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6eme Portrait : La Folle

 

 

 

La lumière du jour s’estompait dans la pièce quasiment vide mais restait suffisante pour lire. Elle avait juste eu à déplacer un peu la chaise en direction de la fenêtre.

-         Et surtout, ne te précipite pas sur la fin, pensa-t-elle… Et ne fais pas comme l’autre fois,  évite de lire la dernière phrase avant que tu n’aies lu le reste…

Cette idée la fit sourire, elle connaissait la fin puisque c’est elle qui l’avait écrite, il n’y avait par conséquent aucun rebondissement ultime à éventer. Seulement elle voulait découvrir l’effet que produisait cette fameuse dernière phrase lorsqu’on enchainait les pages dans la foulée des derniers chapitres de son existence. Et comme si sa vie toute entière eut pu s’achever avec ses mots, elle décida même de commencer par le tout début, tant pour frustrer cette impatience que pour en retarder l’échéance.

Finalement, après en avoir parcouru les premières pages avec un certain amusement, en plein milieu de l’une d’elle, elle s’arrêta et se leva.

-         C’est bizarre, maintenant que tout le monde connait mon histoire, j’ai l’impression que ce n’est plus la mienne. A dire vrai, je n’ai même aucune envie qu’on me juge un jour à partir de tout ce fatras intime…

Elle referma le carnet qu’elle tenait dans ses mains pour se diriger vers le feu de la cheminée. A peine l‘eut elle jeté dans les flammes qu’elles se saisirent instantanément du papier pour dégager cette épaisse fumée gris clair caractéristique, comme si les mots eux-mêmes s’en échappaient avant qu’il ne soit trop tard. Elle resta un instant à contempler le spectacle. Très vite, les pages se mirent à noircir, puis à rougir sous les caresses des flammes dansantes. Les pages se tordaient, s’ouvraient et parfois s’envolaient. Enfin, tout s’embrasa d’un seul coup pour se réduire peu à peu en une poussière incandescente puis blanchâtre.

Un léger remord lui traversa l’esprit en repensant à tout ce travail et à toutes ces jolies phrases qui, parfois, étaient spontanément venues à elle ou, au contraire, qu’elle avait dues soigneusement élaborer, pour toutes finir par gagner leur place dans ce si petit carnet. D’ailleurs, au fil des pages, elle avait même fini par trouver ce ton juste et une certaine aisance à plonger au fond des choses, au fond d’elle-même, pour y découvrir cette vérité qui l’avait maintenue en vie jusqu’à ce jour. Et puis, vraiment, elle aurait voulu revivre juste une dernière fois l’effet que pouvait produire sa dernière phrase sur celui qui ne l’aurait jamais parcourue. Bien qu’elle l’eût avant tout écrite pour elle-même, elle s’était dite, un peu par fierté, qu’elle se devait de finir son histoire en beauté, au cas où quelqu’un, malgré elle, ne découvrît un jour ce carnet. Elle s'était même imaginé le visage de ce lecteur idéal qui l'aurait en tout point comprise et même pardonnée. Mais elle avait voulu en même temps que cette phrase puisse toucher chacun, quel qu'il fût, au-delà même de ce qu'il aurait pu penser d'elle.

-         Tant pis, et de toute façon, jamais je n’aurais pu me mettre dans la tête de ces gens… Et d’ailleurs, eux non plus n’auraient jamais pu être dans la mienne…

Pourtant, maintenant que le carnet était en cendres, elle avait vraiment l’impression qu’on venait de lui arracher tout un pan de son existence. Elle finit par regagner sa chambre pour éviter que certaines émotions du passé ne remontent trop vite en elle. Elle ferma derrière elle la porte. Au moment de saisir de la poignée et de la tirer à soi, elle se rappela combien elle aimait sentir la résistance qu’elle lui offrait quand la pression de sa main était bloquée. Elle avait remarqué qu’elle prolongeait toujours un peu plus que nécessaire la tension qu’elle exerçait. Et depuis qu’elle avait noté ce petit plaisir, la porte était pour elle bien plus que des simples planches de bois unies les unes aux autres et sur lesquelles avait été fixé un mécanisme de serrure. Sans doute il y avait ce plaisir qu’offrait la certitude de se couper ainsi du monde mais aussi celui d’imprimer sa volonté jusqu’au point de rupture qu’elle rencontrait inexorablement au même endroit. Elle donnait véritablement accès à des mondes tout comme elle vous protégeait de toute intrusion lorsqu’on voulait s’isoler. Et c’était bien la seule chose qui importait pour elle à cet instant précis : délimiter le périmètre de son monde à cette unique et étroite pièce quasiment vide pour se concentrer sur sa seule petite personne.

Sur sa table de chevet reposaient deux autres carnets. Elle s’en saisit d’un et le parcourut cette fois distraitement. Il y eut encore quelques sourires à lire toutes ces choses qu’elle avait finies par oublier avant que son regard ne finisse par se figer dans le vide, le visage soudain affaissé et le regard brillant.

-         Non, je ne t’oublie pas, mon amour ! Tu es toujours tout pour moi…

Sa chambre était de taille modeste, tout comme la pièce d’à côté qui lui tenait lieu de pièce de vie. Une unique et petite fenêtre l’éclairait malgré l’ombre quasi permanente d’une façade voisine qu’on devinait toute proche. A plusieurs endroits, le parquet était ajouré, ce qui produisait régulièrement des craquements sinistres sous ses pas. Sur une chaise en bois, plusieurs robes avaient été déposées avec une négligence qui contrastait avec leur somptuosité. Elle se dirigea vers sa coiffeuse pour retirer une à une les épingles et broches qui retenaient harmonieusement ses cheveux. En reposant la dernière, elle approcha son visage de la glace, comme si quelque chose l’avait surprise.

-         Tu sais que tu n’as plus l’âge des folies ?

Elle se saisit de sa brosse à cheveux pour les lisser soigneusement pendant de longues minutes, les yeux peu à peu perdus dans le vague. Elle repensait au chaos qu’elle venait d’enclencher et aux millions de morts qu’elle laissait derrière elle pour avoir voulu donner vie justement à l’une de ces folies. En quelques secondes, elle avait pour ainsi dire rayé de la carte tout un monde en même temps qu’elle avait renversé ceux qui avaient toujours détenu le pouvoir jusqu’au jour où elle avait commis ce que beaucoup considéraient comme impensable.

-         Et dire que pour eux, penser l’impensable, c’est être folle…

Et puis, il y eut cet immense élan de victoire pour tous ceux, et surtout toutes celles, pour qui vivre n’avaient jamais été rien d’autre que servir les autres. Si, aux premiers jours qui succédèrent à l’accomplissement de sa longue quête, beaucoup la regardèrent avec reconnaissance, très vite, succéda une autre attitude plus méfiante, presque apeurée. A son approche, les gens redevenaient plus froids et une gêne très visible accompagnait les propos polis qu’on lui tenait. Ce qui l’exaspérait le plus étaient tous ces chuchotements qu’elle devinait avant et après son passage, comme s’il y avait toujours eu besoin d’expliquer qui elle était et ce qu’elle avait commis, un peu comme si, finalement, en franchissant la frontière de l’impensable, elle s’était exclu de ce monde qu’elle avait engendré.

