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Ces lettres font suite à la saga "Les Quatre Vents de Vertu" de Dvzk. Sa lecture est recommandée pour une bonne compréhension de ce texte.

Recueil des lettres envoyées aux Chevaliers Chroniqueurs durant mes voyages en Cathay et en Kuresh

 

Ces lettres ont toutes été écrites durant l’année 1522 du Calendrier impérial, durant le voyage qui m’amena dans les terres reculées de l’Orient.

Ici sont répertoriées toutes mes investigations et les fruits qu’elles ont portés à propos de Jolrael Ar-Atani Khebel.

Je voulais tenter de mettre en place une chronologie de mes actions, mais rassembler mes lettres m’a semblé suffisant pour donner un compte-rendu de chacune de mes actions.

 


 

Chers amis,

Je pars maintenant pour les lointains royaumes d’Orient pour les raisons que vous savez. Je n’ai emmené avec moi que le strict nécessaire pour ma longue route. Je pars seul, mais advienne que pourra, je m’en sortirai. Le temps est lourd, le soleil se cache derrière d’immenses nuages gris. J’ai plus que hâte de quitter ce climat pluvieux. La Lustrie est un pays humide assez peu propice aux archives ancestrales qui occupent mon temps. J’espère que mon absence ne vous pèsera pas trop.

J’ai fouillé dans mes archives à la recherche de mentions de Khebel et n’ai trouvé que cette comptine que je vous ai traduite et qui éclaire assez peu la place qu’il occupe dans la mythologie locale :

 

Tourne tourne comme une toupie

Chante chante toute la nuit

Il parcourt monts et merveilles

Tandis que les enfants trouvent le sommeil

Il dira que le monde est beau

Il dira que la Vie est belle

Car il est comme l’oiseau

A qui jamais on ne brise les ailes

Il dort au milieu des roseaux

Et son nom est Khebel

 

Il est représenté ici comme une sorte de divinité protectrice, une sorte d’être bénéfique qui protège les enfants quand ils dorment.

Nulle part dans les archives de théologie impériale ou elfique ne m’est apparu une mention de Khebel ou de Jolrael, autrement que dans quelques lais anciens ou dans les textes de ce sage elfe dont je n’ai pas pu retrouver le nom et dont je vous ai fait parvenir "La chute de l’Empire du ciel".

Je reprends la route au plus vite, je ne tiens pas à trop tarder en route.

Vous recevrez encore de mes nouvelles.

Votre dévoué archiviste,

Dvzk

 


 

Chers Chevaliers,

C’est depuis les hauts sommets qui séparent le vieux monde des terres hostiles que je vous écris. J’use de diverses montures, un sang-froid n’étant pas la meilleure bête pour traverser des montagnes. J’ai donc rejoins une caravane de marchands arabiens qui suivent la route de la Soie et qui ont accepté, moyennant une somme en or, de m’héberger pendant le long trajet. Je les quitterai arrivé à Cathay pour remonter par les frontières d’Inja et arriver en Khuresh. Là bas j’aviserai.

Toute cette préparation m’éloigne bien de mes premiers voyages qui m’ont mené de Lustrie jusque dans les steppes de la Norsca, un voyage bien plus périlleux et improvisé que celui auquel je participe à présent, qui malgré les fréquentes attaques de bandits reste plus sûr que les Désolations du Chaos... d’autant plus que cette fois, j’ai l’assurance d’être accompagné par une caravane pleine de mercenaires armés.

J’ai questionné les marchands à propos des légendes qui courent à propos de Khebel, mais ils se ferment à tout dialogue sur le sujet, prétextant qu’il n’est pas bon de parler d’un être de malheur en de tels endroits.

Les mercenaires se sont avérés bien plus bavards et j’en ai appris un peu plus.

Khebel est une divinité errante, une sorte d’esprit qui frappe sur les routes de la Soie, les marchands comme les bandits.

Je ne suis même pas assuré qu’il s’agit du même Khebel et pour cause, ils ne le prononcent pas de la même manière.

