Hi'.
Si vous êtes chroniqueur, vous vous êtes nécessairement demandé s'il y aurait un éditorial ce mois-ci encore, ou si janvier n'avait été qu'un sursaut du hasard. Le doute était permis, mais le renard s'est acharné, et la lumière brille à nouveau pleinement au sommet du phare. Enfin, plus ou moins à la moitié.
Janvier aura sans doute paru pareil aux autres, et pourtant il a retrouvé quelque jeunesse presque par inadvertance, de cet agacement des gens âgés de voir le temps passer sans eux. Une mise à jour de module plus tard, le fameux message d'erreur avait disparu et si le contrôle n'est de loin pas total, la confiance est restaurée, de pouvoir tenir la garde et les lieux en état pour encore des années. Krycek a tout emménagé avec soin, et la moindre erreur peut être catastrophique, d'où une prudence inavouée, mais sans le montrer le site retrouve sa vigueur technique et pourra peut-être bientôt enfin répondre aux nouvelles demandes des chroniqueurs. La bibliothèque a encore et toujours besoin d'une présentation plus soyeuse et d'un véritable moteur de recherche, et ainsi de suite, et indéfiniment. L'absence de prétention n'empêche pas la volonté de tenter, et d'exploiter tous ces outils que le maître archiviste avait, lors de la migration, présenté à nos pieds. Si vous ne ressentez pas le frisson de la découverte et si vous n'avez pas les souvenirs des passages tortueux que pouvait prendre l'internet, c'est que vous savez déjà à quel rythme tout cela se fera. Mais il est déjà heureux de se dire que tout cela pourra se faire. Il y en a doucement la volonté, et peu à peu les moyens.
Mais bien sûr la grande surprise a été d'obtenir trois textes coup sur coup de trois auteurs comme si la nouvelle année nous avait pris de court, et le renard a hésité à en faire un RdM. À la place et parce que c'est plus fac- par nostalgie, il reprendra une vieille habitude toute aussi romanesque, et pour la peine il s'est empressé de lire les textes. Lire en se forçant n'est jamais une bonne idée. Se relire soi-même s'est déjà révélé pénible, et il y aura fallu toute une journée. Lointaine l'époque où des chapitres de vingt pages se faisaient dévorer ! Mais réellement, si le coeur n'y est pas, l'expérience s'en avère profondément altérée, et il serait difficile de faire la part de la critique légitime et de ce qui tient de la fatigue et du stress. Une philosophie veut que ce soit au contraire le meilleur moment pour critiquer, puisque l'impatience retire toute concession et toute restreinte, mais cela fait aussi partie de la fatigue que de délaisser les débats au profit de songeries solitaires. C'est là l'autre raison pour laquelle le renard évite de tourner l'occasion en RdM : il n'est pas sûr de pouvoir y participer, quand bien même son texte s'y trouverait.
Et parlant de textes :
Zarathoustra - Le Diable (une histoire intime) : Si au départ on peut craindre le pur exercice littéraire, assez vite on se trouve dans le drame romantique d'un couple hanté par le diable comme par le silence. Le texte joue sur les non-dits qui empoisonnent les relations, et joue sur l'atmosphère tantôt joyeuse, tantôt lourde, et sur la frontière du fantastique.
Sàn - Le dernier des Tchoutchoucans : Alors c'est l'histoire de tribus-locomotives et de leurs harems qui font brûler des tipis le matin et qui vont chasser le bison l'après-midi avant de revenir pour leur combat de boue rituel. La blague est un brin longue, mais le style de Sàn y est présent de part en part.
Vuld Edone - Haro : Haro est l'esprit des bêtes, et on lui a dit de garder un puits. Et d'y jeter un humain par mois environ. Les humains sont moyennement d'accord. Le style est faussement médiéval, l'histoire simpliste et vaguement répétitive, l'univers un peu maltraité mais il y a une certaine émotion entre l'esprit et ses bêtes.
Ces textes annoncent-ils une animation nouvelle ? Probablement pas. Mais ces textes sont-ils le fruit d'une passion qui refuse de mourir ? Sans doute, oui. Et si les discussions risquent d'être courtes, au grand dam du gourou des Chroniques, et si février devrait être calme et après lui mars et avril, ces instants suffisent à rappeler pourquoi les Chroniques des Jours Anciens continuent de vivre. Bons ou mauvais, ces textes sont nos textes. Longs ou courts, poétiques ou moqueurs, ce sont les récits qui nous poursuivent et que l'on regretterait de n'avoir pas vu naître. Soudain on ne pense plus en one-shot mais en saga, et on se surprend à y croire, envers et contre tout. Mais enfin, l'éditorial se répète et il importe seulement de dire que la routine, pour calme qu'elle ait été par le passé, a bel et bien repris et ne se relâchera pas.
Bon retour chez vous, ignorez la poussière et l'absence de jardins, l'aspect austère des étagères ou la vermine qui traîne dans le coin. Les Chroniques des Jours Anciens sont heureuses d'être votre demeure, et à vous, Chroniqueurs,
à vos plumes !