Pourtant les changements ne faisaient que commencer. Au fil des jours et des semaines, ils prenaient de l’ampleur, touchant d’autres nations au rythme d’une rumeur très vite confirmée par les faits qui, à leur tour, renversaient l’ordre séculaire établi. Et maintenant que tout restait à faire pour donner vie à son rêve, elle laissait curieusement le monde s’en occuper à sa place.

Parmi tous ces morts, même parmi ses plus proches, seul comptait un être qu’elle n’avait pourtant pas connu. Régulièrement, elle s’adressait à lui, comme s’il l’accompagnait depuis toujours. Il lui arrivait même de pleurer à son souvenir. A des souvenirs qui n’avaient pourtant jamais existé. Au sujet d’une existence qui n’avait même jamais commencé. Et parce que le vide immense qu’il avait créé en elle ne cessait de s’accroitre, elle avait besoin d’en remplir toute son existence.

-         Oui, je l’ai fait aussi pour toi, mon enfant. Pour que le monde dans lequel tu aurais dû vivre te laisse davantage de chance que moi. Et pour que le monde qui a refusé que tu vives le paie à son tour. Tout le monde paie un jour, parce que, moi, je n’ai fait que payer…

Au fond d’elle, elle se doutait que, quoi qu’elle ait pu faire, cette enfant ne l’aurait jamais condamnée. Aussi petite fut-elle, elle l’aurait aimée et comprise comme personne d’autres autour d’elle. Elle imaginait très bien son grand regard sur elle qui disait combien elle était fière de sa maman. Bien sûr, en grandissant, elle l’aurait sans doute rejetée, car personne n’est prêt à porter le poids de tous ces morts sur ses épaules, surtout pas cet être si cher et qu’elle avait porté en elle pendant de long mois, sans même s’en rendre compte, pour la bonne raison que son corps avait été conditionné pour le lui interdire.

Elle s’assit sur le bord du lit, puis détacha le pendentif en rubis et saphir qui ornait son cou pour le poser soigneusement sur la couverture du premier carnet. Elle ouvrit le tiroir du meuble et en sortit trois fioles noires. Elle prit un verre empli d’eau puis y versa une goutte de chaque.

-         Si chaque poison a sa part de lumière, retrouvons-nous la nuit si on mélange leur lumière?

Elle faisait allusion aux vertus médicinales de certains poisons lorsqu’ils étaient infiniment dilués. D’ailleurs, peu le savaient et préféraient s’en tenir le plus éloigné possible. Et encore moins savaient ce qu’il se passait lorsqu’on mélangeait plusieurs poisons avec ces mêmes dosages inoffensifs. Elle approcha le verre de ses lèvres et le vida lentement. Puis, elle se dirigea vers la fenêtre pour en tirer les rideaux. Alors, elle défit les lacets de sa robe et la retira en la posant sur la même chaise que les autres et se glissa dans ses draps.

-         Bonne nuit, ma chérie. Et fais de beaux rêves !

 

**

*

Un hennissement strident retentit dans la rue. Elle ne sembla d’abord pas l’avoir entendu mais quelques secondes après, elle ouvrait les yeux, puis se levait, la tête infiniment lourde. En tirant les rideaux et en ouvrant la fenêtre, elle put constater que le jour était bien plus avancé qu’elle ne l’avait imaginé. Un air frais remplit immédiatement la chambre. Quand elle se retourna, elle eut besoin de prendre appui sur la table de chevet. Un léger vertige venait de la saisir. Pendant quelques secondes, elle eut l’impression de vivre dans une grotte et que la paroi de sa chambre ruisselait de lumière, puis que tout tournait autour d’elle. Au-dessus d’elle, des visages du passé se succédaient l’un à l’autre de plus en plus vite. Quand elle reprit ses esprits, elle gisait couchée à même le parquet.

-         Il va falloir que tu manges. Et vite…

Pourtant, elle n’avait pas envie de se presser, comme si elle voulait savourer chaque instant. Elle restait assise, l’esprit vide, avec une légère migraine, ainsi qu’une douleur sur le haut de la tête qui prouvait qu’elle avait dû se cogner en tombant. Elle ramassa les carnets à terre qu’elle avait dû entrainer dans sa chute. A nouveau, elle en parcourut quelques pages au hasard. Les mots qu’elle lisait lui semblaient ce matin si étrangers qu’elle avait l’impression de les redécouvrir ou de lire une histoire qui n’était plus la sienne. Elle prit appui pour se relever et les reposa à leur place sur la table de chevet.  

-         Pourtant tout le monde devrait savoir qu’au cœur de chaque fin se cache un nouveau début…

Elle prit un peu d’eau dans le sceau qu’elle gardait dans la pièce de vie pour s’en asperger le visage et commença à se rhabiller. Enfin, elle remit son pendentif autour du cou, réunit quelques affaires dans un baluchon et se revêtit d’une lourde houppelande. Quand elle ouvrit la porte d’entrée, elle découvrit devant elle une foule anonyme qui commençait à s’agiter dans son travail quotidien. Cette fois-ci, elle eut envie de lutter contre son petit plaisir de fermer la porte. Aussi, derrière elle, à travers les deux embrasures de celles de l’entrée et de sa chambre, on devinait les deux carnets toujours posés soigneusement sur la table de chevet.

-         Décidément, je suis aujourd’hui bien trop vieille pour ce monde… Mais, maintenant, ma petite chérie, rien ne m’empêchera plus de te voir grandir à mes côtés.

Elle descendit les trois marches en pierre qui la séparaient de la rue et se fondit dans la foule des badauds qui allaient et venaient le longs des étales comme si jamais ce monde n’allait irrémédiablement changer. Leur indifférence, ou plutôt leur inconscience, l’amusait. Elle avait semé des graines et partout elle voyait les plantes grandir et les fleurs s’épanouir, mais personne autour d’elle, ce matin, ne les regardait. Pourtant, elle avait bien détruit ce monde auquel tous continuaient à se raccrocher ou de faire comme si elle n’en avait rien fait. Elle espérait juste que ses sœurs mèneraient à bien leurs taches pour donner vie à ce monde que toutes avaient espéré et qu’elles entraineraient avec elles bien d’autres encore pour grappiller tout ce qu’elles pouvaient sur le pouvoir immuable et ancestrale des hommes sur elles. C’était bien la seule chose qui importait pour elle dans ce nouveau monde qui s’ouvrait à tous, parce que cela voulait dire qu’il y aurait désormais une petite place pour son enfant. Régulièrement elle apostrophait à la manière d’une folle des passants qui la regardaient, incrédules, répéter à qui voulait l’entendre.

-         Oui, toi, tu devrais quand même savoir qu’au cœur de chaque fin se cache un nouveau début…

-         Et toi, tu devrais pertinemment savoir qu’il ne faudra pas compter sur moi pour l’écrire…

-         Oui, et vous tous ! C’est à chacun de vous de l’écrire ! Car, moi, il y a longtemps que j’ai fini mon histoire….

Et elle se mit alors à danser au milieu de la foule, en parlant tendrement à une enfant que personne ne voyait. A nouveau, elle entendit autour d’elle ces chuchotements qui, hier encore, l’exaspéraient et qui maintenant l’amusaient. Elle se moquait que tous pussent la croire folle, seul comptait pour elle de sauver cette petite vie en elle qui n’avait jamais eu la chance de vivre et qui ne l’aurait jamais plus.  

