Hi'.
Nous sommes le premier juin, le renard est en train de tomber malade et tout est parfaitement normal... Il y a énormément de choses à couvrir mais l'éditorial sera fidèle à lui-même et maladie oblige, changeons de conversation.
Qu'est-ce que la critique ? C'est, à la base, donner son avis sur un texte. C'est un commentaire adressé à l'auteur, pour qu'il puisse se faire une idée de la réception de son texte ou pour qu'il puisse en repérer les forces et les faiblesses ; c'est aussi un commentaire adressé aux lecteurs, par la force des choses. Le lecteur s'attend alors à ce que le commentaire soit fiable, afin de pouvoir évaluer le texte... ou toute autre oeuvre. La fiabilité de la critique dépend alors généralement des arguments qu'elle donne. Mais fondamentalement la critique reste un commentaire, une opinion plus ou moins appuyée par l'expérience.
Tout cela devrait aller de soi. Mais apparemment non. Il y en a encore pour croire pouvoir imposer leur opinion aux autres, comme si celle-ci avait quelque poids, et pour croire que l'expérience ou que la boîte à outils de la littérature les y autorise. Mais la littérature dit seulement ce qu'on peut faire, pas ce qu'il faut faire, et l'expérience, comme l'âge, nous permet seulement de savoir qu'on ne sait rien. Pour le chroniqueur, la règle d'or reste et demeure l'humilité.
Ce qui nous amène au premier défi que se sont lancés les chroniqueurs : continuer les textes inachevés qui pullulent sur les étagères, et qui admettons-le sont trop nombreux pour espérer en venir jamais à bout. Le projet "Point final", à défaut d'un meilleur nom, doit donner une fin alternative satisfaisante mais qui déviera forcément des intentions de l'auteur, et qui s'emparant de son texte a la prétention de compléter son oeuvre. Il n'y a pas qu'une question de propriété intellectuelle, ou de politesse. Il y a un respect vis-à-vis de ces auteurs, une volonté d'honorer leur travail et la question de savoir si quiconque sera à la hauteur de la tâche.
Ce qui nous amène au second défi que se sont lancés les chroniqueurs : il s'agit bien sûr du Récit du Mois. Celui de mai vient de se clore, celui de juin se lance enfin. Le thème est assez générique et motivé par l'idée que les textes récents sont trop souvent des réflexions, pas assez dramatiques et sentimentaux. Le littéraire peut trouver trop facile les "romans de gare", et soupirer sur les artifices usinés, mais c'est là aussi un art et en aucun cas à négliger, qui a ses règles et ses succès, parfois plus difficile que bien d'autres défis. Comme souvent le chroniqueur soupire sur les textes de ses premiers temps, quand écrire était facile et quand les pages s'alignaient, les aventures folles et amusantes, et un peu absurdes, et où il n'avait pas à se poser de questions. On soupire après ces temps avec l'impression que toute notre science n'a servi à rien. Eh bien. Prouvons le contraire.
Et pour ceux que le thème n'inspire pas, ou que la vie occupe trop pour revenir à la plume, il reste l'occasion de lire et de commenter les récits du mois passé :
Y compris ceux qui n'ont pas été inclus dans le RdM, comme les autres textes de Sàn : Automates, ou une histoire d'enquête un peu courte à bord d'un train, mais surtout Le Crapaud amoureux, un de ces contes animaux avec sa logique propre et son style fluide et simple qui permet de se plonger complètement dans les tribulations d'un crapaud un peu benêt. Quelle place donner à ces textes qui ne rentrent plus dans le RdM ? Bonne question.
Ces derniers mois les projets se multiplient et si les Ebooks avancent peu, notamment dû à la sieste involontaire du dragon noir, partout ailleurs il semble que les Chroniques retrouvent leur raison d'être. Y discuter d'écriture, passionnés comme sont les chroniqueurs, parler de dialogues à tous les carrefours et sur tout le forum et réfléchir à la manière de partager toujours plus de textes. De plus en plus l'éditeur des articles, bien plus efficace que celui du forum, pousse à y déplacer l'activité sur la bibliothèque. Mais le forum est toujours au centre de tout, et peut-être parmi toutes ces initiatives, toutes ces contributions et toutes nos philosophies, le prime exemple de l'esprit des Chroniques : une humilité face à l'expérience, qui nous rappelle d'où nous venons, où nous voulons aller, qui nous voulons être et pourquoi nous tenons dès lors tant à ce site.
Nous sommes détenteurs de bien plus que la seule volonté de commenter, de partager notre passion. D'autres ailleurs veulent en faire autant. Mais ici, nous pouvons discuter, nous pouvons discuter vraiment. La confiance qui filtre dans nos propos est-elle due à l'habitude de nous fréquenter ? Ou bien parce que nous voyons, dans les affirmations de l'autre, autant de questions qu'il se pose et que nous nous posons également ?
La réponse apparaît chaque jour naturellement, dans vos textes, au détour des discussions, chroniqueurs,
à vos plumes !