Mr Petch - Nous allons voir bientôt si l'empereur du néant va nous laisser pénétrer dans son royaume...Imperator, merci de participer à cet interview. Je commence avec une première question sur tes lectures. Quels sont les textes qui t'ont donné envie d'écrire ? Des textes professionnels ou amateurs
Imperator - Oulà, voilà une question difficile. En fait, j'aurais tendance à dire, aucun. C'est malheureux, très égocentrique, mais vrai. Je me suis mis à écrire parce qu'on m'a proposé un jour de le faire, à l'école, comme tous les autres élèves de ma classe et tant d'autres avant et après moi, et ça m'a plu. Beaucoup. Je ne voulais pas, à l'époque, "faire comme". Je voulais simplement écrire, parce que je trouvais ça drôle. Et ce qui est drôle, du reste, c'est que j'ai trouvé ceci: "Je dédie avant toute chose cette histoire à Feurnard et [...], deux excellents amis et écrivains sans qui je n'aurai pas connu le plaisir de l'écriture. Puissent-ils continuer de nous émerveiller par leurs récits"
Pourrais-tu donc décrire toi-même ce qui t'as poussé à écrire?
Mr Petch - Je crois (mais je ne suis pas sûr) que ce qui m'a poussé à écrire, c'est vraiment le fait de lire beaucoup de textes et de vouloir "faire pareil". J'ai eu envie de me débarrasser de toutes les idées de scénario que j'avais dans ma tête.
Imperator - Idées qui sont venues après quelle(s) lecture(s) ?
Mr Petch - Au début, c'était surtout des romans policiers : en particulier Agatha Christie et Fred Vargas, à l'époque. C'était aussi les plus simples à écrire et à imaginer.
Imperator - Pourtant, le premier roman policier de ta part dont je me souvienne, c'est la dame blanche. En avais-tu écris auparavant?
Mr Petch - Oui, j'avais écrit une nouvelle policière qui s'appelait Qui a tué mon père ? et qui était globalement très inspirée des romans d'Agatha Christie.
Et toi, te souviens-tu de quoi parlais le premier roman que tu as écris ?
Imperator - Je me souviens avoir écrit un tas d'histoires courtes, et d'avoir développé un monde avec Feurnard/Vuld, mais mon premier vrai roman, ça a dû être Emelia et Frédérick, pour autant que je me souvienne.
Et dans mon souvenir, tu n'as jamais publié Qui a tué mon père ?, ni aucun de tes anciens textes sur les chroniques. Pourquoi?
Mr Petch - En effet. C'est surtout parce que je considère que j'écris par "cycles", et qu'à chaque fois je reprends mes histoires à zéro.
Imperator - Peux-tu développer? Quels sont ces cycles dont du parles?
Mr Petch - J'ai eu plusieurs phases d'écriture qui correspondent à différents moments de ma vie et j'aime bien séparer les choses. Il y a eu quatre phases principalement. La phase "romans policier", la phase "fanfictions warhammer" (dans la section récits du Warhammer Forum), une phase un peu plus confuse avec surtout des textes fantastiques mais sans univers fixe et en ce moment, je travaille sur l'univers des Fragments d'Apocalypse
De ton côté, est-ce que tu considères que tous tes textes font partie du même univers ?
Imperator - Absolument! Pas. Je dirais qu'au contraire, il n'y a strictement aucune continuité quelle qu'elle soit entre mes textes, et c'est un point qui me désole. En fait, c'est paradoxal, parce que j'ai un univers plutôt complet sous la main, mais qui est totalement inexploitable pour l'écriture de récits. Un peu comme un joueur de jeux de rôle qui ne peut réemployer les histoires qu'il a vécues durant ses parties... La raison principale en est l'effet "enterprise".
Mais en parlant de partie, et pour revenir aux phases, je crois qu'il serait bon que tu nous parles un peu de ceci: "Pendant ce temps, La Sperenza avançait sur les mers. Pour un autre destin, une autre vie, d’autres aventures. Pour ce navire, le rideau s’était baissé sur Gilliano qui, déjà, n’existait plus… Une autre époque commençait." Tu t'en souviens?
