, impressionnér par l’aura qui émanait de cet homme à la renommée tellement grande, qu’on le prenait pour un dieu !!
Le but était on ne peut plus simple : trouver puis capturer ou tuer celui qui détruisait les convois. Mais Bernhardt savait que ce serait suicidaire de partir comme ça à découvert. Il eut l’idée de cacher ses meilleures hommes dans les chariots en vue de prendre par surprise les pillards !
Ils se mirent en route.
Les hommes se préparaient avec ardeur au combat qu’ils allaient mener.
Leur appréhension des combats posa peu de problèmes, après tout ils étaient sous la bannière de l’invincible Bernhardt !
Bien loin de là, et ignorant totalement les projets dont il était l’objet, Zordral discutait avec Gurk son chamane en compagnie de Gardac, le chef des gobelins de la nuit et Grosstêêt celui des orcs, jusqu’à ce qu’un gobelin insolent fasse irruption précipitamment dans la hutte, tout essoufflé.
_" Ou s’ke tu t’croi, toâ ? t’a kru ke té té ché toi issi ?" brailla Zordral, visiblement irrité de cette intrusion inopportune.
_" Je... m’escuz, mais c ... ki a un convoi d’zomm ki s’aproche" dit le gobelin en reprenant son souffle
_" Bon très bien on y va" grommela t-il
Il prit tranche-tete, sa hache enchantée, et partit quérir ses orcs. L’agitation régnait dans le camp, les orcs s’armèrent à la hâte, les gobs criaient et couraient dans tous les sens, l’air complètement affolé, les snotlings les singeaient avec exactitude, pendant que les trolls les regardaient sans comprendre, un rictus stupide collé sur la figure ; et enfin, les orcs noirs regardaient tout ce joli monde avec une bouffée de mépris flagrante, comme à l’accoutumée.
Mais quand la silhouette de Zordral sortit de sa tente et s’apprêta à parler tout redevint calme, et sa Horde s’approcha de lui pour l’écouter attentivement.
Il prit la parole :
_" Y a un convoi d’zomm ki s’raproche dan s’coin, voissi comen sa va s’passer..."
Sa voix retentissait dans les camps tandis qu’il expliquait son plan. Seul le souffle du vent semblait troubler le silence pendant le discours de Zordral. Dans la Horde du clan des crocs acérés, les orcs vouaient à leur chef une admiration quasi-divine et obéissaient aveuglément à ses ordres.
Mais de toute façon si quelqu’un avait à médire sur la véracité de ses propos, l’impertinent se prenait un méchant coup de boule dans la tronche...
Les troupes de Zordral allèrent à la rencontre du convoi d’une marche soutenue. Ils arrivèrent dans un défilé étroit qui surplombait une route sinueuse.
Cet endroit était parfait pour une embuscade pensa Zordral. Des rochers cacheraient les gobelins armés d’arcs, et ses orcs noirs pourraient aisément liquider les éventuels gardes qui escorteraient le convoi. Le calme régnait dans la gorge. Les troupes de Zordral avait peu tendance à se rebeller quand leur chef était parmi eux, son autorité était sans faille.
Tout à coup, un brouhaha de voix humaines troubla la quiétude du défilé.
C’était le convoi.
Des voix humaines se firent entendre. Ils aperçurent en premier les chariots puis le capitaine, un homme immense portant à sa ceinture une lourde épée, son armure blanc et or brillait au soleil, ainsi que le caparaçon de son puissant destrier. Seulement quelques gardes en haillons assuraient la protection du convoi.
Les voix devenaient de plus en plus audibles.
Zordral fit signe aux gobs de se tenir prêts a tirer. Les chariots se rapprochaient de plus en plus, mais il attendit qu’ils soient suffisamment enfoncés dans le défilé pour donner l’ordre d’attaquer.
L’attente était insupportable, et quelques gobs trépignaient de rage de se battre mais une comparaison de crocs suivie d’un grognement de la part de leur chef eut vite fait de les dissuader de lui désobéir...
Les orcs noirs étaient on ne peut plus calmes, presque sereins pourrait-on dire, c’est ce qui les différenciait du restant de la Horde : ils étaient disciplinés pour des orcs.
Le moment venu, Zordral poussa un terrible : _"Chargez, WAAAGH !!!!"
Les gobs tirèrent mais manquèrent lamentablement leurs cibles. Zordral tressaillit, décidément ses gobs n’étaient vraiment pas fiables...
