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Quel Espoir reste-t-il, lorsque loin de nos foyers

Nous quittons notre terre pour une autre brûlée ?

Le vent du nord qui souffle nous gèle les os

Quel espoir reste-t-il aux doux oiseaux ?

Le matin chantant, le soir mourant.

Ainsi va le destin de nos enfants.

 

Quel espoir reste-t-il pour nos femmes ?

Quand nous devons partir, affûter nos armes

Le vent du nord qui souffle nous gerce la peau.

Quel espoir reste-t-il pour nos chevaux ?

Nous portant à la mort, destriers fidèles

Lorsque le cor de guerre fait résonner son appel

 

Quel espoir reste-t-il dans nos cœurs

Quand on sent à grands pas approcher notre heure ?

Le vent du nord qui souffle, apporte la mort

Repars d’où tu viens, cruel vent du nord !

Repars dans cette terre, où les hommes habiles,

Viennent chercher la mort, viennent chercher leur Exil.

 


Alors que je finissais ce couplet, les autres reprirent en chœur. La terre dans laquelle nous chevauchions était en effet morne et grise. Pas un bruit, pas un chant d’oiseau ne venait troubler la quiétude des lieux, si ce n’était notre chant et le martèlement des sabots de nos chevaux.

Je suis, enfin, j’étais Valentin Hislevson, dit Hammerfist. Recruté peu avant par la milice, je n’ai eu d’autre choix que de laisser femme et fils pour rejoindre la légion. Une grande horde de morts-vivants s’était levée dans le Nord et nous devions nous rendre sur place pour éradiquer la menace. Toute la légion avait l’air sombre du paysage et nos cœurs n’étaient pas plus gais. Que n’aurions-nous donné pour pouvoir nous reposer dans une auberge ou pour rentrer chez nous !

Mais l’heure n’était plus aux regrets. Un bon soldat de l’Empire se doit de laisser derrière lui ses regrets et ses sentiments lorsqu’il sert son souverain. Il ne doit plus rechercher la quiétude et le repos avant l’anéantissement total de son ennemi ou de celui que l’Empire a déclaré comme tel.

Le paysage s’étendait sous nos pieds, au fur et à mesure de notre progression, le sol se noircissait, la végétation se raréfiait, l’air était chargé, on le respirait par bouffées pestilentielles. La troupe a pris un air maladif, la nourriture nous semblait ne plus avoir aucun goût, nous buvions une eau huileuse et nauséabonde. Quelle folie avait bien pu nous pousser dans une terre pareille ? Une ombre s’étendait sur tous les cœurs et dans tous les esprits. Au loin, le château du nécrarque se profilait dans l’horizon, un corbeau croassa et me ramena à la réalité. Je repris :


Quel espoir reste-t-il, quand tard le soir,

On aperçoit des silhouettes sombres dans le brouillard,

Le vent du nord qui souffle, réveille ceux qui sont tombés,

Quel espoir reste-t-il pour notre passé ?

Notre passé heureux, dont l’avenir est bien sombre

Lorsque le vent du nord vient étendre son ombre.

 

Quel espoir reste-t-il aux fiers combattants,

Qui tombent un à un sous le firmament

Le vent du nord qui souffle les relèvera contre leurs amis,

Quel espoir reste-t-il pour nos pauvres vies ?

Menacées par le temps, le froid et les armes,

Il viendra nous prendre jusqu’à nos âmes.

 

Quel espoir reste-t-il à nous, pauvres soldats,

Pions sur le grand échiquier des nobles roys

Le vent du nord qui souffle, tel un fléau battant les blés

Vient se repaître de nos vies, de nos passés

Plus nous avançons plus notre foi se fait fragile,

Protège-nous Sigmar, de cette terre d’Exil.

 


Le vent froid me cinglait le visage et des éclairs zébrèrent le ciel. Le ciel s’obscurcit soudainement et toute l’expédition prit peur en saisissant ses armes. Sur un rocher en surplomb, un éclair illumina rapidement le profil voûté d’un vieillard chauve, enveloppé de soies et de velours. Il tenait dans sa main ridée un vieux grimoire poussiéreux. Nous entendîmes, portés par le vent, des paroles qui semblaient empreintes de nostalgie, voire de tristesse.