Mr Petch - Oui. C'est la fin de La saga della Francesca, un texte du warfo J'avais prévu de lui donner une suite, mais ça n'a pas eu lieu. C'est un texte important pour moi pour une raison : c'est le premier texte vraiment "littéraire" que j'ai publié sur le warfo. Et paradoxalement, c'est le premier texte publié sur le warfo qui ne fasse pas vraiment partie de l'univers de warhammer
Imperator - Il me semble, si mes souvenirs sont exacts, qu'après cette fin tu as pris un congé loin d'internet, et je me demandais ce que cette aventure là t'avais apporté, comment elle s'était déroulée.
Mr Petch - En effet, et du coup les dernières phrases prennent un sens totalement différents ! J'ai arrêté de publier sur le warfo à partir de cette date, justement parce que le cadre me semblait trop contraint. Il fallait respecter le background d’un univers déjà existant et on en restait souvent à de la fantasy très classique. La saga delle Francesca dépasse déjà de cet univers parce qu’elle se passe dans une pseudo-colonie tiléenne en Lustrie. L’autre raison de mon départ est que j'avais besoin de passer moins de temps sur Internet parce que j'entrais en classes préparatoires, avec le travail que ça impliquait. Les deux phénomènes ont coïncidé.
Tu es aussi passé par le warfo. Est-ce que c'est une étape importante pour toi ?
Imperator - Le warfo, ça a été la meilleure partie de mon existence à un moment où cette dernière n'avait vraiment rien de plaisant... En écriture, ça a été un véritable défouloir. En terme d'apprentissage, une véritable fusée. En terme de regrets, peut-être trop à oublier. J'aimerais y retourner un jour, mais je n'aurais probablement jamais le temps. Un point qui me fait plaisir, c'est que chaque fois que je m'y rends en fantôme, mon compte est intact et, en détail, j'ai toujours accès aux emplacements du forum réservés aux modérateurs, quand bien même je suppose qu'il s'agit d'un oubli. C'est stupide de ma part, mais enfin, je suis orgueilleux par nature.
Mr Petch - Veinard, pas moi !
Imperator - Et en terme d'orgueil, y a-t-il un de tes textes dont tu sois particulièrement fier?
Mr Petch - Le seul texte que j'estime vraiment (au sens où je le considère comme autre chose qu'un récit amateur) est un texte fantastique intitulé Le dernier combat qui est mon premier pas dans l’univers des Fragments d’Apocalypse.
Imperator - Quelle différence a-t-il avec les autres?
Mr Petch - Première différence : c'est le seul texte que j'ai vraiment relu et corrigé. Seconde différence: il décrit, de façon un peu symbolique, comment un homme solitaire et très matérialiste est submergé par sa propre imagination et devient "le poète", un être un peu mythique capable de donner vie à ses créations. Du coup, c'est un peu une sorte de "manifeste" littéraire, à mon niveau, de la façon dont j’envisageais l’imaginaire comme un remède étourdissant à la solitude.
En parlant de manifeste, j'ai retrouvé aussi chez toi, dans Pleurer ne suffit pas, la description d'un écrivain : « En effet, Philippe avait un jour publié un livre, « chronique d’un monde ancien : jeunesse et déclin » et depuis en percevait une rente largement suffisante à sa subsistance. Son véritable problème était ailleurs. L’absence d’inspiration, l’impression de tourner à vide et de tourner en rond. Depuis son livre, Philippe n’était plus parvenu à fournir quoi que ce soit et cela l’attristait fortement. Souvent, tard la nuit, il se prenait à rêver des récits fantastiques qu’il pourrait rédiger, des exploits incroyables et bouleversants réalisés par des héros d’une grandeur encore inégalée.". Est-ce que tu te souviens de cet écrivain et est-ce qu'il représente quelque chose de particulier pour toi, ou juste un personnage ? (la dernière phrase de la citation me paraît intéressante, notamment)
Imperator - Je me souviens assez bien avoir écrit ça. Et l'allusion est suffisamment claire en soi. Oui, c'est bien de moi qu'il s'agit (mais pourquoi donc l'ai-je nommé Philippe?). Et j'y décrivais déjà ma volonté de retourner aux bases, à écrire des récits épiques, des récits de bourrins, pour le seul plaisir. Mais la vraie teneur de cette phrase venait de ce que je voulais crier: "J'ai atteint ma limite, j'ai écrit ce que je devais écrire, j'ai la sensation que c'est fini..." Et c'est une sensation qui ne me quitte plus. Chaque fois que j'ouvre Word, que j'écris quelques mots, il me faut faire tous les efforts du monde pour ignorer à quel point c'est mauvais, à quel point c'est bâclé... J'avais l'espoir de réécrire un nouveau récit qui vaille quoi que ce soit à mes yeux, mais mon ordinateur a décidé de mourir en l'emportant dans sa tombe informatique...
