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Quand l’homme n’a plus de contrôle sur son esprit, la folie peut venir gâcher ses rêves les plus ambitieux... Petit essai de style :

Rizzo caressa avec tristesse les cheveux de sa femme. Ces derniers s’étendaient avec grâce autour de son cou, comme un collier d’or. Ses yeux émeraude, à jamais figés dans une attitude d’incompréhension, reflétaient la tristesse de son mari. Il laissa glisser ses mains le long de ses vêtements, passant au niveau du renflement de ses seins et soupirant au toucher de l’humidité. Son doigt se coupa en touchant les restes épars de sa bouteille, plantés dans cette poitrine. Ce doux rêve était brisé en mille morceaux à jamais séparés. Il s’arrêta alors, et contempla une dernière fois celle qu’il venait de perdre par sa faute. Deux larmes se mélangèrent à la flaque rougeâtre, étendant l’empire du désespoir plus loin sur le carrelage. Ce n’était pas la première qu’il perdait comme cela, mais jamais une n’avait autant compté pour lui.

La dernière fois, il s’en souvint, c’était un soir dans un bar, alors qu’il venait de ruiner ses maigres paies dans une liqueur de délices, alors même qu’il voyageait au paradis des voluptés, perdu dans un monde irréel. Il dansait avec Bacchus entre des vignes, leurs pieds se mouvant avec grâce par-dessus ces fruits de l’ivresse. De cette vigne d’Eden il avait brusquement été tiré, et, sa main ruisselante de l’eau aspergée, il avait abattu sa bouteille. Il se souvenait encore du choc, de ce tintement du verre contre l’os, et de cette brusque cassure. Les morceaux avaient volé à travers la salle, les reflets luisants sous les lumières comme luit la faux de la mort. Il l’avait alors lâchée, brisée, et elle était allée s’écraser à terre, un liquide rougeâtre s’épandant à travers la taverne.

Mais celle-là ! Depuis le temps qu’il l’attendait, qu’il l’avait chérie ! Souvent il s’était agenouillé devant elle, et l’avait baisée, son arôme délicieux envahissant ses narines. Tout ceci s’était envolé. Un geste, un seul geste, avait sacrifié sur l’autel de l’ivresse tout cet amour. Elle n’était plus. Rien qu’un débris à terre, immobile. Si longtemps il avait rêvé de la prendre et de la basculer vers lui. Mais rien ne subsistait, plus qu’un reste difforme dont il ne parvenait, à travers sa cascade de pleurs, à voir toutes les parties. Il dirigea ses mains vers le cœur de sa femme, mais il ne ressentit plus rien. Aucune humidité qui, au travers de cette chaleur ambiante, n’aurait pu que plus le réchauffer. Plus rien ! Toute cette passion venait de s’évaporer à cause de son retour brutal du paradis des délices.

Rizzo se releva difficilement, et tituba ivre jusqu’au placard. Il l’ouvrit avec tristesse, laissant choir à terre des larmes, et en sortit une bouteille. Il claqua le battant du meuble, et se posa avec soupir sur une chaise. Cela devait lui servir de leçon, jamais plus il ne gaspillerait un si bon breuvage. Il regarda avec mélancolie cette femme qui avait été sienne. Jamais il n’avait goûté à ce bonheur, préférant celui de l’alcool, ce liquide rougeâtre qui parvenait à répandre parmi tous ses membres une joie malsaine lui faisant oublier chacun de ses chagrins. Il regarda d’un air torve la bouteille, pris d’un combat intérieur. L’instant d’après, alors que son esprit céda, le liquide dépravant arriva dans sa bouche, et tout fut oublié.

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