 

**

*

 

La nuit n’est jamais cet immense tableau noir qu’on aime lui voir dessiner. Au contraire, c’est un fourmillement de déclinaison infinie de gris. Du gris, encore et toujours du gris, à perte de vue des dégradés de gris et d’ombres qui sans cesse changent, se mélangent étrangement avec le grondement des vagues à ses pieds et avec, devant elle, deux lignes parallèles, incertaines, séparant trois mondes distincts: celui de la falaise, celui de l’océan et celui du firmament. Chacun formait son univers à elle, un univers dans lequel elle n’avait jamais vraiment trouvé sa place. Et, au fil des heures, elle ressentait profondément, et avec une netteté plus grande encore qu’en plein jour, l’appel de chacun.

Elle avait passé toute la nuit à contempler ce spectacle où la lumière, paradoxalement et plus que jamais, montrait son pouvoir sur tous les vivants. Il l’apaisait singulièrement, comme si elle se sentait, plus encore, partie intégrante de ce monde recouvert de gris infini. On aurait pu se dire que tout avait changé et, pourtant, face à lui, il fallait admettre que rien ne l’était. Le grouillement incessant des êtres pour prendre ce pouvoir renversé par le chaos qu’elle avait généré, aussi vite que si elle avait claqué des doigts, n’avait eu aucune prise sur ce qu’elle regardait. Quoi qu’il eût arrivé, il resterait éternel, majestueux et toujours accessibles aux âmes qui veulent s’y plonger. Autant elle se sentait étrangère au monde qu’elle avait créé, autant l’immense tableau nocturne qui l’entourait ne faisait qu’un avec elle. Elle se mit à sourire à l’idée qu’elle ressemblait elle-même à cette vaste nuit qui, petit à petit, déclinait.

Déjà, un léger halo de lumière avait comme jeté un voile blanc et transparent sur ce paysage endeuillé. Un autre monde naissait que rien ni personne ne pouvait empêcher. Elle s’approcha du bord de la falaise pour sentir encore sous ses pas cette terre si solide et si ferme. Et là, en l’espace de quelques secondes, juste avant que la nuit ne disparaisse totalement, elle se dit que son corps n’existait plus, qu’il n’était que légèreté, à tel point qu’il aurait pu flotter dans les airs tandis que son esprit restait lourd, si lourd, comme si une vague de sommeil l’écrasait, au milieu de l’assourdissant grondement de la colère de l’océan qu’elle n’entendait plus.

Maintenant, la violence des vagues, qui se ruaient et se fracassaient continuellement sur les roches toujours plus sombres que la nuit elle-même, prenait davantage forme au fur et à mesure que la blancheur de l’écume apparaissait plus nettement et jaillissait dans l’air suspendu avec la naissance de l’aube. Il y avait comme une souffrance à vouloir toujours et encore lutter contre cette force qui sans cesse se régénérait et qui pourtant semblait échouer à chaque fois. Seulement, maintenant que la lumière du jour se diffusait toujours avec plus de force, des fractures, des saillies arrachées par les vagues, autant que des couloirs aux formes douces et polis montraient combien le combat était inégal et que la roche, au fil des jours, au fil des années ou des siècles, pliait et souffrait malgré toute son arrogante façade. Et maintenant que sa couleur passait du noir sans fin au brun profond, elle gagnait une nouvelle vulnérabilité, comme s’il était vain de lutter et qu’il n’y avait plus qu’à laisser faire l’océan nous gifler ou nous caresser au gré de son humeur et de sa vigueur infernale.

Imperceptiblement, à la timide et douce lumière de l’aube succédait celle du jour, avec ces nuances de bleu, toutes aussi infinies que celles du gris de la nuit, sauf que partout elles drapaient maintenant l’ensemble du ciel et la fièvre de l’océan d’autres mystères. Partout les formes, quelques instants auparavant si fragiles et incertaines, gagnaient en clarté et dessinaient sur chaque chose leur contour dans un jeu sophistiqué. Là où la faible lumière de la nuit offrait une unité pleine de quiétude et de doutes, celle du jour fragmentait l’espace et levait toute ambiguïté aux rêves et aux cauchemars. Et pourtant, même si on se penchait pour contempler le spectacle encore plus somptueux des vagues contre la roche, personne n’aurait eu la moindre conscience des enjeux qu’il y a peu encore unissait ces deux éléments. Et si la plupart des êtres réclamaient l’éclat des couleurs pour s’imprégner de leur beauté changeante et immanente, pour d’autres, ils en étaient comme une souillure qu’aucune vague et aucun vent ne pouvaient balayer.

-         Il commence vraiment à faire frais… Je vais rentrer car, après tout, il y a maintenant ici quelqu’un qui m’attend…

Et en rentrant sur ses pas, malgré tout ce qu’elle avait déjà vécu, elle réalisa que jamais elle n’avait espéré une autre fin.

 

**

*

 

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Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20108 il y a 9 ans 6 mois
Voilà, cela aurait pu être ma contribution tardive au RdM de ce mois avec son thème de juin "Après la Fin" Mais cela peut-être aussi ma contribution pour celui du mois prochain pour ce ce qui est de jouer avec les émotions..
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20109 il y a 9 ans 6 mois
Soupir... Une fausse manipulation a supprimé mes réactions à chaud et pour être honnête je suis trop épuisé pour les réécrire.

Donc on va être un peu synthétique.

Les deux moments forts du texte sont, pour moi, quand on nous révèle l'absence dans la seconde pièce ; et quand au réveil elle récupère les carnets.
À partir de là, savoir qui elle est, ce qu'elle a fait et bien sûr ce que sera la dernière phrase sont encore importants mais c'est comme si l'histoire était déjà finie.

Je t'ai dit que tous mes commentaires ont été effacés brutalement et que... soupir. Il y avait tellement de choses...
Deux passages plutôt faibles :
"A peine l‘eut elle jeté dans les flammes qu’elles se saisirent instantanément du papier pour dégager cette épaisse fumée gris clair caractéristique, comme si les mots..."
-> Je disais sur le moment que ce devait être important mais qu'en l'état ça ne signifiait rien, et le reste du paragraphe va de même : pas de champ sémantique clair, on s'échappe, on s'envole, on noircit, on danse, on caresse... il fait des tas de choses ce feu. Maintenant que j'ai lu la fin je sais que ce gris est important et qu'il devrait sembler familier, mais là c'est maladroit.
"Pourtant, maintenant que le carnet était en cendres, elle avait vraiment l’impression qu’on venait de lui arracher tout un pan de son existence."
-> Là mon impression était qu'il s'agissait d'une évidence. Le texte a comparé ce livre à sa vie, à ses souvenirs, forcément qu'il y a perte. Et la réaction qui suit en est un peu ridicule : en gros elle part en claquant la porte. Alors que l'instant d'avant elle semblait plutôt calme. Et non, ça ne représente pas sa folie, loin s'en faut. C'est juste des sautes d'humeur trop marquées.

Parce que, et c'est la première grande force du texte, la "folie" fait sens. Déjà parce que c'est réel, c'est un phénomène connu, et aussi parce que du coup, à partir de ce seul point de repère, on arrive à voir comment elle envisage les choses. Après bon, dans les derniers paragraphes je n'ai pas bien été sûr de quoi penser mais eh.
En tous les cas, et là c'est du Zara', on touche à de la philosophie. On me donne un énoncé au départ impossible : aimer un être qui n'a jamais encore existé. Théoriquement tu peux p- oh okay. Le texte me donne un cas pratique et courant. Et c'est la claque.
D'où la seconde force du texte, qui touche un peu à la thématique de Petch : la frontière entre folie (ou imagination) et réalité. Et là c'est vraiment pile ou face, on peut la croire, elle et ses poisons, ou on peut croire la foule des gens (et les apparences). Alors, vis-à-vis de ses buts, c'est une question accessoire. Au fond c'est de l'individualisme. Mais c'est là.

