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Les Rakshasas n’ont pas pour réputation d’être des génies artistiques. En dehors des arts martiaux, la recherche du Beau ne les intéresse guère. Il est cependant deux disciplines qui trouvent grâce à leurs yeux, et qu’ils parviennent à maîtriser, certes pas de façon fort glorieuse, mais suffisamment bien pour que quelques œuvres intéressent les autres peuples. Ces deux disciplines sont la calligraphie (qui, selon eux, se rapproche de l’escrime) et la poésie. Voici une de leurs rares œuvres littéraires à avoir traversé les frontières des langues et des goûts.

Celle qui n’a pas de fin a lâché l’oiseau noir :
Six faces acérées
Cerclées d’une aura de ténèbres et de désespoir,
De haine emplumées.

Et ainsi la mort s’abattit
Sur les terres de la Flamme.
Son Maître ne fut pas surpris :
Il avait cherché ce blâme.

Crime d’innocence ! Les deux sont fautifs !
La jeunesse a perdu, séparés les deux royaumes.
Commence alors un supplice de Sisyphe :
Chacun écrase l’autre, la paix est un abject fantôme.

Aucun ne peut venir à bout de son ennemi,
L’oiseau ne peut tout déchirer, la flamme ne peut tout embraser.
Tombe alors l’envie du sang, se trace un fossé sans vie.
La hargne s’en est allée, mais la haine peut encore s’enliser.

L’Eternité, et plus encore, passe ainsi.
Pas une lettre.
Pas même un regard au-delà des débris.
Aucune fenêtre.

Il a fallu la chaleur d’un brasier,
Et un ciel noir perlé de cristal,
Dans un lieu où la terre est létale,
Pour qu’enfin on puisse les réconcilier.

Le Temps s’écoule un peu dans cette entente,
Mais ce n’est qu’un hideux nuage :
Le grief vivait encore sous la tente
De la Dame. Il attisait sa rage.

Image impie de pardon.
A leur retour de la terre déchirée
Subsistait cette tension.
D’un coup de bec les espoirs furent brisés.

Plus de fossé désormais, mais une aire de froid
Afin de supprimer échanges et relations.
Fut-ce la Flamme ou une divine intervention ?
La glace, la Dame sait pourquoi, éclata.

Une porte d’Eternité s’est ouverte
Entre le Seigneur de la Flamme et la Dame sans Fin.
La franchiront-ils ensemble, malgré les pertes ?
Assurer une telle chose en cette heure serait bien vain.

Le peuple répète incessamment la même phrase :
« De l’union de l’Oiseau et du Feu naîtra le Phoenix,
Ces cendres feraient aux royaumes de nouvelles bases.
Joie ! Bonheur ! Victoire ! Que Cucelos range son Carnyx !

« Non ! Je refuse de passer cette
Porte ! » Crie le Maître à son tigre insistant.
« Non ! Je ne veux ni ne suis prête ! »
Fait la Dame, cachant son visage blanc.

« Nous pouvons être heureux sans l’Oiseau de Feu ! »
Clament en chœur la Dame et le Maître.
« Nous voulons garder nos royaumes en deux,
Mais créons de nombreuses fenêtres ».

Attention, Seigneur de la Flamme !
Tu marches sur une corde raide,
Un seul faux pas et adieu la Dame.
Elle montre encore son visage de laide.

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