Il est représenté dans les légendes locales comme un cavalier vêtu de pourpre, en insulte à l’Empereur de Cathay, et armé d’un large sabre, une vraie langue de flammes... Il ne s’agit bien sûr que d’une superstition, mais beaucoup se plaisent à entretenir la légende, afin de justifier leur salaire de mercenaire sans aucun doute. D’autant que cette façon sournoise d’attaquer en embuscade et en ne laissant que peu de survivants ne ressemble pas à la noble âme décrite par mon tuteur saurus Huancayo, à propos de cet humain qui mit hors de combat une escouade entière de guerriers saurus, réputés à juste titre pour leur ténacité et leur aptitude au combat rapproché, le tout sans en tuer un seul. Il partit ensuite précipitamment, ne laissant derrière lui que quelques affaires et le bassin de frai qu’il surveillait depuis plusieurs semaines à en juger de son campement, le bassin dans lequel je suis né.

Je commence à me demander si ce Jolrael n’est pas incarné au travers des siècles par maints personnages pour d’obscures raisons, car il est toujours décrit comme un humain... à plusieurs millénaires d’intervalle. Vous n’êtes pas sans savoir que les humains n’ont qu’une faible espérance de vie et que cela est donc tout à fait impossible.

Ceci dit, la page déchirée de la reliure maudite de Golgotha me porte à croire qu’il est tout à fait concevable qu’il soit l’incarnation même de la Vie qui nous anime tous.

Il s’agit tout de même d’une hypothèse particulièrement difficile à admettre, car elle remettrait en cause les fondements de nos croyances les plus sûres : les Anciens n’ont jamais pris aucune incarnation terrestre et ont été chassés depuis longtemps par les dieux du Chaos. De plus, il n’a jamais été fait mention d’un Dieu disons plus... primitif. Un Dieu que partout on nommerait "Le premier" (en elfique, Ar-atani signifie "le grand/noble premier" ; Jolrael "l’Un, le chiffre 1" dans le langage des Anciens et Khebel ; simplement "le premier" en langage de Khuresh, l’Hinji).

Tous ces mystères s’épaississent au fur et à mesure de mes minces découvertes et j’ai l’impression que chaque information collectée ouvre ses portes sur d’innombrables problèmes supplémentaires.

Je vous laisse sur ces réflexions.

Bien à vous,

Votre Archiviste,

Dvzk

 


 

Chers Chevaliers,

Ce voyage est très agréable et ressemble plus à un voyage d’agrément qu’à un réel voyage de recherche.

Nous sommes arrivés sans encombre jusque dans les terres de Cathay et je suis ici très honoré. Les gens se disputent ma présence à leur table, et pour cause : le dragon a une place très importante dans la mythologie locale et ces pauvres gens croient voir en moi une incarnation de leur dieu favori. Cette position privilégiée m’a permis d’avoir un accès sans conditions aux archives de l’Empereur de Cathay.

C’est là-bas que j’en ai le plus appris depuis mon départ, il y a déjà six mois.

Khebel n’est pas une divinité dans le sens où nous pouvons l’entendre. Il serait plutôt une sorte de guerrier errant légendaire, qui provoque chaque voyageur qu’il rencontre, qu’il soit humain ou animal, et le pousse au combat. Il sert d’inspiration à de nombreuses écoles guerrières de Cathay, celles qui forment les célèbres guerriers Senseï de Cathay et leur code d’honneur plus draconien encore que les codes de chevalerie bretonniens.

Il est un modèle, un idéal guerrier que tous les Senseï s’efforcent d’égaler et, qui sait, de défier et de vaincre. Il a été tout de même déclaré ennemi de l’Empire afin que chaque soldat de Cathay puisse comme bon lui semble vaincre cet adversaire hors du commun. Il vit à la fois à travers les mythes et les poèmes, mais dans le même temps il fait de fréquentes apparitions dans les chroniques millénaires tenues dans les archives de l’Empire.

Il ressemble à ces personnages que l’on croise dans les vieilles histoires, à la fois mythiques et mêlées à l’histoire de ce monde, des personnages comme Gilles le Breton, Sigmar ou Nagash. Des personnages que nul être encore vivant ne peut prétendre avoir connu et dont on ne sait plus s’ils sont mythes ou réalités.

Nombreux sont les Senseï à avoir prétendu l’apercevoir, mais aucun ne se vante de l’avoir mis hors de combat.

Il est l’incarnation de leur art, un homme qui a décuplé sa vitesse, sa précision et sa force de manière à vaincre tout ennemi qui se présentera à lui.

Par certains de ses traits (masque macabre, capacités martiales extraordinaires, solitude continuelle..), il me fait penser à certains vampires, descendants d’Abhôrhan, qui se nomment eux-mêmes "Dragons de sang".

Ces ermites guerriers passent leur temps à verser le sang, mais là encore je ne comprends pas le lien qui se tiendrait entre Khebel et Jolrael.

J’ai trouvé un très intéressant extrait de récit, selon certains sages écrit de la main même de Khebel. Je vous en retranscris ici la traduction en langage commun, car bien que très élégants, les symboles calligraphiés des hommes du Cathay ne vous seraient que de peu de secours.

 

"Hier encore, j’ai rencontré de ces humains. Ils étaient vêtus comme lui, voilés dans de longues mousselines noires. Encore une fois, mon aveuglement et ma colère ont surpassé ma raison. Encore une fois, je les ai défiés, armes à la main. Encore une fois, le sable du désert a bu un sang que je n’ai pas voulu verser.

Demain le jour viendra et mille fois je croirai le voir apparaître devant mon regard, ombre abjecte, blasphème à toute vie.

Mille fois je saisirai encore les armes et mille fois j’ôterai la vie avant qu’il ne vienne enfin à moi. Ce jour viendra.

Chaque matin je forge un sabre dans l’espoir que celui-ci me serve dans la journée. Chaque soir je le brise. Chaque nuit, je pleure."

 

Non seulement la source de ce document n’est pas sûre, mais en plus il épaissit encore plus le mystère... On ne connaît ni l’époque à laquelle ce texte a été écrit, ni ce "il" auquel il est fait allusion avec tant de ressentiment.

Je vous laisse à ces méditations.

Votre Archiviste,

Dvzk

 


 

Enfin nous y voilà !

Après des heures et des heures de route monotone entre les dunes d’un désert implacable, nous voilà en Khuresh, le royaume que les hommes appellent le pays des ogres, alors qu’il se trouve y habiter autant des leurs que des ogres.

Cette confusion est due au fait que se battre est une activité rustre et est réservée aux plus forts des habitants de ces contrées reculées : les ogres... Ce qui m’amène à penser que les belliqueux hommes de l’Empire n’ont dû que rencontrer les terribles armées ogres de Kuresh.

Ici la situation est très différente de Cathay, Khebel n’est pas un ennemi guerrier... C’est un dieu protecteur.

On retrouve tout de même des similitudes : les différentes représentations que j’en ai vu (pour la plupart des statuettes ou des tapisseries de qualité médiocre) lui attribuent une apparence humaine, un sabre et des vêtements rouges.

Ici, le rouge est synonyme de chance, et le sabre, réservé aux ogres est le symbole des classes guerrières les plus populaires...

Les nobles lui préfèrent de lourdes armes courbes rappelant des hallebardes disproportionnées.

On trouve nombre de petits autels qui lui sont dédiés. Il est une sorte de bon génie qui chasse les monstres lorsque les enfants dorment, qui aide les plus pauvres en leur assurant sa protection la nuit, lorsque les coupe-gorge de tous acabits sortent en quête d’argent ou de travail.

Le temps ici passe beaucoup plus vite que je ne le voudrais, et mes provisions ne sont pas inépuisables...

Je ne tarderai donc pas à revenir parmi vous.

Il n’y a pas ici beaucoup de renseignements supplémentaires à glaner, les écrits sont rares car la culture n’est que le cadet des soucis des autochtones.

A Bientôt.

Votre archiviste,

Dvzk

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