Le début a un enjeu très tôt, savoir qui est "elle", un mystère renforcé par le fait que le texte nous dit "tu es censé la connaître" et forcément ça fonctionne, d'autant qu'on parle en prime de la juger.
Mais, et même si en prime il y a la question de la phrase finale, le texte ne devient "solide" qu'à partir de l'évocation de l'absence -- et le jeu d'oppositions entre les deux pièces, vie, ombre... et les craquements sinistres, bref. Où là je suis en terrain connu.
C'est à partir de là vraiment qu'on se rend compte de l'enjeu, à savoir faire exister un être qui n'existe pas. En l'occurrence c'est pour cela que les journaux "apparemment tombés dans sa chute" m'intéressent autant. C'est le moment où, dans le texte, soudain tout change.

J'avoue que pour ce "elle", j'ai pensé autant à Alarielle qu'à une chroniqueuse (si si), avec le pouvoir de tuer des millions. J'ai aussi cherché un enjeu métadiscursif, tout du long, mais la trame de sa folie prend clairement le pas sur la dernière phrase qui, et c'était sans doute le but, en paraît franchement banal.
La fin semble de la résignation. Même si la dernière réplique confirme qu'on est toujours dans la folie, ça sonne comme un "subis et souris". Et là j'avoue qu'on est loin de la promesse de tuer des millions.

Est-ce que moi, lecteur, je voulais qu'elle tue des millions ? Est-ce que j'ai besoin de cela pour m'intéresser à elle ? Pas vraiment. Je n'ai juste pas envie qu'elle m'ait menti. L'enjeu pour moi est de faire exister un être qui n'existe pas. Et... et certes, on peut le faire exister dans l'ombre, mais c'est en-deçà de ce qu'elle me promettait.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20114 il y a 9 ans 6 mois
Tout d’abord, il faut vraiment voir ce texte comme une volonté de coller au thème de « Après la fin ». J’avais pour idée de départ d’imaginer mes personnages une fois que mon histoire terminée. C’est vrai, quoi, qu’est-ce qu’ils font ? J’avais eu l’idée d’exploiter Grobul et Boubli qui tourmenteraient le narrateur chez lui, avec une réflexion humoristique un peu faustienne sur la relation qu’auteur et personnage entretiennent… Mais je n’ai pas eu l’inspiration pour ça.
Du coup, je me suis demandé ce qu’il se passerait après Ether. Donc il y a vraiment cette idée d’après la fin. Donc j’ai décidé d’écrire un texte qui donnerait à chaque fois l’idée qu’il se terminerait… et qui finirait par continuer. Comme une sorte d’agonie ultime de l’histoire. Il y a donc eu d’abord les deux premières parties. Bien entendu, il y a un petit jeu avec le lecteur. Il y a celui qui a la perception globale du texte (le « lecteur idéal ») qui comprend qu’il s’agit du monde d’Ether après que Aynarielle ait fait des siennes… Et le récit va donc plus loin où moi je souhaitais m’arrêter. Et il y a également l’idée de la fin comme nouveau début. Chaque séquence se termine mais donne vie à un début. La fin est à la fois une fin et à la fois un début. Et bien entendu, il y a le jeu aussi sur la dernière phrase ; Chaque dernière phrase de chaque séquence est un peu une phrase de fin. Et chacune annonçait une fin après la fin. Cependant, je voulais que l’histoire ait un sens même pour ceux qui n’avait pas lu Allariel ou Ether. Certes, il y a plein de clin d’œil, et le lecteur averti ne voit pas les carnets ou le pendentif comme n’importe quel lecteur, il a accès à une autre vérité qui lui permet de boucler la boucle au travers de ce que deviendra les fameux carnets. Et en ce sens, cette histoire devient bien un début d’une nouvelle histoire qui sera celle de celui qui apportera le journal intime au traducteur.
Il y avait donc la volonté aussi de faire un texte profondément réaliste, ancré dans le quotidien, pour montrer la vie telle qu’Ether ne la montre pas et qui est bien entendu celle que chaque lecteur peut comprendre.
Seulement avec ces deux séquences, c’était trop court, donc j’ai attendu que me vienne l’idée d’une troisième partie. Cette partie respecte les rituels des deux premières mais à modifier ma perception de l’ensemble. Et au final, ce texte, au final, est devenu un texte éminemment fantastique. C’est bien le fantastique qui permet d’en cerner le sens.
Du coup, le titre du récit est venu bien plus tard au moment où je me suis dit qu’il fallait que je le propose ici. Comme souvent dans mes portraits, la définition du personnage est ironique ou décalée. Ici, je dirais que c’est à la fois un bon titre, parce qu’il place le récit sous un angle auquel tout le monde a accès mais qu’il le distrait des vraies questions de fond. D’ailleurs, si je devais vraiment donné un nom qui décrit le personnage, ce serait « L’Iconocalste ». Aujoud’hui, si je voulais vraiment donner une piste je donnerais un autre nom. Mais j’y reviendrais sans doute.

Pour ce qui est de la séquence du feu, c’est marrant parce que je pensais la même chose ; Cette une séquence rempli de clichés. Et vraiment, j’avais envie de la supprimer entièrement. Et sans savoir pourquoi, je n’ai pas pu. Ce matin, je sais que cette scène est importante pour l’histoire, peut-être faudrait-il la revoir un peu différemment, mais vraiment, dans sa dimension fantastique, elle est importante.
Enfin, pour ce qui est de tes idées sur la chute des carnets et le bruit du parquet, je vois ce que tu veux dire. Honnêtement, même si effectivement cela a du sens, ce n’est pas volontaire. Mais la manière même avec laquelle j’ai travaillé fait qu’il y a beaucoup de chose que j’ai mises et qui ont pris du sens après coup. Je me suis un peu laissé guider, j'ai mis des idées croyant suivre ma ligne, mais mon subconscient y a mis des choses qui m’ont dépassé. Par exemple, cette séquence de la porte (qui est basé sur des sensations personnelles, et, en soi, je ne vois pas mon personnage « claqué » la porte mais au contraire la fermé fermement avec soin). Je trouvais logique de faire un contrepoids en la lui faisant laisser ouvert dans l’autre séquence (avec une manière de mettre en avant les carnets). Or aujourd’hui, c’est un tout autre sens que je vois. Avec une dimension bien plus fantastique.

Je reviendrais plus tard si vous le voulez sur ce fantastique. J’aimerai que vous regardiez le texte sous cet angle par vous-même.
Portrait de Mr. Petch
Mr. Petch a répondu au sujet : #20120 il y a 9 ans 6 mois
Je réponds en ayant lu un peu en diagonale les commentaires, donc désolé s'il y a des redites.

Ah, si : je suis d'accord avec le renard sur la gêne face à la description de la consumption du livre, le paragraphe qui commence par :

Elle referma le carnet qu’elle tenait dans ses mains pour se diriger vers le feu de la cheminée.


