Hi'.
À la vieille époque, les Chroniques avaient leur thème. Ce thème, de Warhammer, s'est étendu en général à la fantasy, aux mondes de capes, d'épées et de magie, avant de se vouloir universel. Mais les Chroniques, à leur corps défendant, ont toujours un thème.
C'est, en y réfléchissant, une nécessité. Nous avons notre lectorat, avec ses attentes, ses préférences, et nous avons notre atmosphère où la réflexion est devenue une habitude. Mais on ne se rend vraiment compte de la différence que quand on se force à écrire un texte qui "n'a rien à faire là". On veut y appliquer les standards d'autres sites, plus jeunes, plus dynamiques, avec plus de romance et plus d'action. Et on se rend compte, un peu comme une reliure inappropriée, que cet ouvrage n'entre pas dans la bibliothèque.
Mais au-delà de ça, les Chroniques ont leur propre univers. Il y a Libra, certes, mais il y a aussi le site lui-même, avec ses origines, son histoire, ses aventures et mésaventures et toutes ces références que les grognards saisissent, comme les fantômes de Zarathoustra bien plus que son Ether, ou l'image du phare qui n'a jamais réussi à détrôner celle de château fantastique. Les Chroniques ont une identité qui, inévitablement, vient influencer les textes qu'on y publie. Et ce n'est pas une mauvaise chose. Pas seulement parce que cela donne une production qui sans être unique reste assez particulière et nous démarque quelque peu, mais aussi parce que cette identité en elle-même est une motivation à écrire. Le texte, fondamentalement, est une conversation avec le lecteur. Faute de discussion, le texte meurt. Mais les Chroniques posent ses propres questions, ses propres problèmes, ses propres univers auxquels répondre. Il suffit d'un déclic, d'un petit rien saisi au détour de la vie pour savoir exactement quoi écrire sur ce site et aucun autre : ce texte, qu'on va écrire, n'aurait vraiment sa place nulle part ailleurs. Il n'a de sens qu'ici.
Ne le cachons pas non plus. Le renard est hanté. Traumatisé par l'idée qu'il faudrait suivre "un modèle", ce qui en littérature est déjà peu acceptable et qui, dans d'autres activités, devient encore plus compliqué. Les Chroniques sont alors, secrètement, une autre échappatoire. Ce n'est pas juste un lieu où discuter des textes, où commenter librement et aussi loin que le bon vouloir l'exige. C'est un lieu où écrire différemment, où tenter des formules et exposer des problématiques autre part impossibles à formuler.
Pour autant, on peut se demander si les Chroniques ne devraient pas plus capitaliser sur son identité. L'universalité n'est pas en cause : nous avons chacun nos genres et nos préférences, et la science-fiction ou le fantastique ont bien trop de force face au titan de la fantasy. Mais au-delà de l'étiquette des genres, on pourrait souligner ce qui se retrouve dans un peu tous les texte, un certain ton, une certaine manière qui dépasse nos différences, sous influence de ce lieu. Et quitte à "vendre" nos textes, si l'on peut dire, avec une meilleure idée de ce qui se produit ici il serait bon d'annoncer à l'avance, et clairement, au lecteur quelle sorte de textes l'attend.
Mais cela est une réflexion que le renard laisse, chroniqueurs,
à vos plumes !