Hi'.
L'année commence bien, et c'est peu de le dire. Pas seulement parce qu'il y a de la lecture, pas seulement parce que les lecteurs sont variés et de passage... mais surtout parce que les textes sont courts.
Comment formuler cela, sinon dire qu'on hésite à écrire court, et on hésite à écrire vite, tant cela peut sembler de la négligence, un manque de sérieux inconscient. De la même manière on n'aime pas partager les brouillons, les essais et toutes ces choses dont on sait les faiblesses et les limites. Mais quel plaisir pour le lecteur ! Il y a bien sûr le côté pratique, pour nous autres privés de temps et absorbés par les responsabilités, de pouvoir dévorer le texte en une poignée de minutes et ne pas craindre de devoir s'arrêter en plein cours. Loin de rester sur sa faim à la fin on a pu vivre une véritable expérience. Mais surtout il y a la redécouverte, avec dans ces textes toute la volée des techniques et des petites phrases qui doivent titiller l'instinct de tous les chroniqueurs. Là-dessus la fournée de février est exemplaire, variée et faite pour les littéraires, de petites perles à décortiquer.
Et puis, il y a ces surprises et ces coups du sort. C'est Zarathoustra qui par accident ou par inadvertance réussit un piège dans lequel on a envie de tomber, après s'être échiné sur autant de textes où la technique croisait avec l'ingéniosité. Petite frustration de plume quand le texte le moins travaillé réussit le mieux, suffisamment partagée pour ne pas avoir à s'y appesantir. C'est aussi, venu de nulle part, Monthy qui s'inspire du renard, et le renard forcément fier comme à chaque fois qu'on s'approprie ses textes, c'est-à-dire, à chaque fois que quelqu'un s'en inspire. À la lecture, il dira Jus d'orange, et la comparaison des techniques et des histoires à elle seule mérite le détour, puisqu'elle offre un nouveau regard sur cette atmosphère particulière de l'inéluctable.
Mais assez retardé l'instant, parlons des textes :
Zarathoustra - Le Puits des âmes : Un homme vous regarde, vous l'ignorez et un univers plus tard c'est vous-même qui vous observez. Il y a suffisamment de manières de lire cette descente dans le puits, y compris la plus littérale, qui donne envie de s'y replonger.
Ignit - Dans la brume : Le mot de "fragment" transforme ce simple récit fantastique en un univers, avec l'envie d'en comprendre les règles, mais au final on se concentre sur ce matelot seul face à la brume.
Monthy3 - Rire : Moitié farce, moitié drame, on passera son temps à se demander qui est qui dans ce qui pourrait tout de même bien s'appeler une mascarade. La vraie question, c'est plutôt... qui a raison ?
Inutile de le répéter, avec cette quantité de textes et de lecteurs le RdM s'impose, et une fois encore si cet éditorial n'avait pas été fait à la dernière minute et dans l'urgence ce serait chose faite. Et ce sera chose faite. Il ne fait aucun doute que c'est temporaire, et qu'après cette vague l'océan redeviendra calme autour du phare. Tout du moins on s'y attendra. Ne mentons pas, des textes comme ça on en redemande. Dans tous les cas il faut au moins fêter l'instant et quoi de mieux qu'un bon vieux classement, question d'échanger quelques passes avant de devoir retourner à nos préoccupations ?
Un RdM est une petite danse de la victoire, non plus une routine ni une contrainte, plutôt une exposition temporaire dédiée, chroniqueurs,
à vos plumes !