Plus qu'un problème de champ lexical, je trouve que la description est à la fois trop évidente (les "mots clés" qui la jalonnent forment un ensemble sémantique un peu attendue), et maladroite dans son rythme. Tout vient trop vite. Ce qui me gêne c'est surtout le "caractéristique" de "cette épaisse fumée gris clair caractéristique". L'emploi de cet adjectif fait perdre le côté mystérieux de la scène.
C'est d'autant plus surprenant qu'à l'inverse, la description finale est réussie. Peut-être parce que tu avais plus de place pour développer, le rythme est donc mieux géré. Mais bref.

J'ai beaucoup aimé ce texte pour une raison précise : j'ai eu le sentiment que tu t'essayais à un texte plus allusif que d'habitude, avec une part de mystères et non-dits, y compris de mystères non vraiment résolu. Par rapport à d'autres de tes textes plus "explicites", c'est une bonne surprise. Je ne sais pas si cette prise de risque était volontaire...
Mais en tant que lecteur qui aime ne pas saisir toutes les clés d'un texte, il y a de la matière ici. Pas d'explications claires, et cela convient bien à la thématique de la folie. C'est encore plus intéressant quand on connaît tes autres textes (bien sûr, on pense à Alarielle...) puisqu'alors la lecture s'apparente à une forme de jeu de piste. Et en un sens, en ne nommant pas explicitement, tu parviens à atteindre une forme de plaisir universel. Et sur la fin (la troisième partie est pour moi, de loin, la plus réussie), les pensées exprimées finissent par interroger le sens de nos vies en général. J'ai lu cette phrase très belle comme une métaphore par laquelle tu interpelles le lecteur en lui demandant s'il est conscient que sa vie est aussi un récit. S'il fait partie des "êtres qui réclament l'éclat des couleurs", ou des autres.

Et si la plupart des êtres réclamaient l’éclat des couleurs pour s’imprégner de leur beauté changeante et immanente, pour d’autres, ils en étaient comme une souillure qu’aucune vague et aucun vent ne pouvaient balayer.


Mais peut-être vais-je trop loin dans l'interprétation et mes propres obsessions.

Maintenant, la lecture m'a inspiré trois remarques qui ne sont ni vraiment des critiques, ni vraiment des questions mais un peu des deux.

1. Il y a un motif qui m'a interpellé et j'ai été surpris que tu ne l'exploites pas davantage. C'est lors de cette phrase :

[La porte] donnait véritablement accès à des mondes tout comme elle vous protégeait de toute intrusion lorsqu’on voulait s’isoler.


Ici tu enclenches un motif qui me parle beaucoup, l'idée que la chambre du personnage est un monde clos, à elle, et que dehors est déjà un autre monde. C'est un thème qui inspire beaucoup de choses, que l'on parle de rapport réalité/fiction (la porte mène au monde de fiction créé par "elle") ou de rapport être à soi/être au monde (l'idée que chaque individu est un monde à part entière qui se confronte sans cesse aux autres). Mais par la suite, tu abandonnes un peu cette idée. Ou en tout cas, elle ne réapparaît que comme une toile de fond, pas comme un vrai thème. Et je me dis que c'est dommage, qu'il y aurait eu un jeu de contrastes plus marqués à provoquer entre le "monde clos" de la chambre et le monde extérieur.

2. D'une façon générale, je trouve que la gradation dans la découverte de l'élément "fantastique", l'idée que le personnage est fou et qu'il s'invente des histoires (mais aussi qu'il parvient à leur donner vie), est trop rapide. Dès le début et cette phrase :

Cette idée la fit sourire, elle connaissait la fin puisque c’est elle qui l’avait écrite


un des enjeux du texte est éventé. Je me demandais si c'était ou non volontaire.

3. Je m'interroge aussi sur la place des dialogues (hé oui... toujours les dialogues !! ;) ). Cette part entre narration et monologue du personnage est une excellente idée. Il conduit par exemple à se demande qui est le vrai narrateur. Et personnellement, j'ai le sentiment que la troisième partie est "écrite" par la folle plus que par le narrateur initial, mais ce n'est qu'une interprétation.
Du coup je me demandais comment tu avais envisagé cette partition qui, à mon sens, fonctionne parfois très bien, mais d'autres fois paraît un peu artificiel, au sens où les repliques du personnage sont un peu trop décalées par rapport à la narration. J'ai ressenti une petite gêne ici par exemple :

Sur sa table de chevet reposaient deux autres carnets. Elle s’en saisit d’un et le parcourut cette fois distraitement. Il y eut encore quelques sourires à lire toutes ces choses qu’elle avait finies par oublier avant que son regard ne finisse par se figer dans le vide, le visage soudain affaissé et le regard brillant.

- Non, je ne t’oublie pas, mon amour ! Tu es toujours tout pour moi…

Sa chambre était de taille modeste, tout comme la pièce d’à côté qui lui tenait lieu de pièce de vie. Une unique et petite fenêtre l’éclairait malgré l’ombre quasi permanente d’une façade voisine qu’on devinait toute proche.


Mais hormis ces réserves, et comme souvent, du bon Zara...
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20122 il y a 9 ans 6 mois

Plus qu'un problème de champ lexical, je trouve que la description est à la fois trop évidente (les "mots clés" qui la jalonnent forment un ensemble sémantique un peu attendue), et maladroite dans son rythme. Tout vient trop vite. Ce qui me gêne c'est surtout le "caractéristique" de "cette épaisse fumée gris clair caractéristique". L'emploi de cet adjectif fait perdre le côté mystérieux de la scène.

Je suis d'accord sur tout ça moi aussi. C'est vraiment le maillon faible Seulement cette scène produit deux choses: elle perd une partie de son histoire. Et dans la seconde séquence, on se rend compte qu'elle a tout oublier. Le feu a deux effets: libérer l'esprit de son enfant dont l'histoire figure dedans et lui ôter la mémoire en quelque sorte. Mais je voulais rester sur un registre très réaliste. C'est vraiment la scène à refaire parce qu'elle doit avoir une autre dimension. Je n'ai pas voulu trop forcer le trait sur le fantastique (parce que je ne veux pas perturber la lecture du premier niveau).

Mais par la suite, tu abandonnes un peu cette idée. Ou en tout cas, elle ne réapparaît que comme une toile de fond, pas comme un vrai thème. Et je me dis que c'est dommage, qu'il y aurait eu un jeu de contrastes plus marqués à provoquer entre le "monde clos" de la chambre et le monde extérieur.

Je ne l'abandonne pas. Je suis au contraire sa logique. L'idée de ce texte, c'est qu'Allareil est devenu comme un spectre. C'est ici que se place e fantastique du texte. Lorsqu'elle s'évanouit et qu'elle revient à elle, elle devient un fantôme. Et quand elle laisse la porte ouverte, c'est pour libérer tout ce que renferme sa chambre (et notamment pour que que sa fille puisse la suivre).
Ce personnage est un spectre parce qu'elle n'appartient plus à ce monde qu'elle a créé (tout comme elle n'appartenais pas vraiment au monde d'avant).
Si vous faites attention, à chaque fois qu'elle regarde quelque chose, elle s'y "dissout" (son carnet, le feu, la nuit). Lorsqu'elle parle aux gens, elle le fait comme un fantôme pour les harceler.

