La passivité. Non non pas celle du site, mauvaises langues ! La passivité des personnages, et ce qu'elle peut signifier.
Oui, ce sera un éditorial qui ne parlera pas vraiment de l'activité du site, et cela malgré l'acharnement de Zarathoustra, Imperator et bien sûr Krycek qui nous prépare des étagères néo-modernes pour notre bibliothèque, ce qui dépayse vraiment certains chroniqueurs, dont le renard, habitué qu'il était aux conventions de l'âge de pierre. Alors oui, il serait facile de faire le parallèle entre la lenteur légendaire des Chroniques et la passivité des personnages d'une histoire, mais en vérité le parallèle est... il n'y en a pas. La différence entre les deux est même assez flagrante, en y pensant.
L'activité d'un chroniqueur se calcule au nombre de textes qu'il publie, au nombre de messages qu'il laisse, de commentaires qu'il fait et autres acharnements de croisière. L'activité d'un personnage ne se calcule pas au nombre de fois où on écrit "il fit ceci ou cela". Son activité se calcule au but qu'il se donne et aux efforts qu'il fait pour l'atteindre. Un personnage est actif quand il a un objectif, et cela même s'il ne fait rien. Si sa seule présence, ou même existence, suffit à faire agir les autres, alors il est un agent du texte, il fait bouger les choses et en cela, il est actif.
Mais bien sûr, quand on pense à un personnage actif, on pense au héros qui va tuer des dragons.
On parle de la tête blonde qui pour quelque raison s'est soudain donné pour but un matin de sauver le monde ou qui a reçu la visite de tel individu tombé du ciel qui l'envoie sur les routes taper sur tout ce qui n'est pas sympa' dans le royaume slash galaxie. C'est le récit d'aventure, où l'action se résume à aller vers son but en rencontrant un maximum de personnes dans un maximum de lieux avec si possible un maximum de combats aussi. C'est alors assez facile de rendre le héros actif : il est tout le temps en mouvement, on lui a donné sa motivation dès le départ, quitte à en changer en cours de route, et chaque nouveau lieu lui donne des mini-quêtes qui peuvent s'avérer complètement inutiles mais qui, du simple fait qu'il va taper sur des méchants, suffit à le faire passer pour actif. Le héros est en position de dire "je vais faire ça" et le monde ne bouge pour ainsi dire qu'avec lui. Un récit égocentrique.
Maintenant, qu'en est-il d'un récit où le héros n'est qu'un individu parmi d'autres ? Cela va à l'encontre de l'idée même de héros, mais enfin si demain un renard sur deux pattes vous annonce que vous êtes l'héritier d'une guerre galactique et que vous devez empêcher la destruction du monde en allant dans un pays qui n'existe pas, vous faites quoi ? La réponse est en général de tuer les parents et de brûler le village mais cette politique un peu terre-à-terre loupe la dimension humaine d'un héros qui, au final, a ses limites. Le récit d'aventure a pour but de créer un personnage capable de tout accomplir, et c'est ce qu'on attend de lui. C'est la convention. Mais pour les autres genres, les autres récits ? La passivité du héros ressemble à celle de tous les autres personnages, forcés de suivre, subissant l'action et confinés à leur place limitée d'être vivant.
Peut-on écrire un récit où la passivité du héros est une bonne chose ? Ce serait à vous d'y répondre, ou,
Chroniqueurs, à vos plumes !