Puis, le calme revint, plus de vacarme, de tonnerre, d’ombre, simplement la grisaille monotone que nous avions pour paysage depuis des jours. Même les soldats les plus endurcis avaient pâli durant la nuit, certains cheveux avaient blanchi, jusqu’à devenir comme la neige. Personne n’osait souffler mot, de peur de troubler quelconque entité habitant ces lieux maudits.

La compagnie continua lentement à s’approcher, inexorablement, du château du nécrarque. Nous courrions à notre perte et nous le savions tous, mais nous ne pouvions protester. Nous étions des troupes manœuvrées de loin par des stratèges plus fins que nous, mais ce ne sont pas eux qui sont sur le terrain. Ce ne sont pas eux qui supportent la boue, la faim, le froid, les coups de ces abominations relevées par les vampires. Un sentiment de révolte naissait en moi. Je lançais d’une voix forte, comme un défi aux cieux :


Quel espoir reste-t-il pour nous pauvres soldats perdus

Dirigés par des hommes que nous n’avons jamais vu ?

Le vent du nord qui souffle nous cingle le visage

Pourquoi devons-nous mourir avant notre âge ?

Jeunes gars du pays, complètement innocents,

Qui n’ont rien à voir avec les conflits des grands !

 

Quel espoir reste-t-il, pour notre beau pays

Lorsque près de nos terres se massent les ennemis ?

Le vent du nord qui souffle sème la peur.

Mais cèderons-nous devant la terreur ?

Fidèles à une nation qui ne signifie rien pour nous,

Nous allons tels des moutons à l’encontre des loups

 

Quel espoir reste-t-il pour les faibles métayers

Vêtus comme des soldats, mais connaissez-vous leur pensée ?

Le vent du nord qui souffle menace l’Empire.

Qui donc va payer le tribut ? Qui allons nous quérir ?

Ce sont les hommes du peuple, c’est si facile

De les envoyer avant leur heure dans cette terre d’Exil.

 


La rage grandissait en moi et mes compagnons contre cette nature si injuste qui avait mis des hommes au pouvoir, des hommes qui dirigent les autres par le droit de la naissance, et que rien ne différencie de nous.

Même notre capitaine, si prompt d’habitude à faire avorter toute mutinerie et qui punit sévèrement le moindre écart, le moindre irrespect, chantait avec nous. S’en était fini de la petite compagnie sacrifiable. Si nous continuions jusqu’au château, c’était réellement pour attaquer quelque chose, se défouler sur quelqu’un. Nous allions à la mort point pour protéger une quelconque nation, mais pour lâcher notre agressivité.

Les portes noires ne nous impressionnaient plus, nous n’étions plus ni apeurés ni fatigués, ni fourbus par les jours de marche, ni affamés par le jeûne que nous venions de subir. Nous n’étions plus qu’un bataillon dangereux qui chargeait une forteresse imprenable.

Le nécrarque apparut alors à son balcon, sa peau ridée tendue sur ses joues creuses. Ses mains refermées sur un long bâton noueux, enveloppé dans une tunique de tissus précieux, un curieux familier perché sur son épaule, son œil embrasé se porta sur nous. Au loin, l’arrière-garde, les chevaliers de l’Empire, entamèrent leur charge.

Le nécrarque tendit sa main, tout autour de nous surgissent des squelettes, des zombies, des chauves-souris plongent du ciel, une banshee pâle sort du marais voisin et des spectres diaphanes sortent de la tour.

Alors je compris, mes pieds quittèrent lentement le sol et je lançais d’une voix rauque et enrouée :

"Compagnons, vengeons-nous, vengeons nos vies sacrifiées, vengeons nos femmes et nos enfants, faisons connaître à ces mortels la souffrance qu’ils nous ont infligés !"


Quel Espoir reste-t-il aux grands chevaliers

Venus de très loin pour nous diriger ?

Le cruel vent du nord nous a tous rassemblés

Frères, venez, suivez-moi, il nous faut nous venger !

De ces hommes qui nous ont impardonnablement mis en péril

Venez frères, ne les laissons pas quitter, cette terre des morts, cette terre d’Exil »

 

Fin

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