2. D'une façon générale, je trouve que la gradation dans la découverte de l'élément "fantastique", l'idée que le personnage est fou et qu'il s'invente des histoires (mais aussi qu'il parvient à leur donner vie), est trop rapide. Dès le début et cette phrase :
Cette idée la fit sourire, elle connaissait la fin puisque c’est elle qui l’avait écrite

un des enjeux du texte est éventé. Je me demandais si c'était ou non volontaire

Je ne compres pas ta remarque. :huh: A dire vrai, pour moi, sa folie est loin d 'être une folie.... Comme il s'agit d'un de mes personnages, je sais que tout ce qu'elle dit, elle l'a vraiment fait. Mais le texte pose la question des r^ves et du ^prix à payer pur leur donner vie. Et indirectement, si on devait changer le monde pour le rnonde meilleur, serait-on prêt à payer ce prix s'il impliquait la mort des millions de gens. De manière général, le monde est régi plutôt par le principe inverse. Plutôt ne rien faire plutôt que trancher dans le vif... Faut-il condamner des innocents? Je ne tranche pas. Seulement, elle l'a fait, mais avec sa vision du monde. En ça, elle a une part de folie, effectivement.

Du coup je me demandais comment tu avais envisagé cette partition qui, à mon sens, fonctionne parfois très bien, mais d'autres fois paraît un peu artificiel, au sens où les répliques du personnage sont un peu trop décalées par rapport à la narration. J'ai ressenti une petite gêne ici par exemple :

C'est une allusion un peu crypté sur les 3 noms d'Allarielle et en même temps il peut s'agir de sa fille. Tout comme il peut s'agir de l'une des explications de sa folie.

Et sur la fin (la troisième partie est pour moi, de loin, la plus réussie), les pensées exprimées finissent par interroger le sens de nos vies en général.

La 3eme partie s'est écrite toute seule, en quelque sorte. Elle est venu plus tard, mais tout avait muri dans ma tête sans que j'y pense vraiment. Elle bénéficie de la fluidité de l'écriture. Il y a deux dimension. C'est bien entendu la partie la plus clairement spectrale, elle est comme dilué dans le paysage. Et en même temps elle met en scène son suicide (ou pas...). En fonction du choix, la fin rend plusieurs interprétations possibles.
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20123 il y a 9 ans 6 mois
C'est un peu hors-sujet mais juste pour rebondir là-dessus :
"Et indirectement, si on devait changer le monde pour le monde meilleur, serait-on prêt à payer ce prix s'il impliquait la mort des millions de gens."
Je pose la question différemment dans les Anges : si tu peux payer un prix pour changer le monde... alors les autres aussi. La question est plutôt : as-tu envie que d'autres puissent causer des millions de morts pour changer le monde comme ils l'entendent ? Parce que dans les Anges, ils ont ce pouvoir, et 99% de la population est morte en moins de deux mois.
Après, si le monde est meilleur, alors là c'est à l'appréciation de chacun.

C'est parfois agaçant de savoir que, peu importe nos efforts, le monde reste le monde, et si changement il y a il est lent et souvent imperceptible. Mais un monde inverse, où le changement serait aisé, est...

Bref. C'était hors-sujet.
Juste une note encore pour dire qu'effectivement, Alarielle n'est pas folle. Mais même sans connaître Alarielle, la "folie" décrite dans le texte n'en est pas une pour autant. Il y a bien un syndrome, pour les mères qui ont avorté, où elles n'arrivent pas à oublier l'enfant. Toutes ses considérations sur le monde, au final, ne sont qu'une extension de cela.
Portrait de Mr. Petch
Mr. Petch a répondu au sujet : #20124 il y a 9 ans 6 mois

Je ne l'abandonne pas. Je suis au contraire sa logique. L'idée de ce texte, c'est qu'Allareil est devenu comme un spectre. C'est ici que se place e fantastique du texte.


Alors... J'avais bien saisi qu'il y a en quelque sorte deux dimensions qui s'expriment dans le texte. Mais j'ai le sentiment que tu aurais pu mieux exploiter la métaphore des espaces différents. Je ne parle pas seulement des personnages, je parle vraiment des lieux. Je suis sûr qu'il y a quelque chose à faire avec les différents lieux qu'elle traverse. Peut-être par des descriptions, ou simplement par des détails quand tu décris la pièce, par exemple. Personnellement, j'ai eu l'impression que tu n'osais pas faire du lieu même une sorte "d'espace mental" du personnage.
Mais peut-être que cette idée ne va pas avec la façon dont tu veux introduire le fantastique.

Et justement :

Je ne compres pas ta remarque. :huh: A dire vrai, pour moi, sa folie est loin d 'être une folie.... Comme il s'agit d'un de mes personnages, je sais que tout ce qu'elle dit, elle l'a vraiment fait. Mais le texte pose la question des r^ves et du ^prix à payer pur leur donner vie.


Je vais essayer d'être plus clair. C'est peut-être basique, mais quand on apprend le "fantastique" à l'école, on apprend aussi la gradation de ce fantastique : au début, il doit être présent par petites touches, voire presque invisible. Ce n'est qu'au fil du texte qu'il éclate. On apprend le fantastique comme l'irruption de l'étrange dans du quotidien. C'est très scolaire, mais je sais que c'est comme ça que je procède : en introduisant des paliers dans le mystère.
Ici, à te lire, j'ai l'impression que dès le départ tu explicites ce qui est mystérieux. Que le lecteur n'a pas le temps d'apprécier le "quotidien". Pourtant, dans la dernière partie, tu maîtrises bien le côté "irruption du fantastique", aussi par les mots. Mais au début, le fait qu'on ait cette phrase :

Cette idée la fit sourire, elle connaissait la fin puisque c’est elle qui l’avait écrite


fait que dès le départ le lecteur sait qu'il est dans du fantastique. Mais comme dit dans ma remarque, c'est peut-être volontaire de ta part.

Je ne sais pas si je suis plus clair... :huh:
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20125 il y a 9 ans 6 mois

Mais au début, le fait qu'on ait cette phrase :
Cette idée la fit sourire, elle connaissait la fin puisque c’est elle qui l’avait écrite

fait que dès le départ le lecteur sait qu'il est dans du fantastique. Mais comme dit dans ma remarque, c'est peut-être volontaire de ta part.

C'est étrange, parce que pour moi, il n'y a pas de fantastique ici. Elle relit juste son journal intime. Il s'agissait plutôt d'un jeu avec le lecteur, une sorte de mise en garde sur la dernière phrase. Et en même temps, il y a aussi le regard de l'auteur sur son propre travail. Et ce qui est drôle pour moi, c'est que je n'avais aucune idée de ma dernière phrase au moment où j'ai mis cette idée. Je me laissais une sorte de défi.
Pour revenir sur le regard de l'auteur, j'avoue que j'ai souvent ce besoin de finir mes textes par une phrase qui crée comme une sorte de résonance et que je dois souvent relire l'ensemble du texte pour sentir si elle fonctionne, alors que j'ai tendance à faire un focal que sur les phrases qui précèdent (et du coup je lis en commençant par la fin). Et il m'arrive fréquemment de regarder la dernière phrase d'un livre par curiosité. Bref, pas de fantastique dans ma tête. Au contraire, pour moi, jusqu'au feu, on est dans le réel.

Ce n'est qu'au fil du texte qu'il éclate. On apprend le fantastique comme l'irruption de l'étrange dans du quotidien. C'est très scolaire, mais je sais que c'est comme ça que je procède : en introduisant des paliers dans le mystère.