Voyant la masse d’orcs noirs déferler sur lui, un frisson parcouru Bernhardt :
C’était la pire chose qui puisse lui arriver dans cette partie du monde !
Il reprit son sang-froid et dit aux hommes affolés de bien rester dans leurs chariots.
Chaque seconde s’étirait à l’extrème, les orcs noirs se rapprochaient en vociférant et en brandissant leurs haches et leurs épées. Après un laps de temps incroyablement long, Bernhardt sonna la charge de ses soldats.
L’effet de surprise fut tel que les orcs noirs s’arrêtèrent, leur grand chef posa un regard sur Zordral, incertain de la marche à suivre.
Le sang de Zordral ne fit qu’un tour. Il était venu tendre une embuscade, tout ce qu’il y a de plus simple, et maintenant c’était lui qui tombait dans un piège !!
La chance avait tourné et il devait mettre son poids dans la balance. Il prit Tranche-Tete, talonna Swôôg, et fonça vers les humains en hurlant comme un damné : "TCHEC TCHUG !!!" en ralliant ses orcs noirs qui ne savaient plus quoi faire. Leur chef à leur côté les orcs noirs reprirent courage et se jetèrent comme des fauves sur les humains.
En voyant Zordral, Bernhardt cabra son cheval et lança ce dernier à toute vitesse pour l’embrocher de sa lance. Zordral aperçut le cavalier, et surtout sa longue lance en fer pointée vers sa poitrine.
Il tenta de la parer d’un revers de sa hache mais trop tard : le coup fut terrible, la lance parée entra profondément dans l’épaule de l’orc noir, faisant voler son épaulière, et il tomba à la renverse.
Le capitaine quelque peu sonné par le choc ne se retourna pas tout de suite pour l’achever, laissant quelques secondes de répit à Zordral. Il prit de l’élan et fit volte-face, et se lança de toute sa fureur sur Zordral épée à la main pour l’achever.
Zordral se tourna vers Swôôg et lui dit :
_" r’tourn au camp, vite !, j’vai m’okupé d’c’luila."
Swôôg semblait hésiter : il ne voulait pas laisser son ami seul face au danger. Mais il se ravisa et s’enfuit dans la forêt, fauchant quelques humains qui se mettaient en travers de sa route.
Zordral jeta un coup d’œil circulaire autour de lui.
Nulle part où s’abriter.
Le cheval de l’humain fonçait inexorablement vers lui, râclant le sable avec ses sabots, créant des tourbillons de poussière.
Plus bas, Zordral voyait ses orcs noirs se battre sauvagement. De nombreux humains succombaient à la charge dévastatrice de ses unités d’élites. Il se tourna vers Bernhardt, brusquement il plongea et porta un terrible coup de hache dans les pattes de l’animal et fit une roulade sur le côté pour l’esquiver.
Le cheval tressaillit, du sang vermeil coula de ses naseaux, puis toute vie le quitta : il s’effondra dans le sable, propulsant en même temps son cavalier hébété.
Celui ci roula sur trois mètres, se releva tant bien que mal et jeta sur son vis à vis un regard plein de haine.
Un âpre combat allait commencer...
Les deux chefs se tournèrent autour comme des fauves, se dévisageant mutuellement, cherchant une faille. Le cercle se rétrécit peu à peu, et comme un aigle, l’orc noir fondit sur sa proie, et porta un coup à la tête. Bernhardt le para frénétiquement et feinta sur la droite puis rabattit son épée vers le bas, infligeant une blessure dans la cuisse de Zordral. Ce dernier réprima un grognement, et frappa le chevalier d’un coup de revers avec fureur. L’humain para de son bouclier, mais il se fendit dans toute sa largeur sous l’impact de Tranche-Tete.
Bernhardt riposta sans succès. L’orc noir parait tout ses coups. Zordral frappa de taille et d’estoc, l’humain para ses attaques, mais le dernier coup eut raison de son bouclier.
Bernhardt jeta son bouclier avec dédain, et tendit son épée pointe en bas pour parer les attaques de son adversaire et l’inciter à la faute.
Les deux guerriers paraient, feintaient avec une agilité et une souplesse surprenante, rivalisant d’audace et de technique.
