Hi'.
Il est tout aussi difficile de conclure un texte que de le débuter. Non attendez reprenons : de terminer un texte que de le commencer.
Les RdM se suivent et paraissent vides mais, étrangement, ils remplissent vraiment leur fonction. Et si les thèmes restent ce qu'ils sont, assez arbitraires et de peu d'intérêt, le délai lui porte vraiment ses fruits. Mais il reste un obstacle de taille à l'écriture des textes, qu'on pourrait résumer faussement à l'absence de lecteurs. Nous-mêmes nous connaissons nos histoires, et on peut se retrouver à ne plus écrire que pour s'amuser avec les rouages de l'écriture bien plus que pour l'histoire elle-même, qui en deviendrait presque une excuse. Certains reprochent alors, justement, que la forme prend le pas sur le fond. Et le problème, au fond, est que pour tout ce qu'on aurait à dire, on n'a pas de raison de le faire. Et ce n'est pas une question de fréquentation : c'est juste qu'on ne s'imagine plus un lecteur, même idéal, auquel on s'adresserait, à qui on voudrait faire lire le texte..
Quel projet de texte, quel message, quelle motivation ? Les commentaires les plus intéressants viennent du projet "Point final", qui a repris vie et qui accidentellement force les chroniqueurs à décortiquer le texte dont ils visent l'achèvement. Et parmi les réflexions, il y a la posture héroïque du... du héros. Qui certes est un anti-héros, opposé à son frère... mais qui n'a pas peur. Et ce détail laissé par Leste-Plume dès le premier chapitre, alors que ce même personnage peut avoir peur pour son frère ou d'un louveteau, est presque révélateur du projet en arrière-plan. Mais pourquoi avoir mis ce détail, et pourquoi avoir abandonné le texte, raisons personnelles à part ? Parce que l'introduction était finie, le problème posé, qu'il était temps de développer l'histoire alors même que tout était déjà dit.
En y repensant... pour beaucoup de jeunes auteurs, écrire est une manière de crier. Face à une situation qu'ils subissent, quelque chose qu'ils ne comprennent pas ou ne peuvent pas accepter, bref, face à la vie, ce besoin de discuter de ce qui les dérange et qui les préoccupe. Ces plumes-là peuvent donner des textes qui, même maladroits, sont surprenamment réussis. Ils ont simplement quelque chose à dire, sans qu'on s'en rende compte. Puis, le besoin passé, le texte tourne en roue libre. Le "manque d'inspiration" souvent invoqué est alors simplement qu'on n'écrit plus pour rien, et ces auteurs abandonnent la plume. Puis bon. Il y en a d'autres qui écrivent pour pas grand-chose et qui s'obstinent à ne pas écrire grand-chose. Sans trop de méchanceté.
Alors, au moment de choisir le thème, le renard s'est dit que tous les chroniqueurs étaient touchés par une même question :
Le manque de temps, la lenteur du site, la difficulté de boucler le texte avec en filigrane aussi le souci de perfection, mais, quelque part, également le besoin de ne pas écrire juste pour avoir écrit. C'est l'idée que peu importe combien de temps on les travaillerait, ces textes pressés pour tenir le délai resteront rushés, précipités parce qu'ils n'auraient pas grand-chose à dire. Ils nous sembleraient toujours un peu vides. Cela, bien plus que le manque de temps, peut expliquer pourquoi il est si difficile à présent de relancer une saga. Il y a peut-être, parfois, cette idée qu'il est inutile d'écrire vingt chapitres quand on connaît déjà la fin. Et que cette fin nous déplaît.
Oh, il y a toujours quelque chose à écrire. Le monde est assez fou pour ne pas manquer de matière. Mais à quelle fin ? Peut-être que divertir n'est pas suffisant. Peut-être que divertir n'est juste pas suffisant. À vous de voir, chroniqueurs,
à vos plumes !