Pour ma part, ici, je voulais un texte résolument réaliste. On peut très bien le lire sans percevoir un instant le fantastique, et j'espère qu'il fonctionne sans et voir effectivement une femme un peu fofolle avec des idées suicidaires et qui veut faire le bien autour d'elle. Je ne pense pas qu'il y ait d'explosion du fantastique à la fin. Il y a certainement même, dans cette dernière phrase, un côté déceptif revendiqué. Un texte réaliste avec une phrase banalement réaliste.
Le fantastique "classique" se fait par des manifestation à travers des témoignages qui ont un doute, qui se se disent que ce qu'ils imaginent n'est pas possible ou sur des ambiguïtés. S'il y a ambiguïté, elle est soit sur la folie soit sur l'interprétation de la fin (notamment parmi celles possibles étant bien entendu qu'elle rejoint son enfant dans un autre monde, et là, il peut y avoir un peu ce fantastique "classique"). Mais si on décide qu'elle attendu par un homme qui l'aime, ça me va, d'autant que c'est également la vérité puisqu'il va falloir que quelqu'un récupère son journal intime pour le faire traduire... Et si on voit la dimension fantastique, alors j'espère ne laisser aucun doute sur ce qu'est devenu mon personnage (même si cela reste métaphorique)

Personnellement, j'ai eu l'impression que tu n'osais pas faire du lieu même une sorte "d'espace mental" du personnage.
Mais peut-être que cette idée ne va pas avec la façon dont tu veux introduire le fantastique.

Tu as certainement raison. Mais en soi, mettre mon personnage dans cette pièce, la connaissant, j'avais l'impression que c'était comme si elle était un extra-terrestre sur kla Terre. Et je me disais que pour ceux qui pigeait l'allusion à Allariel , il y avait déjà une sorte de fantastique à la voir évoluer normalement dans un lieu normal. La scène de la porte montrait, je trouve, bien cette dimension de repliement quasi fœtal (sans pour autant le dire explicitement). En tout cas, sans ma tête. S'il y a fantastique, c'est vraiment celui du quotidien qui à force d'être banal en devient angoissant (encore une fois surtout quand on a capté l'elfe).
Mais bon, tes sensations ne te mentent certainement pas. Il y a certainement à améliorer quelque chose. Dans ce texte, tout n'a pas été pensé de A à Z. Il y a des choses qui me sont apparues après, donc il y a certainement des choses à revoir.

Vuld Eldone: Je pose la question différemment dans les Anges : si tu peux payer un prix pour changer le monde... alors les autres aussi. La question est plutôt : as-tu envie que d'autres puissent causer des millions de morts pour changer le monde comme ils l'entendent ?

Oui, moi aussi, quand j'ai lu ton texte, j'ai pensé immédiatement au projet d'Alarielle dans Ether et qu'on avait une réflexion assez commune. C'est vraiment curieux...

Il y a bien un syndrome, pour les mères qui ont avorté, où elles n'arrivent pas à oublier l'enfant. Toutes ses considérations sur le monde, au final, ne sont qu'une extension de cela.

En l’occurrence, son bébé est mort dans son ventre et le médecin l'a empêchée qu'elle puisse le voir pour éviter qu'elle ne devienne folle vu son état de faiblesse mental. C'est le symptôme de la douleur au ventre qu'elle ressent dans le dernier chapitre des 3 Noms que j'ai mis . Vous avez ici la teneur du chapitre suivant que j'ai écrit mais où il manque des passages (et où tout ne me plait pas donc je ne sais pas si je le terminerai vraiment un jour). Et bien entendu tu as raison sur le fond. Je profite de ça pur que le texte reste résolument réaliste aussi.

La question est plutôt : as-tu envie que d'autres puissent causer des millions de morts pour changer le monde comme ils l'entendent ?

JE dirais plutôt si tu étais dans le camp des futurs morts, Accepterais-tu de mourir si cela devait rendre le monde meilleur? Et si on voit le monde comme un jeu de pouvoir et d'influence, oserais-tu mourir si cela devait donner plus de pouvoir aux autres pour qu'ils puissent rendre le monde meilleur à leur façon en ayant même des doutes sur leur capacité à le changer?

Au fait, personne ne l'a signalé, mais c'est un texte qui joue également avec les émotions. J'espère que la fin fonctionne quand même sur ce plan-là....
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20126 il y a 9 ans 5 mois
Pour les émotions... pas vraiment.
Je m'attache au personnage et à ce que je perçois comme sa quête : faire exister un être qui n'existe pas. Je compatis et j'ai envie de partager sa "folie".

Mais la fin est trop réflexive à la fin pour que je puisse vraiment m'attacher. Elle se met à considérer les étoiles et à considérer la vie en général, avec parfois des considérations dont je me demande ce qu'elles font là.
L'émotion fonctionne en tout cas lorsqu'on me révèle son secret. Là j'avoue que j'ai été frappé. Mais ensuite, par exemple la voir "harceler" les gens dans la rue... j'ai beau savoir pourquoi, je ne peux pas l'approuver et je me distance. C'est aussi pour cela que je parle de "claquer la porte" : elle a toute les raisons de ressentir une perte, et j'aimerais l'éprouver avec elle mais sa réaction est juste... brutale et trop théâtrale à mes yeux. Comme si on passait de la première à la sixième vitesse.
Chez moi l'émotion ne vient pas tant des trucages du texte qu du contenu même. Et ici il y a du contenu pour me prendre d'affection pour l'héroïne -- ce qui, avec Alarielle, est bien une première. Je le suis d'autant plus pour les causes perdues et impossibles.

Et pour la question de mourir, si ça rend le monde meilleur, la réponse est simple : "la fin ne justifie pas les moyens". S'il faut tuer pour rendre le monde meilleur, peut-être que ça ne rend pas le monde meilleur.
Ça le rend juste meilleur "pour toi" ou pour tels autres.
Tuer pour sauver des vies, pour protéger etc. ne rend pas le monde meilleur. C'est juste "la chose à faire", un mal nécessaire comme on dit. Mourir pour que d'autres vivent est un mal nécessaire aussi, et d'après notre culture c'est la chose à faire. Mais ça ne rendra pas le monde meilleur.

Je pourrais parler de l'Elebren mais je vais juste évoquer un texte d'une américaine où l'héroïne passe son temps à se battre pour "le bon combat". Il y a même un moment où une copine de l'héroïne passe à la radio pour chanter ses louanges, et c'est un véritable spot de propagande.
Pas étonnant que tous mes textes aient ce ton si blasé, même plus déçu ou dégoûté, juste résigné désormais.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20127 il y a 9 ans 5 mois
En fait, pour ma part, l'idée d'Allariel, c'est de condamner ceux qui avaient les plein pouvoir pour rendre le monde meilleur, qui, bien entendu, n'en ont rien sauf pour le maintenir tel qu'il était de manière à garder leur pouvoir. Dans ces cas, qu'on soit un empereur ou pas, on a tous des excuses pour justiier qu'on n'a rien fait. Après, il y a un problème moral qu'elle occulte sciemment qui était du droit qu'elle a pri de faire disparaitre de ce monde des millions de gens dans la foulée pour renverser les lois du pouvoirs... Une broutille, en somme. Et comme je ne suis pas sûr d'aller jusque là un jour dans mon histoire, elle porte malgré tout le poid de cette broutille puisqu le dommage collatéral dont il s'agissait était son propre peuple dans son entier... Si cela peut vous aider à comprendre le regard que je porte sur elle sur ce texte et pourquoi elle en arriva là... Ce n'est pas fondamental, mais quand je vois que tu dis qu'elle passe de la première à la 6eme, il est possible que j'ai sous-évaluer le poids des infos qui manquent au lecteur par rapport à ce que moi je vois.