Zordral se jeta sur lui, esquiva l’épée de son brassard qui créa une gerbe d’étincelles, feinta sur la droite et mit un terrible coup de revers vers le ventre du chevalier. Pris au dépourvu par la vitesse de cette attaque l’humain n’eut pas le temps de parer, ni même d’esquiver. La lame avait profondément entaillé ses côtes. Le coup porté lui fit pousser un cri de douleur.
Un voile lui obscurcit les yeux, il le chassa de sa paume.
Il releva la tête, une expression farouche y était visible : il allait se battre jusqu’à la mort.
Le sang coulait de sa plaie, et pour la première fois de sa vie, sa bouche se remplit d’un goût métallique : la peur.
Il chassa ses sombres pensées, serra les dents et s’élança sur Zordral. Mais son attaque manqua de précision, Zordral n’eut aucun mal à l’esquiver. Plusieurs attaques de l’humain se perdirent en vain dans la pierre. Zordral le regardait fixement et semblait même le narguer avec un air ironique...
Son ennemi était à bout de forces et ils le savaient tous les deux. Bernhardt respira, rassembla toute ses dernières forces et portant un cor à ses lèvres, il sonna une fois, une seule et puissante fois.
Le son emplit l’air et se répercuta dans la vallée telle une plainte éternelle.
Zordral saisit cette occasion pour contourner son adversaire et d’un preste coup de hache lui coupa les tendons du pied : l’humain tomba à la renverse et lâcha son épée. Il essaya de se redresser mais tomba à genoux.
Zordral lui planta la lame dans la cuisse, Bernhardt poussa un râle. L’orc noir prenait un plaisir sadique à tourmenter ses adversaires, quand il en avait le temps.
L’orc noir lui mit quelque droites dans la gueule de son poing ganté de fer. Avec un regard pénétrant qui ne trahissait aucune émotion, si ce n’est une once de mépris, Zordral fixa Bernhardt, ramassa sa propre épée et la lui plongea dans le cœur.
L’humain hoqueta, puis un flot de sang jaillit de sa bouche et tomba sur le sol, créant des flaques écarlates.
Avec lenteur, Zordral retira l’épée et la jeta. Le corps s’affaissa lourdement dans un cliquetis de métal.
Il trancha la tête de l’ennemi, l’éleva vers le ciel telle un trophée et poussa un rugissement diabolique qui envahit le défilé, couvrant les bruits d’épées qui s’entrechoquent et les râles des soldats.
Tous se tournèrent vers lui, arrêtant le combat. Les humains furent remplis de crainte en voyant leur inestimable chef tué par un orc noir. La crainte fit place à la panique et ils s’enfuirent en courant dans tous les sens.
Soudain un chant de victoire se fit entendre et un régiment de chevaliers portant des armures étincelantes dans le soleil du matin, émergea de la crête, martelant la terre de leurs sabots.
Zordral se maudit d’avoir laissé l’humain appeler de son cor ! Maintenant l’issue de la bataille serait incertaine ! Les vétérans, à la vue de leur cavalerie, reprirent espoir et ripostèrent comme un seul homme.
Zordral fonça vers les chevaliers mais trop tard : il ne pouvait plus rien faire, ses orcs noirs succombaient un à un sous l’action simultanée des soldats et de la cavalerie les écrasant tel un raz-de-marée.
Un sentiment d’impuissance envahit Zordral et il courut de plus belle vers les chevaliers.
Arrivé à un grand rocher qui surplombait le combat, il bondit et atterrit au milieu des chevaux.
Sa hache fendit l’air en un mouvement circulaire, et deux chevaliers mordirent la poussière, la poitrine fracassé, et il coupa la tête d’un autre dans un revers effroyable.
Les chevaux affolés se cabrèrent, projetant leurs cavaliers dans les cieux pour s’écraser lamentablement sur le sol...
Un moment de doute effleura les humains, mais ils se ravisèrent ; après tout ce n’était qu’UN orc noir... grossière erreur, le soi disant orc noir mit à terre cinq de leur camarades.
Ils chargèrent tous ensemble en même temps pour le liquider séance tenante mais l’officier le plus gradé réussit à se faire entendre. C’était un gros bonhomme du nom de Oublek, un ancien marchand.
Il s’adressa à ses hommes : " Mille pièces d’or pour ct’orc là, mais je le veux VIVANT !".
Les soldats hochèrent la tête et foncèrent sur l’orc noir pour le capturer.
Zordral les attendait de pied ferme, en faisant des moulinets intimidants avec sa hache.
