Le monde des Chroniques est fragile. Qu’un renard change de terrier et c’est tout leur équilibre qui tremble. Pourquoi ? Parce que c’est l’irruption de la vraie vie dans notre petit monde. Et cette vraie vie nous pose une question. Pourquoi consacrer autant de temps à l’écriture quand tant de choses nous accaparent et nous en distraient ? Ecrire a quelque chose dérisoire, surtout lorsqu’on le fait en amateur. Cela ne changera pas le monde, cela n’intéressera sans doute que quelques personnes, alors pourquoi écrire ? Pourquoi se distraire de la vraie vie pour coucher quelques mots de plus sur une feuille ou sur un écran qui seront si inutiles dans ce monde ?
Le travail d’écriture possède une dimension des plus étranges. Il nous connecte autant à nous-mêmes qu’à l’autre. Au fil du temps, il ne devient plus un loisir, un divertissement mais une sorte de nécessité intérieure. Peu à peu, on a besoin de cette confrontation avec soi-même. Pourquoi ? Sans doute pour de multiples raisons. Mais, pour ma part, il y en a une qui me fascine. Ecrire, c’est aussi paradoxalement comprendre l’autre. Cet autre, vous l’aurez compris, c’est vous, c’est le lecteur. Et comprendre ce mystérieux animal, c’est également se comprendre soi-même. Lorsqu’on écrit, nous sommes autant auteur que lecteur et il faut résoudre l’équation qui nous lie l’un à l’autre.
Cette relation intime peut s’analyser, selon des termes chers à notre renard, comme un pacte de lecture. Et lorsque le pacte se termine, nous devons l’un et l’autre avoir le sentiment de l’avoir respecté. Or comment y parvenir lorsqu’on écrit des choses qui nous paraissent inutiles ? Le lecteur y a pourtant droit, parce qu’elles sont censées l’aider à comprendre, à mieux se projeter dans l’histoire, ce qui fait qu’elles sont nécessaires. Mais a-t-on le droit de les écrire si elles apparaissent à l’auteur comme inutiles ? N’y a-t-il pas là une trahison du pacte de lecture ? La discussion est lancée sur notre forum et elle mérite d’être approfondie. Nous n’en sommes qu’au début et, bizarrement, on dirait la discussion s’enlise déjà. Pour ma part, je veux répondre à notre renard, mais, la vie m’accapare un peu trop et les mots fuient dès que je veux aller plus loin…
Dans cette mise à jour, vous trouverez un nouveau chapitre du Chant des Pierres qui a été enterré pendant plus de cinq ans. Pourquoi ? Parce qu’il m’apparaissait tout simplement comme inutile. Et j’ai bloqué pendant toute cette longue période. Régulièrement je m’y confrontais et rien d’intéressant n’en sortait. Donc si vous aussi êtes confronté à ce dilemme d’écriture, venez en discuter avec nous et peut-être arriverons-nous à percer ce mystère de l’inutilité face à la nécessité. Nécessité d’écrire ou nécessité de lire ? Pour le savoir, nous n’avons pas le choix… Chroniqueurs,
à vos plumes !