Et puisque nous en sommes aux allusions à des écrivains dans les textes, il faut bien remarquer que les tiens en foisonnent. Je n'ai pas de passage aussi explicite, mais le plus beau est probablement celui-ci: "- Vous aviez du talent. - Non, ce n’était pas du talent. Je l’aimais. »" On pourrait citer "le professeur" des fragments d’apocalypse, ou bien le scénariste de la dame blanche... As-tu déjà voulu faire passer un message sur l'écriture dans tes récits? Ou plutôt, quel est ce message?
Mr Petch - La question est assez centrale, en fait, pour mon écriture. J'ai eu un prof d'espagnol qui m'a dit un jour que tout roman parle de l'acte d'écrire. Depuis, je sais que c'est une phrase un peu passe-partout, et pas forcément juste. Mais il n'empêche que j'en ai fait mon mot d'ordre et que, globalement, la grande majorité de mes textes parle, sinon de l'écriture, au moins de l'imagination. S'il y avait un message, ce serait de dire que rien ne peut entraver le pouvoir de l'imagination. Le message paraît un peu simpliste, comme ça, mais il résume assez bien la thématique qui traverse mes textes : le pouvoir de l’imagination sur les hommes, dans ses bonheurs et ses dangers. D’où l’importance des écrivains.
Puisqu'on parle des thèmes récurrents, j'ai l'impression que dans tes textes, il est souvent question à la fois de violence et de malheur souvent en des termes assez forts. Y a-t-il une raison particulière ?
Imperator - Je ne suis pas sûr de comprendre la question. En fait, j'écris mes textes de manière à les rendre les plus jolis possibles. Donc pour moi, je parle plutôt de générosité, d'altruisme, de bonté ou d'innocence...
Mr Petch - Par exemple le début de Comme frère et sœur : « Ils étaient nombreux ? » « Cinq. » Il n’en dit pas plus, elle lui tendit un bout de pain presque tendre. Elle avait toujours été douée pour cacher ce qu’elle ne voulait pas qu’on trouve. « Ils ont tout saccagé » reprit-il. « Ce n’est pas très différent de d’habitude... ». Il est souvent question de violence, dans tes textes : des personnes inocentes auxquelle il arrive des choses horribles ? Est-ce volontaire ou est-ce une façon, par contraste de parler de générosité et de bonté, comme tu le dis ?
Imperator - Je pencherais pour dire "par contraste". En fait, si l'on regarde bien, mes textes sont doux comme des agneaux. Il n'y a jamais de méchant. Il y a beaucoup de gentils, mais quasiment jamais de méchant, de vrai méchant bien détestable. Chez moi, personne n'est jamais vraiment mauvais, en tout cas aucun humain. En cela, mes textes sont beaucoup moins violents que la réalité. Et j'entends par réalité la réalité subjective.
Puisque l'on parle de contenu, je voudrais toucher un peu au style. J'ai noté: "Tout ceci l’inquiétait, l’absence de son oncle, le désordre inhabituel de la boutique, la boîte vide, la djellaba écorchée, les cendres sur la chaise…" Tiré des contes de l'oasis. À l'époque, ton style était très clair, direct. Et à présent, on le décrirait davantage comme cryptique: "tandis que les cris de l'action se concentrent dans un temps d'environ cinquante mètres." Qu'en dis-tu?
Mr Petch - Ce n'est pas impossible. La différence, c'est qu'à l'époque des contes de l'oasis, je ne réfléchissais pas vraiment au style, il était assez naturel, au bon sens du terme comme au mauvais : j'écrivais vite et naturellement, mais je ne "pensais" pas le style. Maintenant, j'essaye de faire plus attention au style, pour qu'il soit bien en accord avec le texte lui-même, pour qu'il soit moins neutre. Du coup, il est en effet à déchiffrer par le lecteur.