De nouveau sa hache tournoya dans les airs et fendit la tête d’un humain dans sa longueur. Il frappa un bouclier, pulvérisant le bras d’un soldat en armure, le précipitant à quatre mètres de là.
L’orc tua quelques hommes avant d’être submergé de toute part, des coups fusèrent et après un violent coup à la tempe, il sombra dans l’inconscience...
Perdu dans ses cauchemars entre la vie et la mort, Zordral errait dans le labyrinthe de son subconscient ; les moments forts de sa vie se déroulaient sous ses yeux : sa naissance, la mort de son père, la vengeance qu’elle avait engendré et les rencontres avec ses amis, Gurk, et les chefs de son clan, mais surtout de ses compagnons de route : Zarak, et son frère Azok.
Puis au fil du temps, ses pensées s’estompèrent, devinrent plus floues, l’empêchant de se concentrer.
Il reprenait peu à peu conscience et revenait à la réalité.
Zordral ouvrit les yeux, le bleu intense du ciel le gêna au début, mais il s’y habitua.
Il regarda autour de lui : il était couché dans une charrette, il vit des cavaliers passer à côté de lui en l’ignorant superbement. Il voulut se lever mais il constata à sa grande stupéfaction, qu’il était solidement attaché par des chaînes et des cordes.
Les efforts désespérés de Zordral pour se dépêtrer firent éclater de rire un humain qui était près de lui.
L’humain se pencha vers lui. Zordral vit qu’il faisait bien deux mètres de haut, et sa peau était plus noire que la sienne (les orcs noirs ne sont pas noirs, ils ont une couleur verte très foncée).
_"Kes ke tu m’veu l’humain ?" demanda t-il avec une pointe de suspicion.
_"Je voulais regarder tes blessures... l’orc" en finissant sa phrase, il jeta un regard peu amène à Zordral, ce qui ne fit qu’accroître ses doutes quand à ses intentions...
Il examina les blessures de Zordral et hocha la tête, il semblait satisfait et s’adressa à Zordral, qui devenait de plus en plus nerveux.
_" Tes blessures ont bien cicatrisé, tu t’en remettras très vite, orc noir."
_" Ou c’kon va ?" demanda abruptement Zordral
_" A Vordag dans l’empire."
_" Kes kon va y foutre la ba ?"
_" Tu poses beaucoup de questions orc noir !" railla l’humain
_" J’veu savoir, c tout."
_" Tu vas te battre jusqu’à ce que tu sois mort, pour amuser ces bâtards d’humains. Nous n’avons pas le choix."
_" Pourten t un humain."
_" Tu te trompes orc noir, je suis un esclave. Je dois faire ce qu’ils veulent sinon ils peuvent me tuer. Je ne suis pas libre. Je leur appartiens."
_" Ah bon. on né den le meme sac, alors ?"
_" Tu comprends vite orc noir !" railla de nouveau l’esclave
_" Te fou pa d’ma gueul, ou j’te pet la tienne en deux" cracha Zordral
_" Tu n’es pas en position très adéquate pour te battre..."
_" M’en fou, j’vais te fout un coup de hache dans ta gueule de c... hey !! ou c kel é ma hache ?"
A ces mots l’esclave ne put s’empêcher de rire.
_" C pa drôle" bougonna l’orc noir
_" C’est Oublek qui a ta hache. Mais comment la reprendre ? je n’en sais rien."
_" C ki ce gros porc ?" demanda Zordral
_" C’est notre patron, donc je te déconseille de lui parler comme ça, ou tu finiras tes jours dans sa chambre privée de torture... de plus c’est lui qui t’a sauvé la vie, tu aurais pu te faire massacrer mais il a préféré t’acheter."
Zordral ne préféra pas relever, il était trop fatigué.
Les jours défilèrent et Zordral était toujours attaché sur son chariot et commençait à montrer des signes d’énervement. L’esclave allait le voir souvent pour inspecter ses blessures, mais il ne disait rien.
Ils arrivèrent dans des paysages montagneux à l’entrée d’un col, ils marchèrent quelques jours, et la végétation se fit plus rare.
Ils marchaient dans le défilé, quand un cri retentit et une dizaine de flèches assaillirent les gardes du convoi de Oublek. La moitié s’écroulèrent sur le sol, pendant que le restant tentait de se cacher. Une douzaine d’hobgoblin sortirent de derrière leur cachette, pour piller le convoi.
Belkaceem courut vers Zordral et le recouvra de barils et de sacs pour protéger.