Mais la fin est trop réflexive à la fin pour que je puisse vraiment m'attacher. Elle se met à considérer les étoiles et à considérer la vie en général, avec parfois des considérations dont je me demande ce qu'elles font là.

Tu as raison sauf qu'ici, c'est un spectre dans lequel on voit à travers et qui n'existe pour ainsi plus. Ces mots peuvent très bien ne plus être les siens mais celui d'un spectateur qui chercherait la place qu'un tel être peut avoir dans ce monde. Et libre à chacun d'imaginer à qui appartient la voix qu'on entend et à qui elle s'adresse. Pour moi, chaque choix apporte une réponse dans lequel se cache une émotion, authentiquement joyeuse ou désesperée.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20128 il y a 9 ans 5 mois

Elle se met à considérer les étoiles et à considérer la vie en général, avec parfois des considérations dont je me demande ce qu'elles font là.


J'ai relu le passage en question, et il y a sans doute du vrai. Et à force de commenter ce texte, je commence à y mettre des trucs qui n'y sont pas encore... Il est possible que l'auteur se soit fait plaisir au détriment de l'enjeu du texte... En fait, voilà le découpage que j'avais en tête:

*Focal sur le paysage en plan large dans lequel se fond le personnage. Insistance du gris et de la lumière nocturne qui dévoile une réalité contrairement aux apparences.

*Zoom sur elle et ses pensées. Elle se rend compte que son rêve de changer le monde est une illusion et qu'elle appartient à un autre monde

*Changement d'éclairage avec la naissance de l'aube. Elle voit le monde qu'elle a engendré et n'y trouve pas sa place. Culpabilité ou satisfaction de ce qu'elle a fait. Besoin de s'évader de ce monde ou suicide?

*Contre-plongée pour voir la lutte des éléments. Métaphore d'une lutte pour donner vie à ses rêve:OU pour montrer qu'elle a sauté dans le vide. Dans tous les cas, sa présence s'est complètement dissoute dans le paysage comme celle d'un spectre.

*Plan à nouveau large. Le jour s'est levé. Elle semble avoir complètement disparu avec l'apparition de la lumière.. Celui qui la cherche des yeux voit pourtant à travers ses yeux les raisons de qu'elle vit aujourd'hui. Deux mondes qui s’opposent. Un qui montre tout et l'autre qui dissimule. A chacun leurs rêves. Mais quelle était sa (notre) place exacte dans ces deux mondes?

*Dernière séquence: qui parle? A qui la phrase est-elle adressée? D'où est-elle prononcée? etc.Fin ouverte pour que le lecteur puisse projeter ce qu'il a vu dans l'histoire ou de ce qu'il a envie de lui faire vivre.

Au final, tu n'as sans doute pas tort, Mais cette séquence respecte mon cahier des charges que de rester à la fois très réaliste et à la fois métaphorique. Même si c'est par conséquent plus une séquence bilan et. il n'y a pas vraiment d'émotions palpables (on est plus effectivement dans le ressenti et la réflexion) sauf que tout ça permet, selon moi en tout cas, d'emporter loin le lecteur pour qu'il retombe sur les deux dernières phrases qui, elles, par contraste, en deviennent, je l'espère, davantage chargées. Mais maintenant que j'ai quasiment tout dit, je suis prêt à prendre en compte ta vision si tu me précises les choses.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20491 il y a 8 ans 8 mois
Hello,
Alors, il y a des passages qui m'ont plu dans ce texte, mais dans l'ensemble ce n'est pas trop ma tasse de thé.

Déjà premier truc qui moi me sort très vite d'un texte, ce sont les fautes. Il n'y en a pas tant que ça mais trop pour moi. Tu me diras si tu veux que je fasse une passe de relecture et que je te pointe les fautes ou si tu veux que je les corrige même, je peux faire ça.

Ce qui a trait à la folie dans tout ce qu'elle a de décousu et de syllogismes, fonctionne plutôt bien pour moi. Le personnage a parfois l'air normale (pour qqn qui a perdu un enfant), parfois l'air d'une sorcière, et parfois on ne se demande même plus et on profite juste des mots comme ils viennent. Ce côté (et aussi le fait qu'il soit court) en a fait une lecture agréable.

J'ai bien aimé le passage où son carnet brûle (vu les commentaires précédents, je suis peut-être la seule :D) : j'ai bien visualisé la scène, et je me suis demandé, et je te demande, d'ailleurs, si tu as déjà fait brûler un carnet comme ça?

J'ai bien aimé aussi le début du dernier chapitre, avec la nuit et la mer. Par contre j'ai fini par décrocher et passer complètement à côté de la fin. Je pense que pour moi la narration est trop décousue, et peut-être il ne se passe pas assez de choses, pour que je m'investisse émotionnellement. On me présente un personnage, un paysage, je regarde, certains éléments me touchent, mais aucunement je n'attends un dénouement particulier. J'ignore même si tu cherchais à un donner un. Je me dis que pour une histoire qui parle de "après la fin", c'est assez normal en fait.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20494 il y a 8 ans 8 mois
Je suis toujours preneur pour les fautes, car tu peux me croire quand je dis que ce texte (avec celui du professeur) ont été lu et relu...

Pour le carnet, non, mais des magazines oui.

J'ai bien aimé aussi le début du dernier chapitre, avec la nuit et la mer. Par contre j'ai fini par décrocher et passer complètement à côté de la fin. Je pense que pour moi la narration est trop décousue, et peut-être il ne se passe pas assez de choses, pour que je m'investisse émotionnellement. On me présente un personnage, un paysage, je regarde, certains éléments me touchent, mais aucunement je n'attends un dénouement particulier.

C'est effectivement le passage où ce qui se passe dans le texte devient abstrait. On peut lire comme toi le texte comme une interminable description sans enjeu. C'est fait pour. Mais éventuellement, on peut également voir cette partie comme si mon personnage devenait littéralement un spectre et qu'il se dissout dans le paysage. Ou qu'elle se jette de la falaise (tu verras, le regard du texte suit un mouvement de chute). Du coup, la phrase final peut être lue avec plusieurs sens en fonction de ce que chacun y a trouvé. L'idée étant aussi de frustrer un peu le lecteur s'il est resté trop sur le premier degré pour l'inviter à y voir un peu plus loin dans les enjeux sur ce paysage. Il faut vraiment voir ce passage comme un texte fantastique.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20495 il y a 8 ans 8 mois
Alors pour les fautes il faut que tu me dises, soit je corrige direct ce qui est évident, ou alors si tu veux je te ferai un mp pour te lister tout ce que je vois et je modifie rien moi même. Tu préfères quelle option?

Pour le passage de la mer. En fait c'est exactement comme ça que j'ai vu ce passage, du moins le début. Le personnage déprimé qui se fond dans le paysage. Et j'ai trouvé ça vraiment bien fait. Par contre le pb, c'est que une fois le personnage fondu dans le paysage, ça continue, ça continue même un moment, et c'est à côté de ça que je suis passée. Peut-être que le début du passage était justement trop bien fait, comprendre que le personnage se fond du coup trop vite dans le paysage (c'est après tout assez littéralement ce que tu dis, donc il n'y a pas vraiment de gradation) et ensuite et bien... il faudrait autre chose pour tenir jusqu'au bout, ou bien raccourcir drastiquement, je pense.