Pour rester sur le style, une chose que je retiens souvent dans tes textes, c'est un jeu des contrastes très fort (et je reviens à l'idée de la violence et de l'innocence). Par exemple dans Comme frère et soeur : "Il y eut une lutte chez le voisin, des cris dans la rue et des coups de feu au loin, mais ils ne furent pas dérangés." Qu'en penses-tu ?
Imperator - Je n'ai pas conscience de jouer sur les contrastes (et en cela je contredis ce que j'ai dis plus haut). Par exemple, dans mon dernier texte, celui que mon ordinateur m'a volé, je n'emploie aucun contraste. Tout y est directement déclaré, droit et sans détour. Et Comme frère et soeur est entièrement sombre et vide. Le seul contraste viendrait des rires de la soeur. Mais au moment du récit où elle rit, ce n'est plus un contraste. Parce que le récit devient joyeux.
Mr Petch - Là, par exemple, je vois ça comme un contraste, le fait de passer brutalement d'une émotion à l'autre
Imperator - C'est possible, mais inconscient. Il faut dire que je ne réfléchis pas beaucoup ce que j'écris. Je me disais juste "je pourrais essayer de le dire comme ça" ou bien "tiens, je voudrais essayer d'écrire ça" et je le couchais sur le papier informatique. J'ai plus ou moins toujours écrit avec mes tripes.
Mais puisque tu nous avoues que toi, en revanche, tu réfléchis le style, et que tu nous as parlé de cette quatrième phase, ainsi que de ta volonté de parler de l'imaginaire, pourrais-tu parler à tous et de manière plus complète de ton projet actuel? Des fragments d'apocalypse, et, au passage, de la place des cimes brûlantes de l'enfer dans cet édifice?
Mr Petch - OK. Alors... Les Fragments d'Apocalypse est un univers post-apocalyptique (comme son nom l’indique), avec tous les clichés qui y sont attachés (désert, petites communautés humaines, nomadisme). Mais derrière, l'idée est de prendre un monde à partir de zéro, et d'imaginer que sur ce monde tout, absolument tout, peut arriver. Sur ce monde, les hommes ne sont plus guidés que par leur imagination, qui prend vie. Pour les Cimes, c'est un peu plus complexe. Les Cimes est un récit écrit par "le poète" du Dernier Combat, qui vit justement dans le monde de l'apocalypse. Je l'avais simplement évoqué à l’époque, et j'ai eu envie de l'écrire. Les Cimes parle aussi de la puissance de l'imagination et c'est là que se fait le lien. Ce récit est un peu conçu comme l'antithèse du monde de l'Apocalypse : il décrit un univers où, au contraire, l'imagination est soit très pauvre, soit utilisée aux seules fins de propagande. D'où l'état d'esprit du héros, 19/Anton, qui n'a pas d'imagination et qui la découvre grâce à Ivanov. Mais cette imagination le perd, et perd le reste du monde avec lui. Du coup, Les Cimes essaye de décrire la face inquiétante de la puissance de l'imagination dans le monde de l'Apocalypse.
De ton côté, si tu devais décrire l'univers dans lequel évolue tes personnages (ou dans lequel tu aimerais qu'ils évoluent), que dirais-tu ? Même s'il s'agit d'un univers "incomplet".
Imperator - L'univers dans lequel ils évoluent... La majorité du temps, c'est un univers propre au récit. Mais en arrière fond, j'ai toujours en tête un mini lien avec l'univers de la fédération, et là, c'est une longue histoire... En résumé, c'est une histoire développée à deux, racontant comment deux nations d'une même planète se sont faites la guerre, une guerre sans fin, une guerre qui s'est poursuivie dans l'espace, et s'est étendue partout dans l'univers, puis dans le multivers.
Mr Petch - A deux, tu veux dire avec Feurnard ?