_" Hey ! Kes tu fou ? J’vai alé lé niké ces Hobgoblin de m... " cria t-il
_" C’est les autres, orc noir. Tu comptes plus que la marchandise habituelle..."
Belkaceem lui appliqua un bandeau sur la bouche pour qu’il arrête de hurler, et l’esclave partit se battre.
Il ramassa une épée et un bouclier, longea les chariots et attaqua par derrière les hobgoblins.
Les perfides hobgoblins sont très faibles en général, et ils ne sont pas fait pour se battre. Ils se firent tailler en pièces par les quelques gardes restants, mais surtout cet esclave noir qui massacra les rangs arrières avec sauvagerie.
Les cadavres des hobgoblins furent brûlés, et on creusa des tombes pour les soldats tombés au combat.
Zordral fut enfin délesté des sacs (qui pesaient bien leur poids) qui encombraient son corps, et il put s’exprimer librement sur sa façon de penser...
A la fin d’un couplet d’injures, Zordral dut se rendre à l’évidence que l’esclave noir lui avait sauvé la vie, ce qui chez les orc noirs est synonyme d’amitié éternelle ; avec un gros effort, il remercia l’esclave noir.
_" Au fait moâ jm’apel Zordral" se présenta l’orc noir
_" Enchanté, Moi c’est Belkaceem"
Ils se turent, un groupe de cavaliers passa à côté d’eux. Ils discutèrent encore un moment de ce qui les attendait, et du passé. C’est ainsi que Zordral sut la raison de la haine de Belkaceem envers les humains.
Il venait d’une petite île près de la côte de l’Empire.
La vie y était paisible, sereine. Mais un jour un vaisseau arriva et tous les villageois allèrent à la rencontre des nouveaux venus avec enthousiasme, leur apportant des fruits et quelques bibelots.
Ils furent tous massacrés.
Les humains tuèrent les enfants, violèrent les femmes, et ils emmenèrent les hommes dans des galères. Ils naviguèrent jusqu’à la côte ou ils furent vendus au plus bas prix. Ceux qui se rebellaient ou qui étaient trop faibles étaient décapités pour servir d’exemple.
Ensuite Belkaceem fut acheté par Oublek car il avait des connaissances en médecine.
_" Mai pourkoi ils vou zont ataké ?" demanda Zordral à la fin du récit.
_" En fait ils ont exploité le fait que nous étions cannibales, pour piller notre île riche en or et en pierres précieuses."
A ces mots l’esclave noir remontait dans son estime, étant cannibale il ne pouvait être que civilisé pensa Zordral.
Ils continuèrent leur route jusqu’à un immense campement, composé exclusivement de tentes. Ils s’y arrêtèrent pour la nuit.
Les esclaves furent jetés dans des cages, solidement renforcées. Belkaceem et Zordral restèrent au fond de leur cage pour éviter de bousculer les autres.
_" Ce n’est pas la peine de chercher la bagarre, lui avait expliqué l’esclave, garde tes forces pour les inspections. C’est inutile de se fatiguer."
Zordral remarqua qu’on regroupait les différentes espèces, les nains, les elfes. Il pensa que c’était pour éviter que les vieilles rancunes ne réapparaissent et que cela dégénère en tuerie.
Chose bizarre, Zordral restait parmi les humains, sans doute parce qu’il y avait peu d’autres espèces dans la caravane de Oublek, à part quelques elfes et un nain.
Il réfléchit quelques instants, mais l’effort étant trop épuisant, il s’endormit dans un sommeil sans rêve.
L’orc noir fut réveillé par un méchant coup de pied dans les côtes.
Il ouvrit les yeux et fixa l’humain qui se tenait debout devant lui.
C’était un humain très corpulent, avec un fouet accroché à sa ceinture. Une expression farouche était gravée sur son faciès répugnant.
De toute évidence il s’agissait de quelqu’un qui se donnait trop d’importance.
_" Réveille toi monstre puant, on va voir ce que tu as dans les tripes !!" beugla t-il dans les oreilles de Zordral. Il lança une bordée d’injures et alla réveiller les autres esclaves endormis.
_" Pour ki es c’ki se pran, lui ? j’vai me l’fair ce gros lard !" marmonna t-il pour lui même.
Une main se posa sur son épaule. Celle de Belkaceem.
_" C’est Dagash, celui qui nous entraîne. Essaye de ne pas le contrarier, d’accord ?"
