Hi'.

      Le renard n'avait pas d'internet, l'éditorial aura un jour de retard, ce n'est pas la mort... si ? Certaines fêtes n'ont jamais vraiment eu de sens pour certains auteurs, comme certains textes semblent parfois n'avoir aucun but. C'est l'occasion de discuter des mots.

      Par exemple, quelle est la différence entre un "sujet" et un "thème" ? Aucune, si on décide qu'il n'y en a aucune. Ou alors, arbitrairement, on peut décider que le "sujet" serait en surface, quelque chose comme "Tom va tuer un dragon" ou "l'histoire d'une marmite sur le feu". On décrit l'histoire, on la résume tel que n'importe qui peut la trouver en ouvrant le livre. Et on peut décider, tout aussi arbitrairement, que le "thème" serait plus abstrait, une idée, une notion... "l'héroïsme", "la routine", "le ciel"... un petit rien qui pourtant va revenir partout et tout le temps comme un leitmotiv invisible donner son unité au texte, et sa force. Ce peut être la différence entre un texte usiné, écrit par habitude, forcé, et un texte même amateur mais rempli de passion, qui sans forcément savoir où il va nous emmène quelque part, nous y entraîne.

     Il n'y a pas besoin d'être conscient de son thème pour en avoir un. La majeure partie du temps, cela arrive par accident. On écrit, on pense à quelque chose, cela vient naturellement, et on ne se rend même pas compte de ce plus petit dénominateur commun entre Tom qui perd son épée et la soupière du géant. Décidément. Les textes amateurs sont en cela surprenants, et fascinants, en ce qu'ils n'ont pas les moyens de se cacher et de se conformer. Ils offrent des thèmes inattendus, novateurs, déroutants, une découverte de tous les instants. Et même quand l'unité n'est pas respectée, que le texte peut en devenir incohérent, que les défauts s'accumulent, il y a partout comme des étincelles, autant de thèmes, de possibilités un peu partout qui, pour le littéraire, ne peut que captiver, comme on peut être fasciné également par les brouillons des grands auteurs, leurs journaux, leurs lettres, et se rendre compte parfois que, pour eux aussi, il y avait des accidents.

      Le rapport avec le thème du mois ? Euh... aucun :

      RdM -- Survivant

      C'est la différence entre un éditorial laborieux, comme une corvée déprimante et au contraire un éditorial qui vient tout seul, dont on serait impatient, dont on est même frustré de ne pas avoir pu l'écrire la veille. C'est aussi la surprise de textes qui s'écrivent d'eux-mêmes pour peu qu'un thème soit là, conscient ou non, et comme une des clés de la page blanche. Là où d'autres sites rappellent constamment les sentiers battus, les moyens d'être lus, les routes du succès, les Chroniques ont ce petit plaisir de la découverte, et même la fascination de l'erreur moins parce qu'elle est une erreur que pour ce qu'elle révèle, y compris en possibilités. Ce sont des réflexions qui ne semblent possibles nulle part ailleurs -- entendu qu'ailleurs est encore vaste et inexploré, quand même.

      Depuis deux mois, l'écriture est redevenu un plaisir. Une évasion. Un moment agréable où se replonger dans ses univers. Et tant pis si les textes sont un peu moins biens. On a une soupière, il est temps de taper du dragon. Aux armes, chroniqueurs,
à vos plumes !

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