Imperator - (oui). Petit à petit, tout ce qui pouvait être fait avait été fait et seuls les dieux restaient comme arbitres du conflit, pour assurer la balance. Jusqu'à ce que le maître incontesté de la fédération, dont je tire mon pseudonyme, ne décide de créer un dieu pour se soustraire à leur joug. Seulement, ce faisant, il a dû fuir leur territoire et s'est réfugié dans le seul endroit où il n'y avait personne: le néant. Il y plaça sa station spatiale, d'une taille qui dépasse l'esprit humain, et à l'intérieur de cette station il a recréé des milliers, des milliards de mondes. Parce que le chef de la fédération, dans sa folie guerrière, a détruit son empire, tout détruit et se retrouve seul dans sa station, avec la seule obsession d'occuper son éternité, voir de trouver une réponse à une question qu'il n'est jamais parvenu à formuler. Et chaque univers que je décris se trouve être l'un de ces mondes couvés à l'intérieure de la Gamma, la station spatiale. Mais il n'y a pas de cohérence ou de continuité.
Et puisque j'en suis à parler de continuité, comment envisages-tu la suite de tes projets d'écriture?
Mr Petch - Je vais continuer sur la lancée des Cimes car j'ai en projet un texte qui s'appelle Les Martyrs de la Vérité, qui a la même origine que les Cimes. Et sinon, continuer des Fragments d'Apocalypse, dont le format me convient bien.
Imperator - On veut tout savoir sur les Martyrs, pourquoi, comment, qui, quand, dans quel temps, avec quel manivelle, devant quel canard, tout!
Mr Petch - Alors... C'est encore un projet, donc je vais à gros trait. Mais l'univers est assez proche de celui des Cimes : un univers totalitaire et concentrationnaire. Les héros sont deux enfants, Agratius et Ophélia, dont on suppose qu'ils sont frères et soeurs. Orphelins, ils vont s'enfuir de l'orphelinat et vivre des aventures rocambolesques. Mon objectif avec ce texte est d'écrire à la façon des romans-feuilletons : quelque chose de très vivant, avec des rebondissements sans cesse et beaucoup d'émotions. Un peu tout le contraire des Cimes dans le style, finalement. C’est aussi quelque chose que j’aime faire : écrire dans un style exactement inverse du texte précédent !
Imperator - Toujours sur le thème de l'imagination?
Mr Petch - Plus ou moins.
Pour ma prochaine question, je voudrais revenir sur une de tes phrases précédentes. Tu évoquais à propos de ton monde "le multivers". D'où tu viens cette référence ?
Imperator - J'ai entendu, ou plutôt lu ce terme la première fois dans les fameux débats autour de warhammer et warhammer 40'000. Cependant, le concept est né chez nous bien avant, par la nécessité de trouver de nouveaux terrains où se battre, de nouvelles conquêtes. Certaines choses existaient sans être dans notre univers. Il a fallu en sortir pour conquérir... Le concept de multivers, même s'il n'a pas été nommé à l'époque, a été la personnification même d'un concept poussé au delà de ses limites, à l'extrême de l'extrême.
Mr Petch - On en revient à l'idée que je disais plus haut, que j'étais "à l'étroit" dans l'univers de warhammer. Tu te reconnais là-dedans aussi, ou moins ?
Imperator - J'ai finalement peu écrit sur warhammer, et la saga della Francesca, chez toi, montre que tu as fini par n'en utiliser qu'une infime partie. Warhammer n'a rapidement été qu'un bruit de fond. Jeunesse, vie et déclin en est un bon exemple, puisqu'il se situe clairement dans le monde de warhammer, mais n'en respecte finalement pas le background, vu que je change la vision des elfes dans un carcan qui me convenait mieux.
Mr Petch - Et pour revenir aux multivers, est-ce une solution qui a fonctionné pour écrire "ailleurs" ?
Imperator - Non. Pas directement en tout cas. Aujourd'hui, je dirais même que l'extrême du concept, et en fait l'obsolescence même du concept, car il a été dépassé, rend les choses plutôt compliquées parce que je n'ai plus d'univers fixe, plus de bases auxquelles me raccrocher. À moins d'inclure les chroniques des jours anciens dans les bases potentielles, auquel cas on pourrait considérer que j'ai trouvé un semblant d'assise pour me reprendre.