Zordral hocha la tête un peu déçu, il aurait bien voulu lui faire sa fête.
Le contremaître éleva la voix pour se faire entendre :
_" Aujourd’hui, vous allez passez devant Oublek pour savoir si vous restez ou... si vous mourrez." dit il avec un sourire sadique
_" Suivez-moi !" poursuivit il
Les hommes sortirent de leurs geôles, sans entrain. Les exercices de Dagash étaient longs et éprouvants. Beaucoup allaient y rester.
Il les emmena dans une grande cour de sable surveillée par des archers sur des tours.
_" Vous allez apprendre à vous battre au corps à corps. Allez cherchez des armes" commanda-t-il d’un ton méprisant.
Ils arrivèrent dans une petite salle, un immense râtelier couvrait tous les murs ; des armes en bois y étaient entreposées : des haches, des épées et des lances courtes.
Belkaceem prit une épée pas trop pourrie et un bouclier. Zordral quand à lui prit une grosse hache à deux mains. Les autres en voyant l’orc noir se diriger vers la hache, ricanèrent et lui dirent :
_" Hé l’orc ! c’est une hache pour un ogre que tu prend ! Tu pourras même pas la soulev..." ils ne purent finir leurs phrases, Zordral faisait des moulinets avec une aisance déconcertante, les humains étaient bouche-bée.
Mieux vaut de ne pas se battre avec cette brute semble-t-il...
Dagash fit la démonstration de quelques mouvements basiques de combats, feinter, parer etc.
_" Tiens, toi là, en désignant Zordral, montre moi ce que tu sais faire"
Zordral avança et s’apprêta à se battre, la hache devant lui, les genoux légèrement fléchis, tout ça dans une expression calme, en le toisant d’un regard profond, pour déstabiliser l’adversaire et lui faire commettre des fautes, comme lui avait appris son père lorsqu’il était un jeune orc noir.
Dagash frappa le premier, vers la poitrine. Zordral para facilement le coup. Le contremaître récidiva encore puis encore sans faire mouche. Au quatrième coup l’orc noir prit l’épée de Dagash d’une main, et de l’autre lui assena un retentissant coup de hache sur son casque.
Dagash resta quelque peu indécis. Zordral lui n’hésita pas il le frappa de son poing, envoyant le malheureux quelques mètres plus loin.
Insulté à mort, le contremaître tira une lourde épée d’acier qu’il brandit devant lui d’un geste menaçant.
_" Lache TOUT DE SUITE cette arme, Dagash."
C’était Oublek.
Dagash jeta un regard furieux de haine à son maître, qui le lui rendit avec froideur, l’air détaché.
_" Tu as quelques chose à ajouter ?" demanda t-il
_" Non maître." répondit-il en marmonnant dans sa barbe.
_" Parfait, allons examiner ces nouveaux hommes."
Oublek passa en revue tous les hommes du camp. Il semblait très calme et très sur de lui. Il arriva à la hauteur de Belkaceem et discuta un moment avec lui.
Bien que de statut social très différent les deux hommes entretenaient une sorte de complicité.
Quand il eut fini avec Belkaceem, Oublek se tourna vers Zordral. Il le regarda de haut en bas, le fixa de ses yeux inexpressifs.
_" Ah voici l’orc qui a dérouté l’armée du commandant Bernhardt."
_" Je l’conai pas c’lui la." répondit-il avec mépris
_" Ah bon ? fit-il avec un air amusé. Pourtant vous lui avez tranchez la tête"
_" Ah c’lui la ! il étai tré faible, kom tou lé humains."
_" Eh bien nous verrons ça." dit-il avec défi
Il partit examiner les autres.
Belkaceem ne lui parla pas de l’incident d’aujourd’hui. Ils avaient été tous les deux sélectionnés pour aller se battre.
Les esclaves sélectionnés étaient peu nombreux, une vingtaine tout ou plus.
_" Il va bientôt y en avoir d’autres qui arriveront." lui dit un jour l’esclave noir.
_" Coman tu l’sai ?" questionna Zordral
_" Je le sais c’est tout" répondit calmement Belkaceem
Zordral ne préféra pas relever, c’était peine perdue, son ami était tout d’un coup devenu très énigmatique.
