Il est deux heures du matin, le feuilleton a deux semaines de retard et le renard tousse encore. Deux textes dans les tubes, on fera un addendum, pour l'instant il s'agit de se mettre au chevet et se raconter une histoire.

      Les Chroniques vont bien. Bien sûr, les plus anciens ont ce souvenir de la dizaine, de la demi-douzaine de membres et de leurs textes par dizaines de pages sur ces héros de fantasy pourfendant l'orc et le dragon à l'occasion, avant que l'analyse ne vienne couper court au rêve. Mais les Chroniques vont bien. L'activité à court de termes pour la désigner n'a pas empêché de brasser la poussière toutes ces années et pour des années encore. Le plus inquiétant, l'aspect technique, ou trouvera une solution, ou ne sera qu'un contretemps de plus après lequel le feu du phoenix - ou du phare, selon - brûlera encore. Les Chroniques vont bien parce que les gens y croient encore, et tant qu'il restera quelqu'un pour y croire, les Chroniques ont une raison d'être, et seront.

      Il ne s'agit pas d'une simple tirade. À côté des Chroniques voilà deux heures un autre forum est mort, qui n'avait que deux rapports avec le nôtre, d'y avoir eu un renard et une activité tout aussi épuisée de dénominations. Mais ce n'est ni le manque de fréquentation, ni les problèmes techniques rendant chaque action pénible, qui a sonné son glas. C'est sa raison d'être. C'est que soudain, du jour au lendemain, il s'est révélé que toute la foule des survivants, ces fantômes, ces spectres, n'étaient véritablement plus que l'ombre d'eux-mêmes. Que la passion, la motivation, cette volonté quand elle ne serait qu'un lambeau ou une illusion flotte encore et fièrement au passage des chroniqueurs. Krycek, et Sàn, et surtout Zarathoustra qui désormais défie les fondations et nous rappelle que cette fonction de gardien, prise voilà longtemps maintenant, n'est pas dénuée de sens.

      Tout cela n'est vrai que si les Chroniques sont une idée, que s'il existe une idée des Chroniques, que si nous, qui avons tracé des mondes sous nos plumes et taillé des univers, nous admettons cette idée. Qu'il y a plus qu'un simple site. Qu'il y a là quelque chose d'irremplaçable, qui tient dans quoi ? Dans le site, ou dans ses membres, ou dans son texte propre, pour le renard ce sera la poussière. Ce que l'on fait doit avoir du sens, ou nous cessons de le faire. Or c'est de savoir qu'il en reste encore, malgré le manque d'idées ou de lecteurs, d'intérêt ou de temps, se sentent encore ici à leur place. Les Chroniques ne seront menacées qu'au moment où on cessera d'y croire, et croire, de nos jours, est des moins évidents. S'il devait y avoir un infime sens au divertissement, ce fin fond par défaut de l'activité de lecture, ce serait celle-ci, de s'exercer à la crédulité.

Et puisqu'il y a une transition pour en parler, voici de la lecture :

       Mira : Depuis trois semaines que Sàn a déposé le texte, Mira ne demande qu'à avoir une police plus grosse et être lue pour savoir de quoi il retourne... oui, pas la moindre idée.

       Ether 12 - Des interrogatoires très poussés : Une pensée pour les retardataires, le marathon de Zara' les attend de pied ferme mais qu'on se rassure... après environ six à huit mots, vous aurez toutes les raisons de lire le reste.

       Enfin il reste la discussion qui n'a jamais eu lieu, mais peu importe. Voilà à présent quelques temps, on demandait pourquoi le renard s'intéressait à la politique américaine, et s'était même tenté à suivre les aventures du président normal. La réponse est soit que cette sale bête a un parti pris, soit qu'il y a quelque chose dans ces événements qui retient son attention. Politique mensongère, politicien démagogue, sur fond de désillusion et de manque de confiance, quel meilleur lieu à part le café de commerce pour cultiver les idées ? L'idée qu'il y a des idées, l'idée que des gens y croient encore. C'est aussi simple que ça. Peu importe à quoi, tant que quelqu'un y croit, et cela vaut d'écumer la toile toutes les nuits sans compter les heures, tant que quelque part quelqu'un fait encore cet effort. Ce serait bien de cacher ça dans un texte, d'ailleurs, alors...

       Chroniqueurs, à vos plumes !

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