Et il semblerait que tu y aies aussi fait ton nid. Pourquoi? (la transition de fou!! )
Mr Petch - J'ai arrêté d'écrire (complètement) pendant environ deux ans entre 2007 et 2009, à cause de contraintes professionnelles ; et quand j'ai repris, je me suis rendu compte qu'il me manquait des commentaires, que je voulais retrouver l'esprit du warfo (alors que je l'avais volontairement quitté, justement !). Du coup, je suis allé traîner sur Internet, et j'ai retrouvé les Chroniques dont j'avais entendu parler du temps du Warfo, quand elles m’apparaissaient comme un endroit un peu effrayant et grandiose. J'ai vu que s'y trouvaient beaucoup de membres connus : toi, Feurnard, Zara, et c'est de voir des "anciens" qui m'a encouragé à venir.
Je pense que je peux légitimement te relancer la même question : comment es-tu arrivé sur les Chroniques ? Et quand ?
Imperator - Tout a commencé par un message personnel de Zara, il y a bien des années, et puis... me voilà. J'aime l'idée de chevaliers chroniqueurs. Mais je n'en dirais pas plus.
Mr Petch - Par contre, peux-tu développer sur le "message" de zara ? De quand cela datait-il ?
Imperator - De quand j'étais sur le warfo, et il y a eu une volonté de rapprocher les chroniques et le warfo. Mais au final, les chroniques sont les chroniques et le warfo le warfo. Et j'ai fait un choix. Que j'assume. En plus, j'ai trouvé pleins d'idées et d'originalité ici.
Du reste, que penses-tu des textes des chroniques, des textes de Krycek, de Kündin, de Dude ou de tout ceux que je ne nomme pas? Falc'hun, Iliaron, etc...San... Feurnard (ou Vuld pour ceux qui ne suivent pas). (cinq noms, ils y sont )
Mr Petch - J'ai du arriver à un moment où les "anciens" que tu cites (sans oublier Iggy et Monthy3 !) se montraient moins. Mais les premiers textes que j'ai lu ont été ceux de Krycek au moment où il finissait de publier son Pandemonium. Du coup j'ai tout de suite eu l'impression que les Chroniques était un lieu de grandes sagas cosmiques au long cours. Surtout que Feurnard publiait Chimiomécanique au même moment et Monthy3 finissait L’Echiquier. Mais surtout, ce que j'ai apprécié en arrivant sur les Chroniques, c'est que j'ai pu enfin lire les Trois noms d'Alarielle de Zarathoustra dont j'avais beaucoup entendu parler. Un "classique" en quelque sorte.
Puisqu'on en arrive aux textes des Chroniques, quels textes conseillerais-tu à celui qui arriverait innocemment en ces lieux ?
Imperator - Je ne connais pas l'ensemble des textes des chroniques, et j'ai le souvenir de quelques textes de Dude qui valent absolument le détour. Cependant, je dirais, et sans grande surprise vu mon insistance à ce propos, Louis l'ogre de Pérouse. Parce qu'il s'agit du texte le plus abordable en terme de facilité de lecture, parce qu'il est drôle et que l'humour facilite tout, et parce qu'il s'agit d'une écriture en commun entre copains, ce qui en soit est plus que suffisant en soi. Et quel texte conseillerais-tu toi-même?
Mr Petch - Je crois qu'immanquablement, je conseillerais Les Trois noms d'Alarielle. D'abord parce que c'est le texte d'un membre des Chroniques présent presque depuis le début ; mais aussi parce qu'il représente assez bien pour moi ce que sont les Chroniques : une sorte de tentative de dépasser les textes "warhammeriens", de développer des aspects inattendus à partir de simples fanfictions. Et simplement parce que c'est un beau texte. Sinon, pour quelqu'un qui aurait la flemme de lire une saga, je conseillerais le one-shot Jus d'orange de Feurnard, un texte où l'ambiance est vraiment intéressante.
Et justement, à propos de Feurnard, quelques uns d'entre nous savent qu'il est ton frère. Peux-tu nous dire autre chose sur ta vie à côté de l'écriture ?