Depuis ce jour ils ne cessèrent de s’entraîner jusqu’à l’épuisement total. Beaucoup d’humains mouraient de fatigue, c’est la loi du plus fort qui dirigeait les combats, les faibles périssent pendant que les forts, eux résistent encore un peu, puis finissent par tomber pour ne plus jamais se réveiller... L’orc noir, lui trouvait ça très amusant, il ressentait peu la fatigue engendrée par les combats, de toute façon c’est à quoi il avait été habitué toute sa vie !! Belkaceem se débrouillait pas mal au combat pensait Zordral.
Après un long voyage dans les montagnes, ils arrivèrent à Vordag. La principale attraction de la ville était sans conteste son immense arène, construite sur une colline en plein milieu de la cité, comme pour défier les éventuels envahisseurs.
Les portes de la ville semblait vomir des tonnes de caravanes venues de tous les coins des royaumes humains. On avait l’impression que la ville ne s’éteignait jamais, tout était si actif, si plein de vie.
Ils passèrent les immenses battants des portes, puis gagnèrent leurs casernements.
_" Eh bien ! Nous voici donc à Vordag ! Qu’en penses-tu Zordral ?" demanda Belkaceem après s’être installé.
_" Broaf ! C une ville d’humain tou c’ki a d’plu normal"
_" Hem, as tu remarqué l’immense construction, au centre de la ville ?"
_" Ouaip et alors ? Kes ke ca peut m’foutre ?!"
_" Sache que c’est là que tu vas te battre."
Ca n’avait pas l’air de déranger Zordral pour autant...
_" C un endroâ come un autre pour se battre." Répondit-il après avoir réfléchi.
Belkaceem se laissa choir sur son lit. Zordral fit de même. Il regarda les nouveaux venus : Il y avait une dizaine d’humains, d’une taille au dessus de la moyenne. Ils chahutaient, exhibaient leurs muscles, et blaguaient entre eux (ce qui provoquait des éclats de rires complètement grotesques). L’orc noir ne comprendrait jamais les humains, ils avaient une manière si bizarre de se comporter, c’était au delà de la compréhension...
Il y avait un trio d’elfes, mais Belkaceem lui avait formellement interdit de les provoquer. Zordral aurait bien aimé les taquiner, de façon définitive...
Les trois elfes discutaient entre eux dans leur langue natale. Un nain les lorgnait avec mépris, les elfes s’en offusquèrent et lui jetèrent un regard courroucé. Zordral exultait : il y allait avoir une bonne bagarre et il serait obligé de les séparer mais encore une fois de façon définitive, après tout c’était pour leur rendre service...
Mais les elfes n’étaient pas une race très belliqueuse, ils s’abstinrent. Bande de lâches pensa Zordral.
Il maugréa quelques instants sur la couardise des elfes, quand une ombre furtive attira son attention.
C’était la dernière recrue. Elle avait une carrure impressionnante, et sa mâchoire était énorme. Elle était cachée sous un grand manteau noir et semblait regarder tout ceux qui étaient dans la pièce avec une froide animosité.
Le nouveau venu jeta un regard sur Zordral, ce dernier sentit sa peau se hérisser quand son regard croisa le sien. Ses yeux étaient jaunes et semblait le lorgner avec une sorte d’espièglerie. L’orc noir remarqua qu’il n’était pas humain du tout. Chose bizarre il ressemblait à un lézard...
Puis il alla se réfugier dans la pénombre.
Une cloche sonna : c’était l’heure du repas, un misérable repas pensa Zordral. Sans viande crue. Seulement quelques légumes moisis. De la nourriture d’elfe, ca ! grommela Zordral.
L’orc noir mangea ce qu’il put avaler, c’est à dire pas grand chose, mais quoi qu’il puisse y avoir d’autre il allait être de mauvais poil pour le restant de la journée...
La cloche retentit de nouveau. C’était la fin du repas, qui marquait le début de l’entraînement.
Zordral se réjouissait un peu à l’idée de se battre, mais sa compagnie devenait insupportable lorsqu’il n’avait pas suffisamment mangé, Belkaceem l’évitait plus que de raison...
Dagash évitait de se mettre trop près de Zordral, mais cherchait toujours l’occasion de lui faire faire les exercices les plus durs et les plus ridicules, si bien qu’à la fin de la journée l’orc noir était d’une humeur noire et projetait des centaines de fois de se venger de ses persécuteurs, ne se faisait pas prier pour se plaindre de la nourriture exécrable, de la qualité des chambres et du manque de divertissements...
Bref, c’était l’enfer pour le pauvre Orc noir.