Imperator - Il y a peu à dire en fait. J'ai l'impression d'avoir vécu trois ou quatre existences en long et en large, et en même temps, j'ai la sensation que ma vie est d'un vide sidéral. Mais il peut éventuellement être judicieux de dire que je suis Suisse, ce qui explique l'usage de nonante et autres, qu'en tant que Suisse, et tu en sais quelque chose, j'ai fait mon service militaire, et enfin que je suis probablement tout sauf quelqu'un d'agréable . Et toi, que pourrais-tu nous révéler?
Mr Petch - A part que je ne suis pas Suisse ?
Imperator - "Je suis né à Saint-Gohard." (Fragment d'apocalypse 1). Je ne peux pas m'empêcher de le citer...On sent l'origine des noms.
Mr Petch - Hé bien... Je suis originaire de l'ouest de la France et je me prépare à travailler en bibliothèque dans les années qui viennent (et sans doute le reste des années qui viennent). Ce qui me permettra de garder des liens avec les livres !
Imperator - Mais encore...?
Mr Petch - Que je m'estime heureux d'avoir trouvé un métier qui reste assez proche de mon activité préférée. Mais que malgré cela, j'ai toujours beaucoup de mal à me dire que l'écriture ne viendra jamais qu'en deuxième.
Imperator - N'est-ce pas un manque d'imagination que de le croire impossible?
Mr Petch - Disons que pour l'instant, je m'accommode de cette idée, mais que ça n'empêche jamais de me dire qu'un jour, peut-être, dans une autre vie...
Imperator - "L'homme a besoin de rêver, mais choisit ses rêves..."
Mr Petch - Et toi, as-tu des trucs pour concilier "la vraie vie" et l'écriture ? Es-tu justement venu sur les Chroniques pour rêver ?
Imperator - Littéralement oui. J'ai presque totalement abandonné l'idée d'écrire, ou tout du moins d'écrire pour les autres. Mais j'ai découvert dans la lecture plus de rêve que je n'en produirais jamais.
Mr Petch - Tu es donc avant tout sur les Chroniques pour lire, plus que pour écrire ?
Imperator - Actuellement, et probablement pour les années à venir, oui. Ce qui ne m'empêchera pas de succomber parfois à l'attrait de la plume. Je suis un grand timide rêveur après tout. Et je fourmille d'idées aussi absurdes les unes que les autres.
Et en idée absurde, serait-il possible d'expliquer une fois encore, puisque je l'ai déjà entendu, comment tu as choisi ton pseudonyme?
Mr Petch - C'est à cause d'un cousin à moi qui disait toujours "petch" comme une interjection et qui m'appelait "petchoboy". Du coup, quand j'ai du trouver un pseudo sur Internet, j'ai choisi "Mr Petch" , qui en est venu à représenter ma "personnalité" de quand j'écris.
Imperator - J'ai encore une question, puisque tu parles de personnalité. Que ferais-tu si tu devenais subitement omnipotent?
Mr Petch - ça dépend : omnipotent "je peux tout faire" ou omnipotent "je peux tout voir" ?
Imperator - Omnipotent "tu peux tout faire", mais pas omniscient "tu peux tout voir".
Mr Petch - Je crois bien que je me retirais dans un coin perdu, en m'assurant bien (grâce à mes pouvoirs) que personne ne va me venir me déranger sauf les gens que j'apprécie. Et je passerais mon temps à poster des textes sur les Chroniques, comme je peux étendre le temps à l'infini !
Imperator - Et comme le temps ici n'est pas infini, passons à quelques questions finales. Elles sont beaucoup moins sérieuses, mais enfin, à toi de voir comment tu veux y répondre. Je commence donc: "Un mot arriva à ses lèvres tremblotantes et rougies par l’émotion…" Tiré des contes de l'oasis. Quel est ce mot?
Mr Petch - Waouh, c'est loin. Je cherche.
Imperator - Nope. Pas le droit. Il va falloir inventer.
Mr Petch - Dans ma mémoire, je veux dire. Je ne suis pas sur le bon ordinateur ! Comme ça je dirais "Au secours !". Parce qu'on attendrait tous "Je t'aime" mais je trouverais ça trop facile
Imperator - Entendu. Question suivante: À quoi correspond le livre parfait selon toi?
Mr Petch - Le livre parfait est le livre qui n'aurait jamais de fin : on penserait être arrivé à la fin, mais il continuerait quand même
Imperator - Et moi qui pensais t'avoir... Tant pis, puisque tu es trop sage pour moi, aurais-tu un conseil à donner à celui qui voudrait se lancer dans l'écriture?
Mr Petch - A part de poster ses textes sur les Chroniques.... Je vais reprendre un conseil de Feurnard que j'ai toujours trouvé excellent (enfin, je veux dire qu'il marche avec moi) : il faut lire le plus possible
Imperator - "Et sur ces mots, Renaud termina son verre de limonade." (la dame blanche). J'en ai fini avec mon questionnaire, je suis à toi.
Mr Petch - Ok, je me lance dans deux trois questions de fin. Est-ce que tu écris encore (des fictions, j'entends) à la plume et au crayon (et l'as-tu jamais fait ?)
Imperator - Je n'ai plus écrit sur du papier, entendus des récits, depuis que j'ai quitté le collège, il y a bien sept ou huit ans. C'est bien trop peu pratique, trop lent...
Mr Petch - C'est un message de tes plus fidèles lecteurs : est-ce qu'on verra un jour la suite du "Nationaliste" ?!!
Imperator - Honnêtement, je pensais plutôt envisager de terminer Parce que pleurer ne suffit pas, mais avant ça réécrire le texte que j'avais débuté et que mon ordinateur m'a volé, avec un renard, un marchand de tout, une épée nommée Freddie et un nécromancien qui essaie de soigner une statue... Et en arrière fond, mon plus grand projet serait de développer la thématique des rêveurs. Avec comme clé l'idée que l'homme a été fait à l'image de Dieu, littéralement. Le nationaliste est dans une thématique qui ne m'a pas abandonné, que j'aimerais bien développer, mais pas avant bien des mois, bien des années. (La base virale VBS a été mise à jour!!!)(this call for a party)
Mr Petch - J'espère que tu entends les déceptions de la foule
Imperator - Pourquoi? Le texte était plutôt mauvais...
Mr Petch - Ce n'est pas ton meilleur texte, mais quand on voit "partie 1", on en a envie qu'il y ait une "partie 2". Et l'intrigue politique derrière était assez prometteuse
Imperator - L'intrigue est peut-être même encore trop complexe pour que je m'y attaque tout de suite. Cette fameuse limite de l'humanité qui veut qu'elle ne puisse survivre qu'unifiée, mais que l'unification va à l'encontre de son instinct... De même, le texte voulait aussi affirmer le concept selon lequel un dirigeant est avant tout l'esclave de ceux qu'il dirige. Mais ce concept a besoin d'être approfondi avant d'être couché sur le papier... En deux mots, je crains de ne pas avoir le niveau.
Mr Petch - Ok. Je lance la dernière question. Elle n'est pas très originale mais je dois dire que je la trouve toujours rigolote
Imperator - I'm ready!
Mr Petch - Si tu devais te réincarner, que serait-ce ?
Imperator - Je ne veux pas me réincarner, cette seule idée m'est difficilement supportable. Si ça devait arriver et que j'avais le choix, je prendrais probablement une mouche, parce que je sais qu'elles ne vivent que quelques heures ou, au maximum, quelques jours. Désolé si ce n'est pas très drôle, mais sur ce point je suis extrêmement pragmatique. D'un autre côté... Je ne cracherais pas sur le fait de devenir une galaxie. Vivre au rythme de mes propres circonvolutions, observer se faire et se défaire les étoiles... En fait, pour aller à l'encontre de l'une des contraintes. Et même si ça va à l'encontre de mes idéaux les plus sacrés. Je crois que je voudrais me réincarner en l'empereur, parce qu'alors j'aurais enfin les moyens d'aller voir plus loin, jusqu'au confins de ce qui existe et n'existe pas. Et j'arriverais à faire pousser ces sacrées bon sang de fleurs!(parce que je n'ai vraiment pas la main verte...)
Mr Petch - De toute façon, c'était une contrainte qui était presque destinée à être brisée
Imperator - Et c'est même l'objectif de toute contrainte.
On peut aller se coucher, car cela fait deux